Élections législatives de 1958 dans l'Aude

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Élections législatives de 1958 dans l'Aude
3 sièges de députés à l'Assemblée nationale
et
Corps électoral et résultats
Inscrits au 1er tour 171 565
Votants au 1er tour 126 574
73,78 % en diminution 7
Votes exprimés au 1er tour 122 201
Blancs et nuls au 1er tour 4 373
Inscrits au 2d tour 171 552
Votants au 2d tour 132 093
77,72 %
Votes exprimés au 2d tour 128 710
Blancs et nuls au 2d tour 3 383
Section française de l'Internationale ouvrière
Voix au 1er tour 40 453
33,10 %
Voix au 2e tour 53 361
41,46 %
Députés élus 1 en diminution 1
Parti républicain, radical et radical-socialiste
Voix au 1er tour 24 546
20,09 %
Voix au 2e tour 27 994
21,75 %
Députés élus 1 en augmentation 1
Parti communiste français
Voix au 1er tour 22 633
18,52 %
Voix au 2e tour 24 108
18,73 %
Députés élus 0 en diminution 1
Droite parlementaire
Voix au 1er tour 13 861
11,34 %
Voix au 2e tour 4 947
3,84 %
Députés élus 0 en stagnation
Mouvement républicain populaire
Voix au 1er tour 9 832
8,05 %
Voix au 2e tour 18 300
14,22 %
Députés élus 1 en augmentation 1
Députés élus par circonscription
Carte

Les élections législatives françaises de 1958 se déroulent les et . Dans le département de l'Aude, trois députés sont à élire dans le cadre de trois circonscriptions.

Élus[modifier | modifier le code]

Députés sortants et élus ( v · d · m )
Circonscription Député élu Parti
1re Louis Raymond-Clergue MRP
2e Francis Vals SFIO
3e François Clamens Rad

Système électoral[modifier | modifier le code]

Pour la première fois depuis les législatives de 1936, les élections ont lieu non pas à la proportionnelle mais au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, dans le cadre de 475 nouvelles circonscriptions créées en Métropole et dans les départements d'outre-mer.

Autre nouveauté, chaque candidat se présente désormais accompagné d'un suppléant, amené à le remplacer dans son mandat de député en cas de décès ou d'entrée au gouvernement.

Est élu à l'issue du scrutin le candidat qui réunit la majorité absolue des suffrages exprimés et un nombre de voix au moins égal au quart (25 %) des électeurs inscrits dans la circonscription. Si aucun des candidats ne satisfait ces conditions, un second tour est organisé entre ceux d'entre eux ayant réuni un nombre de voix au moins égal à 5 % des suffrages exprimés. Au second tour, le candidat arrivé en tête est déclaré élu, qu'il réunisse sur son nom la majorité absolue des voix ou simplement une majorité relative.

Le seuil de qualification, basé sur un pourcentage relativement faible des suffrages exprimés, tend à faciliter l'accès au second tour de plus de deux candidats. Les candidats en lice au second tour sont ainsi généralement trois (on parle de « triangulaire »), voire quatre (« quadrangulaire »).

Campagne[modifier | modifier le code]

L'Aude est l'un des neuf départements métropolitains où le pourcentage des non au référendum constitutionnel de septembre 1958 (26,25 % des suffrages exprimés et 20,71 % des inscrits) dépasse le total des voix obtenues par le PCF en 1956[1]. Assez nettement supérieur à sa moyenne nationale (20,74 %), le non dans l'Aude a vraisemblablement attiré, en plus d'électeurs communistes ou de quelques poujadistes, plusieurs milliers de sympathisants socialistes et radicaux, hostiles à la Ve République malgré la position officielle de leur partis.

Dans ce territoire traditionnellement favorable à la gauche les perspectives de l'UNR, du MRP et du CNIP apparaissent comme limitées, incitant ces trois formations – associées à la Démocratie chrétienne de Georges Bidault – à former une entente locale dite d'« Union nationale ». Ce rassemblement du centre et de la droite présente un candidat commun dans l'ensemble des circonscriptions du département[2].

Le Parti socialiste SFIO, qui compte deux députés sortants et a recueilli 31,47 % des suffrages exprimés en 1956, peut espérer emporter la totalité des sièges à pourvoir. Face à lui, le Parti radical investi des candidats dans tout le département, concentrant tous ses efforts sur la troisième circonscription (Limoux), où François Clamens est bien implanté. Le Parti communiste aligne trois candidats dont le sortant Félix Roquefort, mais son isolement perpétuel et le nouveau mode de scrutin majoritaire rendent quasi impossible l'élection de l'un d'eux.

Les poujadistes, qui présentent partout des candidats sous l'étiquette « Défense des libertés », et l'UFD, qui investit un UDSR dans la première circonscription et un socialiste autonome dans la seconde, n'ont quant à eux aucune perspective de victoire.

Candidats[modifier | modifier le code]

Candidats et suppléants[modifier | modifier le code]

Résultats[modifier | modifier le code]

Résultats à l'échelle du département[modifier | modifier le code]

Résultats départementaux des élections législatives de 1958 dans l'Aude
Parti Premier tour Second tour Sièges
Voix % Voix %
Centre national des indépendants et paysans 7 461 6,11 Retrait 0
Union pour la nouvelle République 6 400 5,24 4 947 3,84 0
Droite parlementaire 13 861 11,34 4 947 3,84 0
Section française de l'internationale ouvrière 40 453 33,10 53 361 41,46 1
Parti radical 24 546 20,09 27 994 21,75 1
Parti communiste français 22 633 18,52 24 108 18,73 0
Mouvement républicain populaire 9 832 8,05 18 300 14,22 1
Union des forces démocratiques 6 168 5,05 Retrait 0
Union et fraternité française 4 708 3,85 0
Inscrits 171 565 100,00 171 552 100,00 3
Abstentions 44 991 26,22 39 459 23
Votants 126 574 73,78 132 093 77
Blancs et nuls 4 373 3,45 3 383 2,56
Exprimés 122 201 96,55 128 710 97,44

Cartes[modifier | modifier le code]

Résultats par circonscription[modifier | modifier le code]

Première circonscription (Carcassonne)[modifier | modifier le code]

Résultats des élections législatives des et de la 1re circonscription de l'Aude v · d · m )
Candidat Parti Premier tour Second tour
Voix % Voix %
Georges Guille  SFIO 13 191 32,58 16 729 38,61
Louis Raymond-Clergue  élu  MRP 9 832 24,29 18 300 42,23
Félix Roquefort  PCF 8 421 20,8 8 300 19,16
Alexis Fabre  Radsoc 6 386 15,77 Retrait
E. Gérard  UFF 1 783 4,4
Henri Cros  UFD 871 2,15
Inscrits 56 116 100,00 56 095 100,00
Abstentions 13 908 24,78 11 704 20,86
Votants 42 208 75,22 44 391 79,14
Blancs et nuls 1 724 4,08 1 062 2,39
Exprimés 40 484 95,92 43 329 97,61

Deuxième circonscription (Narbonne)[modifier | modifier le code]

Résultats des élections législatives des et de la 2e circonscription de l'Aude v · d · m )
Candidat Parti Premier tour Second tour
Voix % Voix %
Francis Vals  élu  SFIO 14 147 33,13 19 361 43,66
Yvonne Cerny  PCF 8 646 20,25 10 861 24,49
Francis Bourdin  Radsoc 6 924 16,21 9 173 20,69
Pierre Granger  UNR 6 400 14,99 4 947 11,16
Aimé Huc  UFD 5 297 12,4 Retrait
François Roig  UFF 1 291 3,02
Inscrits 61 261 100,00 61 273 100,00
Abstentions 17 377 28,37 15 804 25,79
Votants 43 884 71,63 45 469 74,21
Blancs et nuls 1 179 2,69 1 127 2,48
Exprimés 42 705 97,31 44 342 97,52

Troisième circonscription (Castelnaudary - Limoux)[modifier | modifier le code]

Résultats des élections législatives des et de la 3e circonscription de l'Aude v · d · m )
Candidat Parti Premier tour Second tour
Voix % Voix %
Lucien Milhau  SFIO 13 115 33,62 17 271 42,08
François Clamens  élu  Radsoc 11 236 28,8 18 821 45,86
Jacques Le Franc de Pompignan  CNIP 7 461 19,12 Retrait
Lubin Ressier  PCF 5 566 14,27 4 947 12,05
Martin Jordana  UFF 1 634 4,19
Inscrits 54 188 100,00 54 184 100,00
Abstentions 13 706 25,29 11 951 22,06
Votants 40 482 74,71 42 233 77,94
Blancs et nuls 1 470 3,63 1 194 2,83
Exprimés 39 012 96,37 41 039 97,17

Analyse[modifier | modifier le code]

La SFIO, en position de force au premier tour, n'obtient finalement qu'un seul siège à l'issue du second tour. Le maintien des candidats communistes et radicaux empêche en effet les socialistes de faire le plein de voix à gauche au scrutin de ballotage, permettant l'élection du MRP Louis Raymond-Clergue dans la première circonscription et celle du radical François Clamens dans la troisième, qui profite du retrait du candidat CNIP et du report des voix de la droite. Seul Francis Vals est ainsi réélu dans la deuxième circonscription.

L'Aude, département clé pour la SFIO – un temps annoncée comme favorite des élections législatives – constitue un bon exemple de l'échec relatif d'un parti qui, malgré la bonne tenue de ses voix au premier tour, s'avère finalement incapable de conquérir des sièges en nombre au second tour et enregistre de nombreuses pertes, souvent évitables.

C'est encore plus vrai pour le PCF dont les candidats stagnent autour de 15 à 20 % des voix au deux tours du scrutin, et dont le maintien a pour conséquence de faire battre deux socialistes en faisant élire un républicain populaire et un radical implicitement soutenu par la droite.

Le Parti radical est lui aussi pénalisé par le nouveau mode de scrutin puisqu'en dépit de l'augmentation notable de ses voix il n'obtient un élu que d'extrême justesse dans la troisième circonscription, là où la proportionnelle lui aurait garantie un siège et un apparentement socialiste-radical aurait emporté l'ensemble des sièges à pourvoir.

À l'inverse, l'unité de candidature des partis de l'« Union nationale » et la discipline de leurs électeurs permettent au centre et à la droite de profiter pleinement du nouveau système en faisant élire un des leurs dans un département où la gauche est de longue date majoritaire, mais où elle se présente cette fois plus divisée que jamais.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ministère de l'Intérieur, Les élections législatives, La Documentation française, 1960, p. 170-175.

Sitographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Les "non" ne dépassent les voix communistes que dans neuf départements », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  2. « Élections législatives de 1958, Aude - 11, circonscription n°01 : profession de foi de Louis Raymond-Clergue au tour 1 ».