Marie Kuhlmann (bibliothécaire)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 28 décembre 2021 à 22:00 et modifiée en dernier par ThomSchu (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Marie Kuhlmann
Fonctions
Administratrice
Bibliothèque nationale et universitaire
-
Administratrice
Bibliothèque nationale et universitaire
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 77 ans)
Strasbourg, Drapeau de la France France
Nom de naissance
Marie Salomé Schlitter
Nationalité
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Distinction

Marie Kuhlmann, née Schlitter le à Munster et décédée le à Strasbourg, est une bibliothécaire française. Elle a dirigé par intérim la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg à plusieurs reprises, notamment au début de la Seconde Guerre mondiale en supervisant le transfert du personnel et des collections vers des points de repli dans le Massif central.

Biographie

Jeunesse et formation

Fille d’Hermann Schittler et de Marie Beck, Marie Salomé Schittler est née le à Munster dans l’actuel département du Haut-Rhin alors en Alsace-Lorraine allemande[1]. Après des études secondaires à Colmar, elle réussit en le certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaire et se retrouve première au classement[2].

Affectée à l’université de Lille entre et , elle épouse à Colmar le Eugène Charles Kuhlmann, ingénieur et professeur à l’École nationale technique de Strasbourg (ENTS)[3]. Portant désormais le nom de Marie Kuhlmann, elle rejoint l’université d'Aix-en-Provence en après trois années d’inactivité à la suite de son mariage. Munie d’une licence de lettres et d’un diplôme de langue russe, elle est responsable d’un fonds littéraire et juridique.

Elle obtient sa mutation pour la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg, qu'elle intègre le et regagne ainsi sa région d’origine. Elle devient responsable du service des périodiques[4]. Elle se voit ainsi confier la rédaction de l’Inventaire des périodiques des bibliothèques de Strasbourg à l’initiative de l’administrateur de la BNU Ernest Wickersheimer : la publication de ce document est décidée par le conseil d’administration de l’établissement du [5]. Au cours des années suivantes, Marie Kuhlmann réalise alors un vaste travail de prospection auprès de 134 institutions strasbourgeoises. Elle s’appuie par ailleurs sur une première étude menée en sous l’égide de Georg Wolfram, directeur de la Bibliothèque régionale et universitaire impériale durant la période allemande[6]. L’Inventaire est publié en et se trouve communément appelé « Le Kuhlmann » en hommage à la bibliothécaire qui l'a réalisé.

Années de guerre

La montée des tensions en Europe amène la BNU à réaliser un exercice de repli du personnel et des collections dès le au moment de la crise des Sudètes qui s’achève quelques jours plus tard lors des accords de Munich : sous les ordres de Marie Kuhlmann, les manuscrits, incunables, les monnaies et les médailles sont mis en caisse en vue d’être expédiés vers le centre de la France. Le conflit n’éclatant pas, l’opération d’emballage des documents est interrompue[7].

Le , à quelques jours du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, les services de la BNU commencent leur repli vers le Massif central. Le même jour, Marie Kuhlmann est déléguée dans les fonctions d’administrateur de l’établissement alors qu’Ernest Wickersheimer est mobilisé dans l’armée française[2]. Occupant cette fonction jusqu’au , elle est chargée d’organiser le transfert des collections et des archives administratives vers le Puy-de-Dôme pour les y mettre à l’abri : le siège du rectorat de l'académie de Clermont-Ferrand accueille ainsi les services de l’université de Strasbourg et de la BNU repliées ; les châteaux de Cordès (commune d'Orcival), de Quayres (Laps) et de Theix (Saint-Genès-Champanelle) deviennent des lieux de stockage des documents strasbourgeois.

Restant dans la région après l’armistice de , elle est témoin du retour forcé des collections de la BNU vers l’Alsace annexée au Reich : les autorités allemandes cherchent à récupérer les livres pour doter la nouvelle bibliothèque et la nouvelle université qu’elles ont constituées à Strasbourg. Une partie du personnel reste dans le Puy-de-Dôme. À la suite de l’arrestation de ses collègues Serge Fischer, Théodore Lang puis Thérèse Kiener, Marie Kuhlmann est à son tour arrêtée à Clermont-Ferrand le lors d’une rafle de la Gestapo contre les universitaires strasbourgeois[8]. Elle se trouve libérée huit semaines plus tard, le . La guerre terminée, elle retourne à Strasbourg le [9], après avoir clôturé les locaux de la BNU dans le Puy-de-Dôme[10] et supervisé l’emballage des livres qui n’avaient pas été saisis[11].

Fin de carrière

Les services de la BNU réinvestissent leur bâtiment strasbourgeois endommagé par les bombardements alliés : la bibliothécaire est chargée de la gestion administrative de l’établissement et de la reconstitution des fonds perdus ou détruits durant la guerre. Elle devient adjointe de l’administrateur Georges Collon en .

À la suite du départ de ce dernier, Marie Kuhlmann est investie de tous les pouvoirs d’administrateur de l’établissement le [12]. Elle assure l’intérim jusqu’à la nomination de Norbert Schuller en , date à laquelle elle reprend ses fonctions d’adjointe avant de prendre sa retraite en . Devenue conservatrice honoraire de la bibliothèque, Marie Kuhlmann décède le à Strasbourg[13].

Décorations

Notes et références

  1. Sansen 1975, p. 446
  2. a et b Barbier 2015, p. 287
  3. Sansen 1975, p. 447
  4. Rott 1994, p. 2144
  5. Kuhlmann 1937, p. préface
  6. Barbier 2015, p. 272-273
  7. Barbier 2015, p. 290
  8. Barbier 2015, p. 297
  9. Barbier 2015, p. 379
  10. Barbier 2015, p. 317
  11. Didier 2015, p. 110
  12. Barbier 2015, p. 332
  13. Rott 1994, p. 2143

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • « Madame Ve Charles Kuhlmann », Dernières Nouvelles d'Alsace,‎ (ISSN 0150-391X). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Frédéric Barbier, Bibliothèques Strasbourg : origines - XXIe siècle, [Paris], Éditions des Cendres, , 444 p. (ISBN 978-2-8592-3060-9 et 978-2-8674-2234-8). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Christophe Didier et Madeleine Zeller, Métamorphoses : un bâtiment, des collections, Strasbourg, Bibliothèque nationale et universitaire, , 349 p. (ISBN 978-2-8592-3056-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marie Kuhlmann (préf. Ernest Wickersheimer), Inventaire des périodiques des bibliothèques de Strasbourg, Strasbourg, Bibliothèque Nationale et Universitaire, , XIII-1096 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean Rott, « Kuhlmann Marie Salomé (née Schlitter) », dans Jean-Pierre Kintz, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 22 : Koe à Lag, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, (ISBN 2-85759-021-0), p. 2143-2144. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean Sansen, « Nécrologie : Marie Kuhlmann (1897-1975) », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), nos 9-10,‎ , p. 446-447 (ISSN 1292-8399, lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes

Liens externes