Quatuor Flonzaley

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Le Quatuor Flonzaley en 1918
Iwan d'Archambeau
Adolfo Betti
Louis Bailly

Le Quatuor Flonzaley (en anglais : Flonzaley Quartet) est un quatuor à cordes fondé à Manhattan (New York) en 1902. L'ensemble est dissous au début de l'année 1929[1].

Membres[modifier | modifier le code]

  • Premier violon : Adolfo Betti (Bagni di Lucca, 21 mars 1875 – Lucques, 2 décembre 1950) ;
  • Second violon : Alfred Pochon (Yverdon, 30 juillet 1878 – Lutry, 26 février 1959) ;
  • Alto : Ugo Ara (Venise, 1876 – Lausanne, 1er décembre 1936), jusqu'en 1917 ;
    • Louis Bailly (Valenciennes, 13 juin 1882 – Cowansville, Québec, 21 novembre 1974), jusqu'en 1924
    • Félicien d'Archambeau (? – ?), jusqu'en 1925 ;
    • Nicolas Moldavan (Kremenetz, 23 janvier 1891 — New York, 21 septembre 1974), jusqu'à sa dissolution en 1928.
  • Violoncelle : Iwan d'Archambeau (Hervé, 1879 – Villefranche-sur-Mer, 29 décembre 1955)[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le quatuor est la création d'Edward J. de Coppet, un banquier nouveau riche, d'origine suisse installé à New York[3]. En 1903, il engage les membres d'origine pour se consacrer entièrement à jouer en quatuor et non pas d'une vue de donner régulièrement des concerts public[4],[5],[3]. Ce qui en fait l'un des premiers ensembles à plein temps du genre[3]. Le groupe emprunte son nom de la villa d'été de Coppet, près de Lausanne, en Suisse[3], où les quatre musiciens répètent pour la première fois. Après une longue période de pratique, le quatuor effectue une tournée Européenne et gagne des éloges pour la perfection de l'ensemble et ses qualités artistiques. Les deux violonistes et l'altiste étaient des élèves du maestro Belge, César Thomson à Liège, un ami de Coppet. Alfred Pochon avait été l'assistant de Thomson en 1898 au Conservatoire de Bruxelles et second violon du quatuor Thomson[6]. Ce dernier a également enseigné aux membres d'un groupe pionniers de musique de chambre américain contemporain, le Quatuor Zoellner[7].

Le virtuose Adolfo Betti, le premier violon, avait été dans la classe de Thomson à Liège, tout comme l'altiste Ugo Ara. Le violoncelliste, Iwan d'Archambeau, le fils du compositeur Jean-Michel d'Archambeau (1823–1899), s'est formé au Conservatoire de Verviers, auprès d'Alfred Massau[6].

L'ensemble est d'abord entendu à New York, dans le salon privé du mécène et lors de concerts de charité, dès l'automne de 1904, mais ne donne pas de concert public aux États-Unis avant celui de la salle de musique de chambre du Carnegie Hall, le [2]. Après cette date, bien que basé en Amérique, il se produit régulièrement en alternance entre l'Europe et l'Amérique. Les membres ont adhéré au principe d'origine de ne pas accepter d'engagement extérieur et de ne pas avoir d'élèves, pour se consacrer entièrement au quatuor, ce qui a pu maintenir une position de supériorité reconnue dans leur domaine.

En 1914, le groupe a commandé une œuvre à Igor Stravinsky, qui devait devenir ses Trois Pièces pour quatuor à cordes (création à Chicago, le ). Quelques années plus tard, Alfred Pochon lui commande également le  « Concertino » pour quatuor à cordes (1920), œuvre en un seul mouvement. Le quatuor assure également la création des premiers Quatuors d'Ernst Bloch (1916) et d'Enesco (1920), que le musicien roumain dédie « au Quatuor Flonzaley »[2].

Alors que Edward de Coppet meurt en 1916, son fils, André, veille à maintenir le quatuor. L'altiste d'origine, Ugo Ara quitte l'ensemble pour rejoindre l'armée italienne, imposant son remplacement. Il est remplacé par Louis Bailly, formé au Conservatoire de Paris, et qui avait joué avec les quatuors Capet et Geloso. En 1924, Louis Bailly engagé au Curtis Institute permet le bref retour d'Ugo Ara, que sa santé fragile oblige à se désister au profit de Felicien d'Archambeau qui assure l’intérim. En 1925, il est remplacé par Nicolas Moldavan, formé à Odessa et à Saint-Pétersbourg puis émigré aux États-Unis en 1918. Il joue plus tard au sein du Quatuor Lenox et le Quatuor Stradivarius fondé avec Alfred Pochon, dès .

Le quatuor s'est produit dans le monde entier jusqu'à sa dissolution en 1929, dans plus de 3000 concerts, dont environ 400 dans les villes américaines et le reste en Europe[8].

L'un de leurs derniers concerts publics est donné à L'hôtel de Ville de Manhattan, à New York le . Leur concert d'adieu est radiodiffusé sur la station de WEAF (maintenant WFAN), le [9].

Enregistrements[modifier | modifier le code]

Dès 1913 et jusqu'en 1929, le Quatuor Flonzaley fait plusieurs enregistrements acoustiques puis électriques, pour la Victor Talking Machine Company. Ils enregistrent conjointement avec deux pianistes pour les quintettes du répertoire romantique : Ossip Gabrilovitsch, un élève de Rubinstein, Liadov et Leszetycki et Harold Bauer, pianiste de Casals, d'Ysaÿe, Thibaut et Huberman. Parmi leurs enregistrements :

  • Beethoven, Quatuor op. 18 n° 2 (10-, Victor V 1218-21/DA 851-854).
  • Beethoven, Quatuor en mi bémol majeur op. 127 (/1-, Victor V 7629-33 / HMV DB 1377-81).
  • Beethoven, Quatuor en fa majeur op. 135 (/3-, Victor 1122 à 1125 V/DA 847-850).
  • Brahms, Quintette en fa mineur op 34 - avec Harold Bauer, piano (21/, Victor V 6571-5 / HMV DB 970-4).
  • Dohnányi, Quatuor n° 2 en ré bémol majeur op. 15 (, Victor V 7354-6 / HMV DB 1135-7).
  • Haydn, Quatuor en majeur op. 64 n° 5 « l'Alouette » (, Victor V 7650-1).
  • Mozart, Quatuor en mineur K. 421 (/, Victor V 7607-8 / HMV DB 1357-8).
  • Mozart, Quatuor en majeur K. 575 (20-, DA 947-9 — Victor 'V 1585-7' non publié ?).
  • Schubert, Quatuor en sol majeur op. 161 (19-, Victor V 7475-8 / HMV DB 1373-6).
  • Schumann, Quintette en mi bémol majeur op 44 avec Ossip Gabrilowitsch, piano (20-, Victor V 8092-5 / HMV DB 1191-4).
  • Smetana, Quatuor n° 1 en mi mineur (, Victor V 7130-2/ HMV DB 1359-61).


Rééditions modernes :

  • Biddulph Recordings en 1993 et 1994, a consacré plusieurs coffrets aux Flonzaley : Schubert, Mendelssohn, Schumann, Brahms (LAB 072-073)[10] et Haydn, Mozart, Beethoven (LAB 089-090)[11],[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Flonzaley Quartet » (voir la liste des auteurs).
  1. Le Quatuor Flonzaley, par Alissia Nembrini (Phonothèque nationale Suisse).
  2. a b et c Pâris 2004, p. 1209.
  3. a b c et d Potter 1994, p. 5.
  4. (en) « Edward J. De Coppet Dies. Banker Organized the Flonzaley Quartet to Play for Him », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  5. Lettre de E. de Coppet (Chexbres, le 12 août 1903).
  6. a et b Potter 1994, p. 6.
  7. Cariaga, Daniel, « Not Taking It with You: A Tale of Two Estates », Los Angeles Times, 22 décembre 1985, Consulté en avril 2012.
  8. Potter 1994, p. 8.
  9. « Flonzaleys Disband After Concert On Air. Longworth and Damrosch Speak as Quartet Plays Farewell After 25-Year Career », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  10. (OCLC 35825483)
  11. (OCLC 37468636)
  12. Lors de leur sortie ces disques ont été distingués respectivement d'un « 8 » et d'un « 9 » dans le magazine Répertoire nos 56 et 76.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Arthur Eaglefield-Hull, A Dictionary of Modern Music and Musicians, Londres, Dent 1924 (OCLC 759742991).
  • R.D. Darrell, The Gramophone Shop Encyclopedia of Recorded Music, New York 1936 (OCLC 475140223).
  • David Ewen, Encyclopedia of Concert Music, New York, Hill and Wang 1959 (OCLC 1025705807).
  • (en) Tully Potter, « The Flonzaley Quartet plays Haydn, Mozart & Beethoven », p. 5–10, Biddulph LAB 089-090, 1994.
  • Alain Pâris, Dictionnaire des interprètes et de l'interprétation musicale au XXe siècle, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », (réimpr. 1985, 1989, 1995), 4e éd. (1re éd. 1982), 1278 p. (ISBN 2-221-08064-5, OCLC 901287624), p. 1209

Liens externes[modifier | modifier le code]