Djamel Okacha

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Djamel Okacha
Surnom Yahia Abou al-Hamman
Naissance
Reghaïa (Algérie)
Décès (à 40 ans)
Elakla, près de Tombouctou (Mali)
Mort au combat
Origine Algérien
Allégeance GSPC (1998-2007)
AQMI (2007-2019)
Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (2017-2019)
Grade Émir
Commandement Émir du Sahara (Région IX)(2012-2017)
Conflits Guerre civile algérienne
Guerre du Sahel
Guerre du Mali
Faits d'armes Attaque de Lemgheity
Bataille du Tigharghâr
Combat d'Elakla

Djamel Okacha, dit Yahia Abou al-Hamman, né le à Reghaïa en Algérie et mort le près de Tombouctou au Mali, est un djihadiste algérien, membre du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, puis d'Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Guerre civile algérienne[modifier | modifier le code]

Djamel Okacha naît le , près de Reghaïa[1]. Très jeune, durant la guerre civile algérienne, il est proche, selon les sources, du Front islamique du salut[2] ou du Groupe islamique armé[3] ; ce qui dans tous les cas lui vaut d'être emprisonné dix-huit mois en 1995[4].

Après sa libération, en raison de sa proximité avec Abdelmalek Droukdel (ils sont tous les deux issus de l'algérois), il rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) dès sa création, en 1998[2]. Boiteux de naissance du pied droit, il devient tireur d'élite[5],[6]. Au début des années 2000, il est nommé chef de la « zone 2 » (région de Tizi Ouzou) et devient un des kadis (juges) du GSPC[2]

Au Mali et au Sahel[modifier | modifier le code]

Il gagne le nord du Mali et le Sahel en 2003 ou en 2004[7],[2]. Alors sous les ordres de Mokhtar Belmokhtar, il participe à la fondation de la katiba « Al-Moulathamoune »[7],[5]. À la suite de ses actions, il est condamné à mort par contumace en Algérie[4].

Il prend alors part à plusieurs opérations. En 2005, en Mauritanie, il participe à l'attaque de la caserne de Lemgheity[7]. Puis en juin 2009, il assassine avec ses hommes un humanitaire américain, Christopher Leggett[7]. En août 2009, il dirige l'attaque contre l'ambassade de France à Nouakchott[3],[7], puis mène l'enlèvement d'un couple italo-burkinabè en décembre 2010[6]. Okacha finalise personnellement certaines négociations de rançons lors des prises d'otages[5].

En 2009, il est à la tête de sa propre katiba « Al Fourghan » qui assassine à Tombouctou le colonel Lamana Ould Bou, chef de la DGSE malienne au Nord-Mali, ce qui provoque une brouille avec Mokhtar Belmokhtar[8], avec lequel, de notoriété publique, ses relations sont fraîches[6] (il s'entend bien en revanche avec Abou Zeïd, chef d'une autre katiba).

Le 2 avril 2012, les forces djihadistes d'Ansar Dine et d'AQMI menées directement par Djamel Okacha, Iyad Ag Ghali, Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar entrent dans Tombouctou. Elles chassent les rebelles touaregs et arabes du MNLA et du FLNA, répriment les pillages, distribuent des vivres et font aussitôt appliquer la charia[9],[10]. Djamel Okacha serait alors devenu co-« gouverneur » de Tombouctou[8].

Après la mort de Nabil Abou Alqama en septembre 2012, Abdelmalek Droukdel nomme le 3 octobre 2012 Djamel Okacha pour lui succéder comme « émir du Sahara »[7],[11]. Il commande alors l'ensemble des forces d'AQMI dans le Sahel[7],[11]. Fin 2012 et début 2013, il aurait aidé Mokhtar Belmokhtar et son groupe des Signataires par le sang à préparer la prise d'otages d'In Amenas[2]. Mais selon d'autres sources, il aurait rompu avec Mokhtar Belmokhtar, l'ayant par ailleurs évincé auprès des katibas[12],[6],[4],[13].

Après le déclenchement de l'opération Serval en janvier 2013, Djamel Okacha quitte Tombouctou avec ses hommes peu de temps avant l'arrivée des Français[14]. Il aurait ensuite pris part à la bataille du Tigharghâr selon une source djihadiste de l'agence Sahara Medias[15].

Le 10 août 2014, les forces françaises de l'opération Barkhane capturent non loin de Tombouctou une cellule d'AQMI, dont « Abou Tourab », un adjoint de Djamel Okacha[8],[16].

En janvier 2016, Djamel Okacha donne une interview au site d'information mauritanien Al-Akhbar : il salue notamment les attentats de Paris du 13 novembre 2015 et se félicite du retour de Belmokhtar au sein d'AQMI, il déplore l'allégeance d'Adnane Abou Walid Al-Sahraoui à l'État islamique, mais affirme que « les contacts ne sont pas rompus »[17],[18],[19].

Le 2 mars 2017, Djamel Okacha apparaît aux côtés de Iyad Ag Ghali, d'Amadou Koufa, de Abou Hassan al-Ansari et de Abou Abderrahman El Senhadji, dans une vidéo qui marque l'unification de plusieurs groupes djihadistes du Sahel et la formation du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans[20],[21]. Djamel Okacha est alors considéré comme le numéro deux de cette nouvelle formation, dirigée par Iyad Ag Ghali[22], et le responsable de la région de Tombouctou.

Mort[modifier | modifier le code]

Djamel Okacha est tué le lors du combat d'Elakla au nord de Tombouctou, lorsqu'un groupe de véhicules djihadistes est intercepté par la force Barkhane[22],[23],[24],[25]. L’opération, particulièrement complexe, a nécessité des moyens motorisés terrestres et héliportés avec un drone MQ-9 Reaper en soutien. Elle a entrainé le décès de 11 terroristes[26].

La mort de Djamel Okacha est confirmée quelques jours plus tard par un autre chef djihadiste, Sedane Ag Hita, dans un document audio[27],[28]. Fin février 2020, Abdelmalek Droukdel, le chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), confirme officiellement la mort de Djamel Okacha[29],[30].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Aqmi : Djamel Okacha, un émir très discret », Jeune Afrique,
  2. a b c d et e  Mélanie Matarese, « Djamel Okacha succède à Abou Zeid à la tête d'Aqmi », Le Figaro,
  3. a et b Sébastien Badibanga, « Aqmi : Djamel Okacha, le digne successeur d’Abou Zeid ? », sur Afrik.com,
  4. a b et c LePoint.fr avec AFP, « Le successeur d'Abou Zeid, un combattant aguerri et unificateur »,
  5. a b et c Serge Daniel, AQMI : l'industrie de l'enlèvement, Paris, Fayard, , 301 p. (ISBN 978-2-213-66279-4)
  6. a b c et d « Aqmi au Sahel: Mokhtar Belmokhtar écarté de son commandement », RFI,
  7. a b c d e f et g Benjamin Roger, « Visuel interactif : le nouvel organigramme d’Aqmi », Jeune Afrique, .
  8. a b et c Boubacar Sidibe, « Capture d’un adjoint de Yahia Abou El Hammam, gouverneur de Tombouctou pour AQMI et assassin du colonel Lamana ! », Mali actu,
  9. Serge Daniel, Les mafias du Mali ; Trafics et terrorisme au Sahel, p. 273
  10. Serge Daniel, « Slate : Mali: Iyad Ag Ghaly, le nouveau maître islamiste du nord », Slate,
  11. a et b Marc Mémier, « AQMI et Al-Mourabitoun : le djihad sahélien réunifié ? », Études de l'Ifri,
  12. Olivier Berger, « AQMI : Yahia Aboul Hammam, l'émir du Grand Sahara, récupère la katiba d'Abou Zeid », Défense globale, blog sur La Voix du Nord,  
  13. « Aqmi désigne un Mauritanien à la tête de Sariat Al Fourqan », La Matin Algérie,  
  14. Al Jazeera, « Orphans of the Sahara - Episode 3 - Exile » [vidéo], sur youtube, .
  15. Sofiane Ayache, « Iyad Ag Ghaly, l’émir d’Ansar Dine, combat au côté d’AQMI »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Le Matin.dz,
  16.  AFP/Le Matin DZ, « Mali: un proche du chef d’Aqmi au Sahel arrêté par l'armée française »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) 
  17. Nathalie Guibert et Madjid Zerrouky, « Les nouvelles menaces contre la France de l’émir d’Al-Qaida au Sahel », Le Monde,
  18. (ar) « أبو الهمام في أول مقابلة له بعد التدخل الفرنسي بمالي (نص المقابلة) », Al-Akhbar,‎
  19. « Lemine OULD M. SALEM », twitter,
  20. Jules Crétois, « Fusion de groupes jihadistes au Sahel, sous la bannière d’Al-Qaïda », Jeune Afrique,
  21. Mohamed Fall Oumère, « De la naissance d’un nouveau « djihadistan » au Sahel », Le Monde,
  22. a et b Le Monde avec AFP, « La France annonce avoir tué un des principaux chefs djihadistes au Sahel, Yahia Abou Al-Hamam »,
  23. « BARKHANE : Neutralisation d’un important chef terroriste », Ministère des Armées,
  24. Pierre Alonso et Célian Macé, « Au Mali, l'armée française tue un «historique» d'Al-Qaeda », Libération,
  25. « Exclusif pour kibaru : Abou Al-Hammam a bien été abattu par les forces françaises, selon ses proches », Kibaru,
  26. « Le numéro 2 du RIVM abattu par les forces françaises au nord Mali », sur Bruxelles2.eu,
  27. « Mort de Yahya Abou Al-Hammam : Seydan Ag Hita sort de sa réserve », Kibaru,
  28. « Mali: Sidan Ag Hitta, chef terroriste, s’exprime dans un message », RFI,
  29. Madjid Zerrouky, « Mort d’Abou Iyadh, figure du djihadisme tunisien, l’un des derniers à avoir fréquenté Ben Laden », Le Monde,
  30. Camille Lafrance, « Le décès du leader djihadiste tunisien Abou Iyadh confirmé par AQMI », Jeune Afrique,

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Vidéographie[modifier | modifier le code]