Fort comme la mort

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Fort comme la mort
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Auteur Guy de Maupassant
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman
Éditeur Paul Ollendorff
Date de parution 1er février / en revue
Chronologie

Fort comme la mort est le cinquième roman de Guy de Maupassant, commencé en mars , et publié en 1889. Son titre est tiré du Cantique des cantiques : « L’amour est fort comme la mort, et la jalousie est dure comme le sépulcre. » L’œuvre fut éditée en volume, en mai 1889, chez Ollendorff.

Le roman est un drame psychologique sur l'amour et le vieillissement.

Résumé[modifier | modifier le code]

Le roman est formellement composé de deux parties de tailles différentes, chaque partie étant formée de plusieurs chapitres.

« Première partie »[modifier | modifier le code]

Olivier Bertin, peintre célèbre et mondain, voit défiler dans son atelier parisien les plus belles femmes de la haute société. Il se montre « difficile et se fait payer fort cher ». Il tombe un jour très amoureux de l'une d'elles, Anne de Guilleroy, séduit par sa grâce et son élégance. Fille d'un riche commerçant, elle est mariée à un député enrichi de la petite noblesse normande et mère d'une fillette de six ans. Elle devient très vite sa maîtresse.

Douze années passent, le peintre est aimé passionnément par cette femme mariée, maintenant quadragénaire. Elle vit dans l'angoisse de le perdre, son attachement passionné grandit avec le temps ; elle consacre son existence à préserver leur amour, conservant sa coquetterie et son charme tout en sachant le flatter. Bertin lui voue quant à lui « une affection calmée, profonde, une sorte d'amitié amoureuse dont il avait pris l'habitude », sa passion originelle transformée avec le temps.

La fille d'Anne, Annette de Guilleroy, réapparaît après trois ans d'absence totale. Elle est devenue une belle jeune fille de dix-huit ans, tout juste sortie de l'adolescence. Mais l'artiste vieillissant compare, un jour, l'image, jeune, de sa maîtresse qu'il avait représentée sur une toile, et sa fille. Il retrouve dans le visage d'Annette, puis dans les intonations de sa voix, sa maîtresse jeune. Cette ressemblance troublante fait basculer l'existence des deux amants. Anne, qui a d'abord joué de cette confusion, réalise qu'Olivier tombe, sans s'en rendre compte, amoureux de sa fille, ou plutôt de l'image jeune d'Anne qu'il retrouve en celle-ci, croyant revivre son amour de jeunesse avec sa maîtresse rajeunie… Elle le met en garde de ce danger mais il est déjà trop tard.

« Deuxième partie »[modifier | modifier le code]

Cette passion platonique et sans issue amène Bertin et son amie Anne à méditer sur la fuite du temps et la déchéance apportée par le vieillissement qui les atteint progressivement. Le peintre réalise sa propre déchéance, il a vieilli et perdu sa créativité, noyée par l'univers mondain trop conventionnel dans lequel il baigne, son art est considéré par la critique comme démodé. Le célibat, qui représentait pour lui la liberté quand il était jeune, devient une solitude insupportable. Il finit par envier la place du mari, pourtant trompé, et rêve d'une vie familiale.

Bertin, marqué par cette confusion permanente entre la mère et la fille, en est fortement troublé. Son amour secret pour la jeune fille est devenu « quelque chose d'irrésistible, de destructeur, de plus fort que la mort ». Sa passion le mène à l'anéantissement. Le peintre est victime d'un accident ou peut-être d'un suicide. Agonisant, il exige de sa maîtresse qu'elle détruise ses lettres d'amour afin qu'on ne les trouve pas. Elles achèvent de se consumer dans le feu de la cheminée en laissant couler la cire des cachets, comme des gouttes de sang, qui « semblaient sortir du cœur même des lettres, comme d'une blessure ».

Le récit s’achève sur la mort du peintre, plongé dans une profonde détresse morale. Il meurt « détendu, impassible, inanimé, indifférent à toute misère, apaisé soudain par l'Éternel Oubli ».

Analyse[modifier | modifier le code]

Fort comme la mort est avant tout un drame psychologique sur l'amour et le vieillissement. Le roman privilégie la description des sentiments des personnages et du milieu mondain parisien dans lequel ils vivent. Il évoque cette période de la cinquantaine, où la fuite du temps fait doucement s'éloigner la jeunesse qu'on ne retrouvera jamais tandis que les désirs et les passions, eux, ne vieillissent pas. Cette prise de conscience crée, chez les protagonistes, ce sentiment d'injustice face à la fatalité du vieillissement contre lequel on ne peut rien et les plonge dans le désespoir.

Maupassant peint avec pessimisme cette quête impossible de l'éternelle jeunesse, le refus du vieillissement pourtant inéluctable et la souffrance qui en découle. La mort agit avec cruauté en dégradant progressivement les êtres, ce qui révolte l'auteur contre la nature même. Il prend ici à contre sens le Cantique des cantiques et le dénature volontairement, l'amour n'est pas ici l'antithèse de la mort, l'union de Dieu et de son peuple, mais démontre la cruauté de la nature dans son œuvre de destruction, la fatalité de son action. Son issue ne peut être que le néant.

Adaptations[modifier | modifier le code]

Fort comme la mort a donné lieu à une seule adaptation télévisée réalisée par Gérard Chouchan en 1982 avec Michel Vitold (Bertin) et Marina Vlady (Anne de Guilleroy).[réf. nécessaire]

Le roman connaît sa première adaptation théâtrale par Joseph Dekkers dans une mise en scène d'Olivier Bruaux en 2018 avec Joseph Dekkers (Bertin) et Marie-Béatrice Roy (Anne de Guilleroy) dans le cadre de L'Intégrale Maupassant au Théâtre du Nord-Ouest.[réf. nécessaire]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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