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« Études génétiques sur les Juifs » : différence entre les versions

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Une étude publiée par l'[[United States National Academy of Sciences|Académie Nationale des Sciences]] américaine a établi que « le [[chromosome Y|patrimoine génétique paternel]] des communautés juives d'Europe, d'Afrique du nord et du Moyen-Orient était issu d'une population ancestrale moyen-orientale commune » et suggérait que « la plupart des communautés juives étaient restées relativement isolées des communautés non-juives voisines durant leur vie en [[Diaspora juive|Diaspora]]<ref name="hammer2000">{{en}} {{cite journal |date=juin 2000 | auteur=Hammer, Mf; Redd, Aj; Wood, Et; Bonner, Mr; Jarjanazi, H; Karafet, T; Santachiara-Benerecetti, S; Oppenheim, A; Jobling, Ma; Jenkins, T; Ostrer, H; Bonne-Tamir, B| titre=Jewish and Middle Eastern non-Jewish populations share a common pool of Y-chromosome biallelic haplotypes|journal=PNAS|volume=97| issue=12| pages=6769–74| issn=0027-8424| pmc=18733| doi=10.1073/pnas.100115997| url=http://www.pnas.org/cgi/pmidlookup?view=long&pmid=10801975}}</ref> ». Des chercheurs ont exprimé leur surprise devant la remarquable uniformité génétique qu'ils observent chez les Juifs de l'époque actuelle, quelque soit leur origine dans la Diaspora<ref name="hammer2000"/>. Environ 30% à 40% des Juifs possèdent l'[[:en:Haplogroup J (Y-DNA)|haplogroupe J]] et ses descendants (anciennement appelé [[:en:Conversion table for Y chromosome haplogroups|Eu9/Eu10, Med ou encore HG9]]). Cet Haplogroupe est particulièrement présent au moyen orient ainsi que sur les rives Sud et Est de la Méditerranée <ref name="semino04">{{en}} {{cite journal |author=Semino O, Magri C, Benuzzi G, ''et al.'' |title=Origin, diffusion, and differentiation of Y-chromosome haplogroups E and J: inferences on the neolithization of Europe and later migratory events in the Mediterranean area |journal=Am. J. Hum. Genet. |volume=74 |issue=5 |pages=1023–34 |year=2004 |month=May |pmid=15069642 |pmc=1181965 |doi=10.1086/386295 |url=http://hpgl.stanford.edu/publications/AJHG_2004_v74_p1023-1034.pdf}}</ref>. Par ailleurs, 20 à 30% possèdent l'haplogroupe [[:en:Haplogroup E1b1b (Y-DNA)|E1b1b]] (ou E-M35) et ses descendants (appelé E3b avant 2008 et anciennement appelé Eu4 ou HG25).
Une étude publiée par l'[[United States National Academy of Sciences|Académie Nationale des Sciences]] américaine a établi que « le [[chromosome Y|patrimoine génétique paternel]] des communautés juives d'Europe, d'Afrique du nord et du Moyen-Orient était issu d'une population ancestrale moyen-orientale commune » et suggérait que « la plupart des communautés juives étaient restées relativement isolées des communautés non-juives voisines durant leur vie en [[Diaspora juive|Diaspora]]<ref name="hammer2000">{{en}} {{cite journal |date=juin 2000 | auteur=Hammer, Mf; Redd, Aj; Wood, Et; Bonner, Mr; Jarjanazi, H; Karafet, T; Santachiara-Benerecetti, S; Oppenheim, A; Jobling, Ma; Jenkins, T; Ostrer, H; Bonne-Tamir, B| titre=Jewish and Middle Eastern non-Jewish populations share a common pool of Y-chromosome biallelic haplotypes|journal=PNAS|volume=97| issue=12| pages=6769–74| issn=0027-8424| pmc=18733| doi=10.1073/pnas.100115997| url=http://www.pnas.org/cgi/pmidlookup?view=long&pmid=10801975}}</ref> ». Des chercheurs ont exprimé leur surprise devant la remarquable uniformité génétique qu'ils observent chez les Juifs de l'époque actuelle, quelque soit leur origine dans la Diaspora<ref name="hammer2000"/>. Environ 30% à 40% des Juifs possèdent l'[[:en:Haplogroup J (Y-DNA)|haplogroupe J]] et ses descendants (anciennement appelé [[:en:Conversion table for Y chromosome haplogroups|Eu9/Eu10, Med ou encore HG9]]). Cet Haplogroupe est particulièrement présent au moyen orient ainsi que sur les rives Sud et Est de la Méditerranée <ref name="semino04">{{en}} {{cite journal |author=Semino O, Magri C, Benuzzi G, ''et al.'' |title=Origin, diffusion, and differentiation of Y-chromosome haplogroups E and J: inferences on the neolithization of Europe and later migratory events in the Mediterranean area |journal=Am. J. Hum. Genet. |volume=74 |issue=5 |pages=1023–34 |year=2004 |month=May |pmid=15069642 |pmc=1181965 |doi=10.1086/386295 |url=http://hpgl.stanford.edu/publications/AJHG_2004_v74_p1023-1034.pdf}}</ref>. Par ailleurs, 20 à 30% possèdent l'haplogroupe [[:en:Haplogroup E1b1b (Y-DNA)|E1b1b]] (ou E-M35) et ses descendants (appelé E3b avant 2008 et anciennement appelé Eu4 ou HG25).


Une étude réalisée en 1993 avait déjà suggéré l'origine proche orientale des juifs<ref name="Santachiara">{{en}}{{cite journal|title=[http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8101437 "The common, Near-Eastern origin of Ashkenazi and Sephardi Jews supported by Y-chromosome similarity"]|author = Santachiara Benerecetti AS, Semino O, Passarino G, Torroni A, Brdicka R, Fellous M, Modiano G|journal = Ann Hum Genet.|year = 1993|month = Jan.}}</ref>.
Une étude réalisée en 1993 avait déjà suggéré l'origine proche orientale des juifs<ref name="Santachiara">{{en}}{{cite journal|title=The common, Near-Eastern origin of Ashkenazi and Sephardi Jews supported by Y-chromosome similarity|author = Santachiara Benerecetti AS, Semino O, Passarino G, Torroni A, Brdicka R, Fellous M, Modiano G|journal = Ann Hum Genet.|year = 1993|month = Jan. |url = http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8101437 }}</ref>.


Selon A. Nebel et ses collègues, plus de 70% des hommes juifs et la moitié des hommes arabes (habitant seulement Israël ou les territoires palestiniens) dont l'ADN a été étudié, ont hérité leurs chromosomes Y des mêmes ancêtres paternels qui vivaient dans la région il y a quelques milliers d'années. Cependant, le [[clade]] arabe-palestinien inclut deux haplotypes arabes que ne sont trouvés que très rarement chez les Juifs, montrant ainsi une divergence ou un apport d'autres populations chez les Palestiniens<ref>{{en}} {{cite journal|doi=10.1007/s004390000426|title=High-resolution Y chromosome haplotypes of Israeli and Palestinian Arabs reveal geographic substructure and substantial overlap with haplotypes of Jews|year=2000|author=Nebel, Almut|journal=Human Genetics|volume=107|pages=630}}</ref>.
Selon A. Nebel et ses collègues, plus de 70% des hommes juifs et la moitié des hommes arabes (habitant seulement Israël ou les territoires palestiniens) dont l'ADN a été étudié, ont hérité leurs chromosomes Y des mêmes ancêtres paternels qui vivaient dans la région il y a quelques milliers d'années. Cependant, le [[clade]] arabe-palestinien inclut deux haplotypes arabes que ne sont trouvés que très rarement chez les Juifs, montrant ainsi une divergence ou un apport d'autres populations chez les Palestiniens<ref>{{en}} {{cite journal|doi=10.1007/s004390000426|title=High-resolution Y chromosome haplotypes of Israeli and Palestinian Arabs reveal geographic substructure and substantial overlap with haplotypes of Jews|year=2000|author=Nebel, Almut|journal=Human Genetics|volume=107|pages=630}}</ref>.
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=== ADN-Y des Juifs askénazes ===
=== ADN-Y des Juifs askénazes ===
Deux études de Nebel et ses collègues (en 2001<ref name="Nebel 2001">{{en}} {{cite journal| pmid=11573163| year=2001| month=Nov| author=Nebel, A; Filon, D; Brinkmann, B; Majumder, Pp; Faerman, M; Oppenheim, A| title=The Y chromosome pool of Jews as part of the genetic landscape of the Middle East.| volume=69| issue=5| pages=1095–112| issn=0002-9297| pmc=1274378| doi=10.1086/324070| journal=American journal of human genetics |url = http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1274378/ }}</ref> et 2005<ref>Almut Nebel, Dvora Filon, Marina Faerman, Himla Soodyall and Ariella Oppenheim. [http://www.nature.com/ejhg/journal/v13/n3/full/5201319a.html "Y chromosome evidence for a founder effect in Ashkenazi Jews"], (''European Journal of Human Genetics'' (2005) 13, 388–391. doi:10.1038/sj.ejhg.5201319 Published online 3 November 2004).</ref>) ont montré que les Juifs ashkénazes et séfarades partagent globalement le même patrimoine génétique paternel. Cependant, les auteurs constatent aussi une fréquence élevée (12.7%) de l'haplogroupe [http://www.drpeterjdadamo.com/wiki/wiki.pl/Haplogroup_R1a1_(Y-DNA) R1a1] (anciennement appelé Eu 19 ou Hg3) chez les premiers qui est très fréquent dans les populations de l'est de l'Europe (entre 54 et 60%). Les auteurs suggèrent que ces chromosomes pourraient rendre compte d'un faible flux de gènes provenant des populations est-européennes et qu'en particulier environ 12% du patrimoine génétique paternel des Juifs ashkénazes pourrait provenir des [[Khazars]].
Deux études de Nebel et ses collègues (en 2001<ref name="Nebel 2001">{{en}} {{cite journal| pmid=11573163| year=2001| month=Nov| author=Nebel, A; Filon, D; Brinkmann, B; Majumder, Pp; Faerman, M; Oppenheim, A| title=The Y chromosome pool of Jews as part of the genetic landscape of the Middle East.| volume=69| issue=5| pages=1095–112| issn=0002-9297| pmc=1274378| doi=10.1086/324070| journal=American journal of human genetics |url = http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1274378/ }}</ref> et 2005<ref> {{en}} {{cite journal|author = Almut Nebel, Dvora Filon, Marina Faerman, Himla Soodyall and Ariella Oppenheim | title = Y chromosome evidence for a founder effect in Ashkenazi Jews| journal = European Journal of Human Genetics|year = 2005 | volume = 13|page = 388–391|url = http://www.nature.com/ejhg/journal/v13/n3/full/5201319a.html }}</ref>) ont montré que les Juifs ashkénazes et séfarades partagent globalement le même patrimoine génétique paternel. Cependant, les auteurs constatent aussi une fréquence élevée (12.7%) de l'haplogroupe [http://www.drpeterjdadamo.com/wiki/wiki.pl/Haplogroup_R1a1_(Y-DNA) R1a1] (anciennement appelé Eu 19 ou Hg3) chez les premiers qui est très fréquent dans les populations de l'est de l'Europe (entre 54 et 60%). Les auteurs suggèrent que ces chromosomes pourraient rendre compte d'un faible flux de gènes provenant des populations est-européennes et qu'en particulier environ 12% du patrimoine génétique paternel des Juifs ashkénazes pourrait provenir des [[Khazars]].


Pour Hammer et ses collègues en 2000, le poids des gènes européens est estimé entre 16 et 30% (avec une hypothèse moyenne de 23%)<ref name="hammer2000"/>.
Pour Hammer et ses collègues en 2000, le poids des gènes européens est estimé entre 16 et 30% (avec une hypothèse moyenne de 23%)<ref name="hammer2000"/>.
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Ces études tendent à montrer que le patrimoine génétique paternel des Juifs d'Afrique du Nord ne peut provenir majoritairement des populations berbères qui se seraient converties au judaïsme avant l'arrivée de l'islam.
Ces études tendent à montrer que le patrimoine génétique paternel des Juifs d'Afrique du Nord ne peut provenir majoritairement des populations berbères qui se seraient converties au judaïsme avant l'arrivée de l'islam.


De même, une étude récente de Inês Nogueiro et al. 2009 sur les Juifs du Portugal du Nord-Est a montré que leur linéages paternels se composaient de 28% d'haplogroupes R1b-M269, caractéristiques des populations d'Europe de l'Ouest et de 53% de linéages proche-orientaux (J1: 12%, J2-M172: 25% et T-M70: 16%) et qu'en conséquence, les Juifs portugais de cette région étaient génétiquement plus proches des autres population juives que des Portugais non-juifs<ref>[http://www3.interscience.wiley.com/journal/122685415/abstract?CRETRY=1&SRETRY=0 Phylogeographic analysis of paternal lineages in NE Portuguese Jewish communities], Inês Nogueiro et al. 2009 </ref>.
De même, une étude récente de Inês Nogueiro et al. 2009 sur les Juifs du Portugal du Nord-Est a montré que leur linéages paternels se composaient de 28% d'haplogroupes R1b-M269, caractéristiques des populations d'Europe de l'Ouest et de 53% de linéages proche-orientaux (J1: 12%, J2-M172: 25% et T-M70: 16%) et qu'en conséquence, les Juifs portugais de cette région étaient génétiquement plus proches des autres population juives que des Portugais non-juifs<ref> {{en}}{{cite journal|auteur = Inês Nogueiro et al. |title = Phylogeographic analysis of paternal lineages in NE Portuguese Jewish communities | journal = American Journal of Physical Anthropology | year = 2009 | url=http://www3.interscience.wiley.com/journal/122685415/abstract?CRETRY=1&SRETRY=0 }} </ref>.


=== ADN-Y des Juifs du Yémen ===
=== ADN-Y des Juifs du Yémen ===
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, publié dans [[Nature (revue)|Nature]] en 1997, a eu un certain retentissement. Un ensemble de marqueurs particuliers (appelé ''Cohen Modal Haplotype'' ou CMH) était en effet plus susceptible d'être plus présent chez les [[Cohanim]], des Juifs contemporains portant le nom de cohen ou un dérivé, et de ce fait supposés descendre de l'ancienne lignée sacerdotale, que dans la population juive en général. Une origine commune avait été strictement préservée pendant des milliers d'années.
, publié dans [[Nature (revue)|Nature]] en 1997, a eu un certain retentissement. Un ensemble de marqueurs particuliers (appelé ''Cohen Modal Haplotype'' ou CMH) était en effet plus susceptible d'être plus présent chez les [[Cohanim]], des Juifs contemporains portant le nom de cohen ou un dérivé, et de ce fait supposés descendre de l'ancienne lignée sacerdotale, que dans la population juive en général. Une origine commune avait été strictement préservée pendant des milliers d'années.


Cependant, des études ultérieures<ref name="Ekins2005">JE Ekins et al., [http://www.smgf.org/resources/papers/ASHG2005_Jayne.pdf ''An Updated World-Wide Characterization of the Cohen Modal Haplotype''], dans ''ASHG meeting'' d'octobre 2006.</ref> ont montré que le nombre de marqueurs génétiques utilisés et le nombre d'échantillons (de personnes se disant Cohen) n'étaient pas assez grands. La dernière de ces études réalisée en 2009 par Hammer<ref name="Hammer2009">{{cite journal| authors = Hammer M. F.; Behar B.; Karafet T. M.; Mendez F. L.; Hallmark B.; Erez T.; Zhivotovsky L. A.; Rosset S. and Skorecki K.| title = [http://www.springerlink.com/content/357176p177623m41/ Extended Y chromosome haplotypes resolve multiple and unique lineages of the Jewish priesthood]| journal = Hum Genet| volume = 126| issue = 5| pages = 707-717| publisher = Springer| date = nov 2009}} </ref> nous dit qu'il n'existe pas un seul haplogroupe commun à tous les Cohen mais 21 et que 79,5% des haplogroupes des Cohen provient de 5 haplogroupes (donc de 5 ancêtres). Parmi ces 5 haplogroupes le premier (J-P58* ou J1e) tient compte de 46.1% des Cohen et le second (J-M410 ou J2a) de 14,4%. De plus, ces deux haplogroupes ont permis de mettre en évidence un CMH "étendu" composé de 2 haplotypes observés chez 29.8% des Cohen, 1.5% des autres Juifs (sauf chez les Lévi) et absents chez les 2099 non-juifs analysés dans l'étude. Ces deux haplotypes seraient apparus respectivement il y a 3000 +/- 1000 ans et 4000 +/- 1000 ans. Cette dernière étude confirme tout de même que les Cohen actuels descendraient d'un nombre restreint d'ancêtres paternels.
Cependant, des études ultérieures<ref name="Ekins2005">{{en}}{{cite journal|auteur = JE Ekins et al.| url=http://www.smgf.org/resources/papers/ASHG2005_Jayne.pdf |title = An Updated World-Wide Characterization of the Cohen Modal Haplotype|journal = ASHG meeting|date = octobre 2006}}</ref> ont montré que le nombre de marqueurs génétiques utilisés et le nombre d'échantillons (de personnes se disant Cohen) n'étaient pas assez grands. La dernière de ces études réalisée en 2009 par Hammer<ref name="Hammer2009">{{cite journal| author = Hammer M. F.; Behar B.; Karafet T. M.; Mendez F. L.; Hallmark B.; Erez T.; Zhivotovsky L. A.; Rosset S. and Skorecki K.| title = Extended Y chromosome haplotypes resolve multiple and unique lineages of the Jewish priesthood| journal = Hum Genet| volume = 126| issue = 5| pages = 707-717| publisher = Springer| date = nov 2009 |url = http://www.springerlink.com/content/357176p177623m41/}} </ref> nous dit qu'il n'existe pas un seul haplogroupe commun à tous les Cohen mais 21 et que 79,5% des haplogroupes des Cohen provient de 5 haplogroupes (donc de 5 ancêtres). Parmi ces 5 haplogroupes le premier (J-P58* ou J1e) tient compte de 46.1% des Cohen et le second (J-M410 ou J2a) de 14,4%. De plus, ces deux haplogroupes ont permis de mettre en évidence un CMH "étendu" composé de 2 haplotypes observés chez 29.8% des Cohen, 1.5% des autres Juifs (sauf chez les Lévi) et absents chez les 2099 non-juifs analysés dans l'étude. Ces deux haplotypes seraient apparus respectivement il y a 3000 +/- 1000 ans et 4000 +/- 1000 ans. Cette dernière étude confirme tout de même que les Cohen actuels descendraient d'un nombre restreint d'ancêtres paternels.


Hammer a redéfini le CMH comme étant le marqueur déterminant plus importante des lignées (46.1%).
Hammer a redéfini le CMH comme étant le marqueur déterminant plus importante des lignées (46.1%).

Version du 13 décembre 2009 à 18:49

Les études génétiques sur les Juifs s'inscrivent dans le cadre de la génétique des populations. Cette nouvelle discipline permet de mieux comprendre la chronologie des migrations et de compléter ainsi les résultats apportés par l'histoire, l'archéologie, la linguistique, ou la paléontologie. L'intérêt de ces études est d'essayer de mieux appréhender l'origine des différentes populations juives d'aujourd'hui. En particulier, elles tentent de déterminer si elles sont issues du Moyen-Orient ou non. D'autre part, elles cherchent à savoir s'il existe un patrimoine génétique commun relatif aux différentes populations juives.

Ces études montrent les lignées variées des populations juives modernes. Toutefois, la plupart de ces populations ont un patrimoine génétique paternel commun qui remonte à une population ancienne dont les membres se séparèrent et suivirent une évolution différente[1]. Ces découvertes font remonter les lignées paternelles des Juifs à des ancêtres issus du Moyen-Orient. Si elles ne sont pas en contradiction avec les traditions juives qui situent l'origine du peuple juif dans des populations hébraïques qui se sont installées au Pays de Canaan, elles dessinent une aire géographique d'origine plus large que ces traditions.

Les lignées maternelles sont globalement plus hétérogènes. Elles présentent souvent une particularité originale qui est le phénomène des fondatrices. Dans un grand nombre de communautés, on constate qu'un nombre limité de femmes sont à l'origine d'une grande partie de ces communautés. La plupart du temps, l'origine de ces fondatrices est inconnue ou contestée.

Les études actuelles tendent à mettre en évidence un apport génétique externe, dû à des conversions de populations indigènes, minoritaire mais significatif. C'est en particulier le cas de l'apport khazar chez les Ashkénazes ou berbère chez les Juifs de certaines régions d'Afrique du Nord étudiées. Dans ce dernier cas toutefois il faut préciser qu'aucune étude n'a porté sur les juifs originaires d'Algérie.

Compte tenu de la nouveauté de cette discipline et de son contexte politique sensible, le lecteur gardera cependant son esprit critique tant sur les résultats obtenus que sur leurs interprétations par des tierces personnes (journalistes, historiens, etc.). Cet article tente de rendre compte de l'état actuel de la recherche à ce sujet.

Introduction

Compte tenu de l'histoire complexe des migrations, est-il possible de trouver un ancêtre commun aux communautés juives actuelles ou celles-ci sont-elles plutôt liées aux populations non-juives où elles ont été accueillies ?

Depuis les années soixante-dix de nombreuses études ont tenté de répondre à cette question à l'aide des marqueurs génétiques "classiques" (groupes sanguins, enzymes, etc.). Des réponses contradictoires ont été données en fonction des locus utilisés[1]. Une des explication de ces contradictions est que les variations associées à un locus sont influencées par la sélection naturelle[1].

Depuis la fin des années quatre-vingts et surtout depuis le début du siècle, les généticiens ont travaillé sur le chromosome Y et sur l'ADN mitochondrial qui ont la particularité d'être transmis intégralement (hors mutation). Il est donc possible de remonter aux ancêtres communs des différentes populations du globe et particulier celles des populations juives. Par ailleurs, de très récentes études ont été réalisées sur un très grand nombre de gènes des chromosomes dit autosomales (tous les chromosomes à l'exclusion des chromosomes X, Y et de l'ADN mthocondrial).

A une exception près[2], ces études ne tentent pas de déterminer un quelconque gène juif. Au cours d'un congrès scientifique en 2003 aux États-Unis, le biologiste juif américain Robert Pollack de l'Université Columbia et plusieurs scientifiques ont clairement réfuté le fait que l'on puisse déterminer biologiquement la « judéïté » d'un individu puisqu'il n'existe tout simplement pas de séquence ADN qui soit présentes chez les Juifs et absentes chez les non-Juifs[3].

Il peut sembler paradoxal, de prime abord, de dire que d'une part il n'y a pas de gène juif et que d'autre part un certain nombre de communauté juive dans le monde ont une origine génétique commune. Ceci provient du fait que la génétique des populations ne s'intéresse pas aux individus mais sont des études statistiques sur les populations. Elles cherchent à déterminer par exemple le pourcentage de "gènes" (ou plus exactement d'haplogroupes) communs entre deux populations.

Certains historiens ont souligné le caractère idéologique que pouvaient prendre certaines études. Ainsi l'historien Shlomo Sand, qui affirme que la génétique en Israël était déjà dans les années 50 une « science biaisée entièrement dépendante d'une conception historique nationale qui s'efforçait de trouver une homogénéité historique nationale au sein des Juifs dans le monde » considère, à propos de ces récentes études génétiques, que « l'information sur le mode de sélection des éléments observés est ténue et de nature à éveiller des doutes importants. Ce, d'autant plus que les conclusions précipitées sont toujours construites et renforcées au moyen d'une rhétorique dénuée de tout lien avec le laboratoire scientifique »[4].

Les premières études ont été réalisées sur le chromosome Y (transmis du père au fils) puis sont venues les études sur l'ADN mitochondrial (transmis de la mère aux enfants) et enfin les études autosomales portant sur la totalité des chromosomes. Cet article suit naturellement ce plan, un quatrième paragraphe rapporte des études sur des populations génétiquement proches. Enfin, un cinquième paragraphe rappelle que des études semblables sont réalisées pour l'ensemble des populations du globe.

Lignée paternelle : l'ADN du chromosome Y

Une étude publiée par l'Académie Nationale des Sciences américaine a établi que « le patrimoine génétique paternel des communautés juives d'Europe, d'Afrique du nord et du Moyen-Orient était issu d'une population ancestrale moyen-orientale commune » et suggérait que « la plupart des communautés juives étaient restées relativement isolées des communautés non-juives voisines durant leur vie en Diaspora[1] ». Des chercheurs ont exprimé leur surprise devant la remarquable uniformité génétique qu'ils observent chez les Juifs de l'époque actuelle, quelque soit leur origine dans la Diaspora[1]. Environ 30% à 40% des Juifs possèdent l'haplogroupe J et ses descendants (anciennement appelé Eu9/Eu10, Med ou encore HG9). Cet Haplogroupe est particulièrement présent au moyen orient ainsi que sur les rives Sud et Est de la Méditerranée [5]. Par ailleurs, 20 à 30% possèdent l'haplogroupe E1b1b (ou E-M35) et ses descendants (appelé E3b avant 2008 et anciennement appelé Eu4 ou HG25).

Une étude réalisée en 1993 avait déjà suggéré l'origine proche orientale des juifs[6].

Selon A. Nebel et ses collègues, plus de 70% des hommes juifs et la moitié des hommes arabes (habitant seulement Israël ou les territoires palestiniens) dont l'ADN a été étudié, ont hérité leurs chromosomes Y des mêmes ancêtres paternels qui vivaient dans la région il y a quelques milliers d'années. Cependant, le clade arabe-palestinien inclut deux haplotypes arabes que ne sont trouvés que très rarement chez les Juifs, montrant ainsi une divergence ou un apport d'autres populations chez les Palestiniens[7].

Cependant en 2005, un article de synthèse de Ellen Coffman-Levy [8] pondère ces résultats.

ADN-Y des Juifs askénazes

Deux études de Nebel et ses collègues (en 2001[9] et 2005[10]) ont montré que les Juifs ashkénazes et séfarades partagent globalement le même patrimoine génétique paternel. Cependant, les auteurs constatent aussi une fréquence élevée (12.7%) de l'haplogroupe R1a1 (anciennement appelé Eu 19 ou Hg3) chez les premiers qui est très fréquent dans les populations de l'est de l'Europe (entre 54 et 60%). Les auteurs suggèrent que ces chromosomes pourraient rendre compte d'un faible flux de gènes provenant des populations est-européennes et qu'en particulier environ 12% du patrimoine génétique paternel des Juifs ashkénazes pourrait provenir des Khazars.

Pour Hammer et ses collègues en 2000, le poids des gènes européens est estimé entre 16 et 30% (avec une hypothèse moyenne de 23%)[1].

Dans une étude de Behar et ses collègues de 2004 [11] le pourcentage donné est de 5% (hors juifs hollandais). Mais les résultats ont été remis en cause par E. Coffman [8]

Par ailleurs, il est intéressant de noter que 7[11] à 10%[12] des juifs ashkénazes possèdent l'haplogroupe G2c qui est extrêmement rare dans le reste de la population humaine. Il a été détecté sur un homme en Turquie à la frontière Arménienne, sur un homme Pashtoun en Afghanistan et sur un homme au Kashmir. L'origine de cet haplogroupe est inconnue.

ADN-Y des Juifs kurdes et séfarades

Les investigations faites par Nebel et ses collègues [9] sur les relations génétiques entres les Juifs ashkénazes, kurdes et séfarades (Afrique du nord, Turquie, péninsule ibérique, Irak et Syrie) montrent que les Juifs kurdes et séfarades ont des patrimoines génétiques indifférentiables. L'étude indique que les mélanges entre les Juifs kurdes et leurs hôtes musulmans sont négligeables. Enfin, les auteurs concluent que les Juifs sont plus proches génétiquement des groupes du nord du croissant fertile (Kurdes, Turcs et Arméniens) que de leur voisins arabes. Il faut toutefois remarquer que seul un très petit échantillon de 78 individus a été étudié (dont 37 Juifs Nord-Africains).

Une autre étude est intéressante à citer bien qu'elle ne concerne que l'île de Djerba en Tunisie[13]. Elle conclut également que le patrimoine génétique paternel des Juifs de Djerba est différent de celui des Arabes et des Berbères de cette île. 100% des échantillons testés sont de l'Haplogroupe J*.

Une étude portant spécifiquement sur les Juifs de Lybie [14] suggère une signature génétique distincte, une proximité avec les Juifs du Yémen et ceux d'Ethiopie et un possible mélange avec les populations berbères.

Ces études tendent à montrer que le patrimoine génétique paternel des Juifs d'Afrique du Nord ne peut provenir majoritairement des populations berbères qui se seraient converties au judaïsme avant l'arrivée de l'islam.

De même, une étude récente de Inês Nogueiro et al. 2009 sur les Juifs du Portugal du Nord-Est a montré que leur linéages paternels se composaient de 28% d'haplogroupes R1b-M269, caractéristiques des populations d'Europe de l'Ouest et de 53% de linéages proche-orientaux (J1: 12%, J2-M172: 25% et T-M70: 16%) et qu'en conséquence, les Juifs portugais de cette région étaient génétiquement plus proches des autres population juives que des Portugais non-juifs[15].

ADN-Y des Juifs du Yémen

Les études de Shen[16] et de Hammer[1] et de leur collègues montrent que le patrimoine génétique paternel des Juifs du Yémen est similaire à celui des autres populations juives.

ADN-Y des Juifs d'Éthiopie

Une étude[17] de Lucotte et Smets a montré que le patrimoine génétique paternel des Beta Israël (Juifs d'Éthiopie) était proche des populations éthiopiennes non juives. Ceci est cohérent avec le fait que les Beta Israël descendent des anciens habitants d'Ethiopie et non du Moyen-Orient.

Hammer et ses collègues en 2000[1], ainsi que l'équipe de Shen en 2004[16] arrivent aux même conclusions, à savoir un patrimoine génétique in-différentiable des autres populations du nord de l'Éthiopie, ce qui indique probablement une conversion de populations locales.

Le cas des familles sacerdotales

Étude sur les Cohanim

Le Dr. Karl Skorecki, un néphrologue canadien d'origine ashkénaze, a remarqué qu'un homme séfarade qui était un Cohen comme lui avait des caractéristiques physiques complètement différentes. Selon la tradition juive, tous les Cohanim sont les descendants du prêtre Aaron, frère de Moïse. Skorecki a suggéré que si les Cohanim étaient effectivement les descendants d'un seul homme, ils devaient avoir un ensemble de marqueurs génétiques communs.

Pour vérifier cette hypothèse, il a contacté le professeur Michael Hammer, de l'Université de l'Arizona, un chercheur en génétique moléculaire et un pionnier dans la recherche sur le chromosome. Leur article[18] , publié dans Nature en 1997, a eu un certain retentissement. Un ensemble de marqueurs particuliers (appelé Cohen Modal Haplotype ou CMH) était en effet plus susceptible d'être plus présent chez les Cohanim, des Juifs contemporains portant le nom de cohen ou un dérivé, et de ce fait supposés descendre de l'ancienne lignée sacerdotale, que dans la population juive en général. Une origine commune avait été strictement préservée pendant des milliers d'années.

Cependant, des études ultérieures[19] ont montré que le nombre de marqueurs génétiques utilisés et le nombre d'échantillons (de personnes se disant Cohen) n'étaient pas assez grands. La dernière de ces études réalisée en 2009 par Hammer[12] nous dit qu'il n'existe pas un seul haplogroupe commun à tous les Cohen mais 21 et que 79,5% des haplogroupes des Cohen provient de 5 haplogroupes (donc de 5 ancêtres). Parmi ces 5 haplogroupes le premier (J-P58* ou J1e) tient compte de 46.1% des Cohen et le second (J-M410 ou J2a) de 14,4%. De plus, ces deux haplogroupes ont permis de mettre en évidence un CMH "étendu" composé de 2 haplotypes observés chez 29.8% des Cohen, 1.5% des autres Juifs (sauf chez les Lévi) et absents chez les 2099 non-juifs analysés dans l'étude. Ces deux haplotypes seraient apparus respectivement il y a 3000 +/- 1000 ans et 4000 +/- 1000 ans. Cette dernière étude confirme tout de même que les Cohen actuels descendraient d'un nombre restreint d'ancêtres paternels.

Hammer a redéfini le CMH comme étant le marqueur déterminant plus importante des lignées (46.1%).

Pour plus de détail on peut se référer à l'article du Wikipedia anglais Y-chromosomal Aaron.

Étude sur les Lévi

Contrairement aux Cohanim, des études[20] sur les Lévi montrent une disparité d'origine entre les Lévi ashkénazes et séfarades (non-ashkenazes). En effet, une proportion importante (50% des échantillons testés) de Lévi ashkenazes présente un haplogroupe R1a1 proche des haplogroupes européens alors que l'haplogroupe des Lévi séfarades est proche des haplogroupes des populations proche-orientales. Les auteurs émettent l'hypothèse d'une origine khazar des Lévi ayant l'haplogroupe R1a1.

Pour plus de détail on peut se référer à l'article du Wikipedia anglais Y-chromosomal Levi.

Lignée maternelle : l'ADN mitochondrial

Les études sur l'ADN mitochondrial des populations juives sont plus récentes et sont encore sujettes à débat. Cependant, il semble qu'il n'y ait pas de lignées maternelles communes à l'ensemble des populations juives.

Jusqu'à 2006, les généticiens attribuaient le plus souvent l'origine des populations juives à des individus masculins ayant émigré du Moyen-Orient et ayant pris comme épouses des femmes dans les populations indigènes, qu'ils convertissaient au judaïsme. Cependant, les plus récentes études[21] invitent à revoir cette affirmation, au moins pour les Ashkénazes.

D'autre part, on constate que dans un certain nombre de communauté juive un nombre limité de femmes sont à l'origine d'une grande partie de ces communautés[22]. Ce phénomène est appelé effet de fondateur (founder effect). Il est rare dans les communautés non-juives.

ADN-mt des Juifs ashkénazes

Dans une étude de 2006, D. Behar et ses collègues indiquent que le patrimoine génétique maternel de 40% des Ashkénazes proviendrait « de 4 ancêtres femmes » vivant il y a 2000 ans dont l'origine n'est pas Européenne. De plus, la présence de lignée maternelle "soeur" parmi les Juifs d'Afrique du nord, de France, d'Italie et du portugal suggère une origine hébraïque ou levantine[23].

Une autre étude de J. Feder et ses collègues [24] confirme l'hypothèse de fondatrices d'origine non locale cependant elle ne confirme pas explicitement l'origine "levantine" des ces fondatrices.

ADN-mt des Juifs d'Afrique du Nord

L'analyse de l'ADN mitochondrial des populations juives d'Afrique du Nord a fait l'objet d'une nouvelle étude détaillée en 2008 par Doron Behar et ses collègues[21]. Elle montre que les Juifs de certaines régions d'Afrique du Nord (Maroc, Tunisie, Libye) ne partagent pas les haplogroupes de l'ADN mitochondrial typiquement nord-africains (M1 et U6) des populations berbères et arabes. De même alors que la fréquence d'haplogroupes L sub-sahariens avoisine, en moyenne, 20-25% chez les populations berbères étudiées, elle n'est que de 1.3%, 2.7% et 3.6% respectivement chez les juifs du Maroc, de Tunisie et de Libye ce qui implique, compte tenu des fréquences respectives, une contribution maternelle locale maximum de 6% chez les juifs du Maroc, 13% chez les juifs tunisiens, et 18% chez ceux de Libye[25].

Ainsi, les études génétiques ne permettent pas de déterminer l'origine "maternelle" des Juifs du Maroc, de Tunisie et de Libye (les Juifs d'Algérie n'ayant quant à eux pas fait l'objet d'étude spécifique) mais tendent à réfuter la thèse d'une origine majoritairement berbère.

Toujours selon l'étude de D. Behar[21] il est intéressant de noter que la lignée maternelle la plus importante des Juifs de Libye et de Tunisie a une origine qui se situe dans une région allant du proche et Moyen Orient jusqu'au Caucase. La moitié des Juifs de Libye descendraient d'une seule femme et 30 % des Juifs de Tunisie descendraient de 4 femmes.

Les lignées maternelles des Juifs du Maroc sont très diverses[16],[21]. M. G. Thomas montre un effet de fondateur mais ceci a été contesté.

ADN-mt des Juifs de la péninsule ibérique

Les données (ADN-mt) récupérée par D. Behar et ses collègues sont localisées dans le village de Belmonte au Portugal dans une communauté descendant de crypto-juif. Il n'est pas possible de généraliser à l'ensemble de la péninsule ibérique.

ADN-mt des Juifs d'Éthiopie

Les résultats sont similaires à ceux de la population masculine, à savoir des caractéristiques génétiques identiques à celles des populations environnantes.

ADN-mt des Juifs de Turquie

L'ADN-mt des Juifs de Turquie est extrêmement divergent[21] ce qui signifie que le patrimoine génétique maternel provient d'origines très diverses. Il est intéressant de noter que l'on retrouve une lignée de type ibérique ce qui est cohérent avec les données historiques.

ADN-mt des Juifs de Géorgie

Selon l'étude de M. G. Thomas et ses collègues[22] 51% des juifs de Géorgie descendraient d'une seule femme (58% selon Behar[21]). Malheureusement, une fois de plus il n'est pas possible de déterminer la provenance de cette lignée.

ADN-mt des juifs du Yemen

Dans une étude de Richards et ses collègues [26] les auteurs indiquent qu'une faible proportion d'haplogroupe L1 et L3A provenant de lignée sub-saharienne est présente chez les juifs du Yemen. Cependant, ces lignées sont 4 fois moins importantes en proportion que chez les Yéménites non juifs. Ces haplogroupes sub-sahariens sont quasiment absents chez les Juifs d'Irak, d'Iran et de Géorgie et sont totalement absents chez les Juifs ashkénazes.

La population juive yéménite présente aussi un effet de fondateur. 42% des lignées maternelles proviendrait de 5 femmes [21] originaires de l'ouest de l'Asie pour 4 d'entre elles et d'Afrique sub-saharienne pour la dernière.

ADN-mt des Juifs de Cochin et des Bnei Israel du sous-continent indien

Toujours selon l'étude[21] de 2008 de D. Behar et ses collègues, il est clair que la lignée maternelle des Juifs de l'Inde a une origine locale pour la très grande majorité de la communauté. Cependant, il semblerait que le patrimoine génétique maternel comprenne toujours une lignée maternelle d'origine irakienne/iranienne, voire italienne.

Etudes autosomales

Les études autosomales portent sur la totalité des chromosomes plutôt que sur les lignées maternelles ou paternelles directes.

Selon une récente étude autosomale de Kopelman et al. (décembre 2009), les Juifs ashkénazes, turcs, marocains et tunisiens, partageraient une origine commune proche-orientale et se montrent assez proche des Palestiniens. Toutefois, dans cette étude, les Juifs tunisiens sont distincts des trois autres populations juives, ce qui pourrait laisser suggérer, selon les auteurs, une isolation génétique plus importante et/ou une contribution significative des populations locales berbères comme dans le cas des Juifs libyens[27]. Dans cette étude, les auteurs précisent également, concernant l'hypothèse de l'origine Khazar des Juifs ashkénazes, que s'ils n'ont pas détecté de différences entres les Juifs ashkénazes et les autres populations juives pouvant confirmer cette hypothése, ils ont néamoins détecté une similarité entre les Adyguéens (groupe du Caucase dont le territoire a été autrefois occupé par les Khazars) et les populations juives étudiées comme cela avait été observé par Need et al. dans une autre étude[2].

Une autre étude de Velez et al. 2009[28] ayant étudié sept groupes de populations juives d'origine géographique différente (Ashkenazes, Italiens, Grecques, Turcs, Iraniens, Iraquiens et Syriens) a montré que ces populations partageaient toutes une origine proche-orientale commune bien que génétiquement distinguables les unes des autres, cette distinction reflétant des mélanges avec les différentes populations locales. Ainsi, parmi ces populations juives étudiées, les auteurs ont détecté une contribution européenne variant de 30% à 60% chez les juifs syriens, sépharades et ashkenazes et pratiquement absente chez les juifs iraniens et iraquiens.

Comparaison avec le patrimoine génétique de populations non-juives

Les Samaritains

Les Samaritains sont une population ancienne du nord de la Palestine historique, ou ils sont historiquement bien identifiés depuis au moins le quatrième siècle avant Jésus-Christ. Ils se définissent comme étant les descendants des tribus d'Ephraïm et de Manassé (deux tribus issues de la Tribu de Joseph) vivant dans le royaume de Samarie avant sa destruction en -722. Pour eux, les Juifs ne sont que les descendants des Israélites de l'ancien royaume sudiste de Juda (ou de Jérusalem).

La génétique a été sollicitée pour apporter certaines réponses quant à l'origine des Samaritains. L'étude de Peidond Shen et de ses collègues en 2004[16] a ainsi porté sur la comparaison entre les chromosome Y de 12 hommes Samaritains et ceux de 18 à 20 hommes non Samaritains, répartis entre 6 populations juives (d'origines ashkénaze, marocaine, libyenne, éthiopienne, irakienne et yéménite) et 2 populations non-juives israéliennes (Druzes et Arabes). Les résultats d'analyses précédentes sur des groupes d'africains et d'européens ont été intégré dans l'analyse statistique. L'ADN mitochondrial (hérité des femmes) a également été comparé. L'étude conclut que des ressemblances significatives existent entre les chromosomes Y (masculin) juifs et samaritains, mais que l'ADN mitochondrial (hérité des femmes) diffère entre les populations juives et samaritaines. « À notre surprise, tous les chromosomes Y [donc hérités des hommes] des Samaritains non-Cohen [n'appartenant pas à la famille sacerdotale] appartiennent au groupe Cohen » (une caractéristique génétique qu'on rencontre majoritairement chez les Juifs cohanim, c'est-à-dire supposés descendre d'Aaron. « Les données […] indiquent que les chromosome Y [masculin] samaritains et juifs ont une affinité beaucoup plus grande que ceux des Samaritains et de leurs voisins géographiques de longue date, les Palestiniens ». « Cependant, ce n'est pas le cas pour les haplotypes d'ADN mitochondrial [hérités des femmes]. […] les distances entre Samaritains, Juifs et Palestiniens pour l'ADN mitochondrial [féminin] sont à peu près identiques. De plus, la basse diversité […] suggère que le flux de gènes maternels dans la communauté samaritaine n'a pas été très élevé[16] » (peu d'entrées de femmes dans la communauté).

Les Lembas

Voir l'étude de Mark G. Thomas sur l'origine des Lembas[29].

Habitants de la péninsule ibérique

D'après une étude de Adams de 2008 [30] les habitants de la péninsule ibérique aurait en moyenne 20% d'ancêtres Juifs séfarades avec des variations géographiques importantes allant de 0% à Minorque à 36.3% dans le Sud du Portugal (le terme séfarade est ici pris dans son sens strict à savoir les Juifs établis dans la péninsule ibérique avant leur expulsion en 1492). Cette origine pourrait aussi, selon les auteurs, être d'origine néolithique.

Autres études génétiques sur des populations

La génétique des populations est une science en pleine croissance.

Concernant les études sur les Juifs, le site le plus complet est Khazaria Info Center Erreur de référence : Paramètre invalide dans la balise <ref>.

Le site Eupedia dédié principalement aux haplogroupes des populations européennes constitue une excellente introduction à la génétique des populations d'autant plus que celui-ci est en français et il est, de plus, régulièrement mis à jour.

Trois projets privés tentent de cartographier le génome de l'ensemble des populations du globe et de tracer leurs migrations. Il s'agit de Genebase, du projet Genographic de national Geographic et du DNA Ancestry project. Seul le premier site donne accès à une base complète des haplogroupes par populations.

  • Un tableau synthétique, donnant le pourcentage de chaque haplogroupe du chromosome Y en fonction des différentes populations, est fourni sur la page du Wikipedia en anglais Y-DNA_haplogroups_by_ethnic_groups.

Différentes études ont été menées sur d'autres groupes que les Juifs afin de mieux comprendre leur origine. Certaines sont abordées sous Wikipedia :

Voir aussi

Liens internes

Articles sur le sujet

  • (en) (en) Diana Muir Appelbaum et Paul S. Appelbaum, « Genetics and the Jewish identity », Jerusalem Post,‎ (lire en ligne)
  • (en) Nicholas Wade, « New Light on Origins of Ashkenazi in Europe », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • (en) Steve Olson, "Who’s Your Daddy?", The Atlantic, Jul-Aug 2007, accessed 19 Feb 2009
  • (en) « Priestly Gene Shared By Widely Dispersed Jews », American Society for Technion, Israel Institute of Technology,‎ (lire en ligne)

Références

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