Aller au contenu

Jean-Baptiste Chautard

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Ame de tout apostolat)

Jean-Baptiste Chautard
Image illustrative de l’article Jean-Baptiste Chautard
Biographie
Nom de naissance Auguste Philogène Gustave Chautard
Naissance
Briançon (France)
Ordre religieux Trappiste
Décès (à 77 ans)
Abbaye de Sept-Fons
Abbé de l'Église catholique
Bénédiction abbatiale
Abbé de l'abbaye de Sept-Fons

Urget Nos[1]

Jean-Baptiste Chautard né le à Briançon (France) et mort le est un moine trappiste de l'abbaye Notre-Dame d'Aiguebelle puis abbé de l'abbaye de Sept-Fons de 1899 à 1935. Il est connu comme auteur spirituel. En particulier son livre sur l'Âme de tout apostolat connait un grand succès.

Auguste Philogène Gustave Chautard est né à Briançon le [2], fils de François Auguste Chautard, libraire à Briançon, et de Marie Magdelaine Clarisse Salle. À l'âge de quatorze ans il devient élève d'une école de commerce de Marseille où il découvre le père Jean-Joseph Allemand (il s'inscrit à son Œuvre de jeunesse en 1870) et Timon-David. Il se lance dans les œuvres sociales avec la Société Saint Vincent de Paul.

Chautard entra à l'âge de 19 ans à l'abbaye Notre-Dame d'Aiguebelle, dans le diocèse de Valence, le , malgré l'opposition de sa famille. Pour obtenir leur consentement il fait quelques pèlerinages à pied à Notre-Dame du Laus et Notre-Dame-de-la-Garde. Il prononce ses premiers vœux le et fait profession solennelle le . Cellérier de son abbaye il y fait montre de compétence commerciale : il fait un emprunt et achète une nouvelle machine à vapeur pour la chocolaterie d'Aiguebelle (marque déposée en 1885) et commercialise en France une gamme de produits à base de chocolat bientôt très connue. Pour ses ouvriers, il s'inspire de l'œuvre de Timon-David, les visitant en 1888 afin d'évangéliser les 150 ouvriers (dont 40 enfants) de sa chocolaterie. En 1891, il fonde la Société anonyme de la chocolaterie d'Aiguebelle d'un capital d'un million de francs et, en 1893, l'usine de chocolaterie de Donzère qui emploie jusqu'à 200 personnes[3].

Il est ensuite appelé à venir en aide à l'abbaye de Chambarand, dans le diocèse de Grenoble, qui l'élit abbé en 1897. En 1898, à la demande de dom Sébastien Wyart, abbé général de l'ordre cistercien de la Stricte Observance et abbé de l'abbaye de Sept-Fons, il supervise le rachat et le début de la restauration de l'abbaye de Cîteaux. Dom Sébastien Wyart peut alors reprendre le titre traditionnel d'abbé de Cîteaux, porté avant la Révolution française par les Supérieurs de l'Ordre de Cîteaux. Il lui faut alors un successeur à l'abbaye de Sept-Fons et c'est dom Chautard qui y est élu le . Lors de l'expulsion des moines de l'abbaye de Chambarand, Dom Chautard fonde le monastère de Marie-Stella au Brésil mais cette fondation ne rencontre pas le succès. Il prend aussi part à la restauration de l'abbaye d'Orval en Belgique, soutenant le projet de Dom Albert-Marie van der Cruyssen.

En 1903, lors des lois prévoyant l'expulsion des congrégations religieuses non agréées, Dom Chautard plaide la cause de l’ordre cistercien de la Stricte Observance au Sénat[4] et devient l'ami du président Clemenceau[5],[6]. Il refuse la vente des bâtiments, mène les négociations et obtient que les trappistes ne soient pas expulsés, au contraire des autres moines présents en France: bénédictins et chartreux doivent s'exiler.

Dom Jean-Baptiste Chautard a une grande dévotion à la Sainte Vierge, en particulier une image du type Blachernitissa reproduite dans son livre[7]. Il aime aussi l'Écriture Sainte: le fondement de sa spiritualité est l'oraison. Il connait Timon-David, Léon Harmel et Jean-Joseph Allemand. Il lit Mgr Charles Gay, qu'il rencontre à Paris entre 1886 et 1889[8], Mgr de Ségur, dom Columba Marmion, le père Saudreau et dom Lehodey, chez les jésuites Grou et Lallemant, saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal, Bossuet, les conférences IX et X de Cassien et un petit livre, L'Esprit de sainteté de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus[9].

Dom Jean-Baptiste Chautard meurt soudainement d'un infarctus le , au retour du chapitre général qui s'était tenu à Cîteaux, lors d'une visite de scouts, âgé de 77 ans, dont 58 années de profession religieuse et 38 années d'abbatiat[10].

Blasonnement
D'azur à gloire d'or chargé des Saints Cœurs de gueules
Devise
Urget Nos[1]
Sceau
dans une circonférence, l'écu aux armes accosté d'une feuille de lierre et d'une feuille de chêne avec la légende : Sig. F[11]. + Joannis-Baptistae Abbatis B.M. de Campo Arando Ord. Cist.

Dom Chautard a peu publié mis à part quelques brochures sur la famille cistercienne. Son enseignement passe dans les commentaires quotidiens de la Règle de saint Benoît au cours des Chapitres de l'abbaye ou des conférences. Pendant la guerre de 1914-1918, il publie des articles sous la signature de Frère Aîné dans le journal Le prêtre aux Armées.

Œuvres non publiées

[modifier | modifier le code]
  • L'Esprit de simplicité, caractéristique de Citeaux, 1928[12] ;
  • Saint Bernard et la Fondation des Cisterciennes dites trappistines, 1919, devenu Les Cisterciennes trappistines ;
  • L'Âme cistercienne[13].

Œuvres publiées

[modifier | modifier le code]
  • Apostolat des catéchisme et vie intérieure devenu L’âme de tout apostolat, 1907 ;
  • La Règle de saint Benoît illustrée par saint Bernard, 1934 ;
  • Les Cisterciennes trappistines.

L'Âme de tout apostolat

[modifier | modifier le code]

Dom Jean-Baptiste Chautard a écrit un ouvrage célèbre, L'Âme de tout apostolat publié tout d'abord sous le nom d' Apostolat des catéchisme et vie intérieure écrit sur le navire qui le conduit au Brésil: en 1937 il est édité à 195 000 exemplaires pour arriver à un total de 250 000 exemplaires en comptant les traductions en de nombreuses langues. Ce livre, dans sa première version (1907) est destiné aux religieuses de la Sainte Famille du Sacré-Cœur fondée par son ami le jésuite Louis Rabussier mais dans sa forme achevée il est destiné aux séminaristes et aux prêtres « Ce livre devenu célèbre fut, pendant près de cinquante ans, un classique incontournable de la spiritualité française et son rayonnement international fut considérable ( Dom Patrick Olive, Abbé de Sept-Fons) ». Il est le livre de chevet du Pape Pie X comme de Plinio Corrêa de Oliveira. Cet ouvrage insiste sur les moyens d'obtenir puis garder l'union avec Dieu, par l'oraison, la prière de la garde du cœur, la vie liturgique, le renoncement, stigmatisant à la manière de saint Bernard ce qu'il appelle l' « hérésie de œuvres », affirmant en cela la primauté de la vie intérieure, celle de la grâce c'est-à-dire « l'état d'activité d'une âme qui réagit pour régler ses inclinations naturelles et s 'efforce d'acquérir l'habitude de juger et de se diriger en tout d'après les lumières de l'Évangile et les exemples de Notre-Seigneur »[14] et de la vie spirituelle sur la vie active. L'hérésie de l'activisme', et certaines idées sommairement appelées «américanistes» étaient alors condamnées par une Lettre encyclique du Pape Léon XIII Testem Benevolentiae Nostrae (en) du [15].

«  Voyageur épuisé, haletant, je cherche à me désaltérer... Enfin Video – Je vois : J'aperçois une source. Mais elle jaillit d'un rocher escarpé... Sitio – J’ai soif : Plus je regarde cette eau limpide qui me permettrait de continuer ma route, plus s'accentue, malgré les obstacles, le désir d'étancher ma soif... Volo – Je veux : À tout prix je veux parvenir à cette source et m'efforcer d'y arriver. Hélas ! je dois constater mon impuissance... Volo Tecum : Survient un guide. Il n'attend que mes instances pour m'aider. Il me porte même dans les passages difficiles. Bientôt je me désaltère à longs traits.Ainsi des Eaux vives de la grâce jaillissant du Cœur de Jésus »

Dom Chautard, L'Âme de tout Apostolat[16].

  • « Un religieux malade ne doit pas avoir à regretter l'absence de sa mère »[17].
  • « Que d'autres nous dépassent par le culte des observances, soit ! mais nous ne devons le céder à personne pour la charité fraternelle »[18].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b Jean-Marie Hippolyte Aymar d'Arlot, comte de Saint-Saud, Armorial des prélats français du XIXe siècle, H. Daragon, , 415 p. (lire en ligne)
  2. Archives départementales des Hautes-Alpes, acte de naissance n°23 dressé le 13/03/1858, vue 99 / 125
  3. [1] Le silence des moines : les trappistes au XIXe siècle : France, Algérie, Syrie par Bernard Delpal, p. 335 et suiv. : « Les soucis du temporel : Dom Chautard et la chocolaterie d'Aiguebelle ».
  4. Alain Toulza 2014, p. 20
  5. Dom Chautard et Clemenceau : lire à ce sujet un extrait de l'encyclique Quas Primas [2]
  6. Alain Toulza 2014, p. 22-23
  7. Lire La Vierge dans la tradition cistercienne : communications présentées à la 54e session de la Société française d'études mariales, p. 258 et suiv.
  8. Bernard Martelet, Itinéraire spirituel de Dom Chautard, Paris Fribourg, éditions Saint Paul, , p. 59
  9. Sur les lectures spirituelles de Dom Chautard, lire Père Jérôme, Vigilant dans la nuit, p. 60.
  10. Source : Abbaye du Mont des Cats.
  11. F. pour fratris
  12. Lire à ce sujet
  13. Une des conférences de DRAC donnée à Paris à la salle de la Société de géographie le 28 janvier 1931 et transformée en brochure en 1931.
  14. L'Âme de tout Apostolat, page 14
  15. [3] Sur l'américanisme, voir Le croisé du XXe siècle : Plinio Corrêa de Oliveira, Roberto De Mattei, François Quöex, page 78, note 113
  16. Sourcela vie d'Oraison
  17. Un moine, Dom Jean-Baptiste Chautard, abbé de Sept-Fons (1858-1935), Éditions de l'abbaye de Sept-Fons, 1937, p. 76.
  18. Un moine, Dom Jean-Baptiste Chautard, abbé de Sept-Fons (1858-1935), Éditions de l'abbaye de Sept-Fons, 1937, p. 87

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Le Révérend Père dom Jean-Baptiste Chautard, Abbaye de Sept-Fons, 1935.
  • Autour de Dom Chautard,1958.
  • Itinéraire spirituel de dom Chautard Abbé de Sept-Fons, Bernard Martelet, Éditions Saint Paul, 1967 réédition Mediaspaul.
  • Images de dom Chautard, Abbé de Sept-Fons, Élie Maire, Flammarion, 1938.
  • Dom Jean-Baptiste Chautard (Abbé de Sept-Fons, 1858-1935) : simples notes, Un Moine, Éd. Abbaye de Sept-Fons, 1938.
  • Dom Jean-Baptiste Chautard, 1858-1935 : pour un cinquantenaire, Dom Patrick Olive, dans Collectanea cisterciensia, Forges, 1986, vol. 48, n° 1, p. 3–8.
  • Bernard Delpal in:Le silence des moines: les Trappistes au XIXe siècle : France, Algérie, Syrie, Page 335 [4].
  • Frère Marie-Godefroy in : Spiritualité cistercienne: histoire et doctrine, page 106 [5].
  • Un moine, Dom Jean-Baptiste Chautard, abbé de Sept-Fons (1858-1935), Éditions de l'abbaye de Sept-Fons, 1937.
  • (en) lire en ligne  : The soul of the Apostolate.
  • Alain Toulza, La Grande Guerre des hommes de Dieu : Héros des tranchées, entre persécutions et Union Sacrée, Paris, DRAC, , 192 p. (ISBN 978-2-9547974-0-3, BNF 44254316).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]