Gérold de Genève

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Gérold de Genève
Titre comte de Genève
(attesté 1032-avant 1080)
Successeur Conon
Biographie
Dynastie Rodolphiens
Maison de Genève
Décès avant 1080
Père Inconnu
Mère Berthe, petite-fille de Mathilde de France et de Conrad III le Pacifique
Conjoint v. 1040 Giséle
v. 1060 Thietberge de Rheinfelden (-1094)
Enfants Jeanne ; Conon/Conrad/Cono
Aymon Ier

Gérold ou Géraud de Genève[1],[Note 1] (que l'on nomme parfois par erreur Gérold II), mort avant 1080, est un comte issu de la famille des Rodolphiens et à l'origine de la dynastie des Géroldiens, premier comte de Genève[Note 2] attesté vers le milieu du XIe siècle et ainsi considéré comme fondateur de la maison de Genève[3],[4].

Origine

Le comte Gérold est attesté pour la première fois en 1032[5].

Le nom de son père est inconnu[6]. Certains historiens des XVIIe et XVIIIe siècles ont donné pour père un certain Gérold — mentionné dans certaines généalogies comme Gérold Ier —, notamment Gilbert-Charles Le Gendre (1739)[7], ou Aymon, pour Samuel Guichenon (1607-1664)[8]. Le juriste Édouard Secrétan, dans sa Notice sur l'origine de Gérold, comte de Genève (1867) avance l'hypothèse qu'il pourrait s'agir de Eberhard, un fils de d'Eberhard comte de Nordgau, de la famille d'Eguisheim, le faisant ainsi cousin germain du pape Léon IX. Le médiéviste François Demotz semble partisan de cette analyse[9].

La filiation maternelle nous est connue plus précisément, notamment d'après un fragment de lettre de Renaud de Bourgogne à Gui-Geoffroi d'Aquitaine, de 1043, où est exposée une partie de la généalogie des derniers Rodolphiens[1],[5]. Ainsi, Gérold serait le fils d'une certaine Berthe[1],[5]. Selon le médiéviste Laurent Ripart, ce prénom est « l'un des principaux anthroponymes féminins de la famille royale de Bourgogne »[5]. Il semble qu'il soit ainsi un petit-neveu de Rodolphe III, dernier roi de Bourgogne[3], ou qu'il fut en tout cas un descendant des Rodolphiens par les femmes[10]. Le médiéviste Laurent Ripart indique dans un article, reprenant ainsi des travaux antérieurs de Giovanni Tabbaco (1965), que sa grand-mère, Mathilde, était la sœur du roi Rodolphe III[6], et donc la progeniture de Conrad III le Pacifique, roi de Bourgogne et de Mathilde de France[11]. Les historiens des XVIIe et XVIIIe siècles ont cru un temps donné qu'il aurait pu s'agir d'une Berthe de Flandres, hypothétique fille du comte Baudouin de Flandres[7],[8].

Son fils Aymon est mentionné dans un acte non clairement daté comme un neveu de Conon Ier, évêque de Maurienne[ReG 1]. Le prélat serait ainsi le frère du comte Gérold[ReG 1].

Règne

Gérold semble avoir été installé par le roi Rodolphe III[12], mais il n'existe aucun acte du roi le mentionnant[13].

Durant la conflit de succession du roi Rodolphe III, mort en 1032, deux camps s'opposent[14]. Le comte Gérold fait appel à Eudes II de Blois, comte de Champagne, contre l'empereur du Saint-Empire Conrad II, dit Le Salique, duc de Franconie, qui hérite de la couronne[14]. Deux documents de cette période le qualifie de « prince de la région de Genève » et le second de « bourguignon »[1],[13].

Le comte de Genève, soutenu par l'archevêque de Lyon, Buchard, est défait à proximité de la ville de Genève en 1034 par le comte Humbert[14],[15]. Le comte Humbert est le père de l'archevêque[15].

En 1034, l'empereur Conrad II le Salique doit intervenir contre le comte de Champagne et en passant par Genève impose son autorité au comte Gérold[ReG 2]. Il sera proclamé de Bourgogne cette même année dans la cité lémanique, après avoir reçu l'hommage des différents grands de l'Empire[ReG 2]. Toutefois Gérold se soulève à nouveau contre l'empereur avec Renaud Ier, comte de Bourgogne, en 1044[ReG 3]. Ils sont battus par le comte Louis de Montbéliard et se soumettent l'année suivante à l'empereur Henri III[ReG 3].

Gérold est mentionné comme donnant, en 1061, son consentement pour une donation de son fils, Conon, de l'église de la paroisse de Saint-Marcel, dans l'Albanais, à l'abbaye d'Ainay[ReG 4].

Sa mort n'est pas connue, mais il semble avoir disparu entre cette dernière mention de 1061 et celle où est mentionnée son second fils, Aymon Ier, à la tête du comté en 1080[ReG 5].

Famille

Il épouse Gisèle (de Bourgogne ?), selon notamment Samuel Guichenon (1660)[16] ou les historiens de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, vers 1040 dont il eut :

Veuf, il épouse ensuite Thetberge ou Thietburge de Rheinfelden, fille de Rodolphe de Rheinfelden, duc de Souabe et Thetberge en 1060-1061. Elle est l'ancienne femme de Louis Ier de Faucigny[18], qui lui donna :

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. René Poupardin dans son Le royaume de Bourgogne, 888-1038 (1907) relève « (...) Geraldus - Géraud. À propos de ce dernier nom il faut remarquer que, grâce aux équivalences e - i, a- o, r -1, on a toutes les variantes : Geraldus, Giraldus, Geroldus, Giroldus, Gerardus, Girardus, qui ont donné les formes francisées : Gérald, Géraud, Gérold, Giroud, Gérard, Girard... »[2].
  2. L'historien Paul Guichonnet rappelle dans son article consacré au « Genève (de) » que la traduction de comes gebennensis est « comte de Genève ». Certains auteurs ont commis l'erreur de parfois le traduire sous la forme « comte de Genevois »[3], notamment le Régeste genevois (1866).

Régeste genevois

Actes publiés dans le Régeste genevois (1866), que l'on peut consulter en ligne dans le Répertoire chronologique des sources sur le site digi-archives.org de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice (Suisse) :

  1. a et b Acte entre 1090 et 1107, (REG 0/0/1/222). Commentaire : reprise des travaux du chanoine d'Angley, Histoire du diocèse de Maurienne, Saint-Jean-de-Maurienne, 1846, p. 64.
  2. a et b Acte de l'année 1034 (REG 0/0/1/186).
  3. a et b Acte de janvier 1045 (REG 0/0/1/198).
  4. Acte de 1061 (REG 0/0/1/209).
  5. Acte de 1080 (REG 0/0/1/214).

Autres références

  1. a b c et d Duparc 1955, p. 63-64 Lire en ligne.
  2. René Poupardin, Le royaume de Bourgogne, 888-1038, Paris, 1907, p. XIII-XIV, 156-157.
  3. a b et c Paul Guichonnet, « de Genève » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne..
  4. Histoire des communes savoyardes 1981, p. 10-12, « Histoire dynastique et seigneuriales » + généalogie simplifiée des comtes de Genève.
  5. a b c d et e Laurent Ripart, « La tradition d’Adélaïde dans la maison de Savoie », in Adélaïde de Bourgogne, genèse et représentations d’une sainteté impériale (Actes du colloque international du Centre d’études médiévales, Auxerre, 10-11 décembre 1999), a cura di P. Corbet - M. Goullet - D. Iogna-Prat, Dijon 2002, p. 55-77 ([PDF] Lire en ligne).
  6. a et b Laurent Ripart, « Le diocèse de Belley comme foyer de la principauté savoyarde » dans Le Bugey, 102 (2015), p. 51-64 (Lire en ligne sur www.academia.edu).
  7. a et b Gilbert-Charles Le Gendre, Des antiquités de la maison de France, et des maisons mérovingienne et carlienne: et de la diversité des opinions sur les maisons d'Autriche, de Lorraine, de Savoye, palatine, et plusieurs autres maisons souveraines, 1739, p. 125 (Lire en ligne).
  8. a et b Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monuments, histoires et autres preuves authentiques, chez Jean-Michel Briolo, (lire en ligne), p. 309.
  9. François Demotz, La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens (855-1056). Roi, pouvoirs et élites autour du Léman, Lausanne, Société d’histoire de la Suisse romande, , 764 p. (ISBN 978-2-94006-606-3), p. 669.
  10. Histoire de Savoie 1984, p. 33-34, « Les mauvais choix ».
  11. Flodoard Addit codex 1 (inséré après 966), MGH SS III, p. 407.
  12. Francois Demotz, L’An 888. Le Royaume de Bourgogne. Une puissance européenne au bord du Léman, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Le savoir suisse », , 142 p., chap. 83, p. 78.
  13. a et b Francois Demotz, L’An 888. Le Royaume de Bourgogne. Une puissance européenne au bord du Léman, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Le savoir suisse », , 142 p., chap. 83, p. 121-122.
  14. a b et c Ripart Sabaudia, p. 5 « IV/ La crise de l'an mil».
  15. a et b Article de Cyrille Ducourthial, « Géographie du pouvoir en pays de Savoie au tournant de l’an mil », paru dans Christian Guilleré, Jean-Michel Poisson, Laurent Ripart et Cyrille Ducourthial, Le royaume de Bourgogne autour de l'an mil, Université de Savoie, coll. « Sociétés, Religions, Politiques », , 286 p. (ISBN 978-2915797350, lire en ligne), p. 223-235 et suivantes.
  16. Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monuments, histoires et autres preuves authentiques, chez Jean-Michel Briolo, (lire en ligne), p. 211 (Livre I & II) ; Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monuments, histoires et autres preuves authentiques, chez Jean-Michel Briolo, (lire en ligne), p. 311-312 (Livre 3), « Table XVIII. Extraction de Béatrix de Genève, comtesse de Savoie ».
  17. Lullin. P., & Le Fort, « Cono Geraldi comitis filius Geraldi comitis patris sui », C. (eds.) (1865) Supplément au recueil de chartes inédites concernant l’ancien diocèse de Genève, Mémoires et documents publiés par la société d’histoire et d’archéologie de Genève, tome XV (Genève, Paris), 2, p. 1.
  18. a et b Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes : Le Faucigny, Roanne, Éditions Horvath, , 619 p. (ISBN 2-7171-0159-4), p. 11-13.
  19. Nicolas Carrier, La vie montagnarde en Faucigny à la fin du Moyen Âge, Éditions L'Harmattan, , 620 p. (ISBN 978-2-7475-1592-4), p. 27.