Aller au contenu

Abbaye Saint-Martin d'Huiron

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 15 juin 2021 à 12:54 et modifiée en dernier par 2a01:e34:ec7d:2550:2835:a78a:f54f:d8aa (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Abbaye Saint-Martin d'Huiron
Image de l'Abbaye Saint-Martin d'Huiron

Ordre Saint-Benoît
Congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe
Diocèse Châlons-en-Champagne
Protection église abbatiale Logo monument historique Classé MH (1915)
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Grand-Est
Département Marne
commune Huiron
Coordonnées 48° 42′ 10″ nord, 4° 32′ 31″ est
Géolocalisation sur la carte : Marne
(Voir situation sur carte : Marne)
Abbaye Saint-Martin d'Huiron
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Abbaye Saint-Martin d'Huiron

L'abbaye Saint-Martin d'Huiron est une ancienne abbaye bénédictine située à Huiron dans la Marne.

Histoire

En 1063, l'évêque de Châlons, Roger III envoi quelques bénédictins à Huiron; ils s'établissent sur la montagne qui domine le village sur une colline située entre Vitry et le village de Margerie, et y bâtissent une chapelle dédiée à saint Martin. La vie de ces religieux et les services qu'ils rendent, leur valent de riches aumônes des seigneurs du lieu, Guido ad Barbam (Gui à la Barbe), Hugues son frère et Hersinde leur sœur, mariée au sire d'Arzillières et de ceux de Bar, de Grandpré, de Châtelraould, de Dampierre, de Saint-Chéron, etc[1].

En 1134, l'évêque Geoffroy convertit ce prieuré en une abbaye régulière; approuvé par les papes Lucien III et Urbain III en 1187, qui trois ans après, leur permet d'élever une église paroissiale adossée au mur du monastère.

Une charte de 1280, donnée par Gauthier d'Arzillières, reconnaît à l'abbaye « li ban de la justice dou leu de la vallée d'Oyron » ; en 1330, la léproserie du mont Morêt, près de Courdemanges, est annexée à l'abbaye avec tous ses biens, à cause de la mauvaise administration des frères, jusqu'en 1678, puis confiée à l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel[1]. Le monastère prospère ; les abbés rachetent les biens que leurs prédécesseurs s'étaient vus forcés d'aliéner, et terminent de longs et ruineux procès avec les sires d'Arzillières , de Dampierre et de Grandpré.

En 1348, l'Abbaye d'Huiron et celle de Montiéramey nouent des liens réciproques de confraternité. Les deux abbayes s'aideraient mutuellement dans le domaine temporel comme dans le domaine spirituel.

A la mort de l'abbé Gauthier Royer, en 1523, François Ier défend de procéder à une nouvelle élection avant que son conseil ne revoie les privilèges de l'abbaye. Les moines passent outre et choisissent Jean Desjours ; le roi répond par la saisie du temporel et une assignation devant le grand-conseil ; les bénédictins doivent céder d'abord, puis finissent par obtenir la confirmation pure et simple de leurs droits et de leur élection[2].

En 1550, Huiron est saccagé par une bande de huguenots alors très nombreux dans le Perthois; peu après La Chapelle, capitaine d'une de ces troupes, vient avec deux cents hommes renouveler cette attaque, mais le commandeur de la Neuville-au-Temple, qui se trouve dans l'abbaye, les charge avec une compagnie de volontaires et les repousse jusqu'au delà de Vitry-le-François.

En 1563, les Huguenots arrivent le à Notre-Dame de l'Épine et le à Montier-en-Der où ils séjournent jusqu'au . Les religieux se sauvent pour la seconde fois après avoir caché les titres, chartes, livres, etc. et se réfugient à Châlons, à Langres et dans d'autres villes, dans des asiles et lieux de retraite. Les Huguenots ruinent les cloîtres et autres appartements, mettent le feu dans les granges et basses cours, brûlent les chaires du chœur, rompent les autels, brisent les images et brûlent le crucifix et les figures de Notre Dame et de St Jean [3].

En 1609, le monastère ne compte pas plus de cinq religieux ; peu à peu il reprend un certain éclat, et au moment de la révolution ce nombre est doublé ; les revenus sont de 5 000 livres.

La réforme y est introduite en 1665 et l'abbaye adhère à la congrégation de Saint-Vanne.

On pratiquait dans celle abbaye des cérémonies assez bizarres : tous les dimanches, la procession se faisait jusque dans les cuisines, les greniers, les écuries, le moulin, le cellier, et avec une oraison propre à chacun de ces lieux ; le jeudi saint, l'abbé prononçait l'excommunication contre « les mauvaises gens, bouteurs de feu, sorciers et sorcières »[4].

Architecture

L'église abbatiale devenue l'église paroissiale Saint-Martin de Huiron est classée monument historique depuis 1915[5]. Ses nefs remontent aux XVe et XVIe siècles.

Abbés et abbés commendataires

Abbés réguliers

  • Gauthier Royer
  • Jean Desjours
  • ~ 1509 : Jean de Boresdon

Abbés commendataires

À partir du Concordat de Bologne, commence la série des abbés commendataires et seigneurs temporels :

  • 1533 : Nicolas du Marteau, protonotaire apostolique
  • 1544-1580 : Gaspard de Marteau ou des Marteaux, son neveu
  • 1580 : François Viart
  • 1594 : Pierre Louvet
  • 1609 : Pierre de Saint-Quentin
  • 1658 : Florent Bodineau
  • 1665 : Louis Barbier du Metz
  • 1700 : Charles de La Rochejaquelein
  • 1705 : Alexandre Tamisier
  • 1722 : Georges de Boisredon[6].
  • 1754 : Antoine Allaire, précepteur du duc de Chartres
  • 1769-1789 : Olivier le Creen ou le Cren ou le Crin de Kerbolo, son neveu

Prieurés

  • Prieuré de Notre-Dame de Charmont, fondé par l'abbaye dès que l'autel de Charmont lui est donné (1142-1147). Prieuré régulier qui, au XVIe siècle, devint un simple titre.

Patrimoine foncier

Thibaut II, comte de Champagne, avait donné à l'abbaye d'Orbais des biens situés sur le territoire des Rivières. Ils consistaient en maisons, terres et autres possessions qui ne procuraient que peu de profit à ce monastère à cause de leur éloignement. Henri 1er dit le Libéral, fils de Thibaut II, les relira pour les donner en aumône à l'abbaye de Huiron[7].

En 1464, l'abbé Simon Charmet rendit au roi un aveu de ses biens, par lequel on voit que l'abbaye avait une maison de refuge à Vitry-en-Perthois pour les temps de guerre.

Droit de patronage et dîmes

Le chapitre pourvoyait à la collation (droit de conférer un bénéfice ecclésiastique) de ses prébendes et nommait à des bénéfices hors de son église, qui consistaient en cures (paroisses) et chapelle.

Dès la fin du XIe siècle, elle possède seize églises des environs et de nombreuses fermes.

  • Saint Denis de Courdemanges donnée par l'évêque Roger III en 1078.
  • Saint Hilaire de Drouilly, donnée par l'évêque Roger III.
  • Saint Martin de Blacy, concédée par l'évêque Roger III.
  • Saint Denis de Isle-sur-Marne, donnée à l'abbaye d'Huiron par l'évêque Roger III (1078)
  • Sainte Libaire de Sainte-Livière, donnée par l'évêque Roger III (1078).
  • Saint Remy de Heiltz-le-Hutier, donnée par l'évêque Roger III (1078).
  • Saint Laurent de Thiéblemont, sous la dépendance de l'abbaye de Huiron dès 1078 (Roger III).
  • Saint Martin d'Huiron, donnée par l'évêque Geoffroy II.
  • Saint Hippolyte de Cernon, donnée par l'évêque Geoffroy (1131-1142).
  • Notre-Dame de Charmont, donnée par l'évêque Gui de Montaigu (1142-1147).
  • Saint Remy de Nettancourt, donnée par l'évêque Gui de Montaigu.
  • Notre-Dame de Châtelraould, sous le patronage du Chapitre dès avant l'an 1215.
  • Saint Martin de Auzécourt, donnée pour la moitié consentement de l'évêque Gui de Joinville. L’évêque Rotrou lui donne l'autre moitié en 1198.
  • Sainte Madeleine des Rivières.
  • Chapelle Saint Michel de Coole.
  • Chapelle Notre-Dame de Farémont, donnée par l'évêque Hugues (1100-1113).
  • Chapelle Notre-Dame de Isson, donnée en 1152 par le comte Henri de Champagne.

Le chapitre de l'abbaye avait ainsi le droit de patronage (présentation à la cure), c'est-à-dire de présentation à l’évêque et de nomination d'un desservant aux églises ou cures (paroisses) où il percevait les grosses dîmes : Blacy, Charmont, Cernon, Coole, Courdemange, Drouilly, Heiltz-le-Hutier, Isle-sur-Marne, Sainte-Livière, Saint-Remy-en-Bouzemont, Thiéblemont[8].

Une partie des dîmes de Sainte-Livière appartenait à Guillaume, connétable de Champagne. En 1173, il l'abandonne à l'abbaye de Huiron.

Notes et références

  1. a et b Édouard de Barthélemy 1852, p. 26.
  2. Édouard de Barthélemy 1852, p. 27.
  3. La Réforme et la Ligue en Champagne,1887-1892
  4. Édouard de Barthélemy 1852, p. 28.
  5. Notice no PA00078721, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  6. Almanach de la Champagne et de la Brie, 1886 sur Gallica
  7. acte de l'an 1161
  8. Auguste Longnon, Dictionnaire topographique du département de la Marne : comprenant les noms de lieu anciens et modernes, Paris, , 380 p. (lire en ligne).

Bibliographie

  • Édouard de Barthélemy, « Essai sur les abbayes du département de la Marne », Séances et travaux de l'Académie de Reims, vol. 16,‎ (lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Dom P. Baillet, Chronique de l'abbaye de Saint-Martin de Huiron, Châlons, 1879.

Liens externes