Claudine Hermann

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Claudine Hermann
Claudine Hermann en 2013.
Fonction
Présidente
Femmes et Sciences
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 75 ans)
VillejuifVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Claudine Germaine RodriguesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Claudine Hermann, née le à Paris et morte le à Villejuif[1],[2], est une physicienne française, première femme à devenir professeure des universités à l'École polytechnique[3],, en 1992. Elle y avait été recrutée comme maîtresse de conférences en 1980.

Elle est cofondatrice en 2002 puis présidente d'honneur de l'association Femmes et sciences et présidente de la Plateforme européenne des femmes scientifiques (European Platform of Women Scientists EPWS) à partir de 2017.

Parcours de formation et professionnel[modifier | modifier le code]

Ancienne élève de l'École normale supérieure de jeunes filles (S1965)[4], agrégée de physique (1969), elle soutient en 1976 une thèse de sciences intitulée Pompage optique dans l'antimoniure de gallium : détection optique de la résonance électronique, à l'université Paris VI[5] et obtient le titre de docteur d'État ès sciences. Spécialiste de physique des solides, ses travaux ont porté sur le pompage optique dans les semi-conducteurs, la photo-émission d'électrons polarisés et l'optique en champ proche. Elle obtient notamment[6] la valeur communément acceptée du facteur de Landé des électrons dans l'Arséniure de Gallium g = -0,44, très différente de la valeur dans le vide g = 2, importante pour la compréhension de la physique du spin dans le régime de l'effet Hall quantique.

Elle est assistante à l'École normale supérieure, avant d'être recrutée comme maîtresse de conférences à l'École polytechnique (1980), où elle est nommée professeure en 1992[7]. De 1980 à 2005, elle est directrice-adjointe du Laboratoire de physique de la matière condensée (LPMC UMR 7643). Elle devient professeure émérite en 2005.

Engagement et responsabilités institutionnelles[modifier | modifier le code]

Claudine Hermann étudie la situation des femmes scientifiques en Europe occidentale. Fille de pharmacienne, elle s'interroge sur l'influence du métier de la mère et du métier du père dans l'orientation professionnelle des filles[8]. Elle s'efforce d'inciter les filles à investir les activités scientifiques, en réalisant des conférences et en publiant des articles[9]. Claudine Hermann souhaite « leur donner d'autres exemples que l'inaccessible Marie Curie[3]. »

À la suite de sa nomination comme première femme professeure de physique à l'École polytechnique, Claudine Hermann se sensibilise au déficit de femmes dans les secteurs scientifiques, et s'engage dans des actions institutionnelles. Elle participe aux études pionnières que dirigent Huguette Delavault (1924-2003) et le réseau Demain la parité, sur la place des filles dans les classes préparatoires scientifiques (1997), puis dans les grandes écoles scientifiques (1998). Elle est co-auteure d'un rapport intitulé Les enseignants-chercheurs à l'université : la place des femmes, avec Noria Boukhobza, Huguette Delavault et Françoise Cyrot-Lackmann[10], dont est tiré l'ouvrage, Les enseignantes-chercheuses à l'université : demain la parité ?[11].

En 2000, Claudine Hermann est membre fondatrice et première présidente de l'association Femmes et sciences, créée avec Huguette Delavault, Françoise Cyrot-Lackman, Françoise Gaspard, Colette Kreder et l'association Femmes et mathématiques. Elle en est présidente d'honneur jusqu'à son décès[12].

De 1999 à 2006, elle représente, au sein de la Commission européenne, l'association Femmes et Sciences auprès de la Direction générale de la recherche. Elle est coauteure du rapport du groupe de travail « Femmes et sciences » du réseau ETAN, Intégrer la dimension du genre, un facteur d’excellence en 2000[13]. Ce rapport qui présente un état des lieux détaillé et des recommandations concrètes à l'intention de l'Union européenne et des États membres, a reçu l'approbation du commissaire européen à la Recherche Philippe Busquin. Claudine Hermann fait également le point sur les développements de cette question en France, à la direction de l'Enseignement supérieur du ministère de l'Éducation nationale et au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), dans la revue Sciences de l'Association française pour l'avancement des sciences (AFAS)[14].

En 2005, Claudine Hermann contribue à la fondation de la Plateforme européenne des femmes scientifiques (European Platform of Women Scientists (en)) (EPWS), qui regroupe une centaine d'associations et 15 000 femmes scientifiques. Elle en est vice-présidente, de 2009 à 2017, puis présidente de 2017 à 2021.

Elle a été membre du conseil d'administration de la Fondation d'entreprise EADS, membre du jury des prix Irène-Joliot-Curie, membre du conseil d'administration de l'Association française pour l'avancement des sciences (AFAS) et membre du groupe Égalité Femmes-Hommes de la Conférence des grandes écoles (CGE).

Décorations[modifier | modifier le code]

Claudine Hermann est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite puis promue au grade d'officier le au titre de « professeure à l'École polytechnique ; 32 ans de services civils »[15].

Elle est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur, faite chevalier de l'ordre le , promue au grade d'officier le au titre de « professeure, vice-présidente d'une association en faveur de la promotion des sciences chez les femmes »[16]. Elle est faite officier de l'ordre le puis promue au grade de commandeur le au titre de « physicienne, professeure honoraire des universités, vice-présidente d'association »[17]. Elle est faite commandeur de l'ordre le , puis élevée à la dignité de grand-officier dans l'ordre le [18] au titre de « physicienne » et faite grand-officier par le président François Hollande le [19].

Elle est officier de l'ordre des Palmes académiques[20].

Mémoire[modifier | modifier le code]

Le 8 mars 2024, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, l'université Sorbonne Paris Nord à Villetaneuse a renommé l'un de ses amphithéâtres "Amphithéâtre Claudine Hermann"[21]. Un collège portera également le nom de Claudine Hermann à Massy à la rentrée 2024.

Publications[modifier | modifier le code]

  • Physique des semi-conducteurs, avec Bernard Sapoval, Paris, Ellipses, 1991 (ISBN 978-2-729-89065-0).
  • Physique statistique et illustrations en physique du solide, Éditions de l'École Polytechnique, 2003 (ISBN 978-2-7302-1022-5).
  • Les enseignantes-chercheuses à l'université : demain la parité ? avec Huguette Delavault, Noria Boukhobza, Claudine Hermann, Corinne Konrad (ISBN 978-2-747-53157-3).
  • (Article) « Que faire pour que les filles fassent des sciences ? », avec Véronique Slovacek-Chauveau, Cahiers pédagogiques, no 467, en ligne.
  • « Femmes et sciences, en Europe et en France », Sciences, revue de l'AFAS, no 2,‎ , p. 3-6 (ISSN 0151-0304).
  • (Chapitre) « Women and Science in France », avec Françoise Cyrot-Lackmann, Jeanne Peiffer et Hélène Rouch, pp. 227-263, in Neelam Kumar, Gender and Science, Studies across Cultures, Fondation Books Delhi, Cambridge University Press Pvt. Ltd. India, 2012. (ISBN 978-81-7596-925-4).
  • « Les femmes et la science, une vieille histoire de stéréotypes », émission La tête au carré, avec Sophie Robert et Anne Pépin, 13 février 2014 [1].
  • Claudine Hermann, An interview at TSPMI, université de Vilnius [2].
  • « La présentation des Principia d'Isaac Newton par la marquise du Châtelet », analyse par C. Hermann sur le site BibNum

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Frédérique Vidal, « Décès de Claudine Hermann, première physicienne nommée professeure à l'École Polytechnique », sur Ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation,
  2. Colette Guillopé et Isabelle Pianet, « La mort de Claudine Hermann, physicienne et cofondatrice de l’association Femmes & Sciences », Le Monde, no 23812,‎ , p. 14 (lire en ligne)
  3. a et b Azar Khalatbari, « Claudine Hermann, La cause des femmes », La Recherche, no 330,‎ (lire en ligne).
  4. Claudine Hermann, Annuaire de l'Association des anciens élèves, élèves et amis de l’École normale supérieure.
  5. Thèse de sciences, notice SUDOC, consultée en ligne le 18 juin 2015.
  6. Claude Weisbuch et Claudine Hermann, « Optical detection of conduction-electron spin resonance in , , and  », Physical Review B, vol. 15, no 2,‎ , p. 816–822 (DOI 10.1103/PhysRevB.15.816, lire en ligne, consulté le ).
  7. « Fonds Claudine Hermann (née en 1945) », sur Répertoire de fonds pour l'histoire et la philosophie des sciences et des techniques, (consulté le ).
  8. « Claudine Hermann, en habituée de l'exigence quantitative, accumule des données, établit des statistiques sur les caractéristiques de ces perles rares que sont les femmes scientifiques. Bien plus que les hommes, elles seraient issues de parents ayant tous les deux suivi des études scientifiques. Le goût des maths et de la physique se transmettrait-elle de mère en fille ? Une très forte corrélation l'indique. Du coup, moins de femmes scientifiques signifie aussi moins de filles en sciences. » (…) « Claudine Hermann, fille de pharmacienne, - donc de mère scientifique, ce qui confirme les statistiques - était entourée de parents ayant fait de longues études », Azar Khalatbari, « Claudine Hermann, La cause des femmes », La Recherche, no 330, avril 2000.
  9. European Platform of Women Scientists, page de Claudine Hermann.
  10. « Rapport au Ministère de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, Direction de l'enseignement supérieur, notice SUDOC » (consulté le ).
  11. Huguette Delavault, Noria Boukhobza, Claudine Hermann et Corinne Konrad (préf. Françoise Gaspard), Les enseignantes-chercheuses à l'université : demain la parite, Paris, L'Harmattan, , 192 p. (ISBN 978-2-7475-3157-3, OCLC 300773708, BNF 38927375, lire en ligne).
  12. « Decès de Claudine Hermann, présidente d'Honneur de Femmes & Sciences », sur femmesetsciences.fr (consulté le )
  13. Rapport en ligne.
  14. Claudine Hermann, « Femmes et sciences, en Europe et en France », Sciences, no 2,‎ , p. 3-6 (ISSN 0151-0304).
  15. Décret du 14 mai 2001 portant promotion et nomination.
  16. Décret du 13 juillet 2005 portant promotion et nomination.
  17. Décret du 31 décembre 2010 portant promotion.
  18. Décret du 31 décembre 2014 portant élévation à la dignité de grand’croix et de grand officier.
  19. « Extrait du discours du président Hollande lors de la remise des insignes de grand officier de la Légion d'honneur à Claudine Hermann », sur le site medaillesdecorationsordres.com, (consulté le ).
  20. « Hommage à Claudine Hermann », sur le site de l'École polytechnique, (consulté le ).
  21. Léa Ferbos, « Journée Femmes et sciences », sur Université Sorbonne Paris Nord, (consulté le )