Imperata cylindrica

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Imperata cylindrica, impérate cylindrique, imperata cylindrique, paille de diss[3] ou paillote, est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Poaceae, originaire d'Asie du Sud-Est.

C'est une plante herbacée vivace, rhizomateuse, monoïque, qui peut atteindre 1,5 m de haut. Présente dans toutes les régions tropicales et tempérées chaudes du monde, appréciée pour certaines utilisations, en particulier comme plante ornementale ou pour ses fibres, c'est avant tout une mauvaise herbe affectant de nombreuses cultures et considérée comme une plante envahissante dans plusieurs pays. Imperata cylindrica figure dans la liste des 100 espèces les plus envahissantes du monde établie par l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature).

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom générique « Imperata » est un hommage au pharmacien et naturaliste napolitain, Ferrante Imperato (1550-1625)[4].

L'épithète spécifique « cylindrica » est un adjectif latin qui se réfère à la forme cylindrique des inflorescences[5].

Prairie d'Imperata cylindrica au Japon

Description[modifier | modifier le code]

Aspect général[modifier | modifier le code]

Imperata cylindrica est une herbe haute pouvant aller jusqu'à 120 centimètres[3]. Elle est considérée comme une espèce pyrophile : même verte, elle s'enflamme facilement et provoque des feux sur les collines, provoquant l'éclosion de ses graines et l'élimination des concurrentes. Sa nature vivace, adaptée aux sécheresses et à la forte salinité des sols fait d'elle un colonisateur nuisible des autres espèces qu'elle tend à remplacer.

Feuilles[modifier | modifier le code]

Graines d'Imperata cylindrica

Ses feuilles, qui peuvent mesurer jusqu'à 1 mètre de long[3], sont d'un vert franc et frais. Elles naissent d'une base au duvet clair léger, de forme cylindrique (à l'origine de son nom latin). Elles sont marquées par une nervure médiane plus claire et présentent sur leurs faces cachées la particularité d'être d'un rouge sang aux accents andrinople, vermillon et corail.

Fleurs[modifier | modifier le code]

Les fleurs sont des panicules fusiformes lâches et soyeuses qui se forment au bout des feuilles[3].

La floraison a lieu de mai à juillet[6].

Fruits[modifier | modifier le code]

Les fruits sont des caryopses ellipsoïdaux, pointus au sommet ; chaque plante peut en produire 3000[3].

Distribution et habitat[modifier | modifier le code]

Imperata cylindrica est une espèce originaire d'Asie de l'Est et du Sud-Est, naturellement présente en Chine, au Japon, aux Philippines, en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais aussi en Australie, en Afrique de l'Ouest et en Amérique du Nord.

Caractère envahissant[modifier | modifier le code]

L'espèce forme des prairies denses qui peuvent, en bordure de forêt, freiner l'extension des formations boisées[3].

Utilisations[modifier | modifier le code]

Imperata cylindrica 'Red Baron'

Horticulture[modifier | modifier le code]

Imperata cylindrica est cultivée comme ornementale et a quelques cultivars.

Appelée Chigaya (チガヤ) au Japon, elle pare ses teintes pourpres d'une floraison argentée qui survient à la fin de l'été et au début de l'automne. Quand les vents chauds d'une fin de journée de septembre s'adoucissent, les épillets plumeux stériles s'éveillent dans un scintillement de lumière zénithale. Même si c'est sa couleur de sang qui l'a rendue célèbre, couleur rare qui évoquerait l'écrivain et dame de cour Murasaki Shikibu, c'est bien sa floraison nacrée qui révèle sa beauté presque céleste.

La plantation se fait au printemps dans un sol riche, frais et bien drainé. Il faut choisir un emplacement au soleil ou à mi-ombre si l'on souhaite obtenir des couleurs prononcées.

Utilisation médicinale[modifier | modifier le code]

Imperata cylindrica est antipyrétique, astringent, diurétique et hémostatique.En médecine Thaïe, la racine est employée dans le traitement des urines avec du sang, du phlegme ou des vomissements sanglants. Il est aussi employé dans le traitement des fièvres, infection du tract urinaire, des troubles et calculs rénaux, cystite et leucorrhée par une décoction de 40-50 grammes de racine fraîche. Boire 75 ml de la décoction 3 fois dans la journée, avant les repas [7].

Construction[modifier | modifier le code]

En Nouvelle-Calédonie, cette espèce est utilisée pour la couverture des cases traditionnelles mélanésiennes[3].

Autres utilisations[modifier | modifier le code]

Au Nord-Cameroun, les tiges d’Imperata cylindrica sont utilisées comme hampes de flèches par les populations Fali au nord du Mont Tinguelin[8].

Taxinomie[modifier | modifier le code]

Imperata cylindrica a été décrite et publiée de façon valide en premier en 1759 par Linné sous le basionyme Lagurus cylindricus[9]. Le botaniste allemand, Ernst Adolf Räuschel, avait décrit l'espèce sous le nom d'Imperata cylindrica Raeusch., description publiée en 1797 dans Nomenclator Botanicus [ed. 3] 3: 10. 1797, et invalidée par la suite[10].

Elle a été renommée en 1812 par le botaniste et entomologiste français, Palisot de Beauvois, qui lui attribua le nom accepté actuel, Imperata cylindrica (L.) P.Beauv..

Synonymes[modifier | modifier le code]

Selon Catalogue of Life (21 août 2016)[11] :

  • Arundo epigeios Forssk. ex Steud., pro syn.
  • Calamagrostis lagurus Koeler, nom. superfl.
  • Imperata allang Jungh.
  • Imperata angolensis Fritsch
  • Imperata arundinacea Cirillo
  • Imperata arundinacea var. africana Andersson
  • Imperata arundinacea var. europaea Andersson
  • Imperata arundinacea var. indica Andersson
  • Imperata arundinacea var. koenigii (Retz.) Benth.
  • Imperata arundinacea var. latifolia Hook.f.
  • Imperata arundinacea var. pedicellata (Steud.) Debeaux
  • Imperata arundinacea var. thunbergii (Retz.) Stapf, nom. superfl.
  • Imperata cylindrica var. africana (Andersson) C.E.Hubb.
  • Imperata cylindrica var. europaea (Andersson) Asch. & Graebn.
  • Imperata cylindrica var. koenigii (Retz.) Pilg.
  • Imperata cylindrica subsp. koenigii (Retz.) Tzvelev
  • Imperata cylindrica var. latifolia (Hook.f.) C.E.Hubb.
  • Imperata cylindrica var. major (Nees) C.E.Hubb.
  • Imperata cylindrica f. pallida Honda
  • Imperata cylindrica var. parviflora Batt. & Trab.
  • Imperata cylindrica var. pedicellata (Steud.) Debeaux
  • Imperata cylindrica var. thunbergii (Retz.) T.Durand & Schinz, nom. superfl.
  • Imperata dinteri Pilg.
  • Imperata filifolia Nees ex Steud.
  • Imperata koenigii (Retz.) P.Beauv.
  • Imperata koenigii var. major Nees
  • Imperata laguroides (Pourr.) J.Roux
  • Imperata latifolia (Hook.f.) L.Liu
  • Imperata pedicellata Steud.
  • Imperata praecoquis Honda
  • Imperata robustior A.Chev.
  • Imperata sieberi Opiz
  • Imperata sisca P.Beauv. ex Steud., pro syn.
  • Imperata thunbergii (Retz.) Nees
  • Lagurus cylindricus L.
  • Saccharum cylindricum (L.) Lam.
  • Saccharum diandrum J.Koenig ex Retz., nom. nud.
  • Saccharum europaeum Pers., nom. superfl.
  • Saccharum indum Pers., pro syn.
  • Saccharum koenigii Retz.
  • Saccharum laguroides Pourr.
  • Saccharum sisca Cav.
  • Saccharum spicatum Burm. ex Kunth, pro syn.
  • Saccharum spicatum J.Presl, nom. superfl.
  • Saccharum thunbergii Retz.

Liste des sous-espèces et variétés[modifier | modifier le code]

Selon Tropicos (21 août 2016)[12] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :

  • sous-espèce Imperata cylindrica subsp. cylindrica
  • sous-espèce Imperata cylindrica subsp. koenigii (Retz.) Tzvelev
  • variété Imperata cylindrica var. africana (Andersson) C.E. Hubb.
  • variété Imperata cylindrica var. condensata (Steud.) Hack.
  • variété Imperata cylindrica var. cylindrica
  • variété Imperata cylindrica var. europea (Andersson) Asch. & Graebn.
  • variété Imperata cylindrica var. glabrescens (Buse) Ohwi
  • variété Imperata cylindrica var. koenigii (Retz.) Benth. ex Pilg.
  • variété Imperata cylindrica var. latifolia (Hook. f.) C.E. Hubb.
  • variété Imperata cylindrica var. major (Nees) C.E. Hubb.
  • variété Imperata cylindrica var. mexicana (Rupr.) D.B. Ward
  • variété Imperata cylindrica var. parviflora Batt. & Trab.
  • variété Imperata cylindrica var. thunbergii (Retz.) T. Durand & Schinz

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ernst Adolf Raeuschel est le premier à nommer l'espèce ainsi en 1797. Toutefois sa description est incomplète et donc invalide selon les codes botaniques. Certains auteurs le citent malgré tout.
  2. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 15 décembre 2017
  3. a b c d e f et g Groupe espèces envahissantes, Plantes envahissantes pour les milieux naturels de Nouvelle-Calédonie, Nouméa, Agence pour la prévention et l'indemnisation des calamités agricoles ou naturelles (APICAN), , 222 p., pp. 170-171
  4. (en) H. Trevor Clifford et Peter D. Bostock, Etymological Dictionary of Grasses, Berlin, Springer Science & Business Media, , 320 p. (ISBN 978-3-540-38432-8), p. 143.
  5. (en) H. Trevor Clifford et Peter D. Bostock, Etymological Dictionary of Grasses, Berlin, Springer Science & Business Media, , 320 p. (ISBN 978-3-540-38432-8), p. 85.
  6. Benoît Larroque et Jean Favennec, Guide de la flore du littoral sableux méditerranéen : De la Camargue au Roussillon, Éditions Sud Ouest, , 277 p. (ISBN 9782817704487), p. 220
  7. (en) C. Pierce Salguero, A Thai herbal, traditional recipes for Health and Harmony, Chiang Mai (Thaïlande), Silkworm book, , 188 p. (ISBN 978-974-9511-47-3), p. 156
  8. Raymond Castagnou, Roland Baudrimont et Jean Gauthier, « Recherches sur un poison de flèches utilisé par les Fali Tinguelin du Nord-Cameroun », Comptes-rendus de l'Académie des sciences, Paris, vol. 260,‎ , p. 4109-4111.
  9. (en) S. M. Landry and K. N. Campbell, « Imperata cylindrica », sur Atlas of Florida Vascular Plants, Institute for Systematic Botany, University of South Florida, Tampa (consulté le ).
  10. (en) « Imperata cylindrica Raeusch. », sur Tropicos, Missouri Botanical Garden (consulté le )
  11. Catalogue of Life Checklist, consulté le 21 août 2016
  12. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 21 août 2016

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références taxinomiques[modifier | modifier le code]

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Autres[modifier | modifier le code]