Philippe-Jean Pelletan

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Philippe-Jean Pelletan
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Philippe-Jean Pelletan né le à Paris et mort le à Bourg-la-Reine[1] est un chirurgien français.

Il eut une existence agitée, pleine de traverses et de vicissitudes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d’un maitre en chirurgie de peu de renom, Philippe-Jean Pelletan fit, quoique sans fortune, de bonnes études littéraires, après quoi il se livra avec ardeur à l’étude de l’anatomie et de la chirurgie. Privé de livres, un de ses amis lui procura l’anatomie de Winslow. En échange de ce petit service, il apprit l’anatomie à son condisciple, car il enseigna dès qu’il commença à savoir, ce qui hâta ses progrès et perfectionna son élocution.

Une fois à l’Hôtel-Dieu, il ne quitta plus cet établissement, montrant pour les opérations une très grande habileté, pour les pauvres malades beaucoup de commisération, et pour le professorat public un talent des plus remarqués. On le vit successivement chirurgien gagnant maîtrise sous le docteur Jean-Nicolas Moreau, son maître et son ancien professeur aux écoles de santé et au collège de chirurgie, professeur de clinique à l’hospice de perfectionnement avant Dubois, chirurgien major à l’Armée des Pyrénées, puis à l’Armée du Nord, membre du conseil de santé des armées, membre de l’Académie royale de chirurgie, membre de la Légion d'honneur[2]. dès la première promotion (aux Invalides, ), professeur à la faculté de médecine dès sa création, chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu après Desault et avant Dupuytren, chirurgien consultant de Napoléon Ier, et de plus membre de l’Institut et membre de l’Académie de médecine[3] dès leur fondation. Il fut élu membre de l'Académie des sciences[4] en 1795.

L'histoire du cœur de Louis XVII[modifier | modifier le code]

Pelletan est également connu pour avoir prodigué, après Desault et avec Chopart, des soins pleins d’humanité et de douceur à Louis XVII au Temple. Après la mort de ce dernier le , Pelletan seul, Desault étant mort depuis le précédent et Chopart le 9, eut à rendre compte à la Convention de l’état viscéral du dauphin. Au cours de l'autopsie, il subtilise le cœur du jeune défunt à l'insu de ses collègues, les docteurs Jean-Baptiste Dumangin (1744-1826), Pierre Lassus (1741-1807) et Nicolas Dieudonné Jeanroy (1750-1816). Une fois rentré chez lui, Pelletan enferma le cœur du défunt dans un vase de cristal rempli d'esprit de vin, qu'il cacha dans sa bibliothèque, derrière ses livres. Il y resta pendant près de 10 ans[5]. L'alcool évaporé lentement, le cœur desséché est ainsi conservé. Vers 1810, un élève de Pelletan, Jean-Henri Tillos, vole la relique. Quelques années plus tard, Tillos meurt de la tuberculose et exige sur son lit de mort que l'objet soit rendu à Pelletan. À la Première Restauration, Pelletan entré en contact avec la famille royale, veut lui restituer le cœur. Accusé de sympathie bonapartiste, il est repoussé, et ne parvient pas à être reçu par Louis XVIII. Le retour de Napoléon met un terme à ses démarches. Lors de la Seconde Restauration, Pelletan tente encore de donner le cœur à la famille royale, en vain. Des enquêtes sont engagées à son encontre, et Pelletan se défendit. La relique restera cependant cachée dans sa bibliothèque. Le , le médecin remet le cœur à l'archevêque de Paris, Hyacinthe-Louis de Quélen, qui s'engage à le remettre à Charles X. En 1829, Pelletan meurt, son fils Philippe Gabriel, également médecin, conserve la relique jusqu'à sa mort en 1879.

Sous l'Empire[modifier | modifier le code]

Réunissant tous les titres et toutes les plus hautes fonctions et les dignités de sa robe et de son art, Pelletan fut en même temps un des grands praticiens de la ville. Nonobstant tant de possessions et tant d’éclat, Pelletan ne fut jamais heureux ni riche. À chaque époque de sa vie, sa situation eut de l’instabilité, sa conduite du décousu et de l’inconséquence. Ainsi, le premier il avait fait la réputation clinique de l’hospice de perfectionnement, et ce fut Antoine Dubois, lui-même fort habile, mais plus judicieux et plus maître de lui, qui en recueillit les fruits et la gloire : l’hôpital, de même que la rue, ont porté le nom de Dubois.

Pelletan eut, avec ses autres rivaux, les mêmes mécomptes. C’était lui que ses mérites et sa constante résilience désignaient comme le successeur de son maître, le chirurgien Moreau, et ce fut Desault, chirurgien d’un autre hôpital, qui obtint la place. Connu de l’empereur, et grandement estimé de lui, il pouvait prétendre à devenir son premier chirurgien, et ce fut au baron Boyer que Corvisart donna la préférence. Chef et maître de Dupuytren, son adjoint à l’Hôtel-Dieu, celui-ci le fit évincer de sa place et s’en empara ; Pelletan ne conserva que le vain titre d’honoraire.

Tous ses émules, excepté Desault, qui était mort en 1795, furent nommés barons de l’empire. Lui seul eut à regretter cette dignité, et sans doute il trouva dans son cœur assez de philosophie pour s’en consoler. Resté professeur à l’École de Médecine, et professeur si éloquent qu’on l’avait surnommé dès sa jeunesse « le Chrysostome des chirurgiens » ou « Bouche d’or » et qu’on le comparait à Fourcroy, passa néanmoins successivement de la chaire de clinique à celle des opérations, et de celle-ci aux accouchements. Après quoi l’ordonnance Corbière du le dépouilla, en même temps que dix de sa carrière presque aussi pauvre qu’au premier jour de ses études. Il ne conservait guère pour tout traitement régulier, à l’âge de soixante-dix-sept ans, que sa pension de membre titulaire de l’Institut, cette providence des génies imprévoyants.

Pelletan inventa peu, précisément parce qu’il savait beaucoup. Fort habile et fort exercé, il n’attachait d’ailleurs qu’un prix médiocre aux innovations en fait d’instruments et de procédés opératoires. Il avait publié en 1810, âgé alors de près de 63 ans , une Clinique chirurgicale, en 3 vol. in-8° qui aurait eu plus de retentissement et plus de succès s’il l’eut mise au jour dix ans plus tôt, alors qu’il aurait pu, prendre le soin personnel de la commenter et d’en faire sentir le prix dans ses cours.

Tombe de Philippe-Jean Pelletan.

Pelletan meurt le au 96, avenue du Général-Leclerc à Bourg-la-Reine, déclaré par son voisin le pharmacien Delpech. Il est inhumé au cimetière de Bourg-la-Reine[6]. Il laissait une fille et deux fils : Pierre et Gabriel Pelletan. Ce dernier compta parmi les bons et honorables praticiens de Paris tandis que Pierre (1782-1845), fut non moins célèbre et non moins malheureux que son père.

Œuvres et publications[modifier | modifier le code]

  • (la) De hernia inguinali congenita, [Theses anatomico-chirurgicae], typis Michaelis Lambert, 1775.
  • Rapport fait à l'Académie de Chirurgie en la séance du jeudi sur la maladie, la mort & l'ouverture du corps de M. Louis, [Paris], 1792, Texte intégral.
  • Clinique chirurgicale ou, mémoires et observations de chirurgie clinique, et sur d'autres objets relatifs a l'art de guérir, J. G. Dentu (Paris), 1810:
  1. Tome premier, Texte intégral.
  2. Tome deuxième, Texte intégral.
  3. Tome troisième, Texte intégral.
  • Observation sur un ostéo-sarcôme de l'humérus, simulant un anévrisme, impr. de Crapelet (Paris), 1815, lire en ligne sur Gallica.
  • Unité de l'art de guérir démontrée : 1° par la similitude des parties qui constituent les organes du corps humain ; 2° par la similitude des maladies qui attaquent ces organes ; 3° par l'identité des moyens de guérison, soit que la nature opère cette guérison, soit que l'art vienne à son secours, impr. de Didot jeune (Paris), 1815, lire en ligne sur Gallica et Texte intégral.
  • Observations sur une académie des sciences médicales, Impr. de Chaignieau jeune (S.l.), 1821.
En collaboration
  • avec Pierre Lassus, Ephémérides pour servir à l'histoire de toutes les parties de l'art de guérir, Bureau du "Journal des Éphémérides", 1790, 96 p.
Lire également
  • Jean Charles Félix Caron, Réfutation du premier mémoire de la clinique chirurgicale de Pelletan sur la broncotomie, 67 p. (texte intégral).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • L. J. Bégin : « Pelletan (Philippe-Joseph) », in: Dictionnaire des sciences médicales, Panckoucke (Paris), Tome 6 , 1824, p. 385-386, Texte intégral.
  • Jean-Louis-Hippolyte Peisse : « Pelletan (Philippe-Joseph) », in: Les Médecins contemporains, Librairie de l'Industrie, Gabon (Paris), 1827, p. 134-138, Texte intégral ou Texte en ligne .
  • Dominique Larrey : Discours prononcé sur la tombe de M. Pelletan le , Académie royale de médecine, impr. de Rignoux (Paris), [1829].
  • « Pelletan (Philippe-Joseph) », in: Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, ou Précis de l'histoire générale, technologique et littéraire de la médecine ; suivi de la Bibliographie médicale du dix-neuvième siècle ; et d'un Répertoire bibliographique par ordre de matières, par MM. Dezeimeris, Ollivier (d'Angers) et Raige-Delorme, tome 3, Hagenbut - Robbi. Dezeimeris, Jean-Eugène, 1836, p. 689-690, Texte intégral.
  • Antoine Laurent Jessé Bayle :« Pelletan (Philippe-Joseph) », in:Encyclopédie des sciences médicales, Partie 6, Volume 2, Au bureau de l'Encyclopédie, 1841, p. 933, Texte intégral.
  • « Pellatan (Les) », in: Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, 1864-1889, [publ. sous la] dir. de M. A. Dechambre, série 2, tome 22, PEA - PER, p. 392-395, Texte intégral.
  • Joseph Michel : « Variétés. Pelletan et Dupuytren », in: Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie. 1877, série 2, tome 14, p. 386-387.
  • « Notes écrites pour Madame la Marquise de Talaru par M. Pelletan, de l'Académie Royale des Sciences, le  », in: Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie. 1877, série 2, tome 14, p. 387.
  • Otto Friedrichs, Dr Cabanès : « Trouvailles curieuses et documents inédits. Procès-verbal original de l'autopsie de "Louis XVII" », in: La Chronique médicale, 1897, n° 4, p. 405-409, Texte intégral.
  • « Figures médicales d'autrefois. Philippe Pelletan (1747-1829) », in: Le progrès médical,[supplément illustré], 1929, p. 71-72, Texte intégral.
  • « Médecins et chirurgiens anoblis par Napoléon. Pelletan », in : Le progrès médical, 1929, p. 67-68, Texte intégrral.
  • Ferdinand Hoefer : « Pellatan », in:Nouvelle Biographie générale, t. 39, Paris, Firmin-Didot, 1862, p. 496-8.
  • « Le royalisme du chirurgien Pelletan », in: La Chronique médicale, 1913, n° 20, p. 369, Texte intégral.
  • Hillemand, P., Gilbrin, E. :« Les démêlés entre Dupuytren et Pelletan », in: Bulletin de l'histoire des sciences médicales, 1978, 12 (3), p. 259-264, Texte intégral.
  • Carole Sterlé : « Le médecin de Louis XVII à l'honneur », in: Le Parisien du 12.06.2000, Lire en ligne.
  • Guillaume Mazeau : « La violence évitée : citoyens ordinaires face à l'assassinat de Marat », in: Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2010/1 (n° 57-1), p. 47-68, Texte intégral.
  • Xavier Riaud : « Philippe Jean Pelletan (1747-1829), médecin, chevalier de l’Empire ou la folle odyssée du cœur de Louis XVII », Article en ligne dans le site de la Société Napoléonienne Internationale.
  • Xavier Riaud : « La Faculté de médecine de Paris sous l’Empire (1808) », Article en ligne dans le sitee-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie, 2014, 13 (2) : 081-088.
  • Françoise Chandernagor donne un portrait moins hagiographique du docteur Pelletan dans La chambre.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]