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Combat de la Bataillère

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Combat de la Bataillère

Informations générales
Date
Lieu Entre Poilley et Le Châtellier
Issue Victoire des chouans
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
• Joré Aimé Picquet du Boisguy
Forces en présence
750 hommes
(selon les chouans)[1],[2]
900 hommes[1]
Pertes
33 morts au moins
(selon les chouans)[1],[2]
6 morts[1]
17 blessés[1]

Chouannerie

Batailles

Coordonnées 48° 26′ 22,5″ nord, 1° 14′ 23,5″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Combat de la Bataillère
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
(Voir situation sur carte : Bretagne (région administrative))
Combat de la Bataillère
Géolocalisation sur la carte : Ille-et-Vilaine
(Voir situation sur carte : Ille-et-Vilaine)
Combat de la Bataillère

Le combat de la Bataillère a lieu le , pendant la Chouannerie. Il s'achève par la victoire des chouans qui s'emparent d'un convoi républicain.

Le déroulement de ce combat est rapporté par l'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand, dans ses mémoires[Note 1]. Celui-ci le place à la date du [1],[2],[3].

Ce jour-là, d'après son récit, une colonne républicaine venue d'Avranches se met en marche pour Fougères afin d'escorter un convoi de grains réquisitionnés au bourg du Ferré[1],[2]. La ville de Fougères fait également sortir une partie de sa garnison afin de venir au-devant de ce convoi[1],[2].

Informés de ces mouvements, les chouans, commandés par Aimé Picquet du Boisguy, dressent une embuscade à La Bataillère, près du bourg du Châtellier, sur la route d'Avranches à Fougères[1],[2].

Forces en présence

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D'après Toussaint du Breil de Pontbriand, Aimé Picquet du Boisguy est à la tête d'environ 900 hommes lors de ce combat[1],[2]. Il divise sa troupe en deux groupes : le premier, commandé par lui-même, prend position au sud du village de La Bataillère, tandis que le second, mené par Michel Larcher-Louvières, est en embuscade au nord, de l'autre côté du village[1],[2].

Du côté des républicains, la colonne d'Avranches est forte de 400 hommes et celle de Fougères de 350 carabiniers à pied[1],[2]. Ce corps de carabiniers était arrivé à Fougères trois semaines plus tôt[3]. D'après Pontbriand, il était fort de 700 hommes commandés par le chef de bataillon Joré[1],[2]. Il estime que « s'il eût amené sa troupe entière, il eût probablement battu complètement la colonne Royaliste, mais il pensa que la moitié seulement lui suffirait »[1],[2].

Déroulement

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D'après le récit de Pontbriand, à 1 heure de l'après-midi, les chouans interceptent un émissaire républicain envoyé par le commandant de la colonne d'Avranches pour demander à Joré de presser la marche de sa troupe[1],[2]. Du Boisguy lui déclare alors : « Tu resteras avec nous pour voir la danse »[1],[2].

Peu après, la colonne d'Avranches fait son apparition au nord de La Bataillère et tombe dans l'embuscade[1],[2]. Larcher-Louvières se jette sur les républicains en leur sommant de se mettre bas les armes[1],[2]. Sur la grande route, les grenadiers de Boismartel, menés par Marie Eugène Charles Tuffin de La Rouërie et Julien Saulcet, dit Duval, font une décharge à bout portant[1],[2]. Les républicains prennent aussitôt la fuite en abandonnant quatre voitures chargées de grains[1],[2]. Du Boisguy décide de ne pas les poursuivre et Larcher-Louvières détache seulement une compagnie qui presse leur retraite, puis reprend sa position[1],[2].

Mais peu après, les carabiniers de Joré font leur arrivée sur la route de Fougères[1],[2]. D'après Pontbriand, ces « soldats d'élite » constituent un « ennemi plus redoutable »[1],[2]. Ceux-ci reconnaissent l'embuscade et Joré donne l'ordre d'attaquer à la baïonette, sans tirer[1],[2]. Les chouans, retranchés derrière les fossés des haies bocagères, font une décharge, mais les carabiniers l'essuient sans sourciller et lancent un assaut en franchissant les fossés avec assez de vivacité pour que les chouans n'aient pas le temps de recharger leurs fusils[1],[2]. Un combat au corps-à-corps s'engage alors[1],[2]. D'après Pontbriand : « les combattants étaient si près les uns des autres et si mêlés pendant l’action, qu’ils ne pouvaient faire usage de leurs armes, ce qui fut cause qu’il n’y en eut que peu à périr dans ce moment »[1],[2].

Pontbriand rapporte également qu'Aimé Picquet du Boisguy manque de peu d'être capturé lors de cet affrontement : « Du Boisguy en saisit un [un soldat] qu'il somma de se rendre, mais cet homme, doué d'une force extraordinaire, le prit lui-même d'un seul bras, par le milieu du corps, et l'emportait ainsi au milieu des carabiniers ; il était perdu sans le courage de Jean Tréhel, de Laignelet, qui, voyant le danger de son général, se précipite sur le carabinier, le renverse d’un coup de baïonnette, au milieu des siens, et délivre ainsi du Boisguy d’un des plus grands dangers qu’il ait courus »[1],[2].

Les combats au corps-à-corps commencent à tourner à l'avantage des carabiniers, mais les hommes de Larcher-Louvières rejoignent le combat et commencent à envelopper les républicains sur leurs ailes[1],[2]. Joré donne alors l'ordre de la retraite, mais celle-ci ne peut s'effectuer en bon ordre à cause de la proximité des combattants et les républicains prennent la fuite en désordre[1],[2]. Les chouans se lancent à leur poursuite, mais la garnison de Fougères fait une sortie et rallie les fuyards aux buttes de la Houlette, au nord de la ville[1],[2]. Du Boisguy n'ose pas recommencer le combat et se retire avec ses hommes[1],[2]. Les combats s'achèvent après avoir duré deux heures[1],[2].

Selon Toussaint du Breil de Pontbriand, les républicains perdent au moins 33 hommes lors du combat, tandis que les chouans ont six mort et dix-sept blessés[1],[2].

Notes et références

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  1. « La ville de Fougères manquait de grains ; une colonne de quatre cents hommes avait été en chercher sur la paroisse du Ferré ; elle venait d’Avranches et était chargée d’escorter ces grains ; une partie de la garnison de Fougères devait venir au-devant d’elle. Du Boisguy, ayant été informé de cette opération, résolut d’enlever le convoi et de battre la garnison de Fougères. Il plaça Louvières, avec une partie de ses troupes, près du village de la Bataillère, où il les fit embusquer, et alla se poster avec le reste de l’autre côté du village. Il avait environ neuf cents hommes.

    Vers 1 heure après midi, on lui amena un individu arrêté comme suspect ; il l’interrogea et apprit de lui que l’officier chargé de l’escorte du convoi, qui était fort près, craignant d’être attaqué, l’avait envoyé presser la marche des troupes de Fougères. « Tu resteras avec nous pour voir la danse » lui dit du Boisguy. Elle commença bientôt car, malgré la défiance du commandant, le convoi et l’escorte se trouvèrent au milieu de l’embuscade de Louvières, sans l’avoir aperçue : « Bas les armes ! » s’écria ce chef d’une voix terrible, « ou vous êtes tous morts. » Au même moment, Tuffin et Duval parurent au milieu de la grande route avec les grenadiers de Boismartel, et firent leur décharge à bout portant. Cette attaque subite répandit la terreur parmi les Républicains, qui prirent la fuite, abandonnant quatre voitures chargées de grains. Du Boisguy défendit de les poursuivre ; Louvières détacha seulement une compagnie pour presser leur retraite et reprit sa position.

    Du Boisguy put se féliciter d’avoir conservé toutes ses troupes, car bientôt il eut sur les bras un ennemi plus redoutable ; c’était le chef de bataillon Joré, qui était arrivé la veille avec sept cents carabiniers. S’il eût amené sa troupe entière, il eût probablement battu complètement la colonne Royaliste, mais il pensa que la moitié seulement lui suffirait, et il n’avait pris que trois cent cinquante hommes. Aussitôt que Joré eut reconnu l’embuscade, il ordonna l’attaque à la baïonnette, sans tirer ; ses carabiniers, qui étaient tous soldats d’élite, reçurent la première décharge sans s’ébranler et franchirent si rapidement les fossés qui les séparaient des Royalistes, qu’un très petit nombre avaient eu le temps de recharger leurs armes. On se battit au corps à corps ; ces braves soldats se faisaient tuer plutôt que de reculer d’un pas ; du Boisguy en saisit un qu’il somma de se rendre, mais cet homme, doué d’une force extraordinaire, le prit lui-même d’un seul bras, par le milieu du corps, et l’emportait ainsi au milieu des carabiniers ; il était perdu sans le courage de Jean Tréhel, de Laignelet, qui, voyant le danger de son général, se précipite sur le carabinier, le renverse d’un coup de baïonnette, au milieu des siens, et délivre ainsi du Boisguy d’un des plus grands dangers qu’il ait courus.

    Cependant le combat continuait avec acharnement, et les Royalistes, quoique les plus nombreux, auraient peut-être succombé, sans l'arrivée de Louvières, qui, avec toute sa troupe, menaçait d’envelopper les carabiniers. Joré, voyant la partie si inégale, ordonna la retraite ; mais il était trop tard pour la faire en bon ordre. Ses soldats, pressés de tous côtés, ne purent reprendre leurs rangs et furent obligés de fuir en désordre ; leur intrépide chef les suivit en frémissant, et la troupe entière eût peut-être été détruite, sans l’arrivée du reste des carabiniers et d’une partie de la garnison de Fougères, qui reçurent cette troupe fugitive aux buttes de la Houlettes, où du Boisguy n’osa recommencer le combat.

    La lutte avait duré deux heures. Joré avait perdu vingt-deux hommes à la première décharge, onze seulement furent tués pendant l’action, où l’on se battait au corps à corps ; un assez grand nombre périt dans la déroute. La perte des Royalistes fut de six hommes tués et dix-sept blessés, parmi lesquels Julien Coquelin, du Loroux, Julien Evaux et Noël Clossais de Parigné ; Pierre Roulaux, de La Chapelle-Saint-Aubert, et Jean Chénais, de Fougères, le furent grièvement.
    Le commandant Joré et ses carabiniers rendirent justice aux Royalistes, mais ils disaient que, sans l’arrivée de Louvières, ils auraient pris du Boisguy et détruit sa troupe entière. Les combattants étaient si près les uns des autres et si mêlés pendant l’action, qu’ils ne pouvaient faire usage de leurs armes, ce qui fut cause qu’il n’y en eut que peu à périr dans ce moment[2],[1]. »

    — Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand

Références

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  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah et ai Le Bouteiller 1988, p. 451-452.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae et af Pontbriand 1897, p. 196-199.
  3. a et b Pontbriand 1904, p. 169-173.

Bibliographie

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  • Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 629 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article