Assolement triennal

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Schéma d'une ferme médiévale danoise, montrant le principe de l'assolement triennal. Auteur : Sten Porse

L'expression assolement triennal, traduite de l'allemand Dreifeldersystem, apparaît au début du XIXe siècle (Thaër, 1811) pour nommer une invention du Moyen Âge dans les régions tempérées atlantiques d'Europe du Nord, où ce type d'assolement exploite mieux la terre et le travail des attelages que l'assolement biennal des régions méditerranéennes, jusque-là en vigueur.

L'assolement triennal fait partie d'un système agraire où la terre cultivée (ager) est divisée en trois soles. Cet assolement est typique des pays dont une année est nommée « jachère ».

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

L'assolement triennal suppose la division du finage cultivé en trois soles : une sole de céréale d'hiver (majoritairement du blé), une sole de céréale de printemps (orge, avoine) ou de légumineuse et une sole de jachère.

Une variante, fréquente de nos jours en Belgique, comprend une sole de céréales (blé, orge, …) à racines fasciculées qui n'épuisent le sol qu'en surface, une sole de cultures à racine pivotante (betteraves…) qui vont chercher en profondeur ce que les céréales de l'année précédente ont laissé et une sole de légumineuses à azotobactéries (haricots, trèfle, …) qui transforment l'azote de l'air en « engrais azoté naturel ».

Le cycle débute par la jachère, mot qui désignait l'ensemble des façons culturales (labours) de printemps et d'automne préparant le semis d'une céréale d'hiver (blé ou seigle, appelée hivernage ou yvernail, gros blé...), semée à l'automne et récoltée en juin ou juillet de l'année suivante. Les chaumes sont ensuite livrés aux habitants qui exercent leur droit d'usage : glanage des grains, vaine pâture. À la sortie de l'hiver, au mois de mars de l'année suivante, une culture de printemps – céréale ou légumineuse, appelée mars, carême, trémois, petit blé, menu grain (Vouette, 2010)... – est semée et récoltée en juillet. Les chaumes sont à nouveau laissés aux habitants et aux troupeaux.

On peut illustrer ce fonctionnement avec le tableau suivant[1]:

Années Sol 1 Sol 2 Sol 3
1 Blé d'hiver Les « mars » Jachère
2 Les « mars » Jachère Blé d'hiver
3 Jachère Blé d'hiver Les « mars »


L'assolement triennal permet de mieux répartir le travail du sol et les récoltes pendant l’année puisque les deux parcelles cultivées sont semées et récoltées à des moments différents[2]. Cette pratique permet également de diversifier la production en cultivant des espèces qui ne demandent pas les mêmes minéraux dans le sol; on peut donc semer une parcelle deux années consécutives sans appauvrir le sol puisque les deux cultures ont des besoins différents[3]. Cette utilisation plus optimale de la terre permet la culture des légumineuses, source de protéines pour les habitants et le bétail, ainsi que des céréales de printemps comme l’avoine. L’utilisation de plus en plus importante des chevaux comme animaux de trait justifie les besoins en avoine des paysans[3].

Étendue[modifier | modifier le code]

En France, l'assolement triennal concernait le bassin parisien, les plaines d'Alsace et de Garonne, le Poitou. Au niveau européen on le retrouve surtout dans le nord, en Angleterre, dans les Provinces-Unies (futurs Pays-Bas et Belgique), en Allemagne et dans les terres noires d'Ukraine. Il laisse la place progressivement à des modes plus modernes d'exploitation, avec aménagement, puis disparition de la jachère.

Historique[modifier | modifier le code]

L'assolement triennal fonctionnait de manière collective dans la plupart des terroirs. Son fonctionnement est conditionné à l'existence d'un saltus (friche, lande) à proximité, ou d'une forêt pour le renouvellement de la fertilité par l'élevage. Historiquement, la pratique de cet assolement est contemporaine de l'introduction de la charrue en Europe vers le IXe siècle : sa généralisation a permis la phase d'extension agraire et les défrichements des Xe, XIe et XIIe siècles. L'assolement triennal est toutefois pratiqué dès le XIIIe siècle dans certaines régions de l'Europe[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Marc Bloch, Les Caractères originaux de l'histoire rurale française, Oslo, 1931, p. 31.
  2. Samuel Leturcq, La vie rurale en France au Moyen Âge, Paris, Armand Colin, , p. 44
  3. a et b Jean Gimpel, La révolution industrielle du Moyen Âge, Paris, Éditions du Seuil, , p. 55
  4. Jean Gimpel, La révolution industrielle du Moyen Âge, Paris, Éditions du Seuil, , p. 60

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]