Philippe Robrieux

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Modèle:Infobox Personnalité des sciences sociales

Philippe Robrieux, né le à Paris et mort le [1],[2], est un historien français, spécialiste du Parti communiste français. Il a aussi été secrétaire général de l'Union des étudiants communistes (UEC) en 1959-1961.

Biographie

Famille et engagement politique

Fils d'un couple que la réussite sociale et professionnelle permet de situer dans « la classe moyenne »[3], Philippe Robrieux, lycéen à Paris, adhère en classe de quatrième à l'Union des jeunesses républicaines de France, proches du PCF, puis en classe de seconde à la cellule communiste du lycée Buffon, où il côtoie Gabriel Cohn-Bendit et Laurent Terzieff. Après la refondation de l'Union des étudiants communistes en 1956, il ne déroge pas de la ligne politique « orthodoxe » de la direction du PCF et est promu secrétaire général de l'organisation étudiante en 1959[4].

Carrière politique

Secrétaire national de l'UEC, il intervient à la tribune du XVe congrès du Parti communiste, tenu à Ivry en juin 1959[5]. Il participe durant plus d'un an, à des réunions du comité central du PCF, dont il n'est pas officiellement membre[6]. Philippe Robrieux, qui n'est pas réélu au secrétariat général de l'UEC, lors du IVe Congrès de cette organisation (décembre 1960)[7], a été l'une des victimes de l'« affaire Servin-Casanova » en 1961. Il est ensuite l'un des animateurs du « courant italien » de l'UEC. Il quitte définitivement le parti en 1968. Cette partie de sa vie, fondatrice de sa personnalité, puis de son activité d'historien, est racontée dans l'ouvrage autobiographique Notre Génération communiste, qu'il publie en 1977.

Historien du communisme

Ayant acquis tôt le goût de l'histoire, sous l'influence de ses professeurs de lycée, en particulier Jean Dautry, historien social et militant, son métier lui permet de plonger dans ce pourquoi il ne s'est jamais dépris, l'histoire contemporaine et singulièrement celle du communisme français.

Sa mise à l'écart politique lui fait poursuivre ses études qu'il achève par l'agrégation d'histoire. Il fait ensuite « carrière » d'historien au CNRS.

Par ailleurs, il était passionné de football et écrivit un ouvrage sur les Grands Goals de l'histoire.

Apport à l'histoire du Parti communiste français

La publication de son premier ouvrage, consacré à Maurice Thorez, en 1975 suscite une polémique[4] puisqu'il montre combien la direction du PCF et son secrétaire général firent tout pour « désamorcer » la publication du « rapport Khrouchtchev » (février 1956) au XXe congrès du PCUS. Le processus de remise en question du stalinisme mettait en cause directement les personnalités les plus importantes du PCF dont Thorez et Duclos. L'ouvrage suggérait un possible rapprochement entre direction du PCF avec le Parti communiste chinois au début des années 1960. Plus généralement, il offrait pour la première fois au grand public une analyse historique du mode de fonctionnement interne du PCF et de l'Internationale communiste, fort éloignée de l'image officielle.

De même L'Histoire intérieure du parti communiste constitue à sa publication (étalée sur plusieurs années, de 1980 à 1984) un ouvrage de grande importance, qui permet au plus grand nombre d'avoir enfin un travail historique n'étant pas, soit l'œuvre d'historiens officiels du PCF, soit d'adversaires résolus (encore que Robrieux fasse partie des seconds[réf. nécessaire]). Seul peut-être auparavant l'ouvrage d'Annie Kriegel paru en 1964 (Aux origines du communisme français 1914-1920) était dans le même esprit, mais il concernait une période plus restreinte qui par son éloignement temporel était moins sujet « passion »[8].

Robrieux, voulant comprendre les « zones d'ombres » qui existent dans les mémoires, notamment celles de de Jean Jérôme[9] (de son vrai nom, Mikhaël ou Michel Feintuch) et notamment de la période entre mai 1943 et août 1944, émet l'hypothèse que ce dernier a été, à la suite de son arrestation, « retourné » par les Allemands et qu'il aurait été responsable de l'arrestation du groupe Manouchian, voire qu'il aurait facilité celle-ci pour le compte des Soviétiques, ces derniers suspectant Manouchian et certains de ces camarades de sympathie « trotskiste ». Cette hypothèse est critiquée par plusieurs historiens comme Annie Kriegel et Stéphane Courtois, dans des articles de presse ou lors de la parution d'ouvrages tels que Le Sang de l'étranger (1989) coécrit par Stéphane Courtois, Adam Rayski, ancien responsable de la section juive de la MOI resté fidèle au PCF, et Denis Peschanski, historien spécialiste de Vichy, de l'Institut de l'Histoire du Temps Présent et lui vaut d'être partiellement désavoué par ses collègues historiens. La polémique est également « violente » avec l'historienne Lilly Marcou.

Il est donc, à la fin des années 1980 et au long des années 1990, en conflit avec son employeur le CNRS (où la commission d'histoire et le conseil scientifique comprenaient des représentants du PCF) à cause de son attitude obstinée sur ce sujet.

Bibliographie

  • Maurice Thorez : vie secrète et vie publique, Paris, Fayard, 1975
  • Notre génération communiste (1953-1968), Robert Laffont, 1977
  • Histoire intérieure du Parti communiste, 4 tomes, Paris, Fayard, 1980-1984
  • La Secte, Stock, 1985
  • L'Affaire Manouchian, Fayard, 1986

Source

Notes et références

  1. Voir sur humanite.fr.
  2. Dépêche du Figaro.
  3. Renseignements autobiographiques donnés dans Notre génération communiste, page 17 : père « cadre supérieur », mère « exportation des articles de haute-couture ».
  4. a et b Philippe Robrieux, rubrique Disparitions, Le Monde, 8 octobre 2010, page 23.
  5. Compte-rendu du XVe congrès du Parti communiste français, nº spécial des Cahiers du communisme, juillet-août 1959, pages 379-384.
  6. Ibid. Liste des membres du comité central élu par le XVe Congrès, pages 558-559.
  7. Philippe Robrieux, Notre génération communiste 1953-1968, pages 245-254. La non-réélection du secrétaire général de l'UEC, ne tient pas à des divergences politiques, mais à la rotation des activités au sein de la fédération de Paris du PCF. Lors de l'affaire Servin-Casanova, Robrieux est membre du bureau national de l'UEC et permanent appointé de la Fédération de Paris. Cf. page 252 de ses Mémoires.
  8. Marc Lazar, Le Communisme une passion française, Perrin, Paris, 2002.
  9. La Part des hommes, tome 1, 1983.

Lien externe