Combat d'Usagre

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La bataille d'Usagre se déroule le à Usagre, en Espagne, et oppose la cavalerie française du général de Latour-Maubourg à la cavalerie anglo-hispano-portugaise du major-général William Lumley. L'affrontement se termine par une victoire des Alliés.

Le , le maréchal Soult, dont l'armée bat en retraite à la suite de la bataille d'Albuera, ordonne à la cavalerie du général Latour-Maubourg d'accrocher l'avant-garde adverse sous les ordres du général Lumley. La rencontre a lieu au village d'Usagre, dont la topographie est exploitée par Lumley pour masquer une partie de ses forces aux Français. Latour-Maubourg détache la brigade Briche sur la gauche, mais sans nouvelles de ses agissements, il se décide à lancer à l'attaque les dragons de Bron de Bailly. Ceux-ci réussissent dans un premier temps à franchir le pont séparant le village de la rive nord, mais ils sont alors mis en déroute par une charge opportune des cavaliers de Lumley et subissent de lourdes pertes avant de pouvoir se retirer. Latour-Maubourg bat en retraite, laissant la victoire aux Alliés.

Contexte et prélude

Portrait en pied d'un maréchal de Napoléon, vêtu de son uniforme et ses décorations, tenant son bâton d'une main et son bicorne de l'autre.
Le maréchal Soult, duc de Dalmatie. Peinture de Louis-Henri de Rudder.

Après l'indécise mais meurtrière bataille d'Albuera, le , le maréchal Soult, commandant en chef l'armée française d'Andalousie, décide de battre en retraite. Son adversaire, le général Beresford, tout en assiégeant Badajoz, envoie une partie de ses troupes à la poursuite de Soult. Celui-ci se retire lentement sur Llerena, retardé dans sa marche par le grand convoi des blessés d'Albuera. Le , le maréchal ordonne au général de Latour-Maubourg de se porter sur Usagre et d'engager le combat avec l'avant-garde ennemie, afin de connaître sa force et ses intentions[1].

Latour-Maubourg se met en route et tombe, à Villagarcia, sur des détachements de cavalerie espagnols qu'il poursuit sur huit kilomètres jusqu'à Usagre[3]. Il se retrouve alors face à un corps de cavalerie commandé par le major-général William Lumley, qui forme l'avant-garde de l'armée alliée.

Topographie du terrain

Le village d'Usagre se trouve à environ 95 km au sud-est de Badajoz, à 75 km de La Albuera et à 20 km de Llerena. Le terrain a un dénivelé assez faible compris entre 390 et 620 m d'altitude, et est traversé par un ruisseau qui se jette dans un profond ravin. Le village est situé sur la rive sud entre deux chaînes de collines, l'une au sud et l'autre au nord du cours d'eau. À cet endroit, les troupes cachées derrière la crête, non loin de la rive, sont invisibles pour les Français. Ces derniers, pour passer du côté nord du ruisseau, sont contraints d'emprunter un pont débouchant sur une petite gorge, et dont l'accès se fait par une ruelle très étroite[4],[1].

Forces en présence

Ordre de bataille français

Le général de division Victor de Fay de Latour-Maubourg.

Division de cavalerie attachée à l'armée du maréchal Jean-de-Dieu Soult : général de division Victor de Fay de Latour-Maubourg, commandant en chef — 3 000[1] à 3 500 hommes[2]

Ordre de bataille allié

Le major-général William Lumley.

Cavalerie anglo-hispano-portugaise : major-général William Lumley, commandant en chef — 2 280 hommes[2]

  • Cavalerie britannique — 980 sabres
    • 13th Light Dragoons Regiment
    • 3rd Dragoon Guards
    • 4th Dragoons
  • Cavalerie portugaise, brigadiers-généraux Madden et Otway — 1 000 sabres
  • Cavalerie espagnole, comte de Penne Villemur — 300 sabres
  • Artillerie à cheval, capitaine Lefebure

Déroulement de la bataille

Schéma explicatif d'une bataille.
Bataille d'Usagre, 25 mai 1811.

Après avoir repéré le terrain, le major-général Lumley détache la cavalerie portugaise et le 13e dragons légers en avant de la ville, où ils font leur jonction avec les Espagnols de Penne Villemur[1]. Sur l'autre rive, observant ce mouvement, Latour-Maubourg fait donner son artillerie. Les escadrons alliés se replient alors en ordre sur Usagre et s'abritent derrière un tertre, d'où ils peuvent surveiller l'accès au village. Lumley, caché derrière les hauteurs, se tient en réserve avec le 3rd Dragoon Guards et le 4th Dragoons, tandis que les canons du capitaine Lefebure engagent un tir de contrebatterie[5].

Devant la lenteur de l'action, Latour-Maubourg ordonne au général Briche de contourner le flanc gauche adverse en traversant le ruisseau. Briche part avec sa cavalerie légère et se présente devant un gué emprunté peu avant par les Portugais d'Otway ; celui-ci s'est positionné non loin de là et se tient prêt à attaquer les Français. Peu désireux d'engager le combat, Briche remonte le cours d'eau à la recherche d'un autre point de passage, mais il omet d'informer Latour-Maubourg de sa situation[6]. Celui-ci s'impatiente et transmet finalement au général Bron de Bailly l'ordre de franchir le pont avec sa brigade de dragons. Celle-ci s'ébranle et, malgré le feu de la batterie Lefebure, commence à se déployer sur la rive nord. C'est alors que les Dragoon Guards et le 4e Dragoons se découvrent et chargent de flanc le 4e régiment de dragons français qui est sévèrement étrillé, de même que le 20e qui arrivait pour le soutenir[6]. Les cavaliers de Bron de Bailly tentent alors de repasser sur le pont, mais en sont empêchés par l'arrivée du 26e dragons venu à leur aide ; dans la confusion, de nombreux soldats français sautent du pont afin de regagner la rive sud[7].

Latour-Maubourg arrive néanmoins à enrayer l'avance des Britanniques en ordonnant à l'une de ses unités d'occuper les maisons le long de la rive pour faire le coup de feu[8]. Les Français quittent alors le champ de bataille, en abandonnant un grand nombre de chevaux aux mains de leurs adversaires[9].

Pertes

La cavalerie française, sur un effectif initial d'environ 3 000 sabres, a perdu 250 tués ou blessés et 80 prisonniers[8], parmi lesquels le colonel Farine du 4e régiment de dragons[10]. L'historien John William Fortescue note que les estimations varient d'une source à l'autre : le commandant Picard, dans son ouvrage sur la cavalerie révolutionnaire et impériale, donne 170 tués ou blessés et 80 prisonniers, alors que le général Lumley indique la capture de 78 soldats français. L'historique du 3e Dragoon Guards de Richard Cannon mentionne quant à lui 96 sous-officiers et dragons français capturés, sans compter les officiers[9].

Les Britanniques déplorent de leur côté moins d'une vingtaine de tués ou blessés[9].

Notes et références

  1. a b c d et e Fortescue 1917, p. 218.
  2. a b et c Oman 1913, p. 107.
  3. Chandler 1979, p. 454.
  4. Oman 1913, p. 412.
  5. Fortescue 1917, p. 218 et 219.
  6. a et b Fortescue 1917, p. 219.
  7. Fortescue 1917, p. 219 et 220.
  8. a et b Oman 1913, p. 108.
  9. a b et c Fortescue 1917, p. 220.
  10. Lemaître 1894, p. 230 et 231.

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Charles Eugène Louis Lemaître, Historique du 4e régiment de dragons (1672-1894), Charles Lavauzelle, , 376 p. (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) John Fortescue, A History of the British Army, vol. 8, Londres, Macmillan, , 687 p.. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Charles Oman, Wellington's Army, 1809-1814, Londres, Greenhill Books, , 395 p. (ISBN 0-947898-41-7) - ouvrage réédité en 1993. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) David Chandler, Dictionary of the Napoleonic Wars, New York, Macmillan, (ISBN 0-02-523670-9). Document utilisé pour la rédaction de l’article