Paul Tep Im Sotha

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Paul Tep Im Sotha
Image illustrative de l’article Paul Tep Im Sotha
Biographie
Naissance
Phnom-Penh
Ordination sacerdotale
Décès (à 41 ans)
Sisophon
Évêque de l'Église catholique
Préfet apostolique de Battambang

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Paul Tep Im Sotha, né le à Phnom-Penh (Cambodge) et mort le à proximité de Sisophon (Cambodge), est un prêtre cambodgien, premier préfet apostolique de la préfecture apostolique de Battambang. Il est mort assassiné par les Khmers rouges en compagnie de Charles Badré dit frère Jean, moine bénédictin du monastère de Kep, le au sud de la ville de Sisophon sur la route nationale 5[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Une éducation chrétienne et cambodgienne[modifier | modifier le code]

La cathédrale de Phnom Penh, inaugurée en 1955, sera plus tard détruite par les Khmers rouges.

Paul Tep Im est  né le à Phnom-Penh (Cambodge) d'un père khmer infirmier et d'une mère franco-vietnamienne[2]. Baptisé à la naissance, il reçoit une éducation chrétienne, puis répond à l’appel à devenir prêtre et rentre au petit séminaire de Phnom Penh, l'actuelle église Saint-Joseph de Phnom Penh.

Envoyé en France pour poursuivre ses études d'abord au Petit Séminaire de Montpellier puis au Grand Séminaire d'Issy-les-Moulineaux de 1954 à 1958, il est ordonné prêtre le 28 juin 1959 par le Cardinal Maurice Feltin dans la Cathédrale de Notre-Dame de Paris.

Pour poursuivre ses études supérieures, il est envoyé obtenir une licence canonique en histoire de l’Église à l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin à Rome. Deux ans plus tard en 1961, il défend sa thèse en langue française, ‘’Essai d'une histoire des missions catholiques au Cambodge de 1550 à 1600 : apostolat des pp. Dominicains et Franciscains’’, dans laquelle il rend hommage au travail des missionnaires pour la propagation de la foi au Cambodge, et pour les sacrifices exécutés pour fonder un clergé autochtone et traduire l'Évangile en langue khmère[3].

Un prêtre pour la jeunesse khmère[modifier | modifier le code]

En 1962, il est nommé curé de la paroisse Sainte-Marie à Phnom Penh.

Le , le Pape Paul VI détache la préfecture apostolique de Battambang du vicariat apostolique de Phnom Penh[4], et nomme Monseigneur Tep Im Sotha à la tête de cette nouvelle juridiction canonique. Il devient ainsi  le premier préfet apostolique de Battambang, premier prêtre cambodgien à atteindre ce niveau de responsabilité dans l'Église catholique du Cambodge, dans une Église cambodgienne dont le clergé est majoritairement français[5].

Jusqu’en 1969, Paul Tep Im est aussi chargé de la mission étudiante catholique à Phnom Penh, directeur national de l'association catholique des étudiants Pax Romana. Il fonde un groupe d'intellectuels qui aura parmi ses membres Chau Seng, qui sera ministre de l'Éducation de Sihanouk, Keat Chon, qui sera ministre des Finances de Pol Pot puis Hun Sen, ou encore l'architecte Vann Molyvann[6]. Milton E. Osborne témoigne en effet de son amitié avec Paul Tep Im qui savait "fréquenter tous les milieux de la société cambodgienne" sans distinction[2].

Les dernières heures[modifier | modifier le code]

Lors de son dernier voyage en Europe en janvier 1975, Mgr Paul Tep Im Sotha rencontre Sa Sainteté le Pape Paul VI lors de l'audience générale à Rome.

Au début de l'année 1975, Paul Tep Im était en déplacement en Europe, et c'est lors d'une session de formation sur l'évangélisation et la communication organisée à Bruxelles par l'« Association catholique internationale pour la Radio et la télévision » (UNDA, maintenant Signis) qu'il doit quitter celle-ci avant la fin afin de rejoindre son pays en proie à des troubles politiques préoccupants[7]. Le , Paul Tep Im rejoint Charles Badré, en religion le frère Jean du monastère bénédiction de Kep. Ils se retrouvent à Battambang au moment où les Khmers rouges entrent dans la ville sans combat, l’armée gouvernementale ayant déposé les armes après la chute de Phnom Penh.

Paul Tep Im demande alors au frère Jean de profiter de sa dernière chance d’être évacué vers la Thaïlande, ce qu’il refuse, et Paul Tep Im décide de rester avec lui.

Le , Monseigneur Tep Im célèbre sa dernière messe dans la cathédrale de Battambang. Il donne l’absolution collective et déclare :

“Aujourd’hui, j’ai 33 ans, l’âge du Christ à sa mort[8].”

Le au matin, avant que Battambang ne soit vidée de sa population, le frère Jean essaie de récupérer la réserve eucharistique dans le tabernacle de la cathédrale, mais il est empêché d’entrer par des soldats khmers rouges qui le blessent avec leur baïonnette. Monseigneur Tep Im décide alors d’emmener le frère Jean à la pagode de Mongkolborey sur la route vers la Thaïlande où passe un convoi d’étrangers évacués de l’ambassade de France à Phnom Penh. À ce moment, leur trace se perd. Leur corps sont retrouvés morts au bord d’un petit canal sous le pont de Prekchik, exécutés par balle, probablement le jeudi , jour de l’Ascension[9].

L’assassinat de Paul Tep Im par les communistes khmers a été confirmé en 1975 par une enquête diligentée par le gouvernement américain dans les camps de réfugiés khmers à Surin en Thaïlande. Abattu par les salves d’un AK-47, ils ont été décapités et leur têtes accrochées à des piquets sur le pont dit “des Vietnamiens”, de Spean Yoan, sur la route de Sisophon[10].

Vénération[modifier | modifier le code]

Paul Tep Im fait partie des 35 catholiques cambodgiens pour lesquels un procès en béatification a été ouvert le par Mgr Olivier Schmitthaeusler, vicaire apostolique de Phnom Penh.

Depuis le , les chrétiens de Battambang se réunissent chaque année pour honorer le jour de son martyre[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. François Ponchaud, La cathédrale de la rizière : 450 ans d'histoire de l'Église au Cambodge, Paris, Fayard, , 237 p. (ISBN 2-86679-069-3), p. 167
  2. a et b (en) Milton E. Osborne, Phnom Penh: A Cultural and Literary History, Signal Books, (ISBN 978-1-904955-40-5, lire en ligne), p. 11
  3. Paul Tep Im Sotha, Essai d'une histoire des missions catholiques au Cambodge de 1550 à 1600 : apostolat des pp. Dominicains et Franciscains, Rome, Angelicum Press University, , 210 p. (lire en ligne)
  4. (la) Paul VI, « Constitutio apostolica Phnom Benh (Battambangensis) », AASS,‎ (lire en ligne)
  5. Claire Ly, Retour au Cambodge : le chemin de liberté d'une survivante des Khmers rouges, Ivry-sur-Seine, Editions de l'Atelier, , 221 p. (ISBN 978-2-7082-3896-1 et 2-7082-3896-5, lire en ligne), p. 166
  6. International Association of Universities, Liste mondiale : universités, autres établissements d'enseignement supérieur, organisations universitaires. World list; universities, other institutions of higher eduction, university organizations, Association Internationale des Universités, (lire en ligne), p. 60
  7. (en) Kevin Francis Kersten, The Structures, Activities, and Policies of Unda, the International Catholic Association for Radio and Television, University of Wisconsin--Madison, (lire en ligne), p. 294.
  8. Marie-Laure Bourboulon, Charle Badra, Oncle Chary, Père Jean o.s.b., Briis-sous-Forges, Les Ateliers du Carmel de Frileuse, , 151 p., p. 113
  9. Marie-Laure Bourboulon, Charles Badré, Oncle Charly, Père Jean o.s.b., Briis-sous-Forges, Les Ateliers du Carmel de Frileuse, , 151 p., p. 115
  10. (en) Indochina : Hearing Before the Subcommittee on East Asian and Pacific Affairs of the Committee on Foreign Relations, United States Senate, Ninety-fifth Congress, Second Session, U.S. Government Printing Office, (lire en ligne), p. 80
  11. (es) ACI Prensa, « Tras 33 años, camboyanos recuerdan por primera vez aniversario de obispo asesinado », sur www.aciprensa.com, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]