Nefzaoua (tribu)

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Les Nefzaoua, Nefzawa, Nefza ou Inefzaouen (amazigh : Inefzawen) sont une grande tribu berbère qui appartient au groupe des Louata[1],[2],[3]. La branche des Nefzaoua se partage en douze fractions[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

La tribu des Nefzaoua appartient au groupe que les généalogistes désignaient sous le nom de Butr et qui constituait l'un des deux grands peuples berbères, l'autre étant les Branès[4]. Les Nefzaoua sont l'une des branches des Louata[3], originaires d'Égypte, qui se déplacèrent à travers le désert derrière Barka (Cyrénaïque). L'une des branches des Louata s'installe en Tripolitaine, tandis qu'une autre, les Nefza, s'installent sur d'autres territoires (probablement le Nefzaoua de l'actuelle Tunisie)[2],[1]. Elle paraît s'être stabilisée dans l'actuelle Libye et avoir essaimé dans tout le Maghreb, où des éléments rencontrés sporadiquement étaient en grande partie sédentaires ou sédentarisés[4]. Les auteurs médiévaux mentionnent ainsi les Nefzaouas jusqu'à Sijilmassa et même Aoudaghost[4].

Selon Ibn Hazm, la confédération des Nefzaouas avait pour ancêtre un personnage originaire du Yémen dont l'épouse était berbère. Cet ancêtre appelé Luwata serait d'origine copte ; cette hypothèse est reprise et démentie par Ibn Khaldoun car elle était fausse[source insuffisante][5].

Selon le Bulletin de la Société de géographie de Toulouse, indique que l'on retrouve notamment la tribu dans le Jérid dans l'actuelle Tunisie[6].

La région tunisienne de Nefzaoua, située au sud-ouest du pays entre Gabès et Nefta, a hérité du nom de cette tribu, qu'elle a conservé jusqu'à nos jours[3].

Religion avant l'islamisation[modifier | modifier le code]

D'après Gabriel Camps, deux tribus berbères, les Djerawa et Nefzaouas, étaient de confession chrétienne avant l'arrivée de l'Islam[7]. Ibn Khaldoun, dans son Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, parle d'un « reste des chrétiens d'autrefois » dans le Nefzaoua, qui provenait sans doute des communautés chrétiennes pourchassées par les Almohades triomphants[8].

Personnages historiques issus de cette tribu[modifier | modifier le code]

Tariq ibn Ziyad appartenait à cette tribu, selon Ibn Khaldoun[9].

Cheikh Nefzaoui, écrivain du XVe siècle et auteur de La Prairie parfumée, est réputé être un nefzaoua[10].

Composition[modifier | modifier le code]

La tribu est constituée de différents clans parmi lesquels[11] :

  • Ghassassa ;
  • Madjar ;
  • Maklata ;
  • Mernissa ;
  • Ouardaghrous ;
  • Ouarsif ;
  • Oulhassa ;
  • Ourdine ;
  • Sumata ;
  • Warkul ;
  • Zahila ;
  • Zatima.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Yves Modéran, « Le mythe du « mystérieux appel de l'Ouest » », dans Les Maures et l'Afrique romaine (IVe – VIIe siècle), Rome, Publications de l'École française de Rome, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome », (ISBN 978-2-7283-1003-6, lire en ligne), p. 153–207.
  2. a et b Yves Modéran, « Mythe et histoire aux derniers temps de l'Afrique antique : à propos d'un texte d'Ibn Khaldûn », Revue historique, no 618,‎ , p. 315-341 (ISSN 0035-3264, DOI 10.3917/rhis.012.0315, lire en ligne, consulté le ).
  3. a b c et d Ernest Carette, Origine et migrations des principales tribus de l'Afrique septentrionale : et particulièrement de l'Algérie, Collection XIX, , 497 p. (ISBN 978-2-346-06735-0, lire en ligne).
  4. a b et c (en) Charles Pellat, « Nafzāwa », sur eferenceworks.brillonline.com (consulté le ).
  5. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, vol. 1, Paris, Paul Geuthner, , 628 p. (lire en ligne).
  6. Bulletin de la Société de géographie de Toulouse, Toulouse, Imprimerie Lagarde et Sebille, (lire en ligne), p. 411.
  7. Gabriel Camps, Berbères : aux marges de l'Histoire, Toulouse, Éditions des Hespérides, , 352 p..
  8. Joseph Cuoq, L'Église d'Afrique du Nord, du deuxième au douzième siècle, Paris, Le Centurion, , 211 p., p. 172.
  9. Ibn Khaldoun (trad. William Mac Guckin de Slane), Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, t. 1, Paris, Imprimerie du Gouvernement, , 448 p. (lire en ligne), p. 215.
  10. Sylvette Larzul, Guy Barthèlemy, Dominique Casajus et Mercedes Volait, L'orientalisme après la Querelle : dans les pas de François Pouillon, Paris, Karthala, , 410 p. (ISBN 978-2811117092, présentation en ligne, lire en ligne), « De l'érotologie arabe aux curiosa : Le Jardin parfumé du Cheikh an-Nafzâwî », p. 109-127.
  11. Abderrahmane Khelifa, « Nefzaoua (Nafzawa) : Moyen-âge », dans Salem Chaker (dir.), Encyclopédie berbère, vol. 33 : N - Nektiberes, Louvain, Peeters, (ISBN 978-90-429-2640-0, lire en ligne), p. 5389–5392.

Voir aussi[modifier | modifier le code]