Éthère de Lyon

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Éthère de Lyon
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Éthère (en latin Ætherius) fut évêque métropolitain de Lyon, successeur de Prisque († vers 586), mort en 602. C'est un saint catholique et orthodoxe, fêté localement le [1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Il appartenait à l'aristocratie sénatoriale, et avant son épiscopat était officier de la cour du roi Gontran, dont il était l'un des conseillers les plus proches[2]. Son prédécesseur Nizier († 573), qui appréciait sa compagnie, aurait prédit qu'il lui succéderait, mais seulement en second lieu[3]. C'est Gontran qui lui refusa dans un premier temps cette succession, malgré le désir exprimé par le peuple de Lyon[4]. Prisque et sa femme Suzanne, qu'il avait gardée auprès de lui, manifestèrent pendant leur règne leur détestation de l'évêque Nizier et persécutèrent ses anciens familiers[5]. Éthère, quand Gontran lui eut permis de succéder à Prisque, remit la mémoire de Nizier en honneur, organisa son culte, et fit notamment rédiger peu après son avènement une Vie abrégée de saint Nizier, ou Éloge de saint Nizier. Un lit de repos ayant appartenu au saint, notamment, devint un objet miraculeux[6].

Éthère était lié à Austrégésile (ou Outrille), lui aussi officier à la cour de Gontran, qui s'était adressé à lui, conseiller très écouté, pour obtenir du roi la permission d'entrer dans le clergé. Dès qu'il fut évêque, Éthère appela Austrégésile à Lyon, l'ordonna prêtre, et fit de lui l'abbé du chapitre desservant l'église devenue basilique Saint-Nizier, lui attribuant un domaine viticole appelé Albiacus[7].

En 589, il y eut une mutinerie dans l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers, fondée par la reine Radegonde († 587) : quarante sœurs, menées par Clothide, fille de Caribert Ier, et Basine, fille de Chilpéric Ier, quittèrent le couvent en exigeant la démission de l'abbesse Leubovère ; Clothilde alla trouver son oncle Gontran. De retour à Poitiers, les révoltées se barricadèrent dans la basilique Saint-Hilaire avec une troupe masculine armée. Le métropolitain Gondégésile de Bordeaux vint personnellement les excommunier, mais lui et le groupe d'évêques et de clercs qui l'accompagnait furent gravement molestés par les compagnons des révoltées et durent s'enfuir en courant, parfois la tête en sang. L'évêque Gondégésile écrivit alors, au nom du groupe, à ses collègues bourguignons assemblés dans le palais du roi Gontran, qui lui répondirent par une lettre reproduite par Grégoire de Tours, Éthère de Lyon étant le premier signataire[8].

En 591, le roi Gontran envoya à Paris plusieurs évêques de son royaume (Éthère de Lyon, Syagre d'Autun, Flavius de Chalon), et les y suivit peu après, pour procéder au baptême de son neveu Clotaire II, qui eut lieu à Nanterre[9].

On conserve des lettres écrites à Éthère de Lyon par le pape Grégoire le Grand[10]. Le pape lui exprime chaleureusement la haute estime qu'il a de lui, de son attachement à la discipline ecclésiastique et de son combat contre les abus[11]. Il lui demande aussi s'il détient des documents sur la vie et les écrits de saint Irénée, l'un des premiers évêques de Lyon.

Le , le pape écrivit à Éthère pour lui recommander le moine Augustin et ses compagnons, qu'il envoyait évangéliser l'Angleterre. Bède le Vénérable, qui reproduit cette lettre (Histoire ecclésiastique du peuple anglais, I, 24), commet une erreur, car il intitule Éthère « archevêque d'Arles »[12]. Après un premier séjour dans le Kent, Augustin revint en Gaule et se fit consacrer « archevêque des Angles » par Éthère (I, 27)[13].

En 1975, l'historien allemand Hubert Mordek a reconnu Éthère comme le très probable auteur de la plus ancienne collection systématique de canons ecclésiastiques constituée dans la Gaule franque, la Collectio Vetus Gallica[14].

Selon la Chronique de Frédégaire, il mourut la septième année du règne du roi Thierry II, soit en 602[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. À ne pas confondre avec Éthère, évêque d'Auxerre de 564 à 571 (saint fêté le 27 juillet), ni avec Éthère, évêque de Vienne du VIIe siècle, successeur de Domnole qui vivait toujours en 618 (saint fêté le 14 juin).
  2. Vita Austrigisili episcopi Biturigi, § 5 : « Erat tunc in domo regis inter ceteros senatores præstantissimus, Ætherius nomine, vir prudentissimus et singulari cautelæ deditus, cui rex omnia tractatus sui præcipua arcana pandebat ».
  3. Vita Nicetii episcopi Lugdunensis, § 17 : « [...] qui illum sibi successorem esse secundo loco prædixit, dum de ejus conversatione gauderet ».
  4. Ibid.
  5. Grégoire de Tours, Histoires, IV, 36 : « Igitur Priscus episcopus, qui ei successerat, cum conjuge sua Susanna cœpit persequi ac interficere multos de his quos vir Dei familiares habuerat [...]. Declamabat multa blasphemia ipse cum conjuge de sancto Dei ».
  6. Grégoire de Tours, De sancto Nicetio Lugdunensi episcopo, § 8 : « Igitur lectulus quo sanctus quiescere erat solitus sæpius miraculis adornatur illustribus, quique grandi studio ab Ætherio nunc episcopo fabricatus devotissime adoratur non immerito, cum frigoritici sæpius sub eo siti compresso vapore ac frigore salvantur, ceterique infirmi ibidem projecti protinus sublevantur ».
  7. Vita Austrigisili episcopi Biturigi, § 5 : « [Ætherius] benignissime eum cum ineffabili gaudio recepit, presbiterum et abbatem basilicæ beati Nicetii episcopi et confessoris ordinavit, et ob dilectionem perfectionis dedit ei de rebus Ecclesiæ coloniam Albiaco nomine usibus suis profuturam. Cum tempus venit vindemiæ [...] ».
  8. Grégoire de Tours, Histoires, IX, 41.
  9. Grégoire de Tours, Histoires, X, 28 : « Hæc audiens rex, commotis episcopis, id est Ætherium Lugdunensem, Syagrium Augustodunensem, Flaviumque Cavillonensem, vel reliquis quos voluit, Parisius accedere jubet, indicans se postmodum secuturum [...] ».
  10. Deux dans le Registre : VII, 110 et IX, 50.
  11. Grégoire le Grand, Registre, IX, 50 : « Epistularum vestrarum plena venerabili gravitate locutio ita sibi cordis nostri fixit affectum, ut mutuum semper libeat miscere sermonem [...] Quantus autem in vobis ecclesiastici ordinis amor eniteat, quanta sit dilectio disciplinæ, quantum observantiæ studium salubrium decretorum ostenditis [...] ».
  12. Le titulaire du siège d'Arles était alors Virgile. En I, 28, Bède reproduit une autre lettre du pape (datée du 22 juin 601) qui, elle, est adressée à Virgile d'Arles, qualifié de « successeur d'Éthère », pour qu'il porte assistance à leur « frère commun l'évêque Augustin » : Bède s'enferre dans son erreur.
  13. Bède, tout à son erreur, écrit qu'il revint « à Arles », mais comme le consécrateur est Éthère, il faut sûrement comprendre « à Lyon » (« Interea vir Domini Augustinus venit Arelas, et ab archiepiscopo ejusdem civitatis Ætherio, juxta quod jussa sancti patris Gregorii acceperant, archiepiscopus genti Anglorum ordinatus est »).
  14. Hubert Mordek, Kirchenrecht und Reform in Frankenreich. Die Collectio Vetus Gallica, die älteste systematische Kanonessammlung der fränkischen Gallien. Studien und Edition, Berlin-New York, Walter de Gruyter, 1975 (p. 79-82).
  15. Chronique de Frédégaire, IV, 22 : « Eo anno Ætherius episcopus Lugdunensis obiit. Ordinatur loco ipsius Secundinus episcopus ».