Axel de Fersen

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Axel de Fersen
Fonctions
Grand Maréchal du Royaume
-
Johan Gabriel Oxenstierna (en)
Magnus Stenbock (d)
Commandant de régiment (d)
Régiment Royal-Suédois
-
Titre de noblesse
Comte
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 54 ans)
StockholmVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Hans Axel von FersenVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Famille
Fersen (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Mère
Fratrie
Hedvig Eleonora von Fersen
Sophie Piper
Fabian Reinhold von Fersen (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Grade militaire
Conflit
Distinctions
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Blason

Hans Axel von Fersen, appelé aussi Axel von Fersen le Jeune ou surtout en français Axel de Fersen, né le à Stockholm et mort le dans la même ville, est un comte suédois, célèbre pour son rôle de favori auprès de la reine de France Marie-Antoinette.

Biographie[modifier | modifier le code]

À Versailles[modifier | modifier le code]

Il est le fils du feld-maréchal Fredrik Axel de Fersen et de la comtesse, née Hedwige-Catherine de La Gardie, et frère de la comtesse Piper et de la comtesse Klinckowström. Cousin de la maîtresse du futur roi de Suède et dame d'honneur (Hovmästarinnan) de la reine Sophie-Madeleine, la comtesse Löwenhielm, née Augusta von Fersen, et d'Ulrika von Fersen, il a pour tante la fameuse scientifique Eva Ekeblad.

En 1774, achevant son Grand Tour d'Europe destiné à parfaire son éducation, il arrive à la cour de France, où il fait vive impression par son physique avantageux. Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède, écrit à son sujet au roi Gustave III :

« De tous les Suédois qui ont été ici de mon temps, c'est celui qui a été le mieux accueilli dans le grand monde. Il a été extrêmement bien traité dans la famille royale. Il n'est pas possible d'avoir une tenue plus sage et plus décente que celle qu'il a tenue. Avec la plus belle figure et de l'esprit, il ne pouvait manquer de réussir dans la société, aussi l'a-t-il fait complètement. »

Le 30 janvier, il rencontre la dauphine Marie-Antoinette, incognito, au bal de l'Opéra. Il rentre ensuite en Suède, puis revient à la Cour de France en août 1778. La reine, qui ne l'a pas oublié, en le voyant dit « C'est une vieille connaissance ! » et toute la Cour note qu'elle traite avec une attention particulière le jeune homme. Au cours de l'hiver 1779, il devient l'un des familiers de la reine, et collectionne les conquêtes féminines. Mais Fersen rêve également de se battre.

Il demande à rejoindre le corps expéditionnaire français qui part en Amérique. Le roi de Suède, à qui le comte de Creutz a fait part de l'inclination de Marie-Antoinette, intervient, et Fersen obtient d'être nommé aide de camp du comte de Vaux, qui doit commander les troupes. Finalement, le corps expéditionnaire ne part pas, et Fersen rentre au château de Versailles, très dépité. Il fait le siège du comte de Vergennes et du prince de Montbarrey, ministre de la Guerre. Le , il est nommé colonel attaché à l'infanterie allemande, et part enfin pour les Amériques fin mars 1780, où il participe à la guerre d'indépendance des États-Unis sous les ordres du comte de Rochambeau.

La guerre d'indépendance américaine[modifier | modifier le code]

Il se fait apprécier de Rochambeau qui l'appelle son « premier aide de camp », se lie avec le duc de Lauzun qui lui promet le brevet de colonel commandant sa légion, et le marquis de Ségur, qui lui promet également de le nommer colonel en second. Fersen se conduit brillamment au siège de Yorktown en Virginie. Grâce à l'intercession de Marie-Antoinette, il obtient, en octobre 1782, la place de colonel en second du régiment Royal-Deux-Ponts. Il déclare alors à son père qu'il souhaite rester en Amérique jusqu'à la fin du conflit, et ensuite passer au service de Gustave III.

Retour à Versailles[modifier | modifier le code]

Il rentre de campagne en juin 1783, et se rend à Versailles où il obtient, toujours par la faveur de Gustave III et de la reine, le Royal-Suédois en pleine propriété. La rumeur va alors bon train à la cour[1]. En septembre, il quitte Versailles et rejoint Gustave III qui se rend incognito en Italie. Tout en multipliant les conquêtes féminines, il entretient à partir de novembre une double correspondance suivie avec Marie-Antoinette, officielle adressée à la reine de France, et personnelle, secrète, adressée à « Joséphine »[2].

En juin 1784, Fersen revient à Versailles, dans l'entourage de Gustave III qui voyage toujours sous le nom de « comte de Haga », et qui ne va pas tarder à le gratifier d'une pension de 20 000 livres annuelles, qui lui permet de mener bon train à la cour. En juillet, il rentre en Suède pour huit mois. Il revient ensuite en France prendre possession de son régiment, à Landrecies, près de Valenciennes, et partage son temps entre la cour et son régiment.

En 1787, il part quelques semaines pour accompagner Gustave III dans sa guerre en Finlande contre Catherine II de Russie. Au printemps 1789, son père est arrêté pour avoir pris parti pour les droits de la noblesse dans le conflit qui oppose Gustave III à son aristocratie, après des revers dans la guerre (que Gustave III mènera finalement à terme après la bataille navale à Svensksund). Marie-Antoinette lui ordonne alors de rentrer à Paris. En juin, inquiet pour la reine, il prend un logement à Versailles. Les proches de la famille royale prennent mal l'installation de Fersen près de la reine, redoutant que cela n'attise la haine des courtisans envers elle[3]. Fersen devient un favori du couple royal.

La Révolution[modifier | modifier le code]

En 1791, Fersen participe à la fuite de Varennes dont il est l’un des principaux organisateurs. Devenu l'amant d'Eleonore Sullivan[a], il lui emprunte les 300 000 livres nécessaires pour la préparation de la fuite. Fersen escorte lui-même la famille royale, la nuit du 20 juin, jusqu'à Bondy, mais Louis XVI refuse qu'il les accompagne plus avant. Fersen doit rejoindre la place-forte de Montmédy, où se dirige la famille royale, en passant par la Belgique. Mais, mal préparée, la fuite échoue et les fugitifs sont reconduits à Paris.

Fersen continue à correspondre avec Marie-Antoinette. Il se rend à Vienne pour avertir la cour de l'empereur et le décider à l'action. Mais Léopold II temporise, et Fersen, se sentant berné, parle à la reine de trahison. Lui-même est désorienté par les rumeurs faisant de Barnave l'amant de la reine[5]. Il quitte alors Vienne pour Bruxelles.

Les lettres échangées entre Marie-Antoinette et Axel de Fersen entre juin 1791 et août 1792 montrent la nature de leur relation[6],[7]. Alex de Fersen reçoit une lettre de Marie-Antoinette, datée du , où elle l'assure de son amour : « je vais finir, non pas sans vous dire mon bien cher et tendre ami que je vous aime à la folie et que jamais jamais je ne peux être un moment sans vous adorer »[8].

En février 1792, Fersen revient en France et rencontre la reine, puis le roi, en secret. Il veut leur faire part d'un nouveau plan d'évasion par la Normandie. Louis XVI refuse toute nouvelle tentative de fuite. Fersen rentre alors à Bruxelles retrouver Éléonore sa maîtresse, et aider à la préparation d'une coalition européenne contre la Révolution française. C'est lui qui inspire, en juillet, le « manifeste de Brunswick », l'ultimatum des armées austro-prussiennes aux révolutionnaires français. Il croit fermement à la victoire rapide de la coalition et imagine même le rétablissement de la royauté.

Enfin, en 1793, après l'exécution de Louis XVI, il espère encore sauver la reine. S'imaginant que tout est le fruit des intrigues des Orléans, il pense acheter les meneurs du « parti d'Orléans », Laclos, Santerre ou Dumouriez. Quand Dumouriez fait défection et rejoint les Autrichiens en mars, Fersen y voit la fin des révolutionnaires, et imagine déjà Marie-Antoinette régente. En août, quand il apprend la nouvelle du transfert de la reine à la Conciergerie, il essaie d'obtenir du prince de Cobourg qu'il marche sur Paris, mais c'est en vain. Il ne peut pas non plus empêcher l'exécution de la reine le .

En Suède[modifier | modifier le code]

Mort de Fersen.

Rentré en Suède, il se consacre ensuite à sa carrière. En 1792, Gustave III est assassiné et, comme tous ses anciens favoris, Fersen se trouve en disgrâce entre 1792 et 1796, période de régence de Charles de Södermanland, futur Charles XIII, frère du roi assassiné. Quand Gustave IV Adolphe monte sur le trône, il retrouve ses offices et dignités. En 1797, il est envoyé pour représenter son pays au traité de Rastatt, mais la délégation française proteste, et il doit se retirer.

En 1801, il est nommé riksmarskalk (Grand maréchal du royaume), ministre et chancelier d'Uppsala, mais il perd la faveur royale en s'opposant fermement à l'entrée en guerre de la Suède contre la Prusse, voulue par Gustave IV, pour punir celle-ci d'avoir refusé d'envahir la France.

Jusqu'à la fin de sa vie, il tente en vain de se faire rembourser les sommes avancées aux souverains français.

En 1809, quand Gustave IV est chassé par un coup d'État militaire, Fersen ne prend pas parti, mais tout le monde soupçonne ses sympathies pour le jeune prince Gustave, fils de Gustave IV. En 1810, Christian-Auguste, frère cadet de Frédéric-Christian II, duc de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg, de la branche cadette des souverains du Danemark, est élu prince héritier de Suède. Il prend alors le nom de Charles-Auguste, et est adopté par le nouveau roi Charles XIII, oncle du roi déchu. Mais ce nouvel héritier meurt peu après. La rumeur accuse Fersen de l'avoir empoisonné. Le (date anniversaire de la fuite à Varennes), en vertu de ses fonctions de riksmarskalk, Fersen est chargé d'escorter le corps du prince dans Stockholm. Une émeute se forme et Fersen meurt lapidé et piétiné par la foule, en présence de nombreuses troupes qui n'interviennent pas. Il est probable que Charles XIII ait saisi l'occasion de se débarrasser aisément de l'un des leaders gustaviens.

Références[modifier | modifier le code]

Thomas Fersen a choisi son nom de scène en référence à Axel de Fersen[9].

Son personnage fait partie du manga Lady Oscar et de ses adaptations, notamment en anime[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Née à Lucques, Anna-Éléonora Franchi, née le 12 juin 1750, fille d'un costumier de troupe de comédiens ambulants, débute à douze ans comme ballerine au théâtre de Lucques, puis à La Fenice de Venise. Elle y épouse en 1768 un camarade, Martini, puis, à sa mort, devient la maîtresse du duc de Wurtemberg (avec qui elle a un fils et une fille illégitimes, M. et Mlle de Francquemont, cette dernière Eleanore de Francquemont étant la future mère d'Alfred d'Orsay), puis de Joseph II du Saint-Empire, frère de Marie-Antoinette. Expulsée par Marie-Thérèse d'Autriche, elle s'exile à Paris où elle se marie en 1776 à Mr Sullivan, frère d'un diplomate anglais. Ce dernier l'emmène aux Indes où il fait fortune. En 1790, elle prend un nouvel amant plus riche, Quintin Craufurd (en), qui l'enlève et l'emmène à Paris. Devenue la maîtresse du comte de Fersen elle lui avance les 300 000 livres nécessaires pour la préparation de la fuite de Varennes. Après la mort de Sullivan en Inde, elle se marie à Quintin Craufurd. Après la rupture de la paix d'Amiens, Talleyrand qui est l'ami du couple royaliste, obtient leur radiation de la Liste des émigrés et le droit d’établissement en France dans l’hôtel Craufurd (futur Hôtel Matignon). Elle meurt le 14 septembre 1833[4].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Fersen est admis dans le premier cercle de Marie-Antoinette et grossit les rangs de ses chevaliers servants, tels Lauzun et Besenval. Le Suédois soupe au Petit Trianon, offert par Louis XVI à la reine – ce fut sa première décision lorsqu'il devint roi - qui en a fait son séjour favori et l'instrument de son indépendance à distance de la cour. On le voit jouer à colin-maillard avec la duchesse de Polignac et la princesse de Lamballe au Hameau de la reine. La masse des courtisans maintenue à l'écart de cette coterie s'aigrit et l'on jase sur les familiarités, voire pire, prêtées aux intimes de la souveraine.
  2. Evelyn Farr, Marie-Antoinette et le comte de Fersen : La correspondance secrète, Archipel, , 384 p. (lire en ligne), « Chronologie »
  3. Outre l'inclination du cœur, un autre mobile pousse sans doute la reine à rechercher le réconfort d'un confident : Marie-Antoinette est soudain sensible à la dégradation de son image publique et à son impopularité. Surnommée « Madame déficit » pour ses dépenses somptuaires, visée par un flot de libelles à la fois haineux, obscènes et moralisateurs (suscités, dans un premier temps, par les coteries de la cour qui la détestent, puis imités par d'autres), « l'Autrichienne » a besoin d'un soutien affectif et moral.
  4. Jacques de Lacretelle, Talleyrand, Hachette, , p. 213
  5. Barnave : L'inviolabilité royale, la séparation des pouvoirs et la terminaison de la Révolution française (15 juillet 1791).
  6. « Des chercheurs percent l'énigme des lettres de Marie-Antoinette à son amant », LeFigaro.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Vahé Ter Minassian, « Le mystère des lettres de Marie-Antoinette à son amant révélé par un scanner », Lemonde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. lettre déchiffrée par spectrométrie de fluorescence des rayons X, micro-faisceau μXRF, Centre de Recherche sur la Conservation, « Les passages cachés des lettres de Marie-Antoinette au comte de Fersen livrent leurs premiers secrets » [PDF], sur crc.mnhn.fr, (consulté le ).
  9. « Thomas Fersen à coeur ouvert (interview) | musikplease.com », (consulté le )
  10. « L'AMANT IMPOSSIBLE - AXEL DE FERSEN », Le monde de Lady Oscar,‎ . (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Biographies[modifier | modifier le code]

Par ordre chronologique de parution :

  • Le comte de Fersen et la Cour de France, extraits de ses papiers, publiés par son petit-neveu le baron R. M. de Klinckowström, 2 tomes, Paris, 1878.
  • Baron R. M. deKlinckowström, Le Comte de Fersen et la cour de France, 2. vols, Firmin-Didot, 1877–1888.
  • Emile Baumann, Marie-Antoinette et Axel de Fersen, Grasset, 1931
  • (sv) Ture Nerman, Fersenska mordet (Le Meurtre de Fersen), Stockholm, 1933.
  • Roger Sorg, « Fersen officier français et Marie-Antoinette (Documents inédits) », dans Mercure de France, 15 juillet 1933, tome CCXLV, no 842, p. 314-336 (lire en ligne)
  • Évelyne Lever, Marie-Antoinette, Fayard, 1991.
  • Herman Lindqvist, Axel von Fersen, Stock, 1995
  • Françoise Kermina, Hans-Axel de Fersen, Librairie Académique Perrin, , 430 p. (ISBN 978-2-2620-1789-7) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Simone Bertière, Marie-Antoinette, 2002
  • Françoise Wagener, L'énigme Fersen, Albin Michel, 2016
  • Evelyn Farr, Marie-Antoinette et le comte de Fersen : La correspondance secrète, Archipel, , 384 p. (lire en ligne)
  • Évelyne Lever, Le grand amour de Marie-Antoinette : Lettres secrètes de la reine et du comte de Fersen, Éditions Tallandier, , 384 p. (ISBN 979-1021043046, présentation en ligne)
  • Isabelle Aristide Hastir, Marie-Antoinette et Axel de Fersen - Correspondance secrète, Éditions Michel Lafon, , 280 p. (ISBN 978-2-7499-4557-6) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Romans historiques et biographies romancées[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]