Annales akashiques

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Les annales akashiques, également appelées archives akashiques, chroniques akashiques ou encore mémoire akashique, sont un concept ésotérique créé en Occident par des théosophes à la fin du XIXe siècle, à partir d'éléments de la philosophie indienne, et popularisé par des ouvrages de Lobsang Rampa, et également dans les pays francophones par ceux de Daniel Meurois et Anne Givaudan[1]. Ce serait une sorte de mémoire cosmique, de nature éthérique, qui, telle une pellicule sensible, enregistrerait les événements du monde[2]. En dehors de témoignages individuels anecdotiques, il n'existe aucune preuve scientifique de l'existence des annales akashiques ou de la faculté de projeter son corps astral dans d'autres plans de conscience[3]

Concept et interprétations[modifier | modifier le code]

Pierre A. Riffard en donne la définition suivante :

« Espace symbolique d'éther, situé macroscopiquement dans l'empyrée [hautes sphères] et microcosmiquement dans le ventricule gauche du cœur, espace où s'inscrivent toutes les paroles, actions, pensées de l'homme, tous les êtres et évènements du monde. Cet espace, ce miroir magique est lu des initiés[4] ».

L'Akasha[modifier | modifier le code]

Selon l'ésotérisme occidental, le concept technique et ancien de la philosophie hindoue connu sous le terme sanskrit d'« akasha » est comparable à la « Lumière Astrale ». C'est un cinquième élément, la « Quintessence » qui s'ajoute aux quatre éléments traditionnels. Cet élément mentionné dans le Brihadaranyaka Upanishad[5] est à ne pas confondre avec prakriti qui l'a engendré et qui aurait, selon René Guénon, des propriétés comparables à celles d'un yogi ayant atteint la délivrance : « Il est comme l'éther (akasha), qui s'est répandu partout, et qui pénètre simultanément l'extérieur et l'intérieur des choses ; il est incorruptible et impérissable ; il est même dans toutes choses, pur, impassible, inaltérable »[6].

Un concept de la Société théosophique et de l'anthroposophie[modifier | modifier le code]

Cette notion d'éther immuable imprégnant tout l'univers, existant déjà dans les philosophies traditionnelles ésotériques, a été employée par des théosophes occidentaux[7] pour servir de support emmagasinant en permanence toutes les pensées et actions réalisées au cours des siècles. « Il est stable en ce qu'il est le support invariable des diverses manifestations qui prennent place dans l'univers »[8].

La première mention de cette mémoire universelle figure dans Isis dévoilée, publié à New York en 1877, le premier ouvrage écrit par une des fondatrices de la Société théosophique, Helena Petrovna Blavatsky. L'auteure y cite un fragment des oracles chaldaïques : « Les oracles affirment que l'impression des pensées, des caractères, des hommes, et autres visions divines apparaissent dans l'éther. Les choses qui n'ont point de forme en prennent une et y sont figurées ». Elle poursuit : « C'est sur les indestructibles tablettes de la lumière astrale qu'est imprimée la représentation de chaque pensée que nous formons ; de chaque acte que nous accomplissons »[9] ». Elle avait précédemment évoqué un lien supposé entre la lumière astrale et l'akasha : « La lumière astrale seule, principal facteur en magie, peut nous dévoiler tous les secrets de la nature. La lumière astrale est identique à l'Akasha des Hindous »[10].

Charles Webster Leadbeater fut le premier à employer le terme d’enregistrement akashique ((en) âkâshic record) dans son livre Clairvoyance paru en 1899[11],[12]. Vient ensuite La Chronique de l'Akasha, un ouvrage de Rudolf Steiner alors secrétaire général de la section allemande de la Société Théosophique [13], publié en 1904, puis Leadbeater entreprend des recherches approfondies sur les annales akashiques au cours de son séjour au siège de la société théosophique à Adyar en Inde en 1910. Ses résultats sont publiés en 1913 dans un livre coécrit avec Annie Besant, L'Homme, d'où il vient, où il va. Recherches faites à l'aide de la clairvoyance[14].

Dans la pensée théosophique, tout être a la faculté de vibrer, cette vibration pouvant être reçue et enregistrée dans les annales akashiques[15]. Annie Besant fait, en 1907, un parallèle avec la télégraphie sans fil, de nos jours, nous ferions plutôt la comparaison avec les enregistrements sur un disque dur d'ordinateur. On pourrait avoir accès à ces archives en état de transe ou sous hypnose. Le célèbre voyant Edgar Cayce (1877-1945) aurait eu accès aux annales pour réaliser certaines de ses « lectures ».

Rudolf Steiner, qui fait scission de la théosophie pour fonder l'anthroposophie, reprend ce concept, en y ajoutant l'action du Christ dans l'évolution humaine. Disant pouvoir accéder aux annales akashiques, il donne de nombreux cycles de conférences, notamment sur un 5e Évangile, affirmant que la Chronique contient la version originelle des textes sacrés ainsi que leurs différents niveaux de lecture[16]. La plupart des affirmations de l'anthroposophie sont issues de ce que Steiner aurait perçu dans les annales akashiques.

De l'Inconscient collectif à l'inconscient spirituel[modifier | modifier le code]

Les annales akashiques présentent des analogies avec l'inconscient collectif proposé par Jung et résumé ainsi par Gerhard Adler : « L'inconscient collectif [...] est le dépôt constitué par toute l'expérience ancestrale depuis des millions d'années, l'écho des événements de la préhistoire, et chaque siècle y ajoute une quantité infinitésimale de variation et de différenciation[17] ».

Reprise contemporaine du concept[modifier | modifier le code]

Depuis lors, la notion de mémoire akashique a été intégrée dans les principes de nombre de mouvements philosophiques et ésotériques New Age ainsi que dans la culture populaire. En 1956, l'Anglais Cyril Hoskin, prétendant être le moine bouddhiste tibétain Lobsang Rampa, en avait fait un thème principal de son ouvrage Le troisième œil.

À la fin du XXe siècle, Daniel Meurois et Anne Givaudan écrivent un ouvrage controversé, devenu un succès de librairie[18],[19] : De mémoire d'Essénien, l'autre visage de Jésus, censé être extrait des annales akashiques. D'autres ouvrages suivront, reprenant le même principe.

Critiques[modifier | modifier le code]

En dehors de témoignages individuels anecdotiques, il n'existe aucune preuve scientifique de l'existence des annales akashiques ou de la faculté de projeter son corps astral dans d'autres plans de conscience[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Ann Merwale, Souls United: The Power of Divine Connection, Llewellyn Worldwide, 2009, 304 p., p. 12 : « Anne and Daniel have the ability to travel out of their bodies in order to read in great detail about their previous lives from the Akashic Records. The words akash is the Sanskrit for "ether", and these records constitute the etheric library in which is stored the information about everything that has ever occurred since the beginning of time ».
  2. Pierre Riffard, Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme, Payot, 2008, p. 15.
  3. a et b (en) Brian Regal, Pseudoscience: A Critical Encyclopedia, Greenwood, 2009, p. 29, (ISBN 978-0-313-35507-3) : « Other than anecdotal eyewitness accounts, there is no evidence of the ability to astral project, the existence of other planes, or of the Akashic Record. »
  4. Pierre Riffard, Dictionnaire de l'ésotérisme, Grande bibliothèque Payot, 1993 p. 47 (ISBN 2-228-88654-8)
  5. Traduction Brihadaranyaka Upanishad
  6. René Guénon, L'homme et son devenir selon le Védanta, Les éditions traditionnelles, Paris, 1941.
  7. R.A., Histoire de l'âme, ses véhicules et ses conditions d'existence, Publications théosophiques, Paris, 1904 p. 200 Lien Gallica
  8. R.A., Histoire de l'âme, ses véhicules et ses conditions d'existence, Publications théosophiques, Paris, 1904, p. 201 Lien Gallica.
  9. Helena Petrovna Blavatsky, Isis dévoilée : clef des mystères de la science et de la théologie anciennes et modernes, T. 1, Éditions théosophiques, Paris, 1913 p. 320 Lien Gallica
  10. Helena Petrovna Blavatsky, Isis dévoilée : clef des mystères de la science et de la théologie anciennes et modernes, T. 1, Éditions théosophiques, Paris, 1913 p. 41 Lien Gallica.
  11. (en) Charles W. Leadbeater, Clairvoyance Lire en ligne
  12. Charles Webster Leadbeater, La clairvoyance, Adyar, 1991, (ISBN 978-2850000959).
  13. Titre original : (de) Aus der Akasha-Chronik (de).
  14. Publié en France par les Publications théosophiques en 1917, titre original : (en) Man, Whence, How, and Whither: A Record of Clairvoyant Investigation.
  15. Annie Besant, Le pouvoir de la pensée, sa maîtrise et sa culture, Publications théosophiques, Paris, 1907 p. 71 Lien Gallica.
  16. (en) Rudolf Steiner, The Fifth Gospel. Investigation of the Akasha Chronicle. Five lectures given in Christiania, 1913. London, Rudolf Steiner Publishing, 1950.
  17. Charles Baudouin, L'Œuvre de Carl Jung et la psychologie complexe, Petite bibliothèque Payot, « numéro 133 », Paris, 2002, (ISBN 2228895709).
  18. La France des mutants, Jean-Luc Porquet, Flammarion, 1994, p. 81 : à sa sortie « l’ouvrage dépasse les 100 000 exemplaires »
  19. Les nouvelles voies spirituelles : Enquête sur la religiosité parallèle en Suisse « des titres qui figurent parmi les bonnes ventes de toute librairie ésotérique », Jean-François Mayer, p. 65 et p. 263.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]