Jacques Freymond

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Jacques Freymond
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Jacques Freymond, né le à Lausanne et décédé le à Versoix, est un historien suisse[1]. Il a notamment dirigé l'Institut universitaire de hautes études internationales de Genève, et a occupé le poste de vice-président du Comité international de la Croix-Rouge.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Après avoir suivi l'École nouvelle[2], il étudie à Lausanne (licence ès lettres en 1932), Munich, à la Sorbonne et à Sciences Po[3].

Jeune caporal à l'école de recrues au Chalet-à-Gobet, il est envoyé avec la troupe à Genève lors de la fusillade du 9 novembre 1932[2]. Il quitte ensuite la Suisse pour Munich de 1932 à 1933, où il assiste à la prise du pouvoir par le parti national-socialiste[4].

Lors de son séjour à Paris de 1933 à 1935, il rencontre Emmanuel Mounier et s'intègre au mouvement personnaliste comme réponse au totalitarisme[2].

Il obtient son doctorat à la faculté des lettres de l'Université de Lausanne en 1938[5] sous la direction de Charles Gilliard.

Carrière académique[modifier | modifier le code]

Après avoir enseigné au niveau secondaire de 1935 à 1942, il devient professeur d'histoire à l'Université de Lausanne de 1943 à 1955, où il enseigne l'histoire moderne et contemporaine à la faculté des lettres, ainsi que l'histoire diplomatique à l'école des sciences sociales et politiques.

En 1949-1950, il est boursier de la fondation Rockefeller aux universités de Yale et Columbia[5]. Son séjour aux États-Unis le marque profondément[2].

La suite de sa carrière académique se déroule principalement à l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales à Genève, où il est professeur d'histoire des relations internationales dès 1951, et dont il devient directeur à la suite de William Rappard en 1955. Il le reste jusqu'à sa retraite en 1978[5].

Il enseigne en parallèle à l'Université de Genève en tant que professeur d’histoire des relations internationales contemporaines de 1958 à 1977[3]. En 1961, il crée le Centre genevois pour la formation de cadres africains, qui deviendra l'Institut africain de Genève puis l'Institut universitaire d'études du développement[6]. Il reçoit également un doctorat honoris causa de la faculté des sciences économiques et sociales de l'Université de Genève en 1965[7].

Il est plus tard professeur invité à l'Institut d'études politiques de Paris de 1978 à 1979, puis à l'Université de Lausanne de 1979 à 1981[7].

Il préside l'Association internationale de science politique de 1964 à 1967, et reçoit le grand prix de l'Académie des sciences morales et politiques de Paris en 1993[5].

Autres activités[modifier | modifier le code]

À l'université, il fait partie de la Société de Belles-Lettres[2]. Il participe plus tard à la Nouvelle Société Helvétique[2], puis au Club de Rome vers 1970[2].

Jacques Freymond collabore en tant que chroniqueur diplomatique pour la Tribune de Lausanne (1942-1946), puis la Gazette de Lausanne (1946-1951)[1].

Il siège au comité de Pro Helvetia de 1950 à 1959[7]. Il est membre du conseil d'administration de Nestlé de 1958 à 1984[1].

Il rejoint le parti libéral après l'élection de Louis Guisan au Conseil d'État vaudois (1954), alors que d'autres personnalistes rejoignaient des mouvements communistes[2].

Freymond est également membre du Comité International de la Croix-Rouge dès 1959, dont il devient vice-président de 1965 à 1971 et président par intérim de février à , entre les mandats de Samuel Gonard et Marcel Naville[1]. Il quitte le CICR en 1972, frustré par la difficulté à réformer l'institution[8]. Il souligne plus tard que le CICR "ne peut pas faire face à la violence cynique" comme il l'a rencontrée dans les camps de concentration et les violations du droit humanitaire en Yougoslavie, et qu'il a besoin du soutien des États pour cela. Il appelle pour cette raison au droit ou devoir d'ingérence humanitaire[2].

Il est président du Centre européen de la culture de 1986 à 1992, à la suite de Denis de Rougemont, également personnaliste. Son arrivée participa à relancer un CEC à l'époque proche de la disparition[9].

Il préside également la Commission nationale pour la publication de documents diplomatiques suisses (DODIS) de 1975 à 1997[1].

Il atteint le rang de colonel au sein de l'armée suisse, où il commande le régiment 5 des troupes de montagne[5].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Jacques Freymond, La politique de François Ier à l’égard de la Savoie, Lausanne, Librairie Centrale, , 197 p. (thèse de doctorat)
  • Jacques Freymond, Lénine et l'impérialisme, Lausanne, Payot, , 133 p.
  • Jacques Freymond, De Roosevelt à Eisenhower : la politique étrangère américaine, 1945-1952, Lausanne, Droz, , 153 p. (Études d'histoire économique, politique et sociale ; 6)
  • Jacques Freymond, Le conflit sarrois : 1945-1955, Bruxelles, Institut de sociologie Solvay, , 439 p.
  • Jacques Freymond (dir.), La Première Internationale : recueil de documents, Genève, Droz, 1962-1971 (édition critique en 4 volumes, avec Knut Langfeld, Henri Burgelin et Miklós Molnár)
  • (en) Jacques Freymond, Western Europe since the war : a short political history, London, Pall Mall Press, , 236 p.
  • Jacques Freymond (dir.), Études et Documents sur la Première Internationale en Suisse, Genève, Droz, , 316 p. (édition critique)
  • Jacques Freymond, Guerres, révolutions, Croix-Rouge : réflexions sur le rôle du Comité international de la Croix-Rouge, Genève, Institut universitaire de hautes études internationales, , 222 p.
  • Jacques Freymond (dir.), La Suisse et la diplomatie multilatérale (2e éd.), Genève, Institut universitaire de hautes études internationales, , 302 p.
  • Jacques Freymond, Le Comité international de la Croix-Rouge, Genève, Georg, , 209 p. (ISBN 2825701122)
  • Jacques Freymond, La paix dangereuse, Neuchâtel, La Baconnière, , 172 p. (ISBN 2825206172)
  • Jacques Freymond, 700 ans + 4. Et pourtant la Suisse existe!, Genève, Fondation Charles Veillon, , 226 p.
  • Freymond, Jacques (1911-1998)., Le XXe siècle entre guerre et paix : essais d'histoire des relations internationales contemporaines, Georg éd, 1997, cop. 1997 (ISBN 2-8257-0598-5 et 978-2-8257-0598-8, OCLC 489705622)

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (en) Documents Diplomatiques Suisses, « Freymond, Jacques (1911–1998) », sur dodis.ch, (consulté le ).
  2. a b c d e f g h et i Willy Rohrbach, « Jacques Freymond (professeur et historien) », sur memobase.ch, (consulté le ).
  3. a et b « CTHS - FREYMOND Jacques », sur cths.fr (consulté le ).
  4. « Jacques Freymond », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. a b c d et e « Freymond, Jacques », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le ).
  6. « L'IHEID: de William Rappard à Philippe Burrin, l’histoire d’un institut universitaire précurseur », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  7. a b et c « Freymond, Jacques (1911-1998) », sur Base de données des élites suisses.
  8. Jacques Moreillon, « Jacques Freymond, ancien membre du Comité international de la Croix-Rouge : ancien vice-président, 1911 — 1998 - CICR », sur Revue internationale de la Croix-Rouge, (consulté le ).
  9. « Centre européen de la culture, un cinquantenaire dans la tourmente », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  • Jacques Bariéty, « Jacques Freymond : historien et homme d'action », Relations internationales,‎ , p. 127-231
  • François Jequier, « Jacques Freymond, professeur à la Faculté des lettres de l'Université de Lausanne (1943-1955). Plaidoyer pour une biographie intellectuelle », Relations Internationales, vol. 98,‎ , p. 139-147
  • Bruno Ackermann, « Jacques Freymond (1911-1998) », Schweizerische Zeitschrift für Geschichte, vol. 49, no 3,‎ , p. 385-390 (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]