Psychose hallucinatoire chronique

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 2 février 2014 à 02:53 et modifiée en dernier par Dhatier (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Psychose hallucinatoire chronique

Traitement
Spécialité PsychiatrieVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CIM-10 F28

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

La psychose hallucinatoire chronique (ou PHC) est une affection psychiatrique. Il s'agit d'un délire chronique survenant à un âge avancé. Le mécanisme principal est hallucinatoire.

Histoire

En France, et en Europe, il est considéré comme un trouble autonome distinct des autres troubles délirants. Il a commencé à être décrit par le psychiatre Gilbert Ballet en 1911. Les Américains ne lui reconnaissent pas de spécificité et le classent dans la catégorie troubles délirants persistants, avec la paranoïa et la paraphrénie ou bien dans le groupe des schizophrénies (« schizophrénie d'apparition tardive » ou en anglais : late onset schizophrenia) (DSM). Pourtant, il n'y a pas de syndrome dissociatif dans la psychose hallucinatoire chronique.

Tableau clinique

Le délire est chronique (plus de 6 mois)[1]. Il touche plus souvent les femmes (7 femmes pour un homme)[1]. Les personnes sont souvent isolées[1]. Par définition la personne est âgée[1]. Les thèmes sont multiples[1]. Les thèmes de persécution sont fréquents[1]. Il existe des hallucinations touchant les 5 sens[1]. Un automatisme mental peut également être diagnostiqué[1]. Dans ce syndrome décrit par de Clérambault, le sujet a l'impression que des personnes lui imposent des pensées ou peuvent lire dans ses pensées. Il peut être idéo-verbal, idéo-moteur ou idéo-sensitif. Il n'existe pas de syndrome dissociatif[1].

D'après l'école américaine, la schizophrénie d'apparition tardive se réfère à des épisodes délirants qui apparaissent à un âge de 40 à 64 ans. La schizophrénie d'apparition très tardive se réfère à des épisodes délirants qui apparaissent après 65 ans[2],[3]. Il est estimé que 15 % de la population avec une schizophrénie est d'apparition tardive et 5 % d'apparition très tardive[2],[3].

Signes et symptômes

Plusieurs des symptômes de la schizophrénie d'apparition tardive sont similaires de la schizophrénie d'apparition précoce. Cependant ces individus sont plus sujets à rapporter[2] :

  • des hallucinations visuelles, tactiles ou olfactives ;
  • des idées de persécution ;
  • des délires de séparation, de morcellement ;
  • des commentaires à la troisième personne, ininterrompus : « Il pense qu'il a faim et que [...] »
  • des hallucinations auditives accusatrices ou grossières ;

Cependant, le clinicien trouve moins souvent[2],[3] :

  • un trouble du cours de la pensée ;
  • une diminution de l'affectivité ;
  • un syndrome paranoïaque.

Dans les schizophrénies d'apparition très tardive on retrouve plus souvent[2],[3] :

  • moins de troubles du cours de la pensée ou de troubles cognitifs ;
  • moins de symptômes négatifs (diminution du discours, de la capacité émotionnelle et de la motivation).

Diagnostic différentiel

  • Schizophrénie d'apparition classique plus précoce
  • Syndrome de Charles Bonnet avec des hallucinations critiquées lié à un déficit visuel
  • Démence, évolution progressive avec troubles cognitifs. On peut retrouver des anomalies à l'imagerie cérébrale
  • Confusion mentale évolution courte, iatrogénie fréquente, caractère fluctuant des symptômes

Examens complémentaires

  • Le diagnostic positif est clinique.
  • Un bilan de démence peut être nécessaire (évaluation cognitive ; test du MMS, élimination de la iatrogénie, TDM cérébral ou IRM cérébrale, dosages de TSH, vitamines B9, B12 et selon les cas sérologies de Lyme, VIH, syphilis)

Évolution

Elle se fait de manière fluctuante, avec des moments de rémission relative suivis de moments d'aggravation. Les conséquences sont lourdes sur le plan personnel et social.

Traitements

Il n'existe pas de traitement curatif. Cependant, un traitement médicamenteux symptomatique peut être administré. Ces traitements permettent des rémissions ou des atténuations symptomatiques significatives et parfois prolongées. Il s'agit de traitements neuroleptiques (par exemple : halopéridol, olanzapine, risperidone).

Une psychothérapie de soutien peut être associée, complétée éventuellement par une psychothérapie cognitivo-comportementale pour gérer certains épisodes aigus, et aider le patient à mieux comprendre et mieux anticiper les moments délirants psychoéducation. On peut proposer une information avec l'accord du patient de la famille pour lui permettre de mieux comprendre et de gérer la maladie, les risques et les facteurs déclenchants de décompensation, les effets indésirables des traitements.

Prise en charge sociale : soutien aux aidants, protection judiciaire (sauvegarde de justice, tutelle ou curatelle), aides à domicile, EHPAD.

Notes et références

  1. a b c d e f g h et i Anne-Laure Pontonnier et Isabelle Jalenques, « Psychose et délire chronique [Psychosis and chronic delirium] », La Revue du praticien, vol. 58, no 4,‎ , p. 425-433 (ISSN 0035-2640, PMID 18506985, lire en ligne, consulté le )
  2. a b c d et e (en)Howard, R., Rabins, P. V., Seeman, M. V., Jeste, D. V., International Late-Onset Schizophrenia Group (2000). Late-onset schizophrenia and very-late-onset schizophrenia-like psychosis: An international consensus. The American Journal of Psychiatry, 157(2), 172-178. Retrieved fromhttp://ajp.psychiatryonline.org/data/Journals/AJP/3709/172.pdf
  3. a b c et d (en)Wetherell, J. L. & Jeste, D. V. (2004). Older adults with schizophrenia: Patients are living longer and gaining researchers’ attention. ElderCare, 3(2), 8-11. Retrieved from www.stanford.edu/group/usvh/stanford/misc/Schizophrenia 2.pdf

Annexes

Bibliographie

  • Lucia Dragosim Necsa, Schizophrénie à début tardif ou psychose hallucinatoire chronique : un débat d'actualité, Université Paris 7, 2001, 110 p. (Mémoire pour le Diplôme interuniversitaire de spécialisation en Psychiatrie)
  • C. Dubertret, P. Gorwood et J. Ades, « Psychose hallucinatoire chronique et schizophrénie d'apparition tardive : une même entité ? », in L' Encéphale, 1997, vol. 23, no 3, p. 225-231
  • Henri Grivois (dir.), La Psychose hallucinatoire chronique, Masson, Paris, Milan, Barcelone, 1989, 135 p. (ISBN 2-225-81669-7)
  • Benjamin Naneix, Étude des origines du concept de psychose hallucinatoire chronique envisagées à partir d'une réflexion sur les continuités et les ruptures dans l'évolution de la pensée clinique au sujet des délires en France au tournant du XIXe et du XXe siècle, Université de Lille 2, 2006, 110 p. (thèse d'exercice de Médecine)

Filmographie

  • Psychose hallucinatoire chronique. Séméiologie psychiatrique : une série de films d'enseignement, film réalisé par Éric Duvivier, ScienceFilm (prod.) ; CNASM (éd.), Lorquin, 2005, noir et blanc, 10' 25 (DVD)