Abbaye de Corbion

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Abbaye de Corbion
Présentation
Destination initiale
Rattachement
Fondation
vers 600
Diocèse
Dédicataire
Période
Destruction
Religion
Ordre religieux
État de conservation
Détruite
Localisation
Pays
Département
Commune

L’ancienne abbaye bénédictine de Corbion[Note 1], parfois appelée abbaye Saint-Lomer de Corbion, est située dans la commune actuelle de Moutiers-au-Perche, dans le département de l'Orne, en Normandie. Fondée à la fin du VIe siècle sur le site supposé de l'ermitage de Laumer, elle a été détruite en 873 lorsque le nord-ouest de la Neustrie a été ravagée par des raids vikings d'Hasting.

L'abbaye Saint-Laumer de Blois, en Loir-et-Cher, a néanmoins été fondée par des héritiers de Corbion fuyant sa destruction et a perduré jusqu'à sa dissolution pendant la Révolution de 1789.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le monastère de Corbion[modifier | modifier le code]

Après être venu se retirer dans le Perche pour vivre une vie d'ermite, Laumer s'entoura de disciples et ensemble ils fondèrent un monastère entre les années 573 et 613[1]. Selon la tradition, ce monastère est d'ailleurs le premier du genre à apparaître dans la région[1], expliquant l'actuelle dénomination de Moutiers-au-Perche (Moutiers étant une dérivation du mot monastère).

L'exil[modifier | modifier le code]

L'abbaye est cependant victime en 873 des raids vikings qui ravagent la Normandie[2]. Les moines décident alors de fuir la région et trouvent refuge sur les bords de la Loire, à la chapelle Saint-Calais du château médiéval de Blois, où ils rejoignent des bénédictins dans la même situation et qui s'étaient déjà établis depuis 866[3], avec la bénédiction des comtes de Blois et rois des Francs[4].

La consécration de l'abbaye Saint-Laumer[modifier | modifier le code]

Alors que le comté blésois se dote d'un seigneur distinct du souverain des Francs au début du siècle suivant, les bénédictins de Saint-Calais et de Saint-Laumer sont priés de déplacer leurs quartiers de l'enceinte du château ; le roi Raoul leur concède ainsi, sur requête du vicomte Thibaud l'Ancien, l'église Saint-Lubin ainsi que les droits féodaux sur le faubourg du Foix[5],[6], situés en contrebas de la motte castrale[7]. Après l'incendie qui consume cette chapelle en 1114, les moines érigent une abbaye nommée en l'honneur de leur saint, l'abbaye Saint-Laumer de Blois[8], dont le prestige ne se dissolvera qu'à la Révolution, au XVIIIe siècle[2].

Lors de leurs premiers siècles de séjour à Blois, les abbés de Saint-Laumer se sont souvent revendiqués comme étant de Corbion, au moins jusqu'à la construction de l'abbaye blésoise au XIIe siècle et l'affirmation de son importance dans le comté de Blois-Champagne, mais également dans le Perche et en Auvergne (voir la liste des dépendances de l'abbaye Saint-Laumer de Blois)[2].

Retour au village[modifier | modifier le code]

Peu après le retour du comte Rotrou III du Perche de la première croisade, à la toute fin du XIe siècle, les moines de l'abbaye Saint-Laumer de Blois obtiennent un certain nombre de privilèges pour rétablir une vie monastique sur le berceau de leur fondateur[9]. Une partie d'entre eux revient dans le Perche et rétablit les bâtiments près de la Corbionne et, les moines, aidés des villageois construisent une grande église, nommée église Notre-Dame du Mont-Harou, à flanc de coteau[9].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Jusqu'au Moyen Âge, le village de Moutiers-au-Perche était appelé Corbion.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, Société historique et archéologique de l'Orne, (lire en ligne)
  2. a b et c Noël Mars, Histoire du Royal Monastère de Saint-Lomer de Blois de l'Ordre de Saint-Benoît, recueillie fidèlement des vieilles chartes du même monastère, Manuscrit de la Bibliothèque publique de Blois, 1646, republié en 1869 textuellement avec notes, additions et tables d'Alexandre Dupré (lire en ligne)
  3. M.-Th. Picard-Schmitter, « Review of Le trésor de Saint-Calais, Étude historique et archéologique sur la découverte des reliques et du suaire de Carilephus », Revue Archéologique, vol. 46,‎ , p. 115–117 (ISSN 0035-0737, lire en ligne, consulté le )
  4. Louis de La Saussaye, Essai sur l'origine de la ville de Blois, et sur ses accroissements jusqu'au Xe siècle, , 68 p. (ISBN 978-2-014-50888-8, lire en ligne)
  5. (la) Chartularium Launomarense (charte de fondation de Saint-Laumer de Blois), 924 – citée et expliquée par Martin Bouquet, dans Recueil des historiens des Gaules et de la France – repris par Constant Leber, dans Collection des meilleurs dissertations, notices et traités particuliers relatifs à l'Histoire de France, tome 6, chez G.-A. Dentu, 1838, 511 p. (lire en ligne), pp.  138–140.
  6. (la) Chartularium Launomarense (charte de fondation de Saint-Laumer de Blois), 924 – reprise dans la Gallia Christiana, 1744, tome 8 (lire en ligne), col. 1351.
  7. Louis de La Saussaye, Histoire du Château de Blois, (lire en ligne), p. 53-56
  8. Dr Frédéric Lesueur, « L'église abbatiale de Saint-Lomer de Blois », Bulletin Monumental, vol. 82, no 1,‎ , p. 36–65 (DOI 10.3406/bulmo.1923.11728, lire en ligne, consulté le )
  9. a et b Philippe Siguret et Michel Fleury, Histoire du Perche, Fédération des amis du Perche, (ISBN 978-2-900122-27-3), p. 129