Alfred Remy

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Alfred Remy
Fonctions
Avocat
En fonction depuis
(119 ans)
Substitut du procureur du roi à Termonde
Prédécesseur P. Van Houwer
Successeur L. Legot
Directeur Général de la Sûreté publique

(7 ans et 11 mois)
Administrateur général de la Sûreté publique
Prédécesseur Louis Gonne
Successeur René Beltjens
Avocat général à la cour d'appel de Gand

(9 ans et 4 mois)
Procureur-général à la cour d'appel de Gand

(85 ans, 7 mois et 10 jours)
Prédécesseur Chevalier Elewijck
Biographie
Nom de naissance Alfred Hercule Remy
Date de naissance
Lieu de naissance Gand (Belgique)
Date de décès (à 63 ans)
Lieu de décès Tronchiennes-les-Gand
Nationalité Drapeau de la Belgique Belgique
Profession Magistrat

Alfred Rémy (né à Gand le , mort le ) est un magistrat belge. Entre 1927 et 1929, il assure le poste d’administrateur général de la Sûreté publique. En 1929, il devient avocat-général à la cour d’appel de Gand puis, en 1938, procureur-général près la cour d’appel de Gand[1].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Alfred Hercule Rémy est issu d’une famille bourgeoise catholique. Il est né le à Gand. Son père, Isidore Jean Rémy, est inspecteur vétérinaire à Destelbergen et directeur de l'abattoir de Gand. Sa mère, Sophie Van Steenberghe, est rentière. Il est le cadet de la famille. Son frère, Oswald Rémy, né le , entre dans l’armée en 1894. La langue parlée à la maison est le français mais Alfred Rémy maîtrise également le néerlandais[2].

En 1900, Alfred entreprend des études de droit à l’université de Gand. Il commence par deux années préparatoires en philosophie et lettres. Entre 1903 et 1905, après le décès de son père, il réalise trois années de doctorat en droit. Dès 1905, Alfred Rémy travaille en tant qu’avocat à Destelbergen[3].

Alfred Rémy reste célibataire jusqu’au , date à laquelle il épouse à Gand Hélène Marie Henriette Van de Calseyde (°1914), fille de Albert Van de Calseyde, médecin, et Maria Lombaert. Oswald Rémy et Paul Van de Calseyde, frères des mariés, en sont les témoins. À la date du mariage, les parents d’Alfred Rémy sont tous deux décédés et Hélène Van de Calseyde vit avec sa mère veuve[4]. Trois enfants sont issus de ce premier et unique mariage : Jean (°1931), Ghislaine (°1934) et Michel (°1941). Cependant, jusqu’à la mort d’Alfred Rémy, la famille héberge également un quatrième enfant, André Rémy (°1913), fils de Céline Kielemoes. Né hors-mariage le , il est le premier fils d’Alfred Rémy, qui le reconnaît en 1932[5].

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Dès la fin de ses études, Alfred Rémy travaille en tant qu’avocat au barreau de sa ville natale. Le , il succède à P.Van Houwer au poste de substitut du procureur du roi à Termonde et exerce cette fonction jusqu'au début de la guerre qui éclate en août 1914[6]. En , il se porte volontaire de guerre. Le , il accède au poste de substitut de l’auditeur militaire en campagne puis, devient auditeur militaire en campagne, le . Il quitte l’armée, le , et reprend, à son retour, le poste de substitut du procureur du roi pour une durée de six mois[7].En , il devient directeur général de la sûreté publique aux côtés de Louis Gonne, administrateur général de la sûreté publique. Il assure ce poste pendant huit années consécutives et devient administrateur général de la Sûreté publique le . En , après deux ans passés au poste d’administrateur général de la Sûreté publique, Alfred Rémy démissionne pour devenir avocat-général à la cour d’appel de Gand[8]. Il est remplacé à la sûreté publique par le baron René Beltjens. Le , il est nommé Procureur général à la cour d’Appel de Gand et reprend alors le poste du Chevalier Elewijck, atteint par la limite d'âge[9].

Sûreté publique[modifier | modifier le code]

Alfred Rémy est nommé directeur général de la Sûreté publique en . En cet avocat de formation devient administrateur général de la Sûreté publique et occupe ce poste pendant deux ans[10]. Durant cette courte période, il contribue à renforcer les mesures prises à l’égard des étrangers sur le sol belge.

Politique de gestion de la Sûreté publique[modifier | modifier le code]

Dès 1928, l’arrivée en masse de main-d’œuvre étrangère se fait fortement ressentir en Belgique. Le ministre du travail, Hendrik Heyman, craint un chômage national et propose deux mesures. D’abord, il souhaite pouvoir expulser tous les travailleurs étrangers qui auraient immigré illégalement. Mais cette proposition n'est pas suivie par le Ministre libéral de la justice, Paul-Emile Janson. À cette époque, tous les étrangers sont en droit de recevoir le statut de résident quatre mois après leur date d’arrivée en Belgique. Si aucune plainte n’est adressée à la Sûreté publique à leur sujet, ils obtiennent une carte d’identité. Ensuite, Hendrik Heyman demande que seuls les étrangers qui présentent un contrat de travail validé par le ministère du travail soient autorisés à recevoir un visa. Cette idée est prise en compte par le gouvernement. Mais, en pratique, les travailleurs étrangers de l'époque n’ont pas de difficultés à s’installer en Belgique. Tous les contrats de travail sont acceptés. Cette immigration est même considérée comme bénéfique pour l’économie belge[11].

En , Alfred Rémy demande une augmentation du personnel de la Sûreté publique. Il justifie cette proposition par le fait que, entre 1926 et 1927, le nombre de dossiers ouverts par la Sûreté publique est passé de 36 000 à 43 000. Il explique également que les nouvelles mesures de contrôle des étrangers demandent plus de temps et que l'approche du Centenaire de l'Indépendance de la Belgique ne doit pas être oubliée. Cette fête amènera des contingents dont il faudra surveiller les agissements. Il est donc nécessaire, selon lui, de commencer à former de nouveaux agents assez tôt. Il précise que leur réputation doit être connue et propose de désigner ces personnes parmi les agents des prisons[12].

Dans le courant de l’année 1929, les autorités belges commencent à renforcer les mesures de contrôle prises à l’égard des étrangers. Les immigrants illégaux sont désormais soumis à une amende. Et, sur demande d’Alfred Rémy, tout étranger arrivant sur le sol belge doit être annoncé à la Sûreté publique par les autorités municipales. Dès 1929, ces dernières sont dans l’obligation d’attendre l’approbation de la Sûreté avant de délivrer une carte d’identité à un étranger. En réalité, ces mesures sont uniquement prises pour lutter contre les extrémistes politiques et les étrangers détenant un casier judiciaire. Elles sont d'ailleurs rapidement renforcées avec la montée en puissance du communisme. 58 étrangers sont expulsés par la Sûreté publique pour des raisons politiques entre 1925 et 1927. Entre 1928 et 1930, ce nombre monte jusqu'à 593[11].

Démission[modifier | modifier le code]

En , l'affaire du faux d'Utrecht, impliquant la Sûreté militaire belge, éclate en Belgique[13]. Cet événement provoque de nombreux changements au sein de la Sûreté publique belge. En effet, la Sûreté militaire est supprimée et reprise par la Sûreté publique[14]. Alfred Rémy démissionne juste après cette affaire pour retourner dans sa ville natale et accéder au poste d'avocat général de la cour d'appel de Gand. Il ne prend pas en charge l'organisation de la réorganisation de la Sûreté et laisse sa place au baron René Beltjens qui commence par réorganiser l'entièreté de la Sûreté. Avant son départ, Alfred Rémy annonce sa démission et envoie de nombreuses lettres aux pays avec lesquels il était en contact durant son passage à la Sûreté publique (France, Italie, Espagne, Luxembourg) et est remercié pour les « bonnes relations » entretenues au long de son mandat[12].

Mort[modifier | modifier le code]

À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, Alfred Rémy est accusé de collaboration et est fortement critiqué par la presse. Il est mis en congé d'office et une enquête est ouverte au sujet de ses activités pendant la guerre. Le , il est retrouvé mort dans la Lys, à Tronchiennes-les-Gand[15]. Dans la presse, on parle de mort accidentelle et les enquêtes relatives à ses activités de collaborateur sont abandonnées. L’enterrement se déroule au sein de l’église Saint-Paul à Gand le dans la plus grande intimité sur demande de la famille et Alfred Rémy est enterré aux côtés de son père, sa mère et sa tante, Hélène Rémy, au cimetière de Ledeberg[16].

Décorations et distinctions honorifiques[modifier | modifier le code]

Dans le courant de sa vie, Alfred Rémy a reçu de nombreuses décorations et distinctions honorifiques[8] :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Frank Caestecker, Alien policy in Belgium, 1840-1940 : the creation of guest workers, refugees and illegual aliens, New York, .
  • (nl) Herman Balthazar, Jan Caudron, Johan Decavele, Christian Vandewal et Stéphane Beel ((dir.)), De tempel van Themis : Gent. 160 jaar gerechtsgebouw en rechtspraktijk, Gand, .
  • (nl) Marc Cools, Koenraad Dassen et Robin Libert (dir.), De staatsveiligheid : essays over de 175 jaar veiligheid van de Staat, Bruxelles, .
  • Marc Cools, Patrick Leroy, Robin Libert, V. Pashley, David Stans, Eddy Testlemans et Kathleen Van Acker, 1915-2015 : l’histoire du service de renseignement militaire et de sécurité belge, Maklu, .
  • Emmanuel DEBRUYNE & Maria MEYER, Alfred Rémy et son passage à la Sûreté publique (1919-1929), in: Marc Cools e.a., Methodologie inlichtingenstudies (Liber amicorum Guy Raspaille), Oud Turnhout/Den Bosch, Gompels &Svacina, 2018.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (nl) Herman Balthazar, Johan Decavele, Christian Vandewal et Stéphane Beel, De tempel van Themis : Gent. 160 jaar gerechtsgebouw en rechtspraktijk, Gand, , p. 155.
  2. Archives du musée royal de l’armée (Bruxelles), dossier personnel d’Oswald Rémy (DO 02548), fiche de proposition pour le grade de sous-lieutenant d’administration des cadres actifs, 15 février 1926.
  3. Archives de l’université de Gand, extraits des registres d’inscriptions pour les années 1900-1905.
  4. Archives communales de la ville de Gand, registres des mariages, acte de mariage d'Alfred Rémy et Hélène Van de Calseyde.
  5. Archives communales de la ville de Gand, registres de population, Extrait relatif à Alfred Rémy.
  6. « Remy, A. », sur Digithemis (consulté le ).
  7. Archives du Musée Royal de l’armée (Bruxelles), dossier personnel d’Alfred Rémy (6310040), feuillet de matricule et de punition.
  8. a et b Archives Générales du Royaume (Bruxelles), Fonds du Ministère de la justice, Police des étrangers (Deuxième versement), inventaire I 417, no 24, dossier personnel d'Alfred Rémy.
  9. Archives Générales du Royaume, Fonds du ministère de la Justice, dossiers de nominations des magistrats, nomination de Alfred Rémy au poste de Procureur général à la cour d'appel de Gand.
  10. Marc Cools, Koenraad Dassen et Robin Libert, De staatsveiligheid : essays over de 175 jaar veiligheid van de Staat, Bruxelles, .
  11. a et b (en) Frank Caestecker, Alien policy in Belgium, 1840-1940 : the creation of guest workers, refugees and illegal aliens, New York, , p. 114-115.
  12. a et b Archives générales du Royaume (Bruxelles), Fonds du ministère de la justice, police des étrangers (deuxième versement), inventaire I 417, no 23, demande d'augmentation du personnel de la Sûreté publique.
  13. « Le Faux d'Utrecht », sur digithemis.be (consulté le ).
  14. Archives Générales du Royaume (Bruxelles), Fonds Henri Jaspar, no 248, Affaire du faux d'Utrecht.
  15. Archives générales du Royaume (Bruxelles), Fonds du ministère de la Justice, dossiers disciplinaires des magistrats, activités d'Alfred Rémy durant la guerre.
  16. (nl) « Rustplaats van Rémy », sur begraafplaatsen.stad.gent (consulté le ).