Henri de Hornes

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Henri de Hornes, mort le , est l'un des chefs de file de la révolte des habitants de la ville de Liège contre leur souverain, l'évêque de Liège. Il meurt lors la bataille décisive contre une coalition soutenant le prince-évêque.

Biographie[modifier | modifier le code]

Henri de Hornes est le second fils de Thierry de Hornes († après 1378) appartenant de la Maison de Hornes et de Catherine Berthout († 1380). Il est également le neveu de Arnould de Hornes. Il se marie d'abord avec Isabelle de Bueren[1]. En 1384, il se marie en secondes noces avec Marguerite de Rochefort, dame d’Ochain, fille de Wautier de Rochefort, seigneur de Haneffe et d'Ochain et d'Agnès de Houffalize. De ce mariage il eut quatre enfants[2] :

Fonctions[modifier | modifier le code]

En 1381, il est seigneur de Perwez et de Ternat et est nommé par Jean de Bavière sénéchal du pays de Liège et du comté de Looz[5]. Il est également conseiller d'Antoine de Brabant et est « drossard » de Brabant en 1405 et 1406[6].

La révolte des habitants de Liège[modifier | modifier le code]

La nature hautaine et autoritaire de Jean III de Bavière, prince-évêque de Liège, l'oppose aux Liégeois attachés à leur franchises et libertés acquises au fil du temps. Plusieurs incidents l'oppose à une faction radicale, les hait-droits[7]. En , ils nomment Henri de Hornes, seigneur de Perwez, mambour de la ville[8]. Malgré quelques tentatives d'apaisement, Jean III doit finalement se réfugier à Maastricht en 1406[9]. Henri de Hornes est à nouveau nommé mambourg le [6] et son fils Thierry, est nommé évêque par le pape d'Avignon Benoît XIII[10]. La plupart des villes de la principauté de Liège sont en révolte, à l'exception de Saint-Trond et Maastricht[11]. Saint-Trond est rapidement prise par les rebelles et Maastricht assiégée.

Dans ses difficultés, Jean de Bavière sollicite l'aide de sa famille et l'obtient d'autant plus facilement que le principal intéressé, Jean sans Peur, duc de Bourgogne et comte de Flandre, rêve d'asseoir sa domination sur la région.

Le , les armées de Bourgogne et de Hainaut font leur jonction à Montenaken, à cinquante kilomètres de Maastricht[12]. Les révoltés cessent le siège de Maastricht et retournent dans leurs villes respectives, sauf les habitants de Huy qui passent par Liège[13]. Henri de Hornes est conscient de la faiblesse de ses troupes par rapport aux soldats de métier réunis par Jean sans Peur et ses alliés. Il propose donc de répartir son armée dans les bourgs de la région afin de mener une guerre d'usure à l'armée bourguignonne. Les hait-droits refusent et l'obligent à se porter au-devant des assaillants. Henri de Hornes envisage alors d'attaquer immédiatement l'avant-garde de Guillaume de Hainaut qu'il sait éloignée du gros de l'armée de Jean sans Peur[14]. Ce dernier prend conscience de la situation, grâce à ses espions, et rassemble ses troupes[15].

Le , les Liégeois prennent position sur une petite colline de la plaine d'Othée au sud de Tongres rapidement aménagée de défenses. Ils disposent essentiellement d'hommes de pied, de quelques centaines de cavaliers et d'une centaine d'archers anglais[15],[16]. Au centre, se trouve le gonfanon de saint Lambert, censé protéger les troupes, avec le jeune comte Henri de Salm[N 1],[17]. Les meilleurs des troupes liégeoises placées en avant et celles moins expérimentées en arrière, protégées par un rempart de chariots[18]. En face s'aligne la fine fleur de la chevalerie de Flandre, de Hainaut, de Brabant et de Bourgogne[19]. Jean sans Peur détache un millier d'hommes de pied et quatre cents cavaliers, sous les ordres de Jean de Croÿ et du seigneur de Heilly, qui sont mis en réserve pour attaquer par le flanc une fois le combat engagé[20].

Henri de Perwez souhaite aller repousser la réserve bourguignonne avec ses sept cents cavaliers[21] mais sa proposition est refusée par les Liégeois qui s'imaginent que leur chef veut les abandonner[22]. Il rejoint donc avec les autres nobles la première ligne de la masse des troupes rebelles[18]. La charge bourguignonne est lancée à pied[23] sous les tirs d'artillerie liégeois[24]. Les nobles rebelles portent leurs efforts en direction de la bannière du duc[25]. Le choc des deux armées est brutal et nul ne peut prétendre en connaître l'issue jusqu'à l'attaque de l'arrière-garde liégeoise par la réserve bourguignonne, qui désorganise les troupes rebelles en les serrant de toutes parts, si bien que beaucoup périssent étouffés. 2 000 Tongrois menés par Jean de Hornes, l'autre fils de Henri de Hornes, viennent participer à la bataille qu'ils pensent à tort gagnée et subissent de lourdes pertes (environ trois cents morts ou prisonniers)[26]. Les Liégeois sont massacrés sur place, sur les ordres de Jean sans Peur qui avait interdit qu'on fît grâce à aucun prisonnier[27]. Henri et Thierry de Hornes[28], de même que les principaux nobles de l'armée liégeoise périssent dans la bataille. Jean de Hornes parvient à se retirer après la bataille[4].

La victoire de l'armée de Jean sans Peur est suivie d'une répression féroce. Outre les pertes sur le champ de bataille, Jean III, arrivé le lendemain de Maastricht, fait supplicier et exécuter les Hait-droits, les prêtres qui ont soutenu Thierry de Hornes, ainsi que les familles des nobles rebelles, dont la veuve d'Henri de Hornes[29]. Il gagnera le surnom de Jean sans Pitié[30],[31].

Toutes les chartes, franchises et libertés accordées à la cité de Liège doivent être à nouveau examinées par le prince-évêque, qui choisit lesquelles seront rendues à la ville[32]. Les notables de la ville (baillis, prévôts, maires) sont désormais nommés par l'évêque[33]. La cité doit payer une amende estimée à 220 000 écus[34].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Dont le père combat avec les Bourguigno-Hennuyers

Références[modifier | modifier le code]

  1. Gauthier 1985, p. 166.
  2. Gauthier 1985, p. 167-168.
  3. a et b Goethals 1848, p. 200.
  4. a b et c Goethals 1848, p. 201.
  5. Goethals 1848, p. 165.
  6. a et b Charlier 1985, p. 168.
  7. Kurth 1910, p. 16.
  8. Kurth 1910, p. 27.
  9. Kurth 1910, p. 40.
  10. Gerlache 1843, p. 127.
  11. Charlier 1985, p. 160.
  12. Charlier 1985, p. 185.
  13. Charlier 1985, p. 186.
  14. Vaughan 2002, p. 62-63.
  15. a et b Gerlache 1843, p. 131.
  16. Charlier 1985, p. 190.
  17. Charlier 1985, p. 188.
  18. a et b Polain 1866, p. 220.
  19. Gerlache 1843, p. 132.
  20. Vaughan 2002, p. 62.
  21. Coussement 1859, p. 83.
  22. Kurth 1910, p. 65.
  23. Kurth 1910, p. 64.
  24. Daris 1887, p. 69.
  25. Polain 1866, p. 221.
  26. Charlier 1985, p. 201.
  27. Gerlache 1843, p. 133.
  28. Jean Ier de Bourgogne, « Lettre du 25 septembre 1408 au duc de Brabant », dans Dom Urbain Plancher, Histoire générale et particulière de Bourgogne, t. 3, Dijon, (lire en ligne), Preuves de l'Histoire de Bourgogne, p. CCLXI-CCLXII
  29. Daris 1887, p. 72.
  30. Polain 1866, p. 224.
  31. Vaughan 2002, p. 63.
  32. Daris 1887, p. 73.
  33. Coussement 1859, p. 84.
  34. Daris 1887, p. 75.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Historiens belges du XIXe siècle[modifier | modifier le code]

  • Camille de Borman, Les Échevins de la souveraine justice de Liège, t. 1, L. Grandmont-Donders, , 504 p. (lire en ligne), p. 240-252Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Eugène Charles François Bernard Coussement, « Bataille des Liégeois contre les princes-évêques : Bataille d'Othée (22 septembre 1408) », dans Résumé des guerres et description des batailles dont les provinces actuelles de la Belgique ont été le théâtre depuis Jules-César jusqu'à nos jours, E. Guyot, , 200 p. (lire en ligne), p. 81-85Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Joseph Daris, Histoire du diocèse et de la principauté de Liége pendant le xve siècle, Liège, L. Demarteau, , xxvi-712 (lire en ligne), p. 52-77Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Étienne de Gerlache, Histoire de Liége, depuis César jusqu'à Maximilien de Bavière, Bruxelles, M. Hayez, , vii-299 (lire en ligne), p. 122-138Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Félix-Victor Goethals, Histoire généalogique de la maison de Hornes, Polack-Duvivier, , 256 p. (lire en ligne), p. 190-204 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Mathieu-Lambert Polain, « Jean sans Pitié ou la bataille d'Othée », dans Récits historiques sur l'ancien pays de Liège, Bruxelles, F.R. Gobbaerts, , 4e éd. (1re éd. 1847), 461 p. (lire en ligne), p. 205-224Document utilisé pour la rédaction de l’article

Historiens de la première moitié du XXe siècle[modifier | modifier le code]

  • Godefroid Kurth, chap. XVIII « Le conflit de deux absolutismes », dans La Cité de Liège au Moyen-Âge, t. III, Dewit, Cormaux et Demarteau, , VII-417 p. (lire en ligne), p. 1-76Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean Lejeune, La principauté de Liège, Éditions de l’ASBL Le Grand Liège, , 218 p. (présentation en ligne), p. 87-95
  • Henri Pirenne, Histoire de Belgique, vol. II : Du commencement du XIVe siècle à la mort de Charles le Téméraire, Bruxelles, Henri Lamertin, , 470 p. (lire en ligne), p. 255-262Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (de) Friedrich Schneider (de), Herzog Johann von Baiern, erwählter Bischof von Lüttich und Graf von Holland (1373–1425) : Ein Kirchenfürst und Staatsmann am Anfang des XV. Jahrhunderts, Berlin, , 250 p. (lire en ligne), p. 5-57
  • (de) Erich Wille, Die schlacht von Othée, 23. September 1408 (Doctorat délivré par l'université Frédéric-Guillaume de Berlin), , 74-XI p. (lire en ligne)

Historiens des XXe et XXIe siècles[modifier | modifier le code]

  • Hubert Carrier, « Si vera est fama : Le retentissement de la bataille d’Othée dans la culture historique au XVe siècle », Revue historique, vol. 3, no 601,‎ , p. 639-670 (DOI 10.3917/rhis.013.0639, lire en ligne)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Yves Charlier, « La bataille d'Othée et sa place dans l’histoire de la principauté de Liège », Bulletin de l'institut archéologique liégeois, t. XCVII,‎ , p. 138-278 (lire en ligne)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-Louis Kupper et Philippe George, Charles le Téméraire, de la violence et du sacré, éditions du Perron, , p. 13Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jacques Stiennon (dir.), Histoire de Liège, Toulouse, Éditions Privat, coll. « Univers de la France et des pays francophones », , 336 p. (présentation en ligne), p. 65-67
  • (en) Richard Vaughan, John the Fearless : The Growth of Burgundian Power, Boydell & Brewer, coll. « History of Valois Burgundy » (no 2), (1re éd. 1966), 224 p. (lire en ligne), chap. 3 (« Liège »), p. 49-66Document utilisé pour la rédaction de l’article

Lien externe[modifier | modifier le code]