Thérèse Hargot

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Thérèse Hargot
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Thérèse Marie HargotVoir et modifier les données sur Wikidata
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Thérèse Hargot, née en 1984 à Bruxelles, est une essayiste et sexologue belge, exerçant en France. Elle est principalement connue pour ses positions parfois qualifiées d'"alterféministes", s'opposant à la pilule contraceptive, au sexe avant le mariage. Depuis 2024, elle prend des positions fortes contre la pornographie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et jeunesse[modifier | modifier le code]

Thérèse Hargot naît en 1984 en Belgique. Elle est la quatrième enfant d'une fratrie de huit. Très croyants, ses parents sont tous deux assistants sociaux vivant et travaillant dans un quartier défavorisé de Bruxelles[1].

Études[modifier | modifier le code]

Thérèse Hargot est diplômée d'un master-2 en « philosophie et société » à l'université Panthéon-Sorbonne et d'un Master en « sciences de la famille et de la sexualité » à l'UCLouvain[1]. Ses recherches en philosophie portent sur les études de genre et plus particulièrement sur les rapports de pouvoir liés à la médicalisation du corps féminin dans les processus reproductifs (sexualité, fécondité, grossesse, accouchement).

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

À la fin de ses études, elle exerce tout d'abord son métier de praticienne à New York[2], où son mari a été nommé Président de la World Youth Alliance, une ONG qui lutte contre l'avortement et l'euthanasie[3].

En , son premier essai « Pour une libération sexuelle véritable » est publié chez FX de Guibert à Paris. Elle y fait la promotion des méthodes naturelles de régulation des naissances comme alternative à la contraception hormonale.

À partir de 2013, elle intervient en tant que sexologue au collège Stanislas, dans le 6e arrondissement de Paris, aussi bien pour des interventions en groupes, à destination des collégiens, lycées et étudiants de classes préparatoires, qu'en permanence individuelle[1]. Elle réalise également des interventions lors de différentes manifestations aussi bien nationales (Université d'été de la Manif pour tous en 2014[4], Assemblée générale des évêques de France à Lourdes, 2014[5]) qu'internationales (Colloque « Complémentarité homme femme » au Vatican en 2014[1], Festival Paradise in the City (avec Vincent Breynaert)[6] dans le cadre des Journées mondiales de la jeunesse, Cracovie, 2016).

En 2016, elle publie l'ouvrage Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque), qui la révèle au grand public grâce à ses nombreux passages dans les médias.

En 2018, elle publie chez Albin Michel Aime, et ce que tu veux, fais-le ! , un ouvrage d'entretiens avec Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon, en réponse aux questions d'Arthur Herlin, jeune journaliste vaticaniste.

Prises de position[modifier | modifier le code]

Contraception[modifier | modifier le code]

Elle accède pour la première fois au champ médiatique en s'opposant à la pilule contraceptive[7], et en faisant la promotion de techniques naturelles, reposant sur la connaissance qu'ont les femmes de leurs propres corps[8]. Elle affirme que le choix leur est insuffisamment présenté d'adopter des méthodes de contraception différentes, en particulier les méthodes naturelles[9], n'hésitant pas à déclarer, dans Famille chrétienne que « la contraception est le plus grand scandale du siècle »[10]. En ce qui concerne par ailleurs la « pilule d'urgence » ou la « pilule du lendemain » (comme par exemple la pilule Lévonorgestrel), en tant qu'intervenante en milieu scolaire, elle dénonce les doses massives nécessaires, ainsi que le flou des termes, faisant passer - selon elle - ce médicament abortif pour un simple contraceptif[11]. Cependant, la pilule d'urgence est bien un contraceptif d'urgence et non un moyen abortif puisqu'elle permet d'empêcher l'ovulation[12],[13].

Pornographie[modifier | modifier le code]

Thérèse Hargot, depuis 2020 prend publiquement la parole contre la pornographie[14]. En 2024, elle publie un ouvrage dans le but d'alerter sur les dangers de la pornographie contemporaine, dont elle compare les effets à ceux d'une drogue dure[15],[16],[17]. Selon Thérèse Hargot, la pornographie introduit une forme anxiogène dans la relation sexuelle à travers la norme de jouissance[18], la notion de performance sexuelle ou de danger lié à la sexualité[19]. Pour elle, cette nouvelle normativité sexuelle crée une discrimination sexuée visant les femmes, et surtout les jeunes filles, qui sont dévalorisées dans le choix de partenaires nombreux, alors que les hommes ou les garçons sont valorisés. Pour y remédier, elle propose le choix de l'abstinence et de la fidélité[20]. Elle défend notamment l'abstinence sexuelle jusqu'au mariage[21], telle que proposée par la tradition catholique.

Féminisme[modifier | modifier le code]

Elle prend position également contre le féminisme hérité de Simone de Beauvoir[22], qui aurait formaté les femmes à concevoir leur identité et leur désir de réalisation par leur seul travail en négligeant leur rôle maternel ; selon elle, ce féminisme -qu'elle nomme « matérialiste » - s'est soumis à la société patriarcale, en en adoptant des codes de performance et de productivité, au lieu de modifier la société en profondeur[23]. Elle se définit « alter-féministe »[24].

Polémiques[modifier | modifier le code]

Le 14 janvier 2024, elle déclenche une polémique médiatique[25],[26],[27] en apparaissant dans une vidéo du Youtubeur Tibo Inshape[28] pour répondre à des questions sur la sexualité. Elle y déclare notamment que la sexualité des couples doit être organisée autour de « rendez-vous sexe » afin d’avoir « au minimum, mais vraiment grand minimum un rapport par semaine ». Ces propos déclenchent de vifs commentaires[29] et Thérèse Hargot est accusée de faire la promotion de la culture du viol en sous-entendant que les rapports doivent avoir lieu, même forcés. Thérèse Hargot se défend de cette accusation en affirmant que ses propos « ont été déformés » et appelle à différencier envie et consentement[30].

Réactions[modifier | modifier le code]

Les prises de position de Thérèse Hargot et ses interventions en milieux religieux[5] ou dans le cadre de La manif pour tous[4]font réagir. Elle est tantôt définie comme une alter-féministe aux côtés d'Eugénie Bastié[31], tantôt assimilée aux néo-puritanistes et à une « nouvelle garde réactionnaire européenne »[20],[32], et critiquée par Marcela Iacub[33]. Bien qu'elle s'en défende, son féminisme est décrit comme relevant du féminisme différentialiste[34],[20].

Un article de sa part dans Valeurs actuelles, où elle défend l'idée que “à force de penser la violence sexuelle on la voit partout et elle finit par exister à la manière d’une prophétie autoréalisatrice” est jugé préoccupant par Christine Bard, car il rend les féministes responsables des violences masculines. Selon l'historienne, l'approche de Thérèse Hargot s'appuie sur une dichotomie entre mauvaises et bonnes féministes, « une dichotomie parfaitement classique dans les discours antiféministes » car « en creusant un peu, on découvrirait que ces bonnes féministes ne sont en réalité pas féministes mais des défenseuses de l’ordre traditionnel »[35].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Thérèse Hargot s'est mariée à 19 ans et a trois enfants[2]. Elle est divorcée depuis 2016.

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d France Lebreton, « Thérèse Jacob, au cœur de l’intime », La Croix,‎ , p. 28 (ISSN 0242-6056, lire en ligne).
  2. a et b Marie-Pierre Genecand, « L’illusoire liberté sexuelle des adolescents », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne).
  3. Quentin Girard, « Thérèse Hargot : Le cul entre deux chaises », sur Libération (consulté le )
  4. a et b Stéphane Kovacs, « La Manif pour tous fait sa rentrée à Palavas-les-Flots », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b Mélodie Locard, « À Lourdes, les évêques s'intéressent à la sexualité des jeunes - France 3 Midi-Pyrénées », France 3 Midi-Pyrénées,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Chemin Neuf France 18/30, « Festival Paradise in the City - Workshop avec Thérèse Hargot et le Père Vincent Breynaert », (consulté le ).
  7. «La contraception, le plus grand scandale du siècle !», sur Famille Chrétienne, (consulté le )
  8. « Thérèse Hargot, la sexologue qui trouve qu'on parle trop de sexe », sur Le Point, (consulté le )
  9. Stéphanie Gallet, « Petites questions autour de la pilule », RCF,‎ (lire en ligne).
  10. «La contraception, le plus grand scandale du siècle !», sur www.famillechretienne.fr (consulté le ).
  11. Thérèse Hargot, « Pilule du lendemain : le bal des hypocrites a assez duré ! », Le Huffington Post,‎ (lire en ligne).
  12. Philippe Dorosz, Denis Vital Durand, Claire Le Jeunne, Guide pratique des médicaments 2011, Paris, Maloine, , 30e édition (10 septembre 2010) éd., 1892 p. (ISBN 978-2-224-03234-0 et 2-224-03234-X), pages 924 et 936.
  13. « LEVONORGESTREL BIOGARAN », sur VIDAL (consulté le )
  14. « Thérèse Hargot : "La sexualité des ados est formatée et conditionnée par le porno" », sur Marianne, (consulté le )
  15. « Thérèse Hargot: «La pornographie est une drogue dure qui ne dit pas son nom» », sur Le Figaro, (consulté le )
  16. « "La pornographie est une drogue dure" : une sexologue met en garde - France Bleu », sur ici, par France Bleu et France 3, (consulté le )
  17. « L’invitée du 12h30 - La sexologue Thérèse Hargot présente son livre sur les dangers de la pornographie », sur rts.ch, (consulté le )
  18. Sixtine Fourneraut, « Thérèse Hargot : « Aujourd'hui, la norme c’est le devoir de jouissance » », La Vie,‎ (lire en ligne).
  19. Eugénie Bastié, « Thérèse Hargot : « La libération sexuelle a asservi les femmes » », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne).
  20. a b et c Adélaïde Tenaglia, « Les Inrocks - Thérèse Hargot : le nouveau visage du puritanisme qui s'attaque à la sexualité des jeunes », Les Inrocks,‎ (ISSN 0298-3788, lire en ligne).
  21. « Thérèse Hargot : "Aujourd'hui, la norme c’est le devoir de jouissance" », sur La Vie.fr, 2016-02-05cet10:40:00+01:00 (consulté le )
  22. Marianne Grosjean, « Thérèse Hargot, contre Mai 68 et pour l'émancipation par le cycle féminin », sur Tribune de Genève, (consulté le )
  23. Hélène Bonhomme, « Thérèse Hargot : quel féminisme transmettons-nous à nos filles ? », Le Point,‎ (lire en ligne).
  24. Alexandre Devecchio, « Thérèse Hargot, l'alterféministe », Le Figaro Magazine, semaine du 2 décembre 2016, page 52.
  25. « Arrêt sur images », sur www.arretsurimages.net (consulté le )
  26. « Tibo InShape : cette vidéo avec une sexologue déclenche une énième polémique », sur hitek.fr, (consulté le )
  27. « Qui est Thérèse Hargot, sexologue controversée dans la vidéo de Tibo InShape ? », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  28. (fr-fr) UNE SEXOLOGUE RÉPOND À MES QUESTIONS INTIMES ! Consulté le .
  29. philomag, « Faut-il vraiment programmer ses rapports sexuels ? | Philosophie magazine », sur www.philomag.com, (consulté le )
  30. Athénaïs Gagey, « Faut-il vraiment programmer ses rapports sexuels ? | Philosophie magazine », sur www.philomag.com, (consulté le )
  31. Camille Choteau, « Osez l’alterféminisme! », Causeur,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  32. « Thérèse Hargot, it-girl réac et fraude intellectuelle », Brain Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  33. Marcela Iacub, « La confusion des sentiments », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  34. Gauthier Fradois, « De la cure des âmes à l’évangélisation des corps. Le CLER Amour et Famille : classes dominantes et morale sexuelle », Genre, sexualité & société, no 18,‎ (ISSN 2104-3736, DOI 10.4000/gss.4062, lire en ligne, consulté le )
  35. Marie Kirschen, « Une de Valeurs Actuelles sur les féministes : “Le degré zéro de l’analyse” », sur https://www.lesinrocks.com/, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

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