Adrien Borel

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Adrien Borel
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Adrien Alphonse Alcide Borel, né le à Paris (6e) et mort le à Beaumont-lès-Valence[1], est un psychiatre français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de Joseph Adrien Alphonse Borel, médecin ardéchois et petit-fils d'un pharmacien de Crest, il fait ses premières études à Privas et à Lyon où il obtient son baccalauréat[2]. Il fait ses études de médecine à Paris où il devient interne en 1908 aux hôpitaux de Sainte-Anne et de Bichat, avant de décrocher son titre en 1913[3]. Sa thèse de médecine, soutenue en 1913, est intitulée « Contribution à l'étude des réflexes dans la démence précoce »[4].

Pendant la Première Guerre mondiale, il est gravement blessé aux combats en 1915, où il servait comme chirurgien-auxiliaire[5]. Il suit un début de psychanalyse auprès de René Laforgue, et devient ensuite un des premiers à pratiquer la cure psychanalytique en France ; de plus, il s'intéresse aux arts et surtout à la littérature. Il est en particulier proche des surréalistes, partageant avec eux un intérêt pour l'inconscient, le rêve éveillé - il écrit notamment Les Rêveurs éveillés (Gallimard, 1925), en collaboration avec Gilbert Robin.

Dès le milieu des années 1920, il devient le psychothérapeute de plusieurs écrivains, comme Michel Leiris ou Georges Bataille, entre autres, avant de cesser de pratiquer l'analyse[3]. Sa rencontre avec Bataille fut capitale, surtout pour l'écrivain, et les deux hommes restèrent amis toute leur vie. C'est à la suite de son analyse avec Borel que Bataille écrira Histoire de l'œil, son premier ouvrage, paru anonymement en 1928 sous le pseudonyme de Lord Auch et distribué sous le manteau[6]. Au cours de son analyse, le psychiatre communiqua à Bataille des photographies du supplicié chinois Fou-Tchou Li, découpé vivant en cent morceaux (supplice du lingchi). Ces images qui eurent sur lui, d'après ses propres termes, une « valeur infinie de renversement », Bataille les évoque une première fois dans son essai L'Expérience intérieure (1943), et les publie trente-cinq ans plus tard dans Les Larmes d'Éros (1961)[7].

En 1926, Adrien Borel est membre fondateur de la Société psychanalytique de Paris qu'il préside de 1932 à 1934, avant d'en démissionner après la guerre[3],[8].

En 1950, Adrien Borel interpréta, sous le pseudonyme "André Guibert", le rôle du Curé de Torcy dans Le journal d'un curé de campagne de Robert Bresson, d'après le roman de Georges Bernanos[3].

De 1949 à 1955, il exerça à l'Hôpital Bichat chez le professeur Guy Laroche, chef de service[3].

En 1957, il présida la Société médico-psychologique qu'il avait rejoint en 1923[3].

Bon vivant et proche de ses patients, confident et ami des artistes, il est considéré comme un « psychiatre cultivé et humaniste »[2],[3],[9].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Contribution à l'état des réflexes ds la démence précoce, thèse de médecine, Paris, 1913.
  • « Le masque symbolique d'une bouffée délirante chez une jeune fille de 18 ans », Le Disque Vert, (Bruxelles), n° spécial, 1924, p. 100-108. scan
  • En collaboration avec Gilbert Robin, « Les rêveurs. Considérations sur les mondes imaginaires », L’Évolution psychiatrique, vol. 1,‎ , p. 155-192 (lire en ligne).
  • En collaboration avec Gilbert Robin, Les Rêveurs éveillés, Paris, Gallimard, coll. « Les Documents bleus », , 218 p.
  • « L'obsession », Revue Française de Psychanalyse, (Paris), Vol. 5, no 4, 1932, p. 586-648.
  • « Originalité de la psychothérapie analytique », Le Journal de Médecine Française 1933, 22: p. 134-37.
  • « La Pensée magique dans l’art », Revue Française de Psychanalyse, vol. 7, no 1,‎ , p. 66-83 (lire en ligne).
  • « L'expression de l'ineffable dans les états psychopathiques », Évolution Psychiatrique, 1934, Vol. 4, no 2, p. 35-53.
  • « Les convulsionnaires et le diacre Paris », Evolution psychiatrique, vol. 4,‎ .
  • « Le symptome mental : valeur et signification », Evolution psychiatrique, vol. 1,‎ , p. 105-122.
  • « Quelques résultats de lobotomie », Évolution Psychiatrique, 1949, no 4, p. 517-521.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives départementales de Paris en ligne, acte de naissance n°6e/804/1886, avec mention marginale du décès
  2. a et b Pierre Vallier, « Le docteur Adrien Borel : un grand médecin et un artiste », Le Dauphiné Libéré,‎
  3. a b c d e f et g Jean-Pierre Bourgeron, Marie Bonaparte et la psychanalyse à travers ses lettres à René Laforgue et les images de son temps, Genève, Slatkine, , p. 111 notice biographique
  4. « Thèse d'Adrien Borel », sur Système Universitaire de Documentation (consulté le )
  5. (en) « Adrien Alphonse Alcide Borel », sur Answers (consulté le )
  6. Bataille le mentionne sans le nommer dans la partie finale du livre, intitulée « Coïncidences » : il est cet ami « médecin » qui lui indique la vraie couleur des testicules des taureaux, de forme ovoïde comme le globe oculaire. Sur Adrien Borel, voir Élisabeth Roudinesco, « Bataille entre Freud et Lacan : une expérience cachée », dans Georges Bataille après tout, dir. Denis Hollier, Belin, 1995, p. 191-212.
  7. « Je possède, depuis 1925, un de ces clichés [...] Il m'a été donné par le Docteur Borel, l'un des premiers psychanalystes français. Ce cliché eut un rôle décisif dans ma vie. », Les Larmes d'Éros, Jean-Jacques Pauvert, coll. « Bibliothèque Internationale d'Érotologie », 1961, p. 238.
  8. « Galerie de portraits de la psychanalyse française », sur Association Européenne des Jeunes Chercheurs en Psychopathologie et Psychanalyse (consulté le )
  9. Nadine Mespoulhès, « Alphonse, Alcide, Adrien Borel "le latitudinaire" (1886-1966) », L’Évolution Psychiatrique, no 4 (Vol. 57),‎ , p. 753 à 769

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Adrien Borel (1886-1966) », Annales médico-psychologiques, vol. 124, no 5,‎ , p. 645-647 (lire en ligne).
  • Jean-Pierre Bourgeron : article sur Adrien Borel (1886-1966), Revue française de psychanalyse, 1997, tome 61, no 2, p. 685-686.
  • Jean-Pierre Bourgeron, Marie Bonaparte et la psychanalyse à travers les lettres à René Laforgue et les images de son temps, Genève, Éditions Slatkine, 1993.
  • Alain de Mijolla, Freud et la France, 1885-1945, Paris, Presses Universitaires de France, 2010 (ISBN 978-2-13-054515-6)
  • Nadine Mespoulhès, article « Borel, Adrien Alphonse Alcide », p. 221-222, in Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse 1. A/L. Calmann-Lévy, 2002, (ISBN 2-7021-2530-1).
  • Élisabeth Roudinesco & Michel Plon, Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Librairie Arthème Fayard, 2006, 3e édition [voir entrée "Borel Adrien"].

Liens externes[modifier | modifier le code]