Isabelle Pinson
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Isabelle Proteau |
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André-Pierre Pinson (de à ) |
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Genres artistiques |
L'Attrapeur de mouches (d) |
Isabelle Pinson est une peintre française née à Paris le et morte à Saint-Germain-lès-Corbeil le .
Spécialiste du portrait et des scènes de genre, elle expose au Salon de Paris de 1796 à 1812.
Plusieurs portraits signés « Pinson » et datés de la seconde moitié du XVIIIe siècle, attribués à Isabelle Pinson, ne peuvent en aucun cas être de sa main et seraient plutôt l'oeuvre de Simon Pinson (vers 1740-après 1800)[1].
Biographie
Née à Paris le [2] et baptisée à l'église Saint-Sulpice[3], Isabelle Proteau est la fille d'un couple de domestiques au service de la famille de Jaucourt, mariés en 1768[4].
Sa mère, Marie Bourdereau (1740-1823)[5], appartenait à une famille originaire du village de Brinon-les-Allemands qui comptait plusieurs membres entrés au service du seigneur du lieu, le marquis de Jaucourt, et des siens ; Marie elle-même devint en 1758 la femme de chambre d'Isabelle de Jaucourt (sœur de l'encyclopédiste Louis de Jaucourt), qui habitait un hôtel particulier, rue de la Chaise[3],[6].
Son père, Fabien Proteau, un Bourguignon originaire du village de Genlis, près de Dijon, était le valet de chambre du vicomte de Jaucourt, logé à l'hôtel de Noaillac, sis au 88, rue de Grenelle. Il mourut dès le [7].
Cette mort affecta peu la jeune orpheline de père sur le plan matériel, grâce en grande partie à la protection et à la générosité de sa marraine de qui elle tenait son prénom, Isabelle de Jaucourt, patronne de sa mère[4]. Cet appui lui permit de bénéficier d'une éducation soignée, notamment sur le plan artistique[3],[4]. Ayant sans doute montrée assez tôt des aptitudes pour le dessin[8], elle reçut des leçons de certains des plus réputés peintres de l'époque, Jean-Baptiste Regnault, François-André Vincent et Adélaïde Labille-Guiard[note 1].
Le , à l'âge de 23 ans, Isabelle Proteau épouse le chirurgien, anatomiste et artiste céroplasticien André-Pierre Pinson (1746-1828), de 23 ans son aîné, qui occupait les fonctions de chirurgien-major de la compagnie des Cent-Suisses, garde personnelle du roi, jusqu'à son abolition récente en mai 1792. Le mariage est célébré à Clichy-en-Launois, où le promis avait acheté l'année précédente une propriété au duc d'Orléans, son ancien protecteur[9].
Les nouveaux époux sont particulièrement intimes avec le sculpteur Jean-Antoine Houdon, qui a peut-être joué un rôle dans leur rencontre et qui est témoin du marié à la fois lors de la signature du contrat de mariage et lors de la cérémonie[10],[11]. Ils fréquentent aussi beaucoup le miniaturiste Lié Louis Périn, l'un des meilleurs amis d'André-Pierre Pinson, qui réalise vers cette époque deux portraits des Pinson[12],[13].
Après la nomination du chirurgien Pinson au poste de modeleur sur cire de la nouvelle École de santé de Paris, le couple emménage en 1795 en face de l'École, rue de l'Observance, dans les locaux dépendant de l'hospice[10].
Isabelle Pinson participe pour la première fois au Salon en 1796 en présentant trois portraits[14].
Elle meurt à Saint-Germain-lès-Corbeil le [15].
Œuvre
Envois aux Salons
Œuvres non localisées, sauf mention contraire[note 2].
- 1796 : Trois Portraits (no 376).
- 1800 : Une jeune personne dans son atelier, regardant dans son porte-feuille (no 309).
- 1801 :
- Tableau. Une jeune femme grecque filant (no 272) ;
- Tableau de fleurs (no 273) ;
- Tableau. Portrait du citoyen T***, médecin, membre de l’Institut (no 274) ; portrait du chirurgien Jacques Tenon, peut-être celui légué par le modèle à sa mort en 1816 à son confrère et ami Philippe-Jean Pelletan[16],[17].
- 1804 :
- L'Étude (no 369) ;
- Une femme à son chevalet, avec une petite fille près d'elle (no 370), probablement la toile proposée aux enchères à Paris chez Christie's, le (lot no 84), sous le titre Autoportrait au chevalet avec une petite fille[18], non daté, huile sur toile, 36,5 × 27 cm[19],[20], localisation inconnue.
- 1806 :
- Une jeune femme devant une glace (no 421) ; description contemporaine : « une femme qui arrange des fleurs sur sa cheminée. Elle est répétée dans la glace »[21] ;
- Une femme endormant son enfant (no 422) ; description contemporaine : « l'intérieur d'un appartement où on voit un lit antique sur lequel repose un enfant que sa mère endort au son de la lyre »[21] ;
- Une jeune fille dessinant (no 423).
- 1808 :
- Une mère posant sur la tête de sa fille le chapeau virginal (no 479) ;
- L’Attrapeur de mouches (no 480), huile sur toile, 39 × 30 cm, Notre Dame, Snite Museum of Art (en) de l'université de Notre-Dame, 2011.024.001[19],[22].
- 1810 : Portrait de M. S***, docteur et membre de la faculté de médecine (no 656) ; portrait de Pierre Sue, 1809, huile sur toile, 78 × 58 cm, donné en 1816 par les héritiers du modèle à la Faculté de médecine de Paris, collection du musée d'Histoire de la médecine à Paris[23],[24],[25],[26].
- 1812 : Offrande de deux époux à Philémon et Baucis, métamorphosés en arbres (no 729).
Autres œuvres
- Portrait de Philippe Petit-Radel, avant 1815, huile sur toile, donné en 1816 par le neveu du modèle à la faculté de médecine de Paris. Paris, musée d'Histoire de la médecine[23],[27],[28].
- Rencontre de saint Germain et sainte Geneviève, dit aussi Saint Germain distribuant des aumônes, 1821, huile sur toile, 162 × 127 cm, Saint-Germain-lès-Corbeil, église Saint-Vincent-Saint-Germain, nef de l'église (1re travée), don de l'artiste[24].,[29].
- Autoportrait, 1823, huile sur toile, 56 × 46 cm, conservé par la famille Darblay au château du même nom, Saint-Germain-lès-Corbeil, jusqu'à la dispersion de ses collections aux enchères à Paris, chez Christie's, le (lot 470), localisation inconnue[30],[31],[32].
- Portrait présumé de la mère de l'artiste, Marie Bourdereau, veuve Proteau, non daté, huile sur toile, 46,2 × 38 cm, conservé par la famille Darblay au château du même nom, Saint-Germain-lès-Corbeil, jusqu'à la dispersion de ses collections aux enchères à Paris, chez Christie's, le (lot 317), localisation inconnue[33],[31],[34].
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Rencontre de saint Germain et sainte Geneviève, 1821, Saint-Germain-lès-Corbeil, église Saint-Vincent-Saint-Germain.
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Portrait présumé de la mère de l'artiste, Marie Bourdereau, veuve Proteau, non daté, localisation inconnue.
Attributions erronées
Plusieurs portraits datés de la seconde moitié du XVIIIe siècle et signés « Pinson » ont été attribués à tort à Isabelle Pinson : créés souvent alors qu'elle n'était pas née ou trop jeune, signés d'un patronyme qu'elle ne porte qu'à compter de son mariage en 1792, elle ne peut en aucun cas les avoir peints. Selon Xavier Salmon, historien de l'art spécialiste du XVIIIe siècle et directeur du département des arts graphiques du musée du Louvre, ces œuvres seraient plutôt à attribuer à Simon Pinson (1740-après 1800) [1].
Iconographie
La plus ancienne représentation connue d'Isabelle Pinson est une miniature réalisée par Lié Louis Périn dans les années 1790, la dépeignant debout dans un paysage, de trois quarts à droite, tenant une palette et des pinceaux, vêtue d'une robe blanche et d'un châle jaune pâle[35]. Ce portrait était considéré comme l'un des plus remarquables du miniaturiste par le fils de ce dernier, le peintre Alphonse Périn[12]. Isabelle Pinson donna l'œuvre à celui-ci, en même temps qu'une miniature représentant son époux également réalisée par Lié Louis Périn[12],[note 3]. En 1853, les deux œuvres intégrèrent les collections du musée du Louvre[36],[37].
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Portrait de Mme Pinson, miniature sur ivoire.
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Portrait de M. Pinson, miniature sur ivoire.
L'autoportrait le plus connu d'Isabelle Pinson, peint en 1823, la représente vêtue d'une robe d'indienne. Cette toile a été conservée au château de Saint-Germain-lès-Corbeil, propriété de la famille Darblay dont les ancêtres avaient voisiné avec l'artiste, jusqu'à la dispersion des collections de la demeure aux enchères, en [30],[31],[32].
D'autres autoportraits ont aussi été réalisés par l'artiste. L'historienne de l'art Marie-Jo Bonnet croit en identifier trois qui auraient été présentés au Salon, d'après la description des livrets de l'exposition : il s'agirait d’Une jeune personne dans son atelier, regardant dans son porte-feuille (1800), Une femme à son chevalet, avec une petite fille près d'elle (1804) et Une jeune fille dessinant (1806)[38]. L'hypothèse semble se confirmer en ce qui concerne le second de ces trois tableaux, Une femme à son chevalet, avec une petite fille près d'elle, que l'historienne de l'art Patricia Simons propose d'identifier avec l’Autoportrait de l'artiste avec une petite fille proposé aux enchères en 2003[18]. Une comparaison du visage de l'artiste dans ce dernier tableau avec l'autoportrait peint en 1823 confirme qu'il s'agit bien d'une représentation d'Isabelle Pinson[39].
Bibliographie
- Émile Bellier de La Chavignerie et Louis Auvray, « Pinson (Mme Isabelle) », dans Dictionnaire général des artistes de l'École française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours, t. 2, Paris, Librairie Renouard, (lire en ligne), p. 281.
- Georges Boulinier, « Une artiste à l’École de médecine de Paris : Isabelle Pinson (1769-1855) », Histoire des sciences médicales, vol. 31, nos 3-4, , p. 351-357 (ISSN 0440-8888, lire en ligne [PDF]).
- Georges Boulinier, « Notes biographiques sur le peintre Isabelle Pinson (1769-1855) », Dix-Huitième Siècle, vol. 36, no 1 « Femmes des Lumières », , p. 249–254 (e-ISSN 1760-7892, DOI 10.3406/dhs.2004.2609, lire en ligne).
- Noé Legrand (auteur) et Louis Landouzy (éditeur scientifique), Les collections artistiques de la Faculté de médecine de Paris : inventaire raisonné, Paris, Masson, (lire en ligne).
- Xavier Salmon, Cent portraits pour un siècle : de la cour à la ville sous les règnes de Louis XV et Louis XVI (catalogue d'exposition, Versailles, musée Lambinet, 6 novembre 2019-1er mars 2020), Gand, Snoeck Ducaju & Zoon, (ISBN 978-94-6161-510-7 et 94-6161-510-8, OCLC 1119970466, lire en ligne), p. 183-187.
- (en) Patricia Simons, « Isabelle Pinson’s Fly Catcher (1808): Genre, Anecdote, and Pictorial Theory », Journal18, no 7 « Animal », (ISSN 2470-5683, lire en ligne, consulté le ).
Notes et références
Notes
- Ses maîtres de peinture sont connus par les livrets du Salon. Aux Salons de 1801 et 1810, elle se dit élève de « MM. Vincent et Regnault », c'est-à-dire François-André Vincent et Jean-Baptiste Regnault, mais aux Salons de 1804 et 1806, elle indique plutôt « Mme Vincent et de M. Regnault ». Mme Vincent, pour les contemporains, désigne Adélaïde Labille-Guiard après son mariage en 1800 avec François-André Vincent. L'enseignement reçu par Isabelle Pinson de Vincent et Regnault est mentionné par l'ensemble des études, mais celui de Labille-Guiard n'a été signalé que par Lemoine-Bouchard 2008, p. 415.
- Liste dressée d'après Bellier et Auvray 1885 et la base Salons, sauf mention contraire.
- La notice du Louvre indique à tort que les deux miniatures sont toujours demeurées dans la famille Périn, alors que la Notice biographique sur Louis Perin écrite par son fils affirme expressément qu'Isabelle Pinson en fit don à ce dernier.
Références
- Salmon 2019, p. 183, 187.
- Bulletin des lois du Royaume de France, 9e série (Règne de Louis-Philippe Ier, roi des Français) 2e partie (Ordonnances), 2e section, tome 6, Ordonnances d'intérêt local ou particulier publiées pendant le second trimestre de 1834, bulletin no 114, no 6406 : « Ordonnance du roi qui autorise l'inscription au Trésor public de quatre cent quatre-vingt-six pensions civiles et militaires, », pp. 436-437 [lire en ligne].
- Boulinier 1997, p. 352.
- Boulinier 2004, p. 250.
- Acte de décès reconstitué de Marie Bourdereau du , Archives de Paris, état civil reconstitué, décès, 5Mi1 1204, vue 28/49, page consultée le .
- Boulinier 2004, p. 249.
- Boulinier 2004, p. 249-250.
- Paul Menoux, « Femmes peintres sous la Révolution : Isabelle Pinson », Dossier de l'art, no 286, , p. 54 (ISSN 1161-3122, lire en ligne).
- Boulinier 2004, p. 251-252.
- Boulinier 1997, p. 353.
- Boulinier 2004, p. 250-252.
- « Notice biographique sur Louis Perin, peintre rémois, par M. A. Perin, son fils, communication de M. Fanart », Séances et Travaux de l'Académie de Reims, Reims, L. Jacquet, éditeur, vol. 1 « 5 juillet 1844-7 mars 1845 », , p. 273 (lire en ligne).
- Nathalie Lemoine-Bouchard, « Perin-Salbreux, Louis-Lié », dans Les Peintres en miniature actifs en France, 1650-1850, Paris, Éditions de l'Amateur, (ISBN 978-2-85917-468-2 et 2859174680), p. 414-416.
- Bellier et Auvray 1885.
- Archives de l'Essonne, Saint-Germain-lès-Corbeil, naissances, mariages, décès : registre d'état civil (1842-1857), 4E/2569, image 132 sur 156, Acte de décès d'Isabelle Proteau (no 21) dressé le pour un décès survenu la veille.
- Boulinier 1997, p. 354.
- Boulinier 2004, p. 252.
- Simons 2019 : « In fact, the 1804 painting [A Woman at Her Easel with a Young Girl Near Her] is surely the Self-Portrait at an Easel and With a Young Girl that was on the art market in 2003 ».
- Simons 2019.
- « Autoportrait de l'artiste avec une petite fille », sur Artnet, (consulté le ).
- Adélaïde-Marie-Anne Moitte (auteur) et Paul Cottin (éditeur scientifique), Un ménage d'artistes sous le premier Empire. Journal inédit de Mme Moitte, femme de Jean-Guillaume Moitte, statuaire… 1805-1807, Paris, Plon, (BNF 30957325), p. 221, cité par (en) Margaret A. Oppenheimer, Women Artists in Paris : 1791-1814 (thèse de doctorat en histoire de l'art), New York, New York University, Institute of Fine Arts, (lire en ligne ), p. 249 et note 445.
- (en) « The Fly Catcher », sur Marble: Museums, Archives, Rare Books & Libraries Exploration - University of Notre Dame (consulté le ).
- Boulinier 1997, p. 354-355.
- Boulinier 2004, p. 253.
- « Pierre Sue, bibliothécaire de l'École de Santé de Paris de 1795 à 1808 », sur Banque d'images et de portraits — BIU Santé, Université Paris Cité (consulté le ).
- Legrand et Landouzy 1911, p. 123, no 129 et reproduction, planche 53.
- Boulinier 2004, p. 252-253.
- Legrand et Landouzy 1911, p. 131, no 105 et reproduction, planche 60, figure 1.
- « Tableau : Rencontre de saint Germain et sainte Geneviève », notice no PM91002276, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture, page consultée le .
- Boulinier 1997, p. 355 et reproduction, figure 3.
- Boulinier 2004, p. 253-254.
- (en) « Isabelle Pinson - Autoportrait », sur Christie's (consulté le ).
- Boulinier 1997, p. 355.
- (en) « Isabelle Pinson, Portrait supposé de Madame Pinson [sic], mère de l'artiste », sur Christie's (consulté le ). Modèle identifié de façon erronée dans la source comme « Mme Pinson », patronyme de l'époux de sa fille. Les travaux de Boulinier permettent d'identifier correctement la mère de l'artiste.
- Lemoine-Bouchard 2008, p. 415.
- « Portrait de Mme Pinson, debout, de face, tenant une palette et des pinceaux », sur Collections du département des arts graphiques - Musée du Louvre (consulté le ).
- « Portrait de M. Pinson », sur Collections du département des arts graphiques - Musée du Louvre (consulté le ).
- Marie-Jo Bonnet, « Femmes peintres à leur travail : de l'autoportrait comme manifeste politique (XVIIIe – XIXe siècles) », Revue d'histoire moderne et contemporaine, vol. 49, no 3, , p. 140-167 (DOI 10.3917/rhmc.493.0140, lire en ligne). Voir la liste des « Autoportraits exposés aux Salons révolutionnaires », p. 165-167.
- Simons 2019, note 5.
Voir aussi
- (en) « Was this family group painted by Isabelle Pinson ? - Discussions - Art Detective », sur Art UK, (consulté le ).
- Ressources relatives aux beaux-arts :