La Sphère du monde

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L'Esphere du Monde
Auteur Oronce Fine
Genre Cartographie
Lieu de parution Paris (France)
Date de parution 1549

La Sphère du monde (titre original en moyen français : L'Esphere du Monde) est une œuvre de cartographie élaborée en 1549 par Oronce Fine, et dédiée au roi Henri II. Elle est écrite en français, bien que la première version ait été écrite en latin en 1542[1]. L'ouvrage présente la particularité de présenter le continent Antarctique.

Contexte historique

À l'époque où fut conçue l'œuvre, les cartographes des divers pays européens et du Moyen-Orient devaient faire preuve d'intelligence et d'habileté pour acquérir des informations vitales pour le commerce et la connaissance ; en particulier étant donné que l'Espagne et le Portugal gardaient le secret absolu sur leurs découvertes, utiles pour obtenir des matériaux et évangéliser les peuples natifs. Ainsi, les cartographes faisaient cas des rumeurs qui provenaient de pirates, marins ou autres, en espérant que leur imagination ne leur créent pas de problèmes.

Mappemonde en forme de cœur montrant la Terre australe. Paris, 1536.

Les précisions sur de nouveaux territoires se mettaient à jour constamment, jusqu'à ce que plusieurs affirmations firent état d'une masse terrestre dans l'hémisphère sud appelée Terra Australis Incognita devait équilibrer les terres de l'hémisphère nord, ce qu'affirmaient également d'autres experts tels que Copernic et Mercator. C'est alors qu'Oronce Fine créa une projection pseudo-conique[2] qui devint populaire au XVIe siècle avant d'être abandonnée. La forme pseudo-conique de Fine est en réalité un planisphère en forme de cœur[3], qu'a découvert Charles Hapgood dans la Bibliothèque du Congrès à Washington (États-Unis), aux côtés d'autres cartes de l'époque qu'il a réunies dans son livre Les Cartes des anciens rois de la mer[4].

Cartographies précises de Fine

Le contenu général de l'œuvre cartographique du mathématicien français Oronce Fine consiste à illustrer les territoires de l'époque de la Renaissance européenne. Les territoires d'alors sont ceux qui sont découverts par Christophe Colomb et par les autres explorateurs, y compris des parties importantes de l'Amérique, sa connexion avec l'Antarctique en liant la Terre de Feu et la Péninsule Antarctique qui daterait de la dernière glaciation. Ainsi, Fine met à jour les cartes du géographe égyptien Ptolémée.

L'une des curiosités d'Oronce Fine est la description mystérieuse de l'intérieur antarctique, qui donne une superficie supérieure aux 14 107 637 km2 actuels et est dépourvu de glaces (excepté au centre), de rivières, de montagnes et d'îles, ce qui a été corroboré par des scientifiques tels que Richard Byrd en 1949, quand il a étudié la paléobiologie et la paléoclimatologie du continent, avec cependant le désavantage qu'il manquait la Péninsule Palmer et l'exagération du 80e parallèle sud.

Ainsi, peu après qu'Oronce Fine a représenté le continent Antarctique, Mercator (en 1538), Ortelius (en 1559) et Hadji Ahmet (en 1587) mettent à jour les zones découvertes, telles que la Terre de Feu.

Aux côtés de Cosmographie de Petrus Apianus, de la Sphère de Joannes de Sacrobosco et de la Théorique des Cieux d'Oronce Fine, cet ouvrage constitue une des bases de l'enseignement cosmographique au XVIIe siècle[5].

Incipit et dédicace au roi Henri II

L'édition originale du livre contient un incipit qui dédie l'ouvrage au roi de France Henri II :

« 

L'Esphere du Monde
proprement dicte Cosmographie,
contenant la première partie de l'astronomie,
et les principes unniversels de la geogra-
phie et hydrographie : Composee
nouvellement en francois, A
honneur du tres chrestien
Roy de France,
Henri Second
de ce nom

 »

— Oronce Fine, L'Esphere du Monde, 1549[6]

Cet incipit, également utilisé comme nom complet de l'œuvre, est suivi d'un « epistre, touchant la dignité, perfection et utilité des sciences mathematiques[7] », qui contribua à la diffusion des mathématiques et de son importance[8] :

« 

Sont les clefz de tout perfet savoir,
Oncques vivant ne fait son bon devoir
A les aimer (...)
Il est donc cler que les mathématiques
Tres nobles sont perfettes, authentiques
et le miroer de toute certitude:
Car tous les ars nobles ou mechaniques
D'elles ont prins leurs cours et habitudes
Ce que voyant Main homme d'estude,
Tous autres arts il souhaitta semblables
Aux susdittes, tant les trouva feable
(...)
Ou encore cette ingenuité par laquelle nous apprenons que
Platon qui fut homme de grand mémoire
Laissant souvent le manger et le boire
Pour contempler ces nobles disciplines (...)

 »

— Oronce Fine, L'Esphere du Monde, 1549

Notes et références

  1. François Grudé La Croix du Maine, Antoine du Verdier, Rigoley de Juvigny, Bernard de la Monnoye, Jean Bouhier, Camille Falconet et Konrad Gesner, Les bibliothéques françoises de La Croix du Maine et de Du Verdier, sieur de Vauprivas, vol. 2, Saint Côme (France), Chez Saillant & Nyon, (lire en ligne), p. 214
  2. La création de la projection pseudo-conique fut auparavant attribuée par erreur à Johannes Werner.
  3. Comme celui réalisé par Oronce Fine en 1534, intitulé Mappemonde Cordiforme d'Oronce Fine, voir dernière image in (en) « Celestial Mechanics », sur bibliodyssey.blogspot.fr, (consulté le )
  4. Charles H. Hapgood (trad. de l'anglais par Jacques Pimpaneau), Les Cartes des anciens rois des mers : preuves de l'existence d'une civilisation avancée à l'époque glaciaire, Paris, Éditions du Rocher, , 297 p. (ISBN 2-268-00117-2)
  5. Jean-Marc Besse, Les grandeurs de la terre : aspects du savoir géographique à la renaissance, ENS Editions, , 420 p. (ISBN 978-2-84788-030-4, lire en ligne), p. 38
  6. (en) Oronce Fine, « La Sphere du monde digitalisée, p. 11 », sur harvard.edu, (consulté le )
  7. (en) Oronce Fine, « La Sphere du monde digitalisée : l'Epistre, p. 14-16 », sur harvard.edu, (consulté le )
  8. Antonella Romano, Le statut des mathématiques à la Renaissance, Paris, Centre A. Koyré, 30 p. (lire en ligne), p. 20[PDF]

Liens externes