Infrastructure et superstructure

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Infrastructure (ou base matérielle) et superstructure sont une paire de concepts philosophiques développés par Karl Marx[réf. nécessaire] et Friedrich Engels et utilisés par le marxisme, permettant de distinguer les bases essentielles d'ordres sociaux variés.

L'infrastructure désigne ce qui est relatif à la production :

C'est de l'infrastructure, que selon Marx et Engels, découle la superstructure.

La superstructure désigne l'ensemble des idées d'une société, c'est-à-dire ses productions non matérielles :

Entre les deux, il y a donc un rapport de détermination. L'infrastructure est composée des forces productrices (les ressources naturelles et les machines, ainsi que la force de travail), et des rapports de production (qui selon Marx, sont responsables de la société). De cette infrastructure, qui régule l'activité de production, découle la superstructure. La superstructure possède trois paliers : tout d'abord les formes politiques et juridiques, c'est-à-dire l’état (une « communauté illusoire » pour Marx, puisqu'il n'est que le résultat de l'infrastructure), puis, en deuxième position, les représentations intellectuelles et collectives que sont la religion, la philosophie ou l'art. Et enfin, la conscience de soi arrive en dernier. La conscience individuelle est, pour Marx, la somme des illusions qu'on se fait sur soi-même, car elle est pur produit de la société, née du travail.

Cette conception marxiste explique le changement social qui est impulsé par les transformations du système de production. Par exemple, la révolution industrielle a contribué à transformer la société féodale en une société industrielle, ce qui implique que l'évolution de l'infrastructure (mécanisation, industrialisation, prolétarisation...) a engendré une évolution de la superstructure (développement du protestantisme, du rationalisme, du libéralisme...). Au contraire, la superstructure est là pour maintenir en place le mode de production. Marx l'illustre avec l'exemple de la philosophie de Hegel (et l'idéalisme allemand en général dans L'Idéologie allemande), mouvement des idées qui visent à la conservation de l'ordre bourgeois, et de la production capitaliste.

Citation

  • «  ainsi, dans la production sociale de leur existence, les humains nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ; ces rapports de production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports forment la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s'élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de la conscience sociale. Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. A un certain degré de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en collision avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues jusqu'alors, et qui n'en sont que l'expression juridique. Hier encore formes de développement des forces productives, ces conditions se changent en de lourdes entraves. Alors commence une ère de révolution sociale. Le changement dans les fondations économiques s'accompagne d'un bouleversement plus ou moins rapide dans tout cet énorme édifice. Quand on considère ces bouleversements il faut toujours distinguer deux ordres de choses. Il y a le bouleversement matériel des conditions de production économique. On doit le constater dans l'esprit de rigueur des sciences naturelles. Mais il y a aussi les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques, philosophiques, bref les formes idéologiques dans lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le poussent jusqu'au bout. On ne juge pas un individu sur l'idée qu'il a de lui-même. On ne juge pas une époque de révolution d'après la conscience qu'elle a d'elle-même. Cette conscience s'expliquera plutôt par les contrariétés de la vie matérielle, par le conflit qui oppose les forces productives sociales et les rapports de production. »

Karl Marx Avant-Propos à la Contribution à la critique de l'économie politique, 1859, édition La Pléiade, Karl Marx Œuvres Economie I.

  • « Est-il besoin d'une grande perspicacité pour comprendre que les idées, les conceptions et les notions des hommes, en un mot leur conscience change avec tout changement survenu dans leurs conditions de vie, leurs relations sociales, leur existence sociale ? Que démontre l'histoire des idées, si ce n'est que la production intellectuelle se transforme avec la production matérielle ? Les idées dominantes d'une époque n'ont jamais été que les idées de la classe dominante. »

Karl Marx & Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, 1848

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