Emine Kara

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Emine Kara
Evîn Goyî
Image illustrative de l’article Emine Kara

Naissance
Hilal (Turquie)
Décès (à 48 ans)
10e arrondissement de Paris
Origine Turque
Type de militance Lutte armée, militantisme
Cause défendue Cause kurde
Organisation YPJ
Conflit Guerre civile syrienne
Années de service 1988 – 2019
Autres fonctions Présidente du Mouvement des femmes kurdes en France

Emine Kara est une combattante et militante kurde, née en 1974 à Hilal en Turquie et morte le à Paris en France. Sous le nom de guerre « Evîn Goyî », elle combat pendant trente ans auprès du PKK.

Originaire du Kurdistan turc, elle fuit le pays pour le Kurdistan irakien après le massacre de son village en 1994. Elle rejoint la cause kurde en 1988. En 2014, depuis la région autonome du Rojava, elle participe aux combats contre l'État islamique sous l'étendard des YPJ. Blessée à Raqqa, elle rejoint en 2019 l'Europe pour y être soignée.

En France, elle participe à la construction du mouvement kurde international, notamment en présidant le Mouvement des femmes kurdes en France. Elle est tuée lors de l'attaque contre le Centre culturel kurde Ahmet-Kaya à Paris.

Biographie[modifier | modifier le code]

Emine Kara naît en 1974[1] dans le Kurdistan turc, à Hilal, province de Şırnak. Elle est le quatrième enfant d'une fratrie de cinq. Sa famille fuit pour l'Irak en , après l'incendie et le massacre des hommes du village. Au Kurdistan irakien, ils s'installent pendant quatre ans au camp de réfugiés de Zakho puis dans celui de Makhmur, où sa famille réside toujours en 2022[2]. Emine Kara y enseigne le kurde[3].

Engagement au Kurdistan[modifier | modifier le code]

Engagée auprès de la cause kurde à partir de 1988[4], Emine Kara combat et milite pendant trente ans au Kurdistan, dans l'ensemble des régions turque, irakienne, syrienne et iranienne[5],[6]. En 2014, en tant qu'enseignante, elle rejoint le Rojava, administration autonome formée au Kurdistan syrien par le PYD, parti proche du PKK turc, au cours de la guerre civile syrienne. Selon le magazine français Le Point, elle est auxiliaire occasionnelle des Unités de protection de la femme (YPJ), branche armée féminine du PYD[7]. Elle participe à la lutte armée contre l'État islamique (EI)[2], à Kobané et à la reconquête de Raqqa[5].

Exil en France[modifier | modifier le code]

Blessée sur le front de Raqqa, Emine Kara part en 2019, après la chute de l'État islamique, se faire soigner en Europe, d'abord à Paris[2], puis onze mois[7] en Allemagne pour se faire opérer, avant de revenir en France en [2]. Elle ne parle pas le français[3] et exerce le métier d'enseignante. Elle effectue une demande d'asile, mais celle-ci lui est refusée par l'OFPRA en , refus confirmé par la Cour nationale du droit d'asile en août. Un pourvoi en cassation était prévu[2].

À Paris, elle poursuit son engagement, devient présidente du Mouvement des femmes kurdes en France[2] et a des responsabilités internationales[5]. Elle bénéficie alors, selon Libération, d'une reconnaissance et d'une aura d'« héroïne » au sein de la diaspora kurde européenne[2]. Le Monde rapporte également qu'elle acquiert par son travail militant une notoriété dans les cercles féministes français[3]. Lors des derniers mois de son mandat, elle s'investit dans le soutien au mouvement iranien consécutif à la mort de Mahsa Amini[5]. Plusieurs militantes kurdes lui attribue la création ou la popularisation du slogan Femme, Vie, Liberté, utilisé par la branche féminine du BDP[2],[8]. Entre autres, elle est à l'initiative des manifestations de soutien organisées à Paris[8].

Mort[modifier | modifier le code]

Emine Kara est assassinée le à Paris lors d'une attaque contre le Centre culturel kurde Ahmet-Kaya perpétrée par un homme se revendiquant raciste. Elle devait participer à une réunion de préparation de la marche commémorative du dixième anniversaire du triple assassinat des militantes du PKK Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez en , réunion reportée au dernier moment[2]. Deux autres hommes kurdes, réfugiés politiques, Mîr Perwer, chanteur, et Abdulrahman Kizil sont tués[5]. Ils sont tous trois considérés comme des « martyrs » kurdes[9].

Dix mille personnes, venues de France et d'Europe, assistent aux funérailles d'Emine Kara, le à Villiers-le-Bel[10],[11]. Emine Kara est inhumée quelques jours après au Kurdistan irakien[12]. Plusieurs milliers de personnes marchent aussi à Paris en décembre et en janvier[13],[14] ou à Hassaké[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « KARA Emine », sur matchID (consulté le ).
  2. a b c d e f g h et i Eve Szeftel, « Attaque raciste contre les Kurdes : Emine Kara «a protégé la France, la France ne l’a pas protégée» », sur Libération, (consulté le ).
  3. a b et c Christophe Ayad, « Emine Kara, Mir Perwer et Abdurrahman Kizil, trois nouveaux « martyrs » de la cause kurde », sur Le Monde, (consulté le ).
  4. (tr) « KCK: Katliam DAİŞ destekçisi ve yöneticisi AKP-MHP tarafından yapılmıştı », sur Özgür Politika, (consulté le ).
  5. a b c d et e Lou Roméo, « Combattante, musicien, réfugié politique : les trois victimes kurdes de l’attaque à Paris », sur France 24, (consulté le ).
  6. Soren Seelow et Christophe Ayad, « La communauté kurde sous le choc et en colère après la tuerie de la rue d’Enghien », sur Le Monde, (consulté le ).
  7. a et b Erwan Seznec, « Kurdes tués à Paris : pourquoi la France a refusé l’asile à Emine Kara », Le Point, .
  8. a et b Louise Colcombet, avec Nicolas Goinard, « Attaque de la rue d’Enghien : parmi les victimes, des figures de la lutte kurde », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  9. Eve Szeftel, « Pour les Kurdes de France, l’ombre de la Turquie derrière le crime raciste », sur Libération, (consulté le ).
  10. Belga, édité par Estelle De Houck, « Funérailles de 'colère' pour les trois Kurdes tués à Paris », sur RTBF, (consulté le ).
  11. avec AFP, « Les Kurdes rendent hommage aux morts de l’attaque de la rue d’Enghien », sur Le Monde, (consulté le ).
  12. « En images : en Irak, les obsèques d'Emine Kara, Kurde assassinée à Paris », sur Paris Match, (consulté le ).
  13. AFP, « Hommage aux Kurdes tués à Paris : des violences en marge de la manifestation, onze personnes interpellées », sur Le Monde, (consulté le ).
  14. AFP, « Attaque contre des Kurdes à Paris : une nouvelle marche sous haute surveillance », sur Le Parisien, (consulté le ).
  15. AFP, « Kurdes tués à Paris: en Syrie, des centaines de manifestants pour rendre hommage aux trois martyrs », sur La Voix du Nord, (consulté le ).