Aller au contenu

Théâtre gallo-romain de Lisieux

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 27 février 2022 à 10:35 et modifiée en dernier par Pradigue (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Théâtre gallo-romain de Lisieux
Présentation
Civilisation
Destination initiale
Théâtre gallo-romain
Construction
Patrimonialité
Localisation
Pays
Département
Commune
Coordonnées
Localisation sur la carte de Normandie
voir sur la carte de Normandie
Localisation sur la carte du Calvados
voir sur la carte du Calvados

Le Théâtre gallo-romain de Lisieux était un édifice de spectacles gallo-romain du IIe siècle, sur la commune de Saint-Désir, à côté de Lisieux[3],[4]. Cet édifice de spectacles n'a jamais fait l'objet de fouilles[B 1].

Localisation

L'édifice se situe route du Pré d'Auge[A 1], au lieu-dit les Belles Croix (en 1911), lieu-dit la Couture (aujourd'hui), à 1 800 m à l'ouest du centre-ville de Lisieux[Note 1],[D 1], coincé entre le ruisseau le Merderet (parfois confondu avec la Tourette) et la départementale D45[1],[D 1].

Histoire

Histoire antique et médiévale

La ville de Lisieux, nommée Noviomagus Lexoviorum à l'époque romaine, était la capitale du peuple des Lexovii.

Le site appelé Vieux-Lisieux est un sanctuaire et non une agglomération, comme les travaux de Claude Lemaître ont pu le démontrer dans les années 1980[B 2]. Ce sanctuaire est peut-être utilisé dès l'époque gauloise[B 3]. La superficie du site fait dire à Patrice Lajoye qu'il ne s'agit pas là uniquement d'un sanctuaire mais d'un secteur avec rues et quartiers[B 4].

L'édifice construit au IIe siècle[4] ou au IIe siècle-IIIe siècle[A 1], est de type mixte, fréquent en Gaule romaine, à la fois théâtre et amphithéâtre[5],[E 1], situé à 1 800 m à l'ouest de la ville moderne[D 1]. Un tesson de céramique datable du IIe siècle a été découvert dans le mortier de l'édifice et à cette époque la cité « subit une monumentalisation spectaculaire »[B 1].

Les spectacles accueillis relevaient à la fois de la gladiature et du théâtre, outre des fêtes religieuses de tradition indigène. Les combats de gladiateurs ou de gladiateurs avec des animaux pouvaient avoir lieu dans l'orchestra[E 1].

Le ruisseau traversant l'édifice à l'époque contemporaine était canalisé dans le passé, et d'un débit plus important selon Lantier[D 2].

Au XIIe siècle, une ferme est construite avec des matériaux récupérés du théâtre sur le mur de scène[1],[B 1].

Depuis le XVIIIe siècle : redécouverte et identification du site

Le site est découvert une première fois en 1770 et quelques sondages ont lieu[C 1], mais sans en comprendre l'importance, par l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées Hubert, à l'occasion de travaux de voirie pour le tronçon entre Lisieux et Caen[D 3] de l'actuelle départementale 613 : cherchant du matériau de remblai, les habitants du lieu informèrent les autorités de la disponibilité de pierres taillées[5], et l'ingénieur Hubert découvre à cette occasion des arcades voûtées.

Le site avait été visité au XVIIe siècle par Nicolas-Claude Fabri de Peiresc à qui les populations locales avaient indiqué que se trouvaient sur le site de « vieilles masures antiques »[B 3].

C'est Louis du Bois, le , qui redécouvre les vestiges et identifie correctement pour la première fois l'édifice[D 3]. Arcisse de Caumont attribue à l'édifice une forme d'amphithéâtre[C 2]. Le site est à nouveau fouillé par messieurs Alexandre et Henri Moisy [D 1] en 1874. Les vestiges dégagés n'ont pu permettre de lever un plan de l'édifice.

Le site est couvert d'herbes et de pommiers au début du XXe siècle et un plan en courbes de niveau est alors levé[D 3]. Après cette date, le site est laissé à l'abandon[F 1], et une maison est construite dessus, reposant « en partie sur la maçonnerie antique »[D 3]. Le site n'a jamais fait l'objet de fouilles scientifiques, uniquement « quelques sondages jamais publiés »[B 1] en particulier vers 1930 réalisés par l'abbé Simon[C 1].

Le site du théâtre gallo-romain est acquis par la commune de Saint-Désir en 1979[F 1] et bénéficie du classement comme monument historique le [3]. Des travaux de restauration sont réalisés par des bénévoles regroupés en association en 1984-1985 sur les bâtiments d'habitation datés du XVIIIe siècle et XIXe siècle[F 1]. Un festival musical est organisé sur le site en juillet 1984, la question des fouilles éventuelles étant posée alors que « les vestiges dormant sous la terre ne sont nullement menacés de destruction » et les recherches risquant de mutiler l'édifice faisant l'objet d'une protection ou les murs dégagés risquant d'être détruits par une exposition aux éléments[F 2].

Le site fait l'objet de menaces, en 1995 un terrain de volley-ball est envisagé sur les vestiges, et le site fait l'objet de « passages réguliers de pilleurs équipés de détecteur de métaux »[B 1].

Description

Vue du mur de la scène.

Le théâtre faisait partie d'un ensemble de constructions gallo-romaines réparties des deux côtés de la route du Pré-d'Auge (départementale D151), aux différents lieux-dits des Tourettes, des Fénèbres, de la Couture, etc[D 1], découvertes au XIXe siècle.

Sa forme se devine par le relief du terrain, qui a été utilisé pour la construction de l'édifice. En Gaule les théâtres utilisent le relief naturel[E 2].

Dubois identifie le site comme celui d'un théâtre mais Arcisse de Caumont interprète l'édifice comme un théâtre mixte, lieu dans lequel pouvaient avoir lieu tant des spectacles théâtraux que ceux nécessitant une arène [F 2].

La cavea forme une ellipse[4],[5].

Plan en courbes de niveau du theatre gallo-romain du Vieux-Lisieux

Il occupe ainsi le fond du vallon au bord du ruisseau le Merderet. L'hémicycle et les gradins s'appuient sur le flanc du coteau, tandis-que la scène et ses dépendances se trouvent de l'autre côté du ruisseau[C 3], dont on a retrouvé les fragments[B 1]. Les gradins sont signalés au début du XXe siècle sous une profondeur de 0,30 m à 0,35 m de terre végétale. Des sondages réalisés à la même date dans l'orchestra n'a pas permis de retrouver des traces de maçonnerie[D 3].

La topographie du site nécessite des travaux de maçonnerie aux extrémités du fait de la différence de niveau, au moyen d'arcades signalées à la fin du XVIIIe siècle[D 2].

Il présente donc la particularité d'être construit à cheval par dessus le cours d'eau, autrefois canalisé et large de 3 m, et a nécessité de grands travaux de maçonnerie, sous forme d'arches maçonnées, pour racheter les différences de niveau au creux du vallon[D 2]. Les arcades avaient comme objectif de soutenir les gradins[E 3].

Il est construit « en petit appareil et brique »[4], composé d'assises alternées de cailloux liés par un bon ciment et de larges briques[D 3].

Ses dimensions mesurées au début du XXe siècle par Lantier sont approximativement de 68 m par 48 m[D 4].

Interprétation

La destination de l'édifice « reste incertaine »[A 1]. Les édifices de spectacles connus jusqu'à présent, théâtres et amphithéâtres, sont très peu utilisés et un nouveau type d'édifice est créé alors [E 4]. Il appartient à la catégorie répandue en Gaule romaine hors Narbonnaise[F 2] des théâtres-amphithéâtres[C 3] appelés théâtre gallo-romain [E 4]. Le type d'édifice est la preuve de la capacité d'adaptation locale de modèles importés[E 1].

Les théâtres étaient lies à un contexte religieux[E 2].

Les Romains ont apporté les spectacles qu'ils appréciaient dans l'espace de la future Normandie[E 5]. L'adoption du théâtre est « un exemple de la romanisation de la Gaule et des facultés d'adaptation des indigènes romanisés » [E 4].

Le coût de la construction de l'édifice était très élevé et l'impact sur le paysage était très important : un théâtre est « un monument de prestige, une construction ostentatoire »[E 6]. Les édifices étaient payés souvent par de riches particuliers, souvent des magistrats locaux[E 7].

Les vestiges ne semblent pas liés à « l'antique cité des Lexoviens »[A 1]. Lantier en 1911 évoquait « souhaiter qu'un jour des travaux méthodiques y fussent entrepris, particulièrement à l'entrée, sur la butte de terres rapportées et vers les bords du Merderet »[D 2].

Notes et références

  1. Sur la feuille C du cadastre, parcelles 401, 402, 403 de 1911, ou parcelles 139, 140, 143 à 145 de 1984. Parcelle 26 aujourd'hui.
  • Le patrimoine des communes du Calvados
  1. a b c et d Collectif 2001, p. 1073.
  • Religions et cultes à Lisieux (Normandie) dans l'Antiquité et au haut Moyen Âge
  1. a b c d e et f Lajoye 2012, p. 20.
  2. Lajoye 2012, p. 18.
  3. a et b Lajoye 2012, p. 19.
  4. Lajoye 2012, p. 23.
  • Carte archéologique de la Gaule, 14. Le Calvados
  1. a et b Delacampagne 1990, p. 98-100.
  2. Delacampagne 1990, p. 100.
  3. a et b Delacampagne 1990, p. 98.
  • Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques : Le théâtre gallo-romain de Vieux-Lisieux
  1. a b c d et e Lantier 1911, p. 332.
  2. a b c et d Lantier 1911, p. 334.
  3. a b c d e et f Lantier 1911, p. 333.
  4. Lantier 1911, p. 333-334.
  • La Normandie avant les Normands, de la conquête romaine à l'arrivée des Vikings
  1. a b et c Deniaux et al. 2002, p. 113.
  2. a et b Deniaux et al. 2002, p. 111.
  3. Deniaux et al. 2002, p. 112.
  4. a b et c Deniaux et al. 2002, p. 110.
  5. Deniaux et al. 2002, p. 109.
  6. Deniaux et al. 2002, p. 110-111.
  7. Deniaux et al. 2002, p. 115.
  • À propos du théâtre gallo-romain du Vieux-Lisieux
  1. a b et c Lemaître 1985, p. 9.
  2. a b et c Lemaître 1985, p. 10.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Arcisse de Caumont, Cours d'antiquités monumentales Lire en ligne, pp. 442-445
  • François Cottin, « Noviomagus Lexioviorum des temps les plus anciens à la fin de l'époque romaine », Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, vol. LIII,‎ 1955-1956, p. 169-196.
  • Florence Delacampagne, Carte archéologique de la Gaule, 14. Le Calvados, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l'homme, (ISBN 2877540111). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Elisabeth Deniaux, Claude Lorren, Pierre Bauduin et Thomas Jarry, La Normandie avant les Normands, de la conquête romaine à l'arrivée des Vikings, Rennes, Ouest-France, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Jean-Claude Golvin, L'amphithéâtre romain : essai sur la théorisation de sa forme et de ses fonctions, vol. I et II, Paris, Diffusion de Boccard, , 227-229 p. (ASIN B0000EAC8A).
  • Pierre Jeanjean, « Le théâtre romain de Lisieux », Le Pays d'Auge, vol. Février, no 2,‎ , p. 22-26.
  • Franck Lajoye, Religions et cultes à Lisieux (Normandie) dans l'Antiquité et au haut Moyen Âge, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Raymond Lantier, « Le théâtre gallo-romain de Vieux-Lisieux », Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Claude Lemaître, « À propos du théâtre gallo-romain du Vieux-Lisieux », Le Pays d'Auge, vol. avril, no 4,‎ , p. 9-16.
  • (en) Frank Sear, Roman theatres : An architectural study, Oxford, Oxford University Press, , 609 p. (ISBN 978-0-19-814469-4, lire en ligne)
  • Collectif, Le patrimoine des communes du Calvados, Paris, Flohic, (ISBN 2842341112). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article