Il est le fils d'Henri Fagon, commissaire des guerres, et de Louise de La Brosse, sœur de Guy de La Brosse[1] (1586-1641), fondateur du Jardin du roi et parrain de l’enfant. Si son premier prénom est celui de son parrain, on ignore l’origine de Crescent.
Très tôt orphelin de père, il fait des études brillantes. Il obtient son titre de docteur en médecine le . Il exerce de 1666 à 1667 à l'Hôtel-Dieu de Paris. Il apprend la botanique, notamment auprès de Pierre Magnol (1638-1715), botaniste à Montpellier.
Antoine Vallot (1595 ou 1596-1671) fait appel à lui pour récolter des plantes en France. II contribue à l'embellissement du Jardin du roi (l'actuel Jardin des plantes), qu'il enrichit par des excursions botaniques en Auvergne, en Provence, dans les Alpes et les Pyrénées. Il collabore au premier catalogue du Jardin, Hortus regius, que Denis Joncquet (?-1671) fait publier en 1665. C’est Fagon qui en rédige la plus grande part. 4 000 espèces y sont décrites. En 1699, il devient membre honoraire de l’Académie des sciences.
La mort de Joncquet lui permet d’obtenir un poste de sous-démonstrateur. L'année suivante, il obtient le poste de démonstrateur en pharmacie.
Il se distingue dans la pratique de la médecine par ses succès et son désintéressement. Il est le médecin de la Dauphine en 1680 et il est nommé premier médecin du roiLouis XIV en 1693 après le renvoi d’Antoine d'Aquin (1620-1696). Il est le premier à mettre en doute les bienfaits du tabac sur la santé[2].
C'est dans ce dernier tiers du XVIIe siècle qu'il se fait construire une propriété à la sortie du village de Fontenay-aux-Roses sur une superficie d'environ 23 ares, clos de mur[3], dont le nom de l'architecte n'est pas connu. L'ensemble se compose d'un bâtiment principal avec des communs (orangerie, caves)[4].
Tyrannique et caractériel[5], il aurait appuyé le discrédit d'Antoine d'Aquin en incriminant la consommation de vin de Champagne (vins tranquilles à cette époque) par Louis XIV. Il impose la consommation des vins de Bourgogne (le , selon Dangeau) à la table du Roi, avec adjonction de quinquina qui, selon la petite histoire, aurait permis au Roi de conserver toutes ses facultés viriles.
Il est l'un des premiers à reconnaître l'efficacité des eaux de Barèges et du quinquina et il rédige un mémoire sur les Qualités de Quinquina en 1703. Il est partisan de la théorie sur la circulation du sang et s'oppose ainsi à d'autres scientifiques de la Sorbonne.
La princesse Palatine dit de lui : « Le Docteur Fagon est une figure dont vous aurez peine à vous faire idée. Il a les jambes grêles comme celles d'un oiseau, toutes les dents de la mâchoire supérieure pourries et noires, les lèvres épaisses, ce qui lui rend la bouche saillante, les yeux couverts, la figure allongée, le teint bistre et l'air aussi méchant qu'il l'est en effet[6]. »
Il est le père de Louis Fagon ( - ), conseiller d’État ordinaire, et au Conseil royal, intendant des finances, en 1714-1715 et en 1722-1744, et d'Antoine Fagon, évêque de Lombez puis évêque de Vannes. Ledit Louis baptisé à Versailles le avec comme parrain Monseigneur le dauphin et marraine sa majesté la reine. Il reprendra la maison de Fontenay-aux-Roses et commande quelques travaux d'embellissement par son ami le peintre Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), qui peindra entre autres les panneaux décoratifs des quatre pièces du rez-de-chaussée représentant sur un fond blanc des oiseaux, des fleurs, des paysages et des animaux.
Il est représenté sur un des "mascarons" de la façade extérieure principale, côté jardin, de la grande galerie de l'Évolution, au Jardin des plantes, à Paris (cf. photo ci-contre à droite infra).
↑Quadrilatère formé par les rues actuelles : Antoine Petit-André, Neyts-d'Estienne d'Orves, et Jean Jaurès
↑Liens de mémoire, bulletin des Archives de Fontenay-aux-Roses, n°25, 2e semestre 2015, p. 5-8.
↑Franck Ferrand, « Louis XIV », émission Au cœur de l'histoire sur Europe 1, 29 octobre 2012.
↑Lucie Coignerai-Devillers, « Médecine, diététique et santé à la cour de Louis XIV d'après les lettres de la Princesse Palatine (1652-1722) », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 71, no 259, , p. 265–274 (ISSN0035-2349, DOI10.3406/pharm.1983.2629, lire en ligne, consulté le )