Motte castrale d'Hasencort

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Motte castrale d'Hasencort
Ferme d'Azincourt
Ferme d'Azincourt
Présentation
Type
Destination initiale
Motte castrale puis ferme
Destination actuelle
Fauconnerie
Démolition
1181
Patrimonialité
Localisation
Pays
Commune
Adresse
6 rue d'Azincourt
59580 Émerchicourt
Coordonnées
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La motte castrale d'Hasencort ou château d'Hasencort deviendra la ferme d'Azincourt située à Émerchicourt dans le département du Nord. Elle est située à la limite de partage des eaux de l'Escaut et de la Scarpe.

Le nom d'Azincourt s'étendra à une compagnie minière, une carrière, une voie ferrée et ne doit pas être confondu avec celui de la bataille d'Azincourt ou du village d'Azincourt dans le Pas-de-Calais.

L'histoire du lieu est millénaire puisqu'il est évoqué une motte féodale[3] ou un tertre d'un tombeau gaulois, puis un château détruit en 1181 par Baudouin V de Hainaut, domaine repris en début XIIIe siècle par Gilles Brousse, seigneur de Denain et d'Hasencort.

La ferme actuelle est datée par un chronographe situé sur le porche d'entrée de 1726. Une distillerie y sera installée. Des souterrains subsisteraient.

En 1840 elle fera partie de la concession Compagnie des mines d'Azincourt. Il subsiste à proximité le cavalier d'Azincourt et la carrière d'Azincourt.

Géologie[modifier | modifier le code]

Le mont d'Azincourt culmine à 70 mètres mais sépare les vallées de l'Escaut de la Scarpe. Le calcaire est visible au-dessus de la nappe phréatique dans la carrière d'Azincourt.

Contexte archéologique régional[modifier | modifier le code]

Le morcellement du pouvoir au Moyen Âge, marqué par la perte d'autorité des comtes et princes au bénéfice d'une aristocratie locale, s'accompagnent de la construction de forteresses pour établir des seigneuries châtelaines.

Ces châteaux étaient en fait construits sur le principe de la motte castrale qui a connu une large diffusion au Moyen Âge[4]. Elle est composée d'un rehaussement important de terre rapportée de forme circulaire, le tertre. La terre provenait du creusement des fossés. Une palissade de bois et une tour de bois terminaient la haute-cour. La basse-cour accueillait les activités, elle-même entourée d'un fossé et d'un talus palissadé.

Dans le Douaisis révèle plusieurs mottes castrales[5]

  • Auby, près de l'église ; fouillé en 2002, 2005, 2007 ,vestige d'un fossé médiéval, deux chaussées perpendiculaire du XIIe et XIIIe siècle.
  • Écaillon ; fouillé en 1989; motte tronconique de 30 m de diamètres entourée d'un fossé coiffé d'une enceinte maçonnée ; un donjon résidentiel et une cave voutée.
  • Bugnicourt rue de la Rose; fouillé en 2005, installé au XIe siècle.
  • Guesnain place Roger-Salengro, fouillé en 2001, vestige d'un silo du XIe siècle de 5 m3, cellier à banquette et Bove des XIIe et XIVe siècles
  • Oisy-le-Verger, rue du Château, fouillé en 2008, à emplacement d'un ancien village carolingien, les vestiges d'un ancien donjon, d'un puits à eau, d'un silo du XIIe siècle.

Puis le Haut Moyen Âge apporte la transformation des villages comme à [5] :

  • Dechy, rue Victor-Hugo, fouillé en 2001, vestiges d'une unité agricole formée de deux grands bâtiments avec une organisation en parcelles.

À partir du XIIIe siècle verront apparaître les maisons fortes seigneuriale telles [5]:

  • Douai La motte Juilen ; fouillé en 1983, 1995 et 2002, vestiges du XVIe siècle une ferme en U avec une cour de 30 m par 25 m.
  • Cuincy, la ferme de la Hauterive, cense de l'abbaye d'Anchin du début XVIIe

La ferme d'Azincourt s'est installée en 1726 au sommet de cet immense plateau calcaire d'Émerchicourt . Près de cette ferme existait une butte qu'on appelle le mont d'Azincourt. C'est un tertre de deux cents pieds de diamètre au sommet et de douze cents pieds de circonférence à sa base. Il est entouré de fossés encore très bien marqués à l'ouest et pleins d'eau.

Sur ce tertre était une tour ou plutôt ce monticule s'est formé des débris d'un château fort dont on ignore l'origine. Par les fouilles a été reconnu de la maçonnerie intérieure et peut être qu'en y faisant une galerie latérale profonde, on reconnaîtrait que cette motte n'était dans le principe autre chose qu'un tombeau gaulois[6].

Un peu d'histoire[modifier | modifier le code]

Un château existait sur les hauteurs d'Émerchicourt. Château qui fut détruit en 1181.

En 1181 Gérard, un prévôt de Douai, sieur d'Émerchicourt blessa dangereusement en combat singulier un de ses cousins Berniers, seigneur de Roucourt. Pour le punir le comte Baudouin V de Hainaut brûla ses propriétés et rasa le manoir seigneurial. Le sieur Wuillaume de Rœulx ; neveu du délinquant ; tua à Dechy pour le venger un des familiers du comte Baudouin V de Hainaut, Paschal, simple sergent sans armes. En retour Baudouin V de Hainaut incendia le village de Rœulx et détruisit tous les biens des consanguins du prévôt Gérard[7],[8],[9].

Au début du XIIIe siècle, Gille Brouche, seigneur d'Hasencort occupait les lieux [10]. Il était également seigneur de Denaing[11]

Gille Brouche ou Gille Bronche ou Gilles Broisse vendra ses biens d'Azincourt à diverses reprises. Ainsi en et en aux religieuses des Prés par son vassal Wauthier[12] à Marie Watrescot selon une charte de de l'abbaye de Flines [13]

En 1251 une autre vente par Gilles "Broisse" de cens en blé et avoine, de 20 muids de terre à Azincourt à Olivier de Douayeul, Richard "Taion" et Gérard de Gouy[14]

Armoiries et toponymie[modifier | modifier le code]

Les armoiries de cette terre étaient d'argent à l'aigle éployée de gueules membrée et becquée d'azur. On écrivait autrefois Hasencourt [7] ou Hasencort[15]

Ferme d'Azincourt[modifier | modifier le code]

Chronographe de 1726 sur le fronton du porche d'entrée de la ferme d'Azincourt

Les bâtiments actuels sont construits vers 1726 et d’après les différents cadastres subissent peu d'évolutions jusqu'à nos jours.

En 1830 la ferme est décrite de la manière suivante : « Non loin de cette butte et de la ferme étaient une église et un petit village dont on indique encore la place et qui ayant été ruinés pendant les guerres de Louis XIV ont fait réunir la commune au territoire d'Émerchicourt. C'est une des plus belles vues du pays Azincourt dominant les vallées de la Scarpe et de l'Escaut. Les terres qui l'entoureraient sont légères mais fertiles et l'on s'étonne qu'un si bel endroit soit laissé à des laboureurs qui peu soigneux de la cour de leur ferme vivent au milieu du fumier dans un lieu qu'il serait si facile de tenir propre et de transformer en une agréable habitation » [6]

Marquis de Moustier (1817-1869), ministre des Affaires étrangères

En 1861, Hary de Oisy-le-Verger exploite, à Emerchicourt (Nord), la ferme d'Azincourt avec 120 hectares de culture; il installa dans cet établissement une distillerie agricole travaillant environ 20 000 kilogrammes de racines en vingt-quatre heures.

Avec les cendres de la verrerie Patoux & Drion, Hary amende les sols qu'il complète de chaux fusée fabriquée sur place à raison de 3 hectolitres l'hectare. Avec des pierres récupérées près des fosses de charbon, il rend carrossables les chemins environnants en y étalant 40 cm de pierre.

Les bâtiments étaient en ruine, alors le comte de Moutiers, ambassadeur à Constantinople, propriétaire de la ferme d'Azincourt, remet des fonds pour les travaux et le drainage des terres. Mais ces terres étaient envahies de chiendent et les plantations de betteraves et de pommes de terre permirent de l'éliminer. Le précédent exploitant, en permanence ivre, avait laissé l'exploitation en piteux état.

Les terres d'Azincourt, d'un loam riche et profond, étaient depuis longtemps abandonnées à une culture négligée[16],[17].

La ferme d'Azincourt de 1940 à 1997[modifier | modifier le code]

De 1940 à 1968 elle fut la propriété d'Alfred Locquet et son épouse avec 200 hectares puis rachetée par Étienne Van De Weghe, qui était déjà fermier à Émerchicourt, à la ferme de Vicoignette

Délaissée, la ferme d'Azincourt passa dans les mains de M. et Mme Bougaut qui y supprimèrent toute activité agricole, pour en faire Les Haras d'Azincourt, consacrés bien sûr à l'équitation. L'activité y fut assez réduite et après le décès de Mme Bougaut en 1985, la ferme resta inhabitée pendant quelques années avant d'être reprise par une association[18].

Association La ferme d'Azincourt[modifier | modifier le code]

Le une déclaration au journal officiel des associations parait pour l'association de la ferme d'Azincourt dont l'objet est « création d'un site de réinsertion, réalisation d'actions d'insertion ; réalisation d'actions de formation ; réalisation d'actions sociales ; réalisation d'actions professionnelles ; réalisation d'actions culturelles ; réalisation de toutes manifestations sociales professionnelles culturelles et festives gratuites ou payantes pouvant favoriser les buts de l'association. »[19]

De l'argent public à l'envol en fauconnerie[modifier | modifier le code]

En 2003 la communauté de communes Cœur d'Ostrevent achète la ferme d'Azincourt 130 000  pour la revendre 50 000  en 2012 [20]. Un appel à projets est lancé en pour [21]« Étude de définition et de faisabilité du projet de développement touristique et culturel sur le site de la ferme d'Azincourt (sur la commune d'Émerchicourt » « qui associerait la création d’un centre régional de ressources sur les pratiques artisanales, d’un centre d’interprétation de la motte féodale présente sur le site et de capacités de restauration et d’hébergement. Le public pourrait découvrir les pratiques artisanales sur place. »[22]

En 2012, le maire d'Émerchicourt retient le projet privé de mettre en place une fauconnerie [23]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. JORF n°77 NC du 1er avril 1979 Liste des immeubles inscrits sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques au cours de l'année 1978
  2. Notice no PA00107510, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. « Ferme d'Azincourt et motte féodale », sur culture.gouv.fr, (consulté le ).
  4. André Bazzana, Guillemine David, Agnès Gonnet, Jean-Michel Poisson, Mottes castrales de Dombes (Ain) - Éléments pour un atlas, Lyon, Direction des Antiquités historiques Rhône-Alpes, 1986, p. 7.
  5. a b et c Archéologie en Douaisis, Douai, communauté d'agglomération du Douaisis, , 197 p. (ISBN 978-2-908038-60-6)
  6. a et b François Joseph GRILLE, Description du département du Nord, (lire en ligne)
  7. a et b Bulletin de la Commission historique du département du Nord, vol. 8, (lire en ligne)
  8. Romain-Hippolyte Duthillœul, Petites histoires des pays de Flandre et d'Artois, Foucart, , 446 p. (lire en ligne)
  9. Félix Brassart, Histoire du château & de la châtellenie de Douai, des fiefs, terres et seigneuries tenus du souverain de cette ville, depuis le Xe siècle jusqu'en 1789, avec de nombreux renseignements généalogiques et héraldiques, tirés des chartes et des sceaux : la féodalité dans le Nord de la France, Crépin (Douai), (lire en ligne)
  10. Léopold Devillers, Cartulaire des rentes et cens dus au comte de Hainaut (1265-1286)., t. 2, impr. de Dequesne-Masquillier (Mons), (lire en ligne)
  11. Souvenirs de la Flandre-wallonne : recherches historiques et choix de documents relatifs à Douai et à la province : publiés par une réunion d'amateurs et d'archéologues, t. 18, (lire en ligne)
  12. Le Cabinet historique : revue... contenant, avec un texte et des pièces inédites, intéressantes ou peu connues, le catalogue général des manuscrits que renferment les bibliothèques publiques de Paris et des départements touchant l'histoire de l'ancienne France et de ses diverses localités, avec les indications de sources, et des notices sur les bibliothèques et les archives départementales : sous la direction de Louis Paris, (lire en ligne)
  13. « Gilles Brouche chevalier seigneur d'Azincourt pour Marie Watrescot », sur cn-telma.fr, (consulté le ).
  14. « Charte Douai0040 février 1251 - Douai. », sur rose.uzh.ch, (consulté le ).
  15. Léopold Devillers, Cartulaire des rentes et cens dus au comte de Hainaut (1265-1286)., t. 2, impr. de Dequesne-Masquillier (Mons), (lire en ligne)
  16. Journal d'agriculture pratique, de jardinage et d'économie domestique, Librairie de la Maison rustique du XIXe siècle (Paris), (lire en ligne)
  17. Journal d'agriculture pratique, vol. 32, t. 1 (lire en ligne)
  18. « En raison de son délabrement avancé, la ferme d'Azincourt est menacée de destruction », La Voix du Nord,‎ 2010> (lire en ligne)
  19. « Association La ferme d'Azincourt », sur jo-association.info, (consulté le ).
  20. « Ville d'Aniche conseil municipal du 26 octobre 2012 ».
  21. « DOUAISIS Projet sur la ferme d’Azincourt », Le Moniteur, no 5228,‎ (lire en ligne)
  22. « Étude de définition et de faisabilité du projet de développement touristique et culturel sur le site de la ferme d'Azincourt », sur klekoon.com, (consulté le ).
  23. « édito du maire du 4 octobre 2012 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur emerchicourt.fr, (consulté le ).