Utilisateur:Jfblanc/Mentonasque

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mentonasque/mentonnais
"mentounasc"
Pays France
Région Menton
Typologie {{Langue syllabique}}
Classification par famille

Version de travail[modifier | modifier le code]

Les langues des Alpes-Maritimes avec la zone mentonasque
  • vivaro-alpin (mentonasque)
  • vivaro-alpin ou gavot intermédiaire
  • vivaro-alpin (alpin)
  • provençal maritime
  • niçard
  • Brigasque (Royasque)
  • Tendasque (Brigasque-Royasque)
  • Figoun (ligure colonial)
  • Le mentonasque (ou mentonnais) est le parler roman de Menton et de quelques communes environnantes, dans les Alpes-Maritimes (France). Il est considéré comme intermédiaire entre l’occitan (vivaro-alpin) et le ligure intémélien. En mentonasque, on nomme ce parler [u meⁿtu'naʃk] et on l'écrit ou mentounasc (norme mistralienne)[1] ou o mentonasc (norme classique).

    Classification[modifier | modifier le code]

    Depuis James Bruyn Andrews, la plupart des linguistes et praticiens de la langue classent le mentonasque dans le domaine de la langue d’oc, en lui reconnaissant des caractéristiques de transition vers le ligurien intémélien :

    • James B. Andrews (1892) : « it appears here also a sub-dialect of Provençal, considerably modified by Genoese infuence »[2]
    • Jean-Philippe Dalbéra (1991) : « L'originalité mentonnaise –le trait qui permet d'établir qu'il s'agit là d'un système interférentiel– consiste en un exercice restreint et retardé de l'apocope: c'est parce que la voyelle posttonique finale autre que -a s'est conservée plus longtemps que dans les autres parlers occitans que l'évolution du -s est une évolution proprement post-vocalique et que la neutralisation de l'opposition voisé/non voisé ne s'est pas opérée en fin de mot comme dans les autres systèmes linguistiques de cette aire. C'est sur ce point donc que se révèle l'affinité entre ce parler fondamentalement gavot et le ligurien. » [3]
    • Jean-Louis Casério (2000) : « A r'estrema pouncha dou levant de r'Occitania se dressa Mentan… »[4]
    • Laurent Revest (sd) : « Dans le sud est de l’alpin maritime : pays mentonnais, pays d'Agel, l’article devient... » [5]

    Werner Forner pour sa part oscille entre une position de langue indépendante (réellement à mi-chemin entre occitan et nord-italien) ou une langue qui serait issue du ligurien alpin.[6]

    Aréologie[modifier | modifier le code]

    L'aire du mentonnais est une aire dialectale bien délimitée « qui se distingue nettement tant de ses voisines occidentales (aire du provençal de type niçois et îlot linguistique ligure de Monaco) que de sa voisine orientale (aire du ligure [intémélien]) » [7].

    Le mentonasque est parlé non seulement à Menton, mais aussi dans les villages de son ancien canton : Gorbio, Sainte-Agnès et Castellar. On peut aussi y rattacher Castillon, Sospel et Moulinet. Enfin, le parler de Roquebrune-Cap-Martin est généralement considéré comme du mentonasque ou une variante par la plupart des auteurs, même s'il présente des particularités qui peuvent en faire un parler distinct — cette remarque étant par ailleurs valable pour chaque village du canton.

    Le rattachement du mentonnais à la langue d'oc (en relation avec sa variante niçoise parlée dans le Comté de Nice) est assumé par les associations locales comme la Société d'art et d'histoire du Mentonnais (SAHM) qui a édité des ouvrages pédagogiques en mentonnais, dont le Lexique français-mentonnais[8].

    Description[modifier | modifier le code]

    Le mentonasque présente des traits phonétiques communs au vivaro-alpin et au royasque (absence de -d- intervocalique, -l- intervocalique devenant r).

    Il se distingue assez nettement, surtout à l'oreille, des parlers ligures côtiers (italien septentrional), comme ceux de Vintimille (intémélien) ou de Monaco (monégasque).

    L’apocope même partielle et une seconde diphtongaison tardive (comme dans « pònt/pouant » ['pwaⁿt] pour le mot 'pont'), ainsi que le vocabulaire, donnent au mentonasque des traits externes de langue d’oc. Selon la théorie de la propagation linguistique (ou des ondes), on aurait un courant linguistique majoritairement occitan[9] jusqu'à Menton, « large ondée qui s'est brisée contre les Baoussé Roussé » (Bauces Rosses, i Balzi Rossi, les rochers qui forment aujourd’hui la frontière littorale franco-italienne) pour reprendre l’image de Werner Forner[10].

    Littérature[modifier | modifier le code]

    Le mentonasque n'a pas le prestige littéraire des dialectes voisins. Il existe néanmoins quelques textes et chansons publiés récemment en mentonnais (pour la plupart au XXe siècle) et il est désormais régulièrement enseigné dans l'académie de Nice, dans les cantons de Menton. Parmi les différentes publications, A Lambrusca de Paigran (la Vigne vierge de Grand-père) par Jean-Louis Caserio, illustrations de M. et F. Guglielmelli, SAHM, Menton, 1987. Brandi Mentounasc, livret de poésies bilingue de Jean Ansaldi, 48 p. 2010 Ou Mentounasc per ou Bachelerà, le mentonasque au baccalauréat, choix de textes par JL Caserio, 5e éd., 36 p. 2008, etc.

    Enseignement[modifier | modifier le code]

    Le mentonasque est enseigné, en fonction des textes en vigueur dans l’Éducation nationale française, comme une variété d’occitan-langue d’oc ("niçois — langue d’oc"), avec respect des traits spécifiques locaux.


    Références[modifier | modifier le code]

    1. À noter l'article défini spécifique o/ou (devant une consonne, trait présent jusqu'à La Turbie et Peille) comme en ligure, et non l'article habituel lo/lou de l'occitan général. La forme entière lo/lou réapparaît après en donnant en lo (en français : dans le). On retrouve en mentonasque le lexique pan-occitan comme totun/ toutun (en français : de toute manière), comme en niçois, languedocien ou gascon (mais pas en provençal), des traits pan-occitans existent tels que le renforcement d'attaque : dam(b)é (en français : avec) comme en gascon garonnais dam(b)é. Des traits phonétiques archaïques sont exceptionnellement présents : davanch/ enanch (de l'occitan médiéval davantz/ enantz, en français : avant dans l'espace/ avant dans le temps) alors qu'en niçois c'est avant/ denant.
    2. Andrews (1892)
    3. Dalbéra (1991)
    4. Caserio (2000)
    5. Revest (sd)
    6. Forner (2001)
    7. Venturini (1983)
    8. Caserio (2001)
    9. Dalbera (1984)
    10. Forner (2001)

    Bibliographie[modifier | modifier le code]

    • Andrews (1875) = James Bruyn Andrews, Essai de grammaire du dialecte mentonais, avec quelques contes, chansons et musique du pays, Nice : impr. de Verani, 1875. Notice BNF : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb300200223/PUBLIC
    • Andrews (1877) = James Bruyn Andrews, Vocabulaire français-mentonais, Nice : impr. Niçoise, 1877, Notice BNF : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30020024s/PUBLIC
    • Andrews (1883) = James Bruyn Andrews, "Phonétique mentonaise", Romania, 12, Paris, 1883. en ligne sur Gallica
    • Andrews (1892) = James Bruyn Andrews, « Il dialetto di Mentone, in quanto egli tramezzi ideologicamente tra il provenzale e il ligure », Archivio Glottologico Italiano XII, 1890/92, p. 97-106. En ligne sur the Internet Archive. Contrairement au titre, le texte de l’article est en anglais.
    • Caserio (2001) = Jean-Louis Caserio et la Commission du vocabulaire mentonnais, Lexique français-mentonnais, Société d'Art et d'Histoire du Mentonnais (SAHM), Menton, 2001 et Lexique mentonnais-français (SAHM), Menton, 2006.
    • Dalbéra (1984) = Jean-Philippe Dalbera, Les parlers des Alpes Maritimes : étude comparative, essai de reconstruction [thèse], Toulouse: Université de Toulouse II, 1984 [éd. 1994, Londres: Association internationale d’études occitanes]
    • Dalbera (1991) = Jean-Philippe Dalbéra, "Dialectologie et morpho-phonologie", in Nazioarteko Dialektologia Biltzarra. Agiriak (Actas del congreso internacional de dialectologia), Euskalzaindia, Bilbo, 1991. X 21/25., IKER 7. Bilbo: Euskaltzaindia, 1991, (ISBN 84-85479-68-8).
    • Forner (2001) = Werner Forner, “Le mentonnais entre toutes les chaises ? Regards comparatifs sur quelques mécanismes morphologiques” [Caserio & al. 2001: 11-23]
    • Caperan & Caserio (2003) = Louis Caperan-Moreno et Jean-Louis Caserio, Ou Mentounasc à Scora, SAHM, 2003, 3e édition revue et corrigée.
    • Caserio (2010) = Ou Mentounasc per ou Bachelerà (le mentonasque au baccalauréat), choix de textes présentés par Jean-Louis Caserio, professeur de langue et culture régionales, 6e édition, SAHM, 2010
    • Revest (sd) = Laurent Revest, "Traits spécifiques de l’Alpin maritime. Traits du gavot du Comté de Nice et de l’ancienne principauté de Monaco (Roquebrune et Menton)", En ligne sur le site internet du Centre Culturel Occitan du Pays Niçois (mentionne des études réalisées par l’auteur entre 1999 et 2008.
    • Rohlfs (1971, 1978) = Gerhard Rohlfs, « Entre Riviera et Côte d'Azur : à propos du mentonnais » in Mélanges de philologie romane à la mémoire de J. Boutière, éd. I. Cluzel - F. Pirot, vol. II, Liège, 1971 (p. 883-891) et « Entre Riviera et Côte d'Azur (II) » in Mélanges de philologie romane offerts à Ch. Camproux, vol. II, 1978, p. 971-978.
    • Ronjat (1930-1941) = Jules Ronjat, Grammaire istorique [sic] des parlers provençaux modernes, 4 vol., 1930-1941 [rééd. 1980, Marseille : Laffitte Reprints, 2 vol.]
    • Venturini (1983) = Alain Venturini, « Le parler mentonasque » in Lou Sourgentin no 56, avril 1983 [rééd. in Caserio & al. 2001: 25-30]

    Passages et images retirés[modifier | modifier le code]

    Les parlers ligures en France et à Monaco
  • Figoun (Alpes-Maritimes)
  • Figoun (Var, Monaco)
  • Brigasque
  • Tendasque (Brigasque)
  • Ligure colonial (Bonifacio)