Jean Jules-Verne

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Jean Jules-Verne
Jean Jules-Verne devant le globe de Jules Verne
Biographie
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ToulonVoir et modifier les données sur Wikidata
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Jeanne Reboul (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Jean Jules-Verne, né à Paris le et mort le à Toulon, est le troisième petit-fils de Jules Verne. Il est magistrat et écrivain. Il a contribué à la connaissance de l'œuvre et la vie de son grand-père, qu'il a connu durant treize années.

Biographie[modifier | modifier le code]

Des trois petits-fils de Jules Verne, il est le seul qui soit né après le mariage de ses parents Michel Verne et Jeanne Reboul. Ses deux frères Michel (1885-1960) et Georges (1886-1911) sont nés alors que leur père Michel était en train de divorcer de sa première épouse Clémence Taton. C’est sans doute pour cette raison qu’il était le petit-fils dont Jules Verne s’est le plus occupé. Il mettra du temps à raconter son grand-père, qu’il connut à la fin de sa vie auréolé de gloire. Il faudra attendre 1955 pour qu’il témoigne publiquement pour la première fois lors d'une conférence.[réf. nécessaire]

Son père Michel Jules-Verne menant une vie intense et dispendieuse à Paris (boulevard Pereire puis avenue de Madrid), sa mère Jeanne (dite Maja) décide de s’installer dès 1905 à Toulon avec ses trois enfants, dans une villa du quartier du Mourillon, qu’elle acquiert grâce à l’héritage de sa tante. C’est donc là que la famille de Michel et Jeanne Verne grandit. Très occupé à Paris, son père Michel ne vient que par période leur rendre visite. Les trois enfants finissent leurs études secondaires au Lycée Carnot de Toulon.[réf. nécessaire]

Jean Jules-Verne poursuit ses études à Paris d’abord à la Faculté de droit, dès 1910. Son frère Georges, de sept ans son aîné, meurt en 1911.

En parallèle de sa licence en droit, il intègre en 1911, l’École d’agriculture de Grignon (devenue École nationale supérieure d'agronomie de Grignon). Il rêve de devenir exploitant de bovins en Argentine. Son père Michel l’en dissuade au vu de sa condition physique, et le pousse à faire carrière dans le droit.

Il fait son service militaire de la classe 1912, mais est exempté pour raisons médicales en 1913. Il présente l’examen de l’école de la magistrature, qu’il réussit.

Il épouse Thérèse Palmary le 23 juillet 1913 à Toulon, contre l’avis de sa mère Jeanne. Il prête son serment d’avocat le 12 janvier 1914 et ouvre un cabinet d’avocat 11, rue de Chabannes à Toulon. Incapable de réclamer à ses clients des honoraires qui lui sont dus, son père Michel Verne lui enjoint d'embrasser la magistrature.

En mars 1914, il est nommé au parquet de Marseille, attaché stagiaire par décret du 13 mars 1914. En novembre 1915, il est nommé attaché titulaire au parquet de Marseille[1].

Engagé volontaire auprès du capitaine adjoint au commandement de recrutement de Toulon le 2 septembre 1916, en qualité de secrétaire à la sous-intendance militaires des troupes coloniales de Toulon, il se joint à la campagne intérieure contre l’Allemagne du 2 septembre 1916 au 11 avril 1917. Son engagement est résilié par arrêté ministériel du 20 avril 1917.

En 1918, il publie, à compte d’auteur, Un cri d’Alarme, fascicule qui reprend plusieurs articles qu’il avait écrit pour le quotidien Le Petit Varois sur la criminalité infantile.

En janvier 1919, il est nommé attaché de justice au tribunal civil de Toulon, puis attaché à la Chancellerie de Paris (Direction des affaires criminelles/1er bureau) par décret du 20 mars 1919.

Il est promu rédacteur de justice par décret du 9 avril 1920, puis substitut du procureur en juillet 1922. En 1921 naît sa fille Jacqueline, qui épousera plus tard le docteur Maurice Perret, médecin général de la Marine.

En 1923, il demande à son père Michel une intervention auprès d’Aristide Briand (camarade de lycée de Michel Verne) pour quitter Paris pour des raisons de santé de sa fille et de lui-même. Il est nommé substitut du procureur à Chartres par décret du 13 juillet 1923.

Son père, Michel Verne meurt en 1925 à Paris où il habitait une grande partie de l’année. Jean Jules-Verne est alors en poste comme substitut du procureur par intérim à Bar-sur-Seine et à Nogent-le-Rotrou. Il rejoint le tribunal d’Évreux en janvier 1928, où il occupe la fonction de juge d’instruction, et fin mars il intègre le tribunal civil de Rouen en tant que substitut du procureur.

Atteint d’une maladie de peau suspecte, il reçoit au début des années 1920 les premiers traitements par radiothérapie de rayons X pour les cancers de la peau. Mal réglé, le générateur le brûle intégralement. Son corps trouvera à se réparer, mais son visage restera très atteint, et il développera un cancer de la peau qui gagnera peu à peu le cerveau. Il subira à la fin de sa vie de nombreuses greffes de peau et de chair. Il mourra cependant d’une infection à l’âge de 88 ans.

En 1931, il publie dans le Bulletin de la Société normande de géographie un ensemble de très courts textes intitulés : Instantanés. Préoccupé par la santé de sa fille, à laquelle les médecins préconisent un climat sec et chaud, il demande sa mutation plus au sud, et devient procureur de la République au Tribunal de Valence en septembre 1931. C’est l’année de naissance de son fils Pierre Verne (devenu psychiatre et chef de clinique, il meurt en 1972).

Il est invité en 1931 à New-York pour le lancement du sous-marin Nautilus, fabriqué par l’australien Sir Hubert Wilkins et sous le commandement du capitaine Danenhower afin d'explorer le Pôle Nord, sur les traces du capitaine Nemo. Il fera la traversée à bord de l'Île-de-France.

En 1937, il prête serment en tant qu’avocat général 1re classe à la Cour de Grenoble où il passe les années de guerre. A l’audience solennelle de rentrée il fait un long discours sur le célèbre jurisconsulte toulousain Jacques Cujas, qui sera publié par La Librairie de l’académie de l’université de Grenoble, sous le titre : Vie de Cujas.[réf. nécessaire]

Ayant dit en audience, à propos de l’avocat Maître Jean-Charles Legrand : « Les méthodes employées par cet avocat sont indignes de la robe qu’il porte et une mesure à son égard serait accueillie avec un sentiment de soulagement par les barreaux de France », il est provoqué en duel par l’avocat le 3 juin 1937. La presse s’empare de cet événement qui sera finalement réglé à l’amiable.[réf. nécessaire]

Jean Jules-Verne, Avocat Général

Pendant le conflit, « sa position à l’égard de la résistance à Grenoble était si bien connue que le procureur général, en place à Aix-en-Provence, après la libération est venu lui rendre visite en le saluant du titre de premier résistant de Grenoble, - premier dans le temps tout au moins. Il a toujours gardé silence sur ce rôle, estimant n’avoir aucun avantage personnel à tirer de son action. Il n’ignore pas que c’est par suite de son départ précipité pour Toulon, qu’il a échappé à une arrestation dangereuse par la Gestapo. » écrira son supérieur hiérarchique dans son dossier administratif[2]. À ce titre, il sera fait Chevalier de la Légion d’Honneur[3] le 17 août 1948 par le Président Vincent Auriol.

Son épouse Thérèse meurt en 1941, le laissant veuf avec deux enfants. A sa demande, il est nommé en 1943 comme président du tribunal de grande instance de Toulon. Il y retrouve son frère aîné Michel et sa mère. Plus tard, il regrettera ses choix de carrière et n’aura pas le parcours qu’il méritait, selon ce qu’on peut lire dans son dossier administratif. Refusant de se servir de son nom et des anciennes relations de son père, il terminera sa carrière au tribunal de Toulon en 1962.[réf. nécessaire]

Jean Jules-Verne et Andrée, sa seconde épouse. Toulon 1960

En 1949, il écrit une longue nouvelle « Lucien Bruyères » et en 1950 une adaptation théâtrale du roman de son grand-père Jules Verne « Le Chancellor ».

En 1951, il publie un essai aux Éditions Colbert « Combats contre la nuit ».

En 1953, il termine « Le Marchand de personnages », une pièce qui intéressera l’acteur Raymond Gérôme. Le projet n’aboutira pas.

Peu après la mort de sa mère en 1956 , il fait construire une maison sur le versant Nord du Mont Faron à Toulon, dite « Le vieil Hubac », où il finira sa vie.

Il achète un terrain de 1,3 ha à Madame Henriette Gourmaud, ancienne couturière et veuve d’un peintre en lettres toulonnais. Il trace une route carrossable et y fait amener l’eau courante et l’électricité.

Dans cette vallée de Dardennes, il est alors le seul à posséder une voiture. Son frère Michel meurt en 1960.

C’est à cette époque qu’il rencontre Andrée Daste, greffière au tribunal de Toulon, de quarante-deux ans sa cadette. Ils se marient en octobre 1961 à Toulon. Proche de la limite d’âge, il postule alors au Quai d’Orsay pour un poste au Maroc et à la cour suprême de Côte d’Ivoire et à celle du Cameroun. Son état de santé et son âge ne lui permettront pas d’être retenu. Son fils Jean naît en décembre 1962.

En dehors de conseils juridiques occasionnels, il consacre l’essentiel de sa retraite à son grand-père Jules Verne, donnant de nombreuses conférences. En 1965, Hachette lui propose d’écrire le livre inspiré du film de Victor Tourjanski Le Triomphe de Michel Strogoff sorti en salle en 1961. Ce film est une suite cinématographique du roman de Jules Verne Michel Strogoff[4]. Le roman paraît en 1967 dans la collection Bibliothèque verte d'Hachette.

En tant que président d’honneur de la Société Jules Verne en France[5], fondée en 1935 par Jean H. Guermonprez et Cornelis Helling, il participe et intervient dans de nombreux colloques et séminaires tant à Nantes, Amiens que Paris.

En avril 1966, il rencontre le cosmonaute russe Alexeï Leonov, premier homme à avoir réalisé une sortie extra-véhiculaire dans l'espace dans le cadre de la mission Voskhod 2, en mars 1965, lors d’un événement au Pub Renault sur les Champs-Élysées. Il retrouve Frank Borman en 1969 à l’ambassade des États-Unis à Paris après le succès de la mission Apollo 8, et plus tard Neil Armstrong et Buzz Aldrin, après le succès de la mission Apollo 11, en Bourgogne où tous seront intronisés à la Confrérie des chevaliers du Tastevin au Château du Clos-de-vougeot.[réf. nécessaire]

Dépositaire dans sa maison toulonnaise de quasiment tous les manuscrits de Jules Verne, et dont il possède la moitié, il accueille de nombreux chercheurs universitaires qui viennent les consulter. Il accueille également plusieurs collectionneurs tels Charles-Noël Martin, Georges Beaute, Olivier Dumas, Piero Gondolo della Riva ou Alexis Weissenberg. Luce Courville, fondatrice du Musée Jules Verne de Nantes et bibliothécaire en chef, se souviendra de cette maison lors d’un hommage qu’elle lui rendra après sa mort, en 1980.[réf. nécessaire]

En effet, à la demande de l’éditeur Hachette, il travaille à une biographie de son grand-père Jules Verne, la seconde après celle, romancée, de Marguerite Allotte de La Fuÿe, parue en 1928. Publiée en 1973 en France, la biographie Jules Verne sera traduite en anglais et en américain et publiée en 1975.

En 1974, le croisiériste Paquet lui demande une série de conférence sur Jules Verne à l’occasion d’une croisière thématique du paquebot Renaissance en Mer Noire, sur les traces de Kéraban-le-Têtu, le héros vernien qui, refusant de payer son droit de passage au détroit du Bosphore, réalise le tour de la Mer Noire pour rejoindre l’autre rive d’Istanbul.[réf. nécessaire]

En 1978, déjà très affaibli, il inaugure le Musée Jules Verne de Nantes, premier musée sur le célèbre romancier, voulu par Luce Courville alors directrice de la bibliothèque municipale. Pour cette occasion, il fera donation de meubles et objets ayant appartenu à Jules Verne. Son fils Jean poursuivra ces donations à partir de 2005, centenaire de la mort de Jules Verne[6].

À sa mort, le 8 avril 1980 dans sa villa de Toulon, les manuscrits de Jules Verne (à deux exceptions près) qui étaient entreposés dans son bureau toulonnais, feront l’objet d’une préemption de l’État français au titre de leur valeur patrimoniale. Les manuscrits seront pour partie achetés par la ville de Nantes[7] et pour partie versés en dation à l’État, au titre des droits de successions que leur valeur représentée, et déposés à la bibliothèque de Nantes. Cette villa est entretemps dédiée au Musée des arts asiatiques[8].

C’est dans cette villa, qu’en 1989 lors de sa vente, le fils de Jean Jules-Verne, Jean Verne, découvrira par hasard le roman inédit Paris au XXe siècle, réputé perdu, et que Jean Jules-Verne chercha longtemps, alors qu’il l’avait à sa portée[9],[10].

Incinéré, il repose au cimetière de La Valette-du-Var dans le caveau familial (Allée C6 no 95)[11], auprès de son père Michel Jules-Verne, de sa mère Jeanne (née Reboul), de son frère aîné Michel et de sa belle-sœur Fernande (née Reboul, seconde épouse de Michel Verne et cousine de Jeanne Verne).

Œuvres[modifier | modifier le code]

Biographies[modifier | modifier le code]

  • Vie de Cujas, Librairie de l’académie de l’université de Grenoble,
  • Jules Verne, Hachette, [12]
  • (en) Jules Verne biography (trad. Roger Greaves), Taplinger,
  • (en-US) Jules Verne biography (trad. Roger Greaves), Macdonald & Jane,
  • Instantanés publié en 1931
    Instantanés publié en 1931
  • Vie de Cujas publié en 1938
    Vie de Cujas publié en 1938
  • Combats contre la nuit publié en 1951
    Combats contre la nuit publié en 1951

Roman[modifier | modifier le code]

  • Le Triomphe de Michel Strogoff, Hachette, coll. « Bibliothèque verte »,

Nouvelles[modifier | modifier le code]

  • Instantanés, Société normande de géographie,
  • Telo Martius 7052, inédit,
  • Lucien Bruyères, Éditions La Provence,

Essais[modifier | modifier le code]

  • Un cri d’alarme, auto-édité,
  • Combats contre la nuit, Éditions Colbert,

Théâtre[modifier | modifier le code]

  • Le Chancellor,
    adaptation du roman de Jules Verne
  • Le Marchand de personnages,
  • Le septième jour,

Références[modifier | modifier le code]

  1. Archives administratives du ministère de la Justice
  2. Dossier administratif du ministère de la Justice
  3. Grande Chancellerie de la Légion d'honneur
  4. Jean Jules-Verne, Le Triomhe de Michel Strogiff, Paris, Hachette, , 250 p. (ISBN 2010009479)
  5. « Société Jules Verne », sur societejulesverne.org.
  6. Frédéric Brenon, « Nantes: L'arrière-petit-fils de Jules Verne fait don d'une vingtaine d'objets », 20 minutes,‎ (lire en ligne)
  7. Archives municipales Ville de Nantes
  8. « Musée des Arts Asiatiques (MAA) », sur toulon.fr (consulté le ).
  9. Juliette, « Paris au XXe siècle, ou le roman visionnaire de Jules Verne » Accès libre, sur lesfabuleuseslecturesdejulietteblog, (consulté le ).
  10. « Paris au XXe siècle », sur livredepoche.com (consulté le ).
  11. Service Administratif des Cimetières La-Valette-du-Var
  12. Demètre Ioakimidis, « Jules Verne », sur noosfere.org (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]