Liste des maîtres de la province de Castille et León de l'ordre du Temple

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Cet article présente une liste des maîtres de la province de Castille et León de l'ordre du Temple.

Province de Castille et León[modifier | modifier le code]

La Péninsule Ibérique en 1210

(la): « Præceptor (magister) Domorum Militiæ Templi in Legione et in Castella »

Cette province incluait le Royaume de Castille et de Tolède ainsi que le Royaume de León pendant les règnes d'Alphonse VIII de Castille et d'Alphonse IX de León.

L'implantation de l'ordre débute en 1146 pour le León et en 1148 en Castille lorsque Alphonse VII leur confie la forteresse musulmane de Qal'at Rabah[1]. De leurs difficultés à défendre cette forteresse qu'ils abandonnent dix ans plus tard, naîtra l'ordre de Calatrava[1]. D'après Pedro Rodríguez de Campomanes, le frère Pedro Robera ((la): Petrus de Robera)[2] semble avoir joué un rôle majeur à partir de 1152[3] mais il s'agit de Peire de Rovira, qui était maître de Provence et partie des Espagnes[2] à ce moment-là. En 1177 ils prennent possession du Château de Ponferrada et le premier maître à porter le titre de maître de Castille et León est nommé en septembre 1178[4],[5].

Dans une moindre mesure que dans la province de Portugal, ils participent à la Reconquista et ils sont à l'origine des nombreuses forteresses assurant la défense des frontières contre les Maures.

Si le Portugal fait partie des premières provinces comme l'atteste un exemplaire de la règle française qui doit dater de 1139/40[6], son autonomie dans la seconde moitié du XIIe siècle vis-à-vis de la Castille et du León est sujette à discussion. Les historiens Alain Demurger et Kristjan Toomaspoeg ne sont pas de cet avis[7]. En 1169, Gualdim Pais alors « procurateur » de Portugal semble subordonné à Garsia Romeo, « Ministre » en Castille et León lui-même aux ordres de Geoffroy Fouchier, « maître en deçà-mer ». Cependant en 1178, on trouve le maître de Castille et León, Guido de la Guarda et le maître de Portugal, Gualdim dans un même acte[8], Gualdim Pais figurant avec le titre de maître dans de nombreux documents y compris avant 1169[9].

Au début du XIIIe siècle la Castille et le León sont clairement réunis avec la province de Portugal formant la province d'Espagne dite aussi des « trois royaumes d'Espagne ». Fernando Díaz est le premier maître apparaissant avec ce titre: (la) « Magister militie Templi in Hispania » notamment en 1203[10]. On trouve ensuite Gomes Ramires (que certains historiens qualifiaient à tort de « Grand » maître du Temple)[5],[11] mais son titre exact est inconnu puis Pedro Álvarez prend le titre de maître de la province de Castille, León et Portugal (ou des trois royaumes d'Espagne)[12]. Du point de vue des commanderies, la province ne se structure réellement que vers 1220[4]. Jusqu'à la maîtrise de João Fernandes (Juan Fernandez).

Les relations entre les templiers de Castille et León et ceux de Portugal furent marquées par de nombreux conflits[N 1] qui aboutiront à la scission des deux provinces pendant la maîtrise du dernier maître des trois royaumes d'Espagne, João Fernandes d'origine portugaise. Gómez García alors grand commandeur de Castille et León pris le parti de Sanche IV de Castille lors de sa révolte contre son père contrairement à João qui fut contraint de s'exiler (au Portugal) après l'accession au trône de l'infant[15]. Il agit seul à partir de 1285 au sein des prieurés castillan et léonais tandis que João Fernandes conserve le contrôle du Portugal jusqu'en 1288.

Maître Période de maîtrise Commentaires et autre(s) fonction(s)
fr. Fulcado 1148-[16],[17] ?
fr. Hermindo c. 1168/70[16],[18]
fr. Garsia Romeu 1169[16],[19] ((la) : Garcia Romeo, in Campis, et in Castela Militum prædictorum Ministro.)[19]
Peut-être maître de cette province dès 1168 si on suit l'avis de Gonzalo Martínez Díez[20] et de Philippe Josserand[21]. Il est mentionné comme commandeur de Ceinos (en Aragon) à cette date[22],[23].
fr. Guido de la Guarda 1178[3],[5] - 1187[24] ((la) : Guido de La Garda, magister militie Templi in Legione et Castella (1178)[8],[25]. Guidonis de Garda)
En , il n'est plus que maître en León tandis que le frère Rodrigo est maître en Castille (traité de paix entre Alphonse VIII de Castille & Ferdinand II de León)
[26],[27]. Il apparaît avec le titre de maître (de León)[N 2] dans les archives de Ferdinand II de León jusqu'au [29].
fr. Joan Fernández 1183[3] [Erreur]
Apparaît dans la liste proposée par Campomanes[3] qui tire l'information du cistercien Miguel Ramon Zapater[30]. Erreur de date, les faits relatés se sont produits en 1283. À cette date (1183), Guido de la Guarda est maître en León, Garnerio maître en Castille[28].
fr. Lope Fernández (ou de Serana) († ) 1197-1199[31],[32] (la) : Lupus de Serana)
Acte comme maître de Ponferrada en , ce qui laisse penser qu'il était maître de cette province
[31].
Les historiens portugais le mentionnent uniquement comme maître de Portugal (1195-1199) et successeur de Gualdim Pais
[32],[33]. Il a été commandeur de Tomar (1190)[32]
fr. Guttiere Hermildes [3] [Incertain]
Aucune charte ni de dates précises.
Campomanes le mentionne
[3] en prenant sa source chez Gonzalo Argote de Molina (es)[34], la source primaire étant une chronique de l'ordre de Calatrava où ce dignitaire serait le grand-père d'un homonyme, commandeur de Biuoras[35] ?. Il n'est pas cité par Carlos Pereira Martínez[16], à moins qu'il s'agisse du frère Hermindo (c. 1168/70) ?
Voir les maîtres de Castille, León et Portugal pour la période c. 1200-1285
fr. Gómez García 1285-1289[15] Grand commandeur de Castille et León depuis 1283, fr. João Fernandes est maître des trois royaumes d'Espagne à cette période[36] mais il prend le pas sur lui à partir de 1285[15],[37].
Commandeur de « Sassivoz »[N 3] (1271/72)[40],[41]
fr. Gonzalo Yáñez 1289 -[36]... [42]
fr. Sancho Ibáñez
ou
fr. Gonzalo Yáñez
1295[3],[36] 03 aout 1295[36]
fr. Gonzalo Gómez
ou
fr. Gonzalo Yáñez
1295[43] 19 aout 1295[44]
fr. Ruy Díaz 1296[45]
Pedro Yáñez 1296[3] [Incertain]
fr. Gómez Pérez 1298[45],[46]
fr. Rodrigo Yáñez 1300-1301[47]. ((la):Rodericus Johannis)
Déchu de sa maîtrise entre et au moins jusqu'à , il se retire à Jerez de Los Cabaleros
[48].
Semble être à Tripoli en 1281
[49],[50]
fr. Pere de Tous
ou
fr. Gómez Pérez
1301-1302[51] Pere de Tous, lieutenant du commandeur en Castille nommé par Berenger de Cardona, le maître de la Province à cette période est peut-être Gómez Pérez[52]
fr. Rodrigo Yáñez 1302-1307[47].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Par exemple la succession de Guilherme Fulcon mentionnée dans la règle du Temple[13] ou encore la période de maîtrise du frère Guillèn (1269-1273) qui n'apparaît jamais au Portugal[14].
  2. Du point de vue de la province templière, la Castille et le León ont été séparés à la suite du conflit qui opposa les deux royaumes (1178-1180). À Rodrigo succède Garniero comme maître de Castille (1183)[28].
  3. Commanderie de Ceinos (Liste des commanderies templières en Castille-et-León) d'après Martínez Díez[38], on trouve dans cet acte relatif à Valencia del Ventoso, Garci(a) Fernández, maître de Castille et León, Paio Gomez, commandeur de Xerèz (Jerez de los cabalerros, Estrémadure) et de Castilbranco (Castelo Branco, Centre du Portugal), Oyraz Eanes (Juan Eanes ?), commandeur de Benavente (Castille et León) et Gomez Garcia, commandeur de Sassivoz (Ceinos, Castille et León). Le document se trouve dans le Bulario de Agurleta, fol. 266, script. 14, n. 3[39] mais curieux mélange d'espagnol et de portugais, pas en latin.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Alain Demurger, Chevaliers du Christ : les ordres religieux-militaires au Moyen Age (XIe – XVIe siècle), Seuil, (lire en ligne)
  2. a et b (es) Pedro Rodríguez Campomanes, Dissertaciones historicas del Orden y Cavalleria de los Templarios, , LIV + 287 (lire en ligne), p. 223
  3. a b c d e f g et h Campomanes 1747, p. 262-263, lire en ligne sur Google Livres.
  4. a et b Carraz 2005, p. 102
  5. a b et c Martínez Díez 1993, p. 63
  6. Bibliothèque de l'École des Chartes. Tome 164, fascicule 2. sur Google Livres, 2006.
  7. Kristjan Toomaspoeg, « L'Ordre du Temple en Occident et au Portugal », dans A extinçao da Ordem do Templo : ediçao comemorativa dos 700 anos da extinçao da Ordem do Templo (1312-2012), José Albuquerque Carreiras, (ISBN 978-9-7294-7364-7, lire en ligne), p. 35
  8. a et b (es) Carlos de Ayala Martínez, Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén en Castilla y León (siglos XII-XV), Instituto Complutense de la Orden de Malta, , 860 p. (présentation en ligne), p. 307, 333
  9. (pt) Manuel Sílvio Alves Conde, « Os forais tomarenses de 1162 e 1174 », Revista de Guimarães, no 106,‎ , p. 193-249 (lire en ligne)
  10. (la) Bullarium Ordinis Militae de Alcantara, Olim S. Juliani del Pereiro, per annorum seriem nonnullis, (lire en ligne), p. 15, 23
  11. (es) Gonzalo Martínez Díez, Alfonso VIII, rey de Castilla y Toledo, Editorial la Olmeda, (lire en ligne), p. 204
  12. Martínez Díez 1993, p. 64
  13. Articles 582-583 de la règle française:(en) Judith Mary Upton-Ward, The rule of the Templars : the French text of the rule of the Order of the Knights Templar, Boydell Press, , p. 150-151 ; (es) Judith Mary Upton-Ward, El Código Templario : Texto íntegro de la Regla de la Orden Del Temple, Ediciones Martínez Roca, , 288 p. (ISBN 978-84-270-2593-6, présentation en ligne), p. 192-193 ; Curzon 1886, p. 302-303. Article 159 de la règle catalane:(en) Archivo de la Corona de Aragón et Judith Mary Upton-Ward, The Catalan Rule of the Templars : A Critical Edition and English Translation from Barcelona, Archivo de la Corona de Aragón, 'Cartes Reales', Ms. 3344, Boydell Press, , 113 p. (ISBN 978-0-85115-910-2, présentation en ligne), art. 159
  14. (es) Carlos Pereira Martínez, « Los Maestres de la Orden del Temple en los Reinos de Galicia, León y Castilla », Revista V Feira Franca Medieval,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  15. a b et c Josserand 2004, p. 506-507
  16. a b c et d Pereira Martínez 2003, p. 1
  17. (es) Julio Pérez Llamazares, Historia de la Real Colegiata de San Isidoro de León, , 450 p. (lire en ligne), p. 58
  18. (es) Carlos Estepa Díez, « La disolución de la Orden del Temple en Castilla y León », Hispania : Revista española de historia, vol. 35, no 6,‎ , p. 140 (121-186)
  19. a et b (pt) Joaquim de Santa Rosa de Viterbo, Elucidario das palavras : termos e frases que em Portugal antigamente se usaram e que hoje regularmente se ignoram, vol. 2, A. J. Fernandes Lopes, , 450 p. (lire en ligne), p. 239-240
  20. Martínez Díez 1993, p. 111
  21. Philippe Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule ibérique : les ordres militaires dans le royaume de Castille, 1252-1369, Casa de Velázquez, , 912 p. (ISBN 978-84-95555-72-4, présentation en ligne), p. 324 (note 150)
  22. González 1943, p. 401
  23. (es) Manuel Lucas Álvarez, La documentación del Tumbo A de la catedral de Santiago de Compostela, Centro de Estudios e Investigación San Isidoro, , 442 p. (présentation en ligne), p. 280-288 (n° 116)
  24. (de) Herbert Kolb, « Guido militiae Templi magister », Archiv für das Studium der neueren Sprachen und Literaturen (A Stn Spr.), Erich Schmidt Verlag, no CCCXXIII,‎ , p. 337-344 (ISSN 0003-8970, lire en ligne)
  25. Pereira Martínez 2003, p. 1-2
  26. (es) Julio González, Regesta de Fernando II, Madrid, (lire en ligne), p. 304
  27. (es) Julio González, El Reino de Castilla en la época de Alfonso VIII. : documentos: 1145-1190, vol. 2, (présentation en ligne), p. 622 (doc.362)
  28. a et b Martínez Díez 1993, p. 36
  29. González 1943, p. 338-340(doc. 60), 507
  30. (es) Miguel Ramon Zapater, Cister militante en la campaña de la Iglesia contra la sarracena furia, (lire en ligne), p. 65
  31. a et b Pereira Martínez 2003, p. 2
  32. a b et c Viterbo 1865, p. 241
  33. (pt) José Manuel Capêlo, Portugal templário : a presença templária em Portugal ; relação e sucessão dos seus mestres 1124 - 1314, Lisbonne, Zéfiro, , 272 p. (ISBN 978-972-8958-58-9, présentation en ligne), p. 200-201
    Ne pas tenir compte de la numérotation des maîtres des trois royaumes d'Espagne indiquée dans cet ouvrage, elle est basée uniquement sur ceux qui ont été maîtres de portugal.
  34. (es) Gonzalo Argote de Molina, Nobleza del Andaluzia, , 696 p. (lire en ligne), p. 166
  35. (es) Francisco de Rades y Andrada, Chronica de las tres ordenes y cauallerias de Sanctiago, Calatraua y Alcantara, , 426 p. (lire en ligne), p. 48
  36. a b c et d Pereira Martínez 2003, p. 4
  37. (en) Peter W. Edbury, The Military Orders : Politics and Power, vol. 5, Ashgate Publishing, Ltd., (présentation en ligne), p. 368-369
  38. Martínez Díez 2001, p. 172
  39. (la) Bullarium Equestris Ordinis S. Iacobi de Spatha, (lire en ligne), p. 266, script.14, n.3
  40. Campomanes 1747, p. 30-31
  41. (es) Matías Ramón Martínez y Martínez, El libro de Jerez de los caballeros, E.Rasco, (lire en ligne), p. 60
  42. Edbury 2013, p. 365,368-372
  43. Pereira Martínez 2003, p. 4-5
  44. Biblioteca Nacional, mss. 4357, fol. 161r-v.
  45. a et b Pereira Martínez 2003, p. 5
  46. (es) Raquel del Carmen Fernández Ruíz, Colección diplomática del monasterio de Santo Domingo de Benavente (1228-1390), Salamanca, , p. 65 (doc. 27)
  47. a et b Philippe Josserand, « Rodrigo Yáñez », dans Nicole Bériou (dir. et rédacteur), Philippe Josserand (dir.) et al. (préf. Anthony Luttrel & Alain Demurger), Prier et combattre : Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, Fayard, , 1029 p. (ISBN 978-2-2136-2720-5, présentation en ligne), p. 801
  48. Edbury 2013, p. 373
  49. Philippe Josserand, « Et succurere Terre sancte pro posse : Les Templiers castillans et la défense de l’Orient latin au tournant des XIIIe et XIVe siècles », Cahiers de recherches médiévales [En ligne], no 15,‎ , p. 7 (note 41) (ISSN 2273-0893, lire en ligne)
    D'après le procès de l'ordre du Temple, t. II, p. 16 publié par Jules Michelet
  50. (la) Jules Michelet, Le procès des Templiers, vol. 2, Paris, Imprimerie nationale, coll. « Documents inédits sur l'histoire de France », , 540 p. (lire en ligne), p. 16, lire en ligne sur Gallica.
    (la) « Rodoricum de Cuyre militem, tunc preceptorem Tripolitanum, presentibus fratibus Rodorico Ynanhes socio dicti preceptoris », Rodrigue de Cuyre alors commandeur de Tripoli, en présence de frère Rodrigo Yáñez, compagnon du dit commandeur.
  51. Edbury 2013, p. 374
  52. Edbury 2013, p. 371,374-375