Sambokan

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Le Sanboukan, Citrus sulcata hort. ex Takahashi, est un agrume japonais ancien produit à Yuasa dans la préfecture de Wakayama (et marginalement à Mie)[1]. D’après les analyses génétiques (2016) il est un hybride de 2 variétés de mandarines japonaises : Kaikoukan (C. truncata Hort. ex Tanaka), parent femelle et Kishu mikan (C. kinokuni ex Tanaka) pour le pollen[2],[3].

Il est présent aux USA depuis 1960 et a été introduit dans l'U.E. en 2020 via la quarantaine française[4].

Dénomination - Classification[modifier | modifier le code]

Sanboukan (aussi sambokan, sanbokan, sanpokan, sambo) est une transcription approximative du japonais サンボウカン - 三宝柑. On l'appelle en anglais Sanbokan sour orange hybrid , car on a longtemps cru qu'il était un hybride de yuzu (Citrus x-junos) et de daïdaï (Citrus x-daidai), orange amère japonaise, et ce alors même que le sanboukan ne présente pas d'amertume[5],[4]. Ses descriptions comme pomelo (C. grandis var sulcata) par Ikuro Takahashi, ou pamplemousse (C. paradisi) ne sont pas davantage fondées[6],[7],[8]. En français, la traduction des Dames de Kimoto de Sawako Ariyoshi utilise le terme orange Sampo, sa pulpe tendre et son gout doucereux plaisait beaucoup à l'héroïne Hana.

Le nom binomial Citrus sulcata, du latin sulcus, sulc(o) « le sillon », a été utilisé depuis Risso (1818) qui avait nommé ainsi une bigarade et un cédrat caniculés[9],[10],[11].

Le fruit est réputé symboliser les trois trésors bouddhiques (japonais : 三宝 sambô), suivi de (kan, « agrume »), d'où sambokan, « agrume des trois trésors ou des trois joyaux »[12].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le bigaradier sulcata décrit par Loiseleur Deslongchamps dans le Nouveau Duhamel (1819) ne correspond pas au fruit du sambokan[13]. R. Cottin le mentionne dans son Citrus of the World (1997) mais comme C. paradisi[14]. Ikuro Takahashi (1892–1981) l'aurait décrit en 1913[15].

Au Japon, on fait remonter son existence à l'ère Bunsei de l'époque d'Edo (1818-1829). Il aurait alors été un fruit très rare, et son propriétaire, un seigneur féodal local du nom de Tameyuki Nonaka (野中為之) aurait interdit que l'essence soit diffusée et que des gens ordinaires le cultivent. De plus il aurait offert le fruit à Harutomi Tokugawa, seigneur de Kishu, ce qui fit sa renommée[16],[17],[18].

Sampokan en coupe

Description[modifier | modifier le code]

L'arbre est de taille moyenne, les feuilles légèrement ailées sont relativement petites et ont un pétiole court[4]. Il ressemble à un gros mandarinier, assez dense.

La maturité optimale du fruit est mi-mars à mi-avril au Japon et un mois plus tôt en climat méditerranéen chaud. Il a un péricarpe épais (environ 1 cm) facile à peler, il pèse 250 à 300 g et sa forme est ovoïde dominé par un cou proéminent et marqué (plus large que celui du tangelo Minneola, proche du dekopon)[1],[12],[4],[19]. La pulpe est jaune lumineux parfois un rien oranger, juteuse, avec de nombreuses graines.

Le gout est doux: à Taïwan où il fut planté sous l'occupation japonaise, il est aussi appelé citron doux[20]. Son l’arôme agréable et spécifique rappelle l'orange douce et le pamplemousse, il est qualifié d'élégant, ce qui vaut au sambokan d'être offert comme cadeau[21],[4],[17]. De par son ascendance (Kaikoukan est ascendant de Iyokan) sambokan est demi-frère de Citrus Iyo, ce qui le situe dans le graphique systématique des agrumes japonais (p. 22) à égale distance de la mandarine et du pomelo (C. maxima), d’où ce gout discret de pomelo signalé par D. Karp et T. Siebert[3],[4]. La peau n'est pas amère[1].

Production et Utilisation[modifier | modifier le code]

Le Sanbokan de la préfecture de Wakayama est devenu un fruit marginal au Japon

Au Japon ou sa diffusion est restreinte (500 t. en 2015, la production est en chute régulière depuis 1965), sambokan est d'abord un fruit à jus ou à sorbet, la pulpe s'utilise dans les salades, le fruit entier dans les marmelades[22],[23],[24],[25],[26]. Misuzu Ame, célèbre confiseur de Nagano, en fait une gelée lumineuse présentée dans le fruit évidé[27].

À Taïwan le fruit entier, débité en petits morceaux est confit dans le sucre puis utilisé pour faire des tisanes[21].

La plante sert de porte-greffe, il donne un bon rendement avec des greffes de Citrus paradisi[28],[29].

Comme les autres agrumes à maturité moyenne ou tardive (natsudaidai, hassaku, harumi, orange de Fukuhara), sambokan est sensible au desséchement des vésicules à jus, à l'épaississement et à un blanchiment de leur paroi qui engendrent un jus amère (ces désordres sont attribués au froid et aux conditions d'entreposage)[30].

Huile essentielle[modifier | modifier le code]

L'huile essentielle de sambokan contient - d'après Masayoshi Sawamura (2010) - principalement du limonène (89%), γ-terpinène (5.15%), myrcène (1.7%), α-pinène (1.12%) et linalol (089%)[31]. Le même auteur signale la présence à 0.03% de nootkatone (composé naturel : 1 sesquiterpénoïde et 1 cétone typique du pamplemousse C. maxima) singularité qu'il présente avec natsudaïdaï et hassaku alors que les satsuma, iyokan, hyuganatsu n'en présentent pas de trace notable[32]. La peau et le jus sont également riches en ériocitrine, comme le citron[33].

Yoshiaki Miyaké (2022) écrit que Sambokan contient une quantité abondante de narirutine (voir son ascendance mandarine), d'hespéridine et de 6,8-C-diglucosylapigénine. L'ériocitrine et la 6,8-C-diglucosylapigénine lui sont spécifiques[34].

Des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires sont supposées sur la base de l'analyse des composés phénoliques et des flavonoïdes de l'écorce[35].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « 三宝柑/サンポウカン/さんぽうかん:旬の果物百科 », sur foodslink.jp (consulté le )
  2. « 柑橘类植物名录(二)-黄岩在线-以历史的眼光丈量黄岩 », sur www.331003.com (consulté le )
  3. a et b (en) Tokurou Shimizu, Akira Kitajima, Keisuke Nonaka et Terutaka Yoshioka, « Hybrid Origins of Citrus Varieties Inferred from DNA Marker Analysis of Nuclear and Organelle Genomes », PLOS ONE, vol. 11, no 11,‎ , e0166969 (ISSN 1932-6203, PMID 27902727, PMCID PMC5130255, DOI 10.1371/journal.pone.0166969, lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e et f « sanbokan », sur citrusvariety.ucr.edu (consulté le )
  5. « shu(^^) Homepage, サンボウカン », sur www.botanic.jp (consulté le )
  6. (en) « PlantFiles: Sour Orange, Sanbokan Grapefruit », sur Dave's Garden (consulté le )
  7. « Citrus ID: Fact Sheet: Sanbokan », sur idtools.org (consulté le )
  8. « Citrus sulcata | International Plant Names Index », sur www.ipni.org (consulté le )
  9. « Biotop terminologie médicale, lexique médical, dictionnaire médical, termes contenant la racine caco, cachexie », sur www.bio-top.net (consulté le )
  10. Antoine Risso, Alexandre Poiteau et Antoine Poiteau, Histoire naturelle des orangers, Herissant Le Doux, (lire en ligne)
  11. (it) Ferdinando Alfonso, Trattato sulla coltivazione degli agrumi, L.P. Lauriel, (lire en ligne)
  12. a et b (ja) Japan Fruit Tree Seedling Association, National Research and Development Agency Agricultural and Food Technology Research Organization (Agricultural Research Organization), International Research Center for Agriculture, Forestry and Fisheries, Le grand livre des fruits illustré [« 図説 果物の大図鑑 »], Tokyo, Mynavi Publishing,‎ , 255 pages (ISBN 978-4-8399-5384-3, lire en ligne), 三宝柑, p. 98
  13. *Nouveau Duhamel, ou traite' des arbres et arbustes que l'on cultive en France, redige' par G.-L.-A. Loiseleur Deslongchamps... avec des figures d'apres les dessins de MM. P.-J. Redoute' et P. Bessa : 7, (lire en ligne)
  14. (en) Cottin R. et al., Citrus of the World : A Citrus directory, SRA INRA-CIRAD. Centre de Corse, SRA INRA-CIRAD., , 95 p. (ISBN 2-7380-0720-1), p. 62
  15. (ja) 郁郎 高橋, 柑橘栽培, 成美堂書店,‎ (lire en ligne)
  16. « Citrus sulcata(サンポウカン)はどんな植物?Weblio辞書 », sur www.weblio.jp (consulté le )
  17. a et b « みかん・柑橘のことなら「みかんな図鑑」|伊藤農園 | 伊藤農園のみかんな図鑑 », sur www.ito-noen.com (consulté le )
  18. « Saveurs de Wakayama - Le guide officiel de Wakayama », sur fr.visitwakayama.jp (consulté le )
  19. « 柑橘類(英文:Citrus Fruit) - 水果簡介 - 水果研究室 - 阿洲水果行 », sur www.365fruit.com (consulté le )
  20. (zh-TW) 妙妙屋的小日常, « 甜檸檬(三寶柑)果醬 », sur 妙妙屋的小日常,‎ (consulté le )
  21. a et b 芎林張伯伯水果園 (janny5798168), « 紅肉柳丁/三寶柑(甜檸檬) / 綠寶石黃金蜜柚(綠皮甜的葡萄柚) / 桶柑 / 帝王柑/ 椪柑..新竹芎林張伯伯柑橘園 », sur 隨意窩 Xuite日誌 (consulté le )
  22. (ja) 果物ナビ, « サンボウカン(三宝柑)の産地 栽培面積 収穫量 出荷量|果物統計 グラフ », sur 果物ナビ (consulté le )
  23. (ja) « 美味しすぎて、和歌山城外不出!幻の果実「三宝柑」の100%ピュアジュース! - ippin(イッピン) », sur ippin(イッピン) - あの人の「美味しい」に出会う (consulté le )
  24. « 和歌山の三宝柑(さんぼうかん) », sur www.kishu-wakayama.com (consulté le )
  25. « 三宝柑のレシピ 9品 - クックパッド », sur cookpad.com (consulté le )
  26. « さんぽうかん(三宝柑)のマーマレード by ohmori », sur cookpad.com (consulté le )
  27. « 三宝柑福居袋 | 飯島商店 | 絞りたて三宝柑生果汁のとろけるゼリー », sur misuzuame.com (consulté le )
  28. (en) M. Seker, O. Tuzcu et P. Ollitrault, « Comparison of nuclear DNA content of citrus rootstock populations by flow cytometry analysis », Plant Breeding, vol. 122, no 2,‎ , p. 169–172 (ISSN 1439-0523, DOI 10.1046/j.1439-0523.2003.00821.x, lire en ligne, consulté le )
  29. (en-US) « Effects of nine rootstocks on fruit yield and photosynthesis of 'Star Ruby' grapefruit | International Society for Horticultural Science », sur www.actahort.org (consulté le )
  30. Fumitaka Takishita, Fumie Nishikawa, Hikaru Matsumoto et Masaya Kato, « Fruit Thinning and Physiological Disorders in Citrus Variety ‘Harumi’ », Reviews in Agricultural Science, vol. 9,‎ , p. 20–31 (DOI 10.7831/ras.9.0_20, lire en ligne, consulté le )
  31. (en) Masayoshi Sawamura, Citrus Essential Oils : Flavor and Fragrance, John Wiley & Sons, , 398 p. (ISBN 978-1-118-07438-1, lire en ligne), p. 116
  32. (en) Masayoshi Sawamura, Shigeru Kuwahara, Ken-ichi Shichiri & Toshikazu Aoki, « Volatile Constituents of Several Varieties of Pummelos and a Comparison of the Nootkatone Levels in Pummelos and Other Citrus Fruits », Agricultural and Biological Chemistry,‎ , p. 4 (ISSN 0002-1369, lire en ligne)
  33. (en) Yoichi Nogata, Hideaki Ohta, Toshinao Ishii et Keizo Sekiya, « Isolation of eriocitrin (eriodictyol 7-O-rutinoside) as an arachidonate lipoxygenase inhibitor from Lumie fruit (Citrus lumia) and its distribution in Citrus species », Journal of the Science of Food and Agriculture, vol. 87, no 1,‎ , p. 82–89 (ISSN 1097-0010, DOI 10.1002/jsfa.2674, lire en ligne, consulté le )
  34. 三宅 義明, « 地域特産カンキツ類が含有する機能性物質の特徴 », Ffiジャーナル, vol. 227, no 1,‎ , p. 043–049 (DOI 10.34457/ffij.227.1_043, lire en ligne, consulté le )
  35. (en) Ai-Yih Wang, Ming-Yi Zhou et Wen-Chieh Lin, « Antioxidative and anti-inflammatory properties of Citrus sulcata extracts », Food Chemistry, vol. 124, no 3,‎ , p. 958–963 (ISSN 0308-8146, DOI 10.1016/j.foodchem.2010.07.035, lire en ligne, consulté le )


Articles connexes[modifier | modifier le code]