Rolls-Royce Eagle
Rolls-Royce Eagle | |
Rolls-Royce Eagle VIII exposé au musée de l'aviation du Canada | |
Constructeur | Rolls-Royce Limited |
---|---|
Premier vol | 1915 |
Utilisation | Airco DH.4 Vickers Vimy |
Caractéristiques | |
Type | moteur d'avion V12 |
modifier |
Le Rolls-Royce Eagle est le premier moteur d'avion développé par Rolls-Royce Limited. Dévoilé en 1915 pour répondre aux besoins de l'armée britannique engagée dans la Première Guerre mondiale, il sert à motoriser le bombardier Handley Page Type O ainsi qu'un certain nombre d'autres aéronefs militaires.
Contexte
Lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, en , la Royal Aircraft Factory demande à Rolls-Royce de concevoir un nouveau moteur d'avion de 200 chevaux refroidi par air. En dépit de réticences initiales, l'entreprise accepte le marché à la condition d'adopter un refroidissement par eau en remplacement de l'air, car c'était l'un des champs d'expertise de l'entreprise[1].
Conception et développement
Le développement du nouveau moteur est conduit par Henry Royce depuis son domicile dans le Kent. Initialement basé sur le moteur de la Rolls-Royce Silver Ghost et s'inspirant également du moteur d'une Mercedes 35 HP Grand Prix, la puissance est augmentée en doublant le nombre de cylindres pour les porter à douze et en augmentant leur course à 16,5 centimètres, bien que le diamètre du cylindre reste fixé à 11,4 cm. Le moteur tourne également plus vite, et un train épicycloïdal est imaginé pour conserver la vitesse du propulseur sous la barre des 1 100 tours par minute. Pour réduire l'inertie et améliorer la performance le mécanisme de distribution abandonne les soupapes latérales pour un système d'arbre à cames en tête[2].
Le l'Amirauté commande vingt-cinq de ces nouveaux moteurs. L'Eagle est essayé sur un banc d'essai dans les usines Rolls-Royce de Derby en , développant 225 ch à 1 600 tr/min. Rapidement, le régime moteur est porté à 1 800 tr/min, puis en à 2 000 tr/min, l'Eagle développant alors 300 ch. Après de plus amples essais, il est décidé de passer à la production industrielle avec un régime de 1 800 tr/min et 255 ch ; un palier de 1 900 tr/min est toléré pour de courts intervalles. Le moteur vole pour la première fois sur un bombardier Handley Page O/100 en , signant du même coup le tout premier vol d'un moteur d'avion signé Rolls-Royce.
L'Eagle est amélioré au cours des années 1916 et 1917, la puissance étant progressivement portée à 360 ch en , époque à laquelle huit versions ont été produites. Tout au long de la Première Guerre mondiale, Rolls-Royce lutte pour construire des Eagles dans les quantités requises par le War Office, mais l'entreprise résiste aux pressions pour la pousser à céder la licence de construction du moteur à d'autres motoristes, car elle craint que la qualité qui a fait la renommée du moteur n'en soit compromise[3].
Après la guerre, une version Mark IX de l'Eagle est développée à des fins civiles. La production se maintient jusqu'en 1928 et, au total, 4 681 moteurs Eagle seront construits[4].
Variantes
Note: Liste tirée de Lumsden, les désignations officielles alternatives sont en italique.
- Eagle I (Rolls-Royce 250 hp Mk I)
- (1915), 225 ch, 104 moteurs produits.
- Eagle II (Rolls-Royce 250 hp Mk II)
- (1916), 250 ch, 36 construits à Derby.
- Eagle III (Rolls-Royce 250 hp Mk III)
- (1917-1927), 250 ch, taux de compression accru (4,9:1), pistons renforcés. 110 construits à Derby.
- Eagle IV (Rolls-Royce 250 hp Mk IV)
- (1916-17), 270⁄286 ch, 36 construits à Derby.
- Eagle V (Rolls-Royce 275 hp Mk I)
- (1916-17), 275 ch, arbre à cames à haute levée, 100 construits à Derby.
- Eagle VI (Rolls-Royce 275 hp Mk II)
- (1917), 275 ch, introduction des doubles bougies d'allumage, 300 construits à Derby.
- Eagle VII (Rolls-Royce 275 hp Mk III)
- (1917-18), 275 ch, 200 construits à Derby.
- Eagle VIII
- (1917-1922), 300 ch, modifications en profondeur, 3 302 construits à Derby.
- Eagle IX
- (1922-1928), 360 ch, conçu pour un usage civil, 373 construits à Derby.
Utilisations
- Admiralty N.S.3 North Sea Airship
- Admiralty 23 Class Airship
- Airco DH.4
- Airco DH.9
- ANEC III (en)
- BAT F.K.26
- Blackburn Blackburd
- Curtiss H.12 Large America
- Curtiss-Wanamaker Triplane (en)
- de Havilland DH.10
- de Havilland DH.16
- Dornier Wal
- Fairey III
- Fairey Campania
- Felixstowe F.2
- Felixstowe F.3
- Felixstowe F.4
- Felixstowe F.5
- Grahame-White G.W.E.7 (en)
- Handley Page 0/100
- Handasyde H.2
- Handley Page H.P.18
- Handley Page 0/400
- Handley Page V/1500
- Handley Page Type W
- Hawker Horsley
- Porte Baby
- Porte Fury
- Martinsyde F.1 (en)
- Royal Aircraft Factory F.E.2
- Royal Aircraft Factory F.E.4 (en)
- Royal Aircraft Factory R.E.7
- Short Bomber
- Short N.1B Shirl
- Short Type 184
- Sopwith Atlantic (en)
- Sopwith Wallaby (en)
- Sopwith Tractor Triplane
- Supermarine Commercial Amphibian (en)
- Supermarine Scarab (en)
- Supermarine Sea Eagle (en)
- Supermarine Swan
- Vickers F.B.11 (en)
- Vickers Valparaiso
- Vickers Vernon (en)
- Vickers Viking (en)
- Vickers Vulcan (en)
- Vickers Vulture (en)
- Vickers Vimy
- Wight Converted Seaplane (en)
Moteurs exposés
Des exemplaires de moteurs Eagle sont visibles dans certains musées :
- Au Science Museum de Londres
- Au musée de l'aviation du Canada
- Au musée national sud-africain d'Histoire militaire à Johannesbourg
- Au musée de l'armée de l'air sud-africaine, à Port Elizabeth
L'un des deux Eagles ayant motorisé le vol transatlantique historique d'Alcock et Brown est visible au musée des industries de Derby[5].
Spécifications (Eagle IX)
Les données sont tirées de Lumsden[6].
Caractéristiques générales
- Type
- Moteur à combustion interne 12 cylindres en V (60°) refroidi par eau
- Alésage
- 115 mm (4,5 pouces)
- Course
- 165 mm (6,5 in)
- Cylindrée
- 20,32 l (1 239 pouces cubes)
- Longueur
- 1 844 mm (72,6 pouces)
- Largeur
- 1 082 mm (42,6 pouces)
- Hauteur
- 1 178 mm (46,4 pouces)
- Poids
- 408 kg (900 livres)
Composants
- Distribution
- Arbre à cames en tête
- Alimentation
- Double carburateurs Claudel-Hobson
- Refroidissement
- par eau
Performance
- Puissance
- 268 kW (360 ch) à 1 800 tr/min
- Consommation spécifique de carburant
- 13,4 kW/L (0,32 ch/pouces3)
- Compression
- 5.22:1
- Consommation
- 90 litres par heure (24 gallons par heure)
- Rapport poids/puissance
- 0,66 kW/kg (0,40 ch/livre)
Notes et références
- Pugh 2001, p. 71.
- Pugh 2001, p. 72.
- Pugh 2001, p. 79-86.
- Lumsden 2003, p. 183.
- Derby Industrial Museum - Eagle engine « Copie archivée » (version du sur Internet Archive) Consulté le 3 août 2009
- Lumsden 2003, p. 186.
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- (en) Alec Lumsden, British piston aero-engines and their aircraft, Shrewsbury, England, Airlife, , 322 p. (ISBN 978-1-85310-294-3, OCLC 30860563)
- (en) Peter Pugh, The Magic of a Name : The Rolls-Royce Story : The First 40 Years, Duxford, Cambridge, Icon Books, , 340 p. (ISBN 978-1-84046-151-0, OCLC 44890997)
- (en) A.A. Rubbra, Rolls-Royce Piston Aero Engines : A Designer Remembers, Rolls-Royce Heritage Trust, coll. « Historical Series » (no 16), , 156 p. (ISBN 978-1-872922-00-3, OCLC 24378398)