Attentat au sarin dans le métro de Tokyo
Attentat du métro de Tokyo | |
Du sarin est diffusé dans cinq rames du métro convergeant vers la station de Kasumigaseki (photo d'illustration). | |
Localisation | Métro de Tokyo (Japon) |
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Coordonnées | 35° 41′ nord, 139° 42′ est |
Date | Vers 8 h (UTC+9) |
Armes | Poches de sarin |
Morts | 13 |
Blessés | > 6 300 (dont 50 graves) |
Organisations | Aum Shinrikyō |
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L'attentat au sarin dans le métro de Tokyo (地下鉄サリン事件, Chikatetsu sarin jiken ) est un acte terroriste perpétré par des membres de la secte Aum Shinrikyō le [1]. Il a fait un total de treize morts[2] et plus de 6 300 blessés[3].
Attentat
[modifier | modifier le code]Lors de cinq attaques coordonnées, sur les lignes Chiyoda, Marunouchi et Hibiya du métro de Tōkyō, un membre de chaque équipe perce un sac posé au sol contenant des poches de sarin sous forme liquide avec la pointe d'un parapluie, laissant le gaz s'évaporer et se diffuser dans les cinq rames bondées à l'heure de pointe (8 heures du matin). Le bilan, relativement léger vu l'extrême toxicité de cette substance et les neuf millions d'utilisateurs quotidiens du métro[4], serait dû à la mauvaise qualité du produit, très difficile à synthétiser[5]. Cela n'empêche pas que certaines victimes sont paralysées à vie, d'autres restant dans le coma des dizaines d'années[6].
L'attaque est dirigée contre les trains passant par Kasumigaseki et Nagatachō, qui abritent le gouvernement japonais. C'est le plus grave attentat au Japon depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le groupe Aum avait effectué une première attaque au sarin le , un camion modifié pour la circonstance lâchant du gaz sur le parking d'un supermarché de Matsumoto dans un quartier résidentiel, faisant sept morts et intoxiquant plus de 200 personnes[7].
Le bilan final est de treize morts[2] et plus de 6 300 blessés, ayant notamment des problèmes temporaires de vision[3].
Conséquences
[modifier | modifier le code]Le , 2 500 policiers assiègent le complexe religieux de Kamikuishiki (en), où la secte a implanté ses principaux bâtiments[8]. Ils découvrent que celle-ci a constitué des stocks de bacilles du charbon, de la fièvre Q et de toxine botulique. De 1990 à 1995, Aum avait tenté des attaques bioterroristes avec ces armes, sans succès[9]. Lors de la perquisition du siège de la secte, la police découvre également que des membres scientifiques de la secte avaient préparé un stock de 150 tonnes de produits chimiques (dont 50 t de trichlorure de phosphore qui aurait pu servir à fabriquer 5,6 t de sarin), qui aurait suffi à tuer 4,2 millions de personnes[10]. Les policiers trouvent également dans le coffre du gourou, Shōkō Asahara, sept cents millions de yens en espèces et dix kilos d'or en lingots[8].
Une procédure judiciaire est engagée depuis 1995 contre 189 membres d'Aum, impliqués à des degrés divers dans la fabrication du gaz neurotoxique mortel. Le , treize membres de la secte, dont le gourou Shōkō Asahara, sont condamnés à mort par pendaison pour cet attentat[11]. Le gourou Shōkō Asahara et six autres membres de sa secte ont été exécutés le [12],[13] tandis que les six autres l'ont été le [14].
Le , Katsuya Takahashi, dernier membre de la secte responsable des attaques encore en fuite, est arrêté dans un manga café au sud de Tokyo[15].
L'attentat terroriste perpétré par des membres de la secte Aum Shinrikyō a entraîné le changement de nom de l'organisation en 1999, qui s'appelle maintenant « Aleph ». Elle est sous la surveillance de la police.
Dans la fiction
[modifier | modifier le code]Œuvres littéraires
[modifier | modifier le code]- Le roman de Romain Slocombe La Crucifixion en jaune, tome 2 : Brume de printemps porte en partie sur les agissements d'Aum Shinrikyo et en particulier sur l'attentat au gaz sarin.
- L'essai de Haruki Murakami Underground paru en 2013 en France (1997 au Japon) regroupe un ensemble d'entretiens avec les victimes de ces attentats et certains membres de la secte Aum Shinrikyō.
- La bande dessinée Matsumoto de Laurent-Frédéric Bollée et Philippe Nicloux, parue en 2015 aux éditions Glénat.
- La bande dessinée de Hisaichi Ishii Mes voisins les Yamada parue aux éditions Delcourt relate l'évènement.
Œuvres télévisuelles
[modifier | modifier le code]- En raison de cet attentat, le scénario de la série de super Sentai Ohranger dut être modifié à la dernière minute.[réf. souhaitée].
- Dans le troisième épisode de Terminator Zero, dont l'intrigue de déroule au Japon en 1997, un personnage fait référence à l'attentat.
Œuvres vidéoludiques
[modifier | modifier le code]- Dans Terranigma, l'attaque de Beruga (Ivan dans la version française) contre la ville de Tokyo semble s'inspirer de cet évènement.
Cinéma
[modifier | modifier le code]- Le deuxième volet de saga Saw évoque cet événement.[réf. nécessaire]
- La première scène du film japonais Suicide Club, qui montre un suicide collectif de jeunes lycéennes dans le métro de Tokyo, fait allusion à l'attentat de 1995 (notamment dans l'avant-dernier plan sur un sac laissé par une lycéenne baignant dans le sang).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « À l'origine de l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo, la secte Aum Shinrikyō sera bientôt dissoute » [archive du ], sur archives.lesoir.be (consulté le ).
- (en) Reiji Yoshida et Sakura Murakami, « Aum Shinrikyo guru Shoko Asahara and six other cult members hanged for mass murders », sur Japan Times, (consulté le ).
- (en) « VX survivor recalls brush with Aum assassin in ’95 », sur Japan Times, (consulté le ).
- (en) Richard M. Pearlstein, Fatal Future ? Transnational Terrorism and the New Global Disorder, University of Texas Press, , p. 87.
- Universalia : les événements, les hommes, les problèmes en 2003, Encyclopædia Universalis France, , p. 286.
- Jean-Claude Raspiengeas, « Gaz sarin : témoignage des victimes de l'attentat du métro de Tokyo en 1995 », La Croix, .
- Luca 2016, p. 87.
- Sylvaine Trinh, « Aum Shinrikyô : secte et violence (Partie 1) », Cultures & Conflits, nos 29-30, , p. 235.
- Berche 2007, p. 259.
- (en) Ronald G. Purver, Chemical and biological terrorism, Canadian Security Intelligence Service, , p. 162.
- « Le Japon commémore l'attaque au gaz sarin à Tokyo », sur www.peinedemort.org (consulté le ).
- (en) « Aum Shinrikyo: Japan executes cult leader Shoko Asahara », BBC News, .
- (en) Reiji Yoshida et Sakura Murakami, « Aum Shinrikyo guru Shoko Asahara hanged for mass murder: reports », The Japan Times, .
- AFP, « Japon: nouvelles exécutions d'ex-membres de la secte Aum », Le Figaro, (consulté le ).
- Leblond 2012, p. 87.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Nathalie Luca, Les sectes, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (no 2519), , 3e éd. (ISBN 978-2-13-078760-0 et 2-13-078760-6, présentation en ligne)
- Patrick Berche, Une histoire des microbes, Montrouge, John Libbey Eurotext, , 307 p. (ISBN 978-2-7420-0674-8 et 2-7420-0674-5, présentation en ligne)
- Renaud Leblond, Dérives sectaires. Les nouveaux gourous, Éditions StoryLab, , 54 p. (ISBN 978-2-36315-197-1 et 2-36315-197-6, présentation en ligne)
Émission de radio
[modifier | modifier le code]- « Tokyo, l’attentat au gaz sarin : l'intégrale » (un épisode de l'émission Hondelatte raconte), sur Europe 1 (consulté le ).