Voltaire

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Voltaire

Écrivain et philosophe français, Voltaire, de son vrai nom François Marie Arouet, est né le 21 novembre 1694 (quoiqu'il prétendît être né le 20 février de cette année-là) à Paris où il meurt le 30 mai 1778, Voltaire ne s'est jamais marié et n'a jamais eu d'enfants. Il est admis à l'Académie française en 1746.

Il existe plusieurs hypothèses sur le pseudonyme de Voltaire :

  • l'anagramme de AROUET L(e) J(eune) ou plutôt de AROVET L(e) I(eune) en lettres capitales latines où U s'écrit V et J s'écrit I. AROVETLI donne VOLTAIRE. C'est l'hypothèse la plus sérieuse, et la plus souvent évoquée dans toutes les publications.
  • le nom d'un petit fief que possédait sa mère.
  • le syntagme verbal signifiant en ancien français celui que l'on "voulait-faire-taire" (vol-taire), à cause de sa pensée novatrice.
  • la contraction de Volontaire avec syncope de la syllabe intérieure on.
  • les syllabes vol-tai-re, dans un autre ordre: re-vol-tai soit révolté.

(Ces deux dernières hypothèses semblent toutefois par trop simplistes.)

Voltaire changea d'identité à l'occasion de son incarcération en 1717.

Biographie

Buste de Voltaire, 1778, par Jean-Antoine Houdon (1741 - 1828)

François-Marie Arouet Le Jeune, dit plus tard Voltaire, est né officiellement le 21 novembre 1694 à Paris, et baptisé le lendemain. À plusieurs reprises il prétendra être né en réalité le 20 février 1694, le baptême aurait été retardé du fait du peu d'espoir qu'il avait de rester en vie. C'est le dernier enfant de François Arouet, riche notaire et sympathisant janséniste, que son fils détestait, et de Marie Marguerite Daumart.

Voltaire se prétendait fils de Monsieur de Rochebrune, « mousquetaire, officier, auteur » (chansonnier).

Sa mère meurt en 1701 à l'âge de 41 ans environ. Son père devient « receveur des épices », charge lucrative à la Cour des Comptes.

Études: 1704-1711

Il commence ses études en 1704 au collège des Jésuites, futur lycée Louis-le-Grand. Il y fait de brillantes études de rhétorique et de philosophie, obtient des premiers prix. Il devient l'ami des frères d'Argenson, futurs ministres du roi Louis XV. Vers 1706 il compose une tragédie Amulius et Numitor ; on en trouvera plus tard des extraits qui seront publiés au XIXe siècle. Après sa classe de philosophie, il quitte le collège en 1711 pour s'inscrire à l'école de droit de Paris.

Libertin

En 1712 il tente le concours de l'Académie avec une ode, Le Voeu de Louis XIII mais échoue.

Filleul de l'abbé de Châteauneuf, il est introduit dans une société libertine, la Société du Temple, et reçoit un legs de Ninon de Lenclos. Il aime faire étalage de ses talents littéraires et de son esprit désinvolte et frondeur qui se déploie dans des épigrammes.

En 1713, à 19 ans, il part pour la Hollande comme secrétaire de M de Châteauneuf, frère de son parrain. Il se fait chasser de l'ambassade de France en Hollande en raison de sa liaison avec MModèle:Lle du Noyer, dite Pimpette, qu'il voulait enlever, à la suite de la plainte de Madame du Noyer. Monsieur Arouet menace son fils de l'expédier à Saint-Domingue et de le déshériter.

En 1714 il écrit un pamphlet, Lettre à M. D***, et une satire, Le Bourbier ou le Parnasse et commence sa tragédie Œdipe. Devenu clerc de notaire, son métier ne l'inspire guère.

Exils et prisons

En 1716 il est exilé cinq mois à Sully-sur-Loire pour des vers sur les amours incestueuses du Régent Philippe III d'Orléans.

En 1717, accusé d'avoir rédigé des pamphlets contre le Régent, il échappe à la déportation aux îles (Antilles) mais est emprisonné à la Bastille pendant près d'un an, entre 1717 et 1718. Il commence La Henriade, ode au roi Henri IV.

Libéré en avril 1718, il est exilé à Chatenay. Il adopte le nom de Voltaire et achève Œdipe, sa première pièce de théâtre, qui rencontra le succès en novembre, quelques mois après sa sortie de prison.

Les années de 1719 à 1724 sont des années de mondanité.

En 1726, à la suite d'une altercation avec le Chevalier de Rohan, Voltaire est emprisonné de nouveau à la Bastille.

En Grande-Bretagne

Il s'exile par la suite en Grande-Bretagne de 1726 à 1729, où il découvre la philosophie de John Locke, les théories scientifiques d'Isaac Newton et la caractéristique de la monarchie britannique, dont il assurera la vulgarisation en France dans les Lettres philosophiques.

Courtisan

Voltaire partage ensuite la vie d'Émilie du Chatelet, puis rentre à Paris où il mène une carrière de courtisan avant de tomber en disgrâce.

Chez Frédéric de Prusse

De 1750 à 1753, il voyage à la cour de Berlin et se brouille avec Frédéric II.

De Genève à Ferney

En 1755, il s'installe aux « Délices », près de Genève. Enfin, en 1758, il achète un domaine à Ferney, dans le Pays de Gex, et Tournay, en territoire français, mais sur la frontière franco-genevoise (Genève est alors un État indépendant). Il va aménager la région, bâtir, planter, semer et développer l'élevage. En compagnie de MMe Denis, sa nièce, gouvernante et compagne, il fait vivre un millier de personnes, se fait agriculteur, architecte, fabricant de montres et de bas de soie. Avec son sens de la formule, il résume l'entreprise : « Un repaire de 40 sauvages est devenu une petite ville opulente habitée par 1200 personnes utiles ». Voltaire n'est plus seulement l'homme le plus célèbre de son époque : il est devenu un mythe. De Saint-Pétersbourg à Philadelphie, on attend ses publications comme des oracles. Artistes, savants, princes, ambassadeurs ou simples curieux se rendent en pèlerinage à Ferney chez cet « aubergiste de l'Europe ».

En 1778, il revient à Paris : le peuple de la capitale l'accueille avec un tel enthousiasme que certains historiens voient dans cette journée du 30 mars « la première des journées révolutionnaires ».

Deux mois avant sa mort, le 7 avril 1778, il devient franc-maçon dans la loge parisienne des « Neuf Sœurs ». Il est possible que Voltaire ait été franc-maçon avant cette date, mais il n'en existe aucune preuve formelle.

Il meurt à Paris le 30 mai 1778. En février, 4 mois avant sa mort, il déclarait publiquement : « Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition. » Ses cendres sont transférées au Panthéon le 11 juillet 1791 après une grandiose cérémonie.

Sa morale

"Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire." Voltaire

(Cette phrase qui lui est souvent attribuée est apocryphe. Elle n'apparaît nulle part dans son oeuvre publiée. Elle fut en fait formulée en 1906 dans The Friends of Voltaire, livre anglais de Evelyn Beatrice Hall écrivant sous le pseudonyme de S. G. Tallentyre, pour résumer sa position : "I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it", avant d'être traduite en français.)

Adolph von Menzel : Tablée; Voltaire avec le roi Friedrich II de Prusse en Château de Sans-Souci, Potsdam, Alte Nationalgalerie, Berlin.

Dans la pensée du philosophe anglais John Locke, Voltaire trouve une doctrine qui s'adapte parfaitement à son idéal positif et utilitaire. Locke apparaît comme le défenseur du libéralisme en affirmant que le pacte social ne supprime pas les droits naturels des individus. En outre, c'est l'expérience seule qui nous instruit ; tout ce qui la dépasse n'est qu'hypothèse ; le champ du certain coïncide avec celui de l'utile et du vérifiable.

Voltaire tire de cette doctrine la ligne directrice de sa morale : la tâche de l'homme est de prendre en main sa destinée, d'améliorer sa condition, d'assurer, d'embellir sa vie par la science, l'industrie, les arts et par une bonne « police » des sociétés. Ainsi, la vie en commun ne serait pas possible sans une convention où chacun trouve son compte. Bien que s'exprimant par des lois particulières à chaque pays, la justice, qui assure cette convention, est universelle. Tous les hommes sont capables d'en concevoir l'idée, d'abord parce que tous sont des êtres plus ou moins raisonnables, ensuite parce qu'ils sont tous capables de comprendre que ce qui est utile à la société est utile à chacun. La vertu, « commerce de bienfaits », leur est dictée à la fois par le sentiment et par l'intérêt. Le rôle de la morale, selon Voltaire, est de nous enseigner les principes de cette « police » et de nous accoutumer à les respecter.

Étranger à tout esprit religieux, Voltaire se refuse cependant à l'athéisme d'un Diderot ou d'un d'Holbach. Il ne cessa de répéter son fameux distique :

L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger.

De nos jours encore (2005), cette interrogation subsiste, transférée sur la raison des "bonnes valeurs" des constantes universelles. (cf. principe anthropique)

Ainsi, selon Voltaire, l'ordre de l'univers peut-il nous faire croire à un « éternel géomètre ». Toutefois, s'il reste attaché au déisme, il dénonce comme dérisoire le providentialisme (dans Candide par exemple) et repose cette question formulée dès Saint Augustin et qu'il laisse sans réponse : « Pourquoi existe-t-il tant de mal, tout étant formé par un Dieu que tous les théistes se sont accordés à nommer bon ? ».

On lui attribue par ailleurs aussi cette phrase : « Nous pouvons, si vous le désirez, parler de l'existence de Dieu, mais comme je n'ai pas envie d'être volé ni égorgé dans mon sommeil, souffrez que je donne au préalable congé à mes domestiques ».

Il a en tout cas lutté contre le fanatisme, celui de l'Église catholique comme celui du protestantisme, symboles à ses yeux d'intolérance et d'injustice. Tracts, pamphlets, tout fut bon pour mobiliser l'opinion publique européenne. Il a aussi misé sur le rire pour susciter l'indignation : l'humour, l'ironie deviennent des armes contre la folie meurtrière qui rend les hommes malheureux. Les ennemis de Voltaire avaient d'ailleurs tout à craindre de son persiflage, mais parfois les idées nouvelles aussi. Quand en 1755, il reçoit le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, qui désapprouve l'ouvrage, répond en une lettre aussi habile qu'ironique :

Fichier:Voltaire houdon.jpg
Dernière statue de Voltaire par Jean-Antoine Houdon (1781)
« J'ai reçu, monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain, je vous en remercie. [...] On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est impossible de la reprendre et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi. [...] » (Lettre à Rousseau, 30 août 1755)

Le « patriarche de Ferney » représente éminemment l'humanisme militant du XVIIIe siècle. Comme l'a écrit Sainte-Beuve : « [...] tant qu'un souffle de vie l'anima, il eut en lui ce que j'appelle le bon démon : l'indignation et l'ardeur. Apôtre de la raison jusqu'au bout, on peut dire que Voltaire est mort en combattant. »

Sa correspondance compte plus de 23 000 lettres connues tandis qu'il laisse à la postérité un gigantesque Dictionnaire philosophique qui reprend les axes principaux de son œuvre, une trentaine de contes philosophiques et des articles publiés dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. De nos jours, son théâtre, qui l'avait propulsé au premier rang de la scène littéraire (Mérope, Zaïre et d'autres), ainsi que sa poésie (La Henriade, considérée comme la seule épopée française au XVIIIe siècle) sont oubliés.

C'est à Voltaire, avant tout autre, que s'applique ce que Condorcet disait des philosophes du XVIIIe siècle, qu'ils avaient « pour cri de guerre : raison, tolérance, humanité » .


Citations

  • « Jamais vingt volumes in-folio ne feront de révolution ; ce sont les petits livres portatifs à trente sous qui sont à craindre. Si l'Évangile avait coûté douze cents sesterces, jamais la religion chrétienne ne se serait établie. » (Lettre à d'Alembert, 5 avril 1766)
  • « Dans les commencements de la fondation des Quinze-Vingts... ...aux sourds de juger de la musique. » (Petite digression)
  • « Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable plutôt que de condamner un innocent. » (Zadig)
  • « Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? » (Dictionnaire philosophique, article Fanatisme)
  • « Je commence mon nom, vous finissez le vôtre » (Voltaire s'adressant au chevalier de Rohan)
  • « Le fanatique aveugle, et le chrétien sincère
    Ont porté trop souvent le même caractère ;
    Ils ont même courage, ils ont mêmes désirs.
    Le crime a ses héros, l'erreur a ses martyrs.
    Du vrai zèle et du faux vains juges que nous sommes !
    Souvent les scélérats ressemblent aux grands hommes. »
    (La Henriade, ch. 5, 169-202)
  • « Nous laisserons ce monde-ci aussi sot et aussi méchant que nous l'avons trouvé en y arrivant. » (cité par Schopenhauer)
  • « Quelques arpents de neige » : ainsi Voltaire désigna-t-il les terres françaises du Canada donnant des arguments à ceux qui préféraient que la France les cède à la Grande-Bretagne. Rappelons qu'à l'époque toute la Louisiane - bien plus grande que l'actuel État de Louisiane - était française et dotée d'un climat bien plus clément.
  • « Les beaux esprits se rencontrent. »
  • « Un dictionnaire sans citations est un squelette. »
  • « L'écriture est la peinture de la voix. »
  • « On ne peut désirer ce qu'on ne connaît pas. »
  • « On peut juger du caractère des hommes par leurs entreprises. »
  • « Plus les hommes seront éclairés, et plus ils seront libres. »
  • "les hommes discutent la nature agit"
  • "Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer"
  • "Les femmes sont comme les girouettes : elles se fixent quand elles se rouillent"
  • "La superstition est à la religion ce que l'astrologie est à l'astronomie" (Traité sur la tolérance)

Aspects de Voltaire

Voltaire et l'antisémitisme

L'antisémitisme de Voltaire est reconnu de certains critiques ou historiens, on y a même vu un instigateur de l'antisémitisme moderne. Ainsi l'historien Léon Poliakov a intitulé De Voltaire à Wagner le tome 3 de son Histoire de l'Antisémitisme. Selon lui ce sentiment se serait aggravé dans les quinze dernières années de la vie de Voltaire. Il paraitrait alors lié au combat du philosophe contre l'église chrétienne. On avance également des problèmes financiers et des relations difficiles avec des banquiers juifs, ce qui semble insuffisamment fondé. Rappelons également, sans toutefois en diminuer la charge pour le moins néfaste, que l'antisémitisme est un lieu commun de la pensée générale, depuis au moins le Moyen-Âge : Voltaire ne fait, en cela, que souscrire à une opinion largement répandue parmi ses contemporains.

Mais l'antisémitisme de Voltaire est également contesté par ceux qui n'y voient tout au plus que de l'antijudaïsme. "Ce n'est pas parce que certaines phrases de Voltaire nous font mal que nous devrions le confondre dans la tourbe des persécuteurs", a écrit Roland Desné ("Voltaire était-il antisémite?", La Pensée, n° 203, janvier-février 1979, pp 70-84). Quoiqu'il en soit le dossier repose sur tout un corps de citations.

Citations antisémites de Voltaire

« Pourquoi les Juifs n’auraient-ils pas été anthropophages ? C’eut été la seule chose qui eut manqué au peuple de Dieu pour être le plus abominable de la terre. »
"...une horde de voleurs et d'usuriers..."
« Vous m’ordonnez de vous faire un tableau fidèle de l’esprit des Juifs, et de leur histoire ; et, sans entrer dans les voies ineffables de la Providence, vous cherchez dans les mœurs de ce peuple la source des événements que cette Providence a préparés. »
« Ils sont le dernier de tous les peuples parmi les musulmans et les chrétiens, et ils se croient le premier. Cet orgueil dans leur abaissement est justifié par une raison sans réplique ; c’est qu’ils sont réellement les pères des chrétiens et des musulmans. Les religions chrétienne et musulmane reconnaissent la juive pour leur mère ; et, par une contradiction singulière, elles ont à la fois pour cette mère du respect et de l’horreur. »
« Il résulte de ce tableau raccourci que les Hébreux ont presque toujours été ou errants, ou brigands, ou esclaves, ou séditieux : ils sont encore vagabonds aujourd’hui sur la terre, et en horreur aux hommes, assurant que le ciel et la terre, et tous les hommes, ont été créés pour eux seuls. »
« On dit communément que l’horreur des Juifs pour les autres nations venait de leur horreur pour l’idolâtrie ; mais il est bien plus vraisemblable que la manière dont ils exterminèrent d’abord quelques peuplades du Canaan, et la haine que les nations voisines conçurent pour eux, furent la cause de cette aversion invincible qu’ils eurent pour elles. Comme ils ne connaissaient de peuples que leurs voisins ils crurent en les abhorrant détester toute la terre, et s’accoutumèrent ainsi à être les ennemis de tous les hommes. »

Cet article est contesté par certains spécialistes au motif qu'il ne figure pas dans l'édition des Classiques Garnier. Il figure cependant dans l'édition Moland des Oeuvres Complètes.

« C’est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre. »

"Si nous lisions l'histoire des Juifs écrite par un auteur d'une autre nation, nous aurions peine à croire qu'il y ait eu en effet un peuple fugitif d'Egypte qui soit venu par ordre exprès de Dieu immoler sept ou huit petites nations qu'il ne connaissait pas ; égorger sans miséricorde les femmes, les vieillards et les enfants à la mamelle, et ne réserver que les petites filles ; que ce peuple saint ait été puni de son Dieu quand il avait été assez criminel pour épargner un seul homme dévoué à l'anathème. Nous ne croirions pas qu'un peuple si abominable (les Juifs) eut pu exister sur la terre. Mais comme cette nation elle-même nous rapporte tous ses faits dans ses livres saints, il faut la croire."

"Toujours superstitieuse, toujours avide du bien d'autrui, toujours barbare, rampante dans le malheur, et insolente dans la prospérité, voilà ce que furent les Juifs aux yeux des Grecs et des Romains qui purent lire leurs livres."

"Si ces Ismaélites les Arabes ressemblaient aux Juifs par l'enthousiasme et la soif du pillage, ils étaient prodigieusement supérieurs par le courage, par la grandeur d'âme, par la magnanimité : leur histoire, ou vraie ou fabuleuse, avant Mahomet, est remplie d'exemples d'amitié, tels que la Grèce en inventa dans les fables de Pilade et d'Oreste, de Thésée et de Pirithous. L'histoire des Barmécides n'est qu'une suite de générosités inouïes qui élèvent l'âme. Ces traits caractérisent une nation.

On ne voit au contraire, dans toutes les annales du peuple hébreu, aucune action généreuse. Ils ne connaissent ni l'hospitalité, ni la libéralité, ni la clémence. Leur souverain bonheur est d'exercer l'usure avec les étrangers ; et cet esprit d'usure, principe de toute lâcheté, est tellement enracinée dans leurs coeurs, que c'est l'objet continuel des figures qu'ils emploient dans l'espèce d'éloquence qui leur est propre. Leur gloire est de mettre à feu et à sang les petits villages dont ils peuvent s'emparer. Ils égorgent les vieillards et les enfants ; ils ne réservent que les filles nubiles ; ils assassinent leurs maîtres quand ils sont esclaves ;ils ne savent jamais pardonner quand ils sont vainqueurs : ils sont ennemis du genre humain. Nulle politesse, nulle science, nul art perfectionné dans aucun temps, chez cette nation atroce."

Voltaire et l'argent

Voltaire est mort à la tête d'une immense fortune: "un des premiers revenus de France, dit-on!" (Jean Goldzink, Voltaire). Ses revenus viendraient:

  • de sa plume; dans son Commentaire historique sur les oeuvres de l'auteur de la Henriade il évoque le succès de cette oeuvre publiée en Grande-Bretagne grâce à la protection du roi,
  • de la poche des princes; selon les époques: George Ier de Grande-Bretagne, Louis XV, Frédéric II, Catherine II de Russie;
  • des revenus de ses paysans de Ferney,
  • de placements divers: loterie, prêts à l'aristocratie, investissements maritimes: en 1758 entrent dans le port de Cadix des bateaux chargés d'or des Amériques où il avait placé une partie de sa fortune;
  • d'après certains, du commerce triangulaire.

Il n'a guère abordé le sujet, et l'on considère qu'il a gardé le secret sur deux choses: ses affaires, et ses amours avec sa nièce.

Voltaire et le déluge: une erreur d'appréciation

La présence de fossiles marins au sommet des montagnes était considérée à son époque comme une preuve de leur submersion et donc du déluge. Voltaire n'admettait pas cette interprétation, ni même l'idée qu'il y ait pu avoir un jour des fonds marins là où se trouvaient des montagnes. Il se gaussa de l'idée dans le Dictionnaire philosophique en se montrant surpris que personne n'ait pensé à une explication selon lui bien plus simple : que des croisés ou pèlerins aient abandonné des coquilles dont ils s'étaient munis comme provisions pour leur voyage.

Voltaire, gravure de Baquoy

À la décharge de Voltaire, on n'oubliera pas que les idées étaient encore floues au sujet de la formation des montagnes : on n'imaginait pas que leurs roches eussent pu se trouver à un moment au-dessous du niveau de la mer et c'est au Déluge biblique qu'on attribuait la découverte de coquilles marines dans les hautes montagnes. Il répondait donc avec une apparence de bon sens qu'on ne comprenait pas alors pourquoi on ne découvrait pas ce genre de coquilles partout et il cherchait une explication raisonnable.

Voltaire et l'esclavage

Voltaire croit possible d'humaniser l'esclavage. C'est l'inhumanité des maitres qui cause les maux de l'esclavage. Il ne met pas en cause le principe, seulement les modalités. C'est ce qui transparait dans Candide. Cependant il s'enthousiasme pour la libération de leurs esclaves par les quakers de Pennsylvanie en 1769. Il s'intéresse davantage aux "esclaves des moines" du pays de Gex qui sont "plus malheureux que les nègres".

Citations sur l'esclavage

Essais sur les moeurs et l'esprit des nations

« Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les nègres. On nous reproche ce commerce: un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l’acheteur: ce négoce démontre notre supériorité; ce qui se donne un maître était né pour en avoir »

Voltaire et le fanatisme

Toute l'oeuvre de Voltaire est un combat contre le fanatisme et l'intolérance, et cela dès La Henriade en 1723. "On entend aujourd'hui par fanatisme une folie religieuse, sombre et cruelle. C'est une maladie qui se gagne comme la petite vérole." Dictionnaire philosophique, 1764, article Fanatisme

Voltaire et l'histoire

Voltaire et les noirs

La négrophobie de Voltaire a été très discutée. Il est indéniable que Voltaire a écrit sur l'égalité de tous les êtres humains. Il a aussi écrit que les noirs, s'il étaient des êtres humains, l'étaient de façon inférieure. Cette constatation repose sur un corps de citations incontestables. Reste à les discuter et les expliquer, ce que les spécialistes font depuis bien des décennies. Sont listées ci-dessous quelques citations racistes et négrophobes de Voltaire

Essais sur les moeurs et l'esprit des nations

  • Article « De L'Antiquité des nations »
«  Les Samoyèdes, les Lapons, les habitants du nord de la Sibérie, ceux du Kamtschatka, sont encore moins avancés que les peuples de l’Amérique. La plupart des Nègres, tous les Cafres, sont plongés dans la même stupidité, et y croupiront longtemps »

Essais sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire, depuis Charlemagne jusqu'a Louis XIII

  • Article « Des Indes »
« Les blancs, et les nègres, et les rouges, et les Lapons, et les Samoyèdes, et les Albinos, ne viennent certainement pas du même sol. La différence entre toutes ces espèces est aussi marquée qu’entre un lévrier et un barbet; il n’y a donc qu’un brame mal instruit et entêté qui puisse prétendre que tous les hommes descendent de l’indien Adimo et de sa femme »
  • Article « De l’Italie et de l’Église avant Charlemagne. Comment le christianisme s’était établi. Examen s’il a souffert autant de persécutions qu’on le dit »
« On les regardait du même oeil que nous voyons les Nègres, comme une espèce d’hommes inférieure. »


Traité de métaphysique 1734

  • Article « Des différentes espèces d'hommes »
« Je vois des singes, des éléphants, des nègres, qui semblent tous avoir quelque lueur d’une raison imparfaite. Les uns et les autres ont un langage que je n’entends point, et toutes leurs actions paraissent se rapporter également à une certaine fin. Si je jugeais des choses par le premier effet qu’elles font sur moi, j’aurais du penchant à croire d’abord que de tous ces êtres c’est l’éléphant qui est l’animal raisonnable. »
« Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu’ils doivent point cette différence à leur climat, c’est que des Nègres et des Négresses transportés dans les pays les plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce, et que les mulâtres ne sont qu’une race bâtarde d’un noir et d’une blanche, ou d’un blanc et d’une noire. » (Essai sur les moeurs. Cité in id.)
« La nature a subordonné à ce principe ces différents degrés et ces caractères des nations, qu’on voit si rarement se changer. C’est par là que les Nègres sont les esclaves des autres hommes. On les achète sur les côtes d’Afrique comme des bêtes. » (Essai sur les moeurs. Cité in id.)
« La race des Nègres est une espèce d’hommes différente de la nôtre ... on peut dire que si leur intelligence n’est pas d’une autre espèce que notre entendement, elle est très inférieure. Ils ne sont pas capables d’une grande attention, ils combinent peu et ne paraissent faits ni pour les avantages, ni pour les abus de notre philosophie. Ils sont originaires de cette partie de l’Afrique comme les éléphants et les singes ; ils se croient nés en Guinée pour être vendus aux Blancs et pour les servir. » Voltaire (Essai sur les moeurs, Genève, 1755, t.XVI, p.269-270)

Voltaire, poète

Voltaire estimait fort ses vers et se voulait poète (précisons qu'au XVIIIe siècle, le concept de poète rassemble à la fois celui qui écrit de la poésie, et celui qui est dramaturge); il fut du reste considéré en son siècle, comme le successeur de Corneille et de Racine, parfois même leur triomphateur ; ses pièces eurent un immense succès, et l'auteur connut la consécration en 1778 lorsque, sur la scène de la Comédie française, la Clairon (une actrice fameuse du temps ; cf. Diderot dans son Paradoxe sur le comédien) couronna son buste de lauriers, devant un parterre enthousiaste.

Il ne faut donc pas minorer la position dans le champ littéraire du Voltaire poète au XVIIIe siècle ; toutefois, la postérité en jugea autrement.

On a souvent ridiculisé ses maladresses:

"Non, il n'est rien que Natine n'honore" (Natine, III, 8)

... mais également retenu ses nombreuses épigrammes.

Extrait de la pièce Les Fréron :

(...)

L'autre jour un gros ex-jésuite,

Dans le grenier d'une maison,

Rencontra fille très-instruite

Avec un beau petit garçon.

Le bouc s'empara du giton.

On le découvre, il prend la fuite.

Tout le quartier à sa poursuite

Criait : « Fréron, Fréron, Fréron. »


Lorsqu'au drame de monsieur Hume

On bafouait certain fripon,

Le parterre, dont la coutume

Est d'avoir le nez assez bon,

Se disait tout haut : « Je présume

Qu'on a voulu peindre Fréron. »

(...)

Voltaire, précurseur du Revenu citoyen

La nouvelle de Voltaire L'Homme aux quarante écus part de la mesure en arpents du royaume et de la valeur moyenne locative de la terre par arpent. Si l'on répartissait cette somme entre tous les sujets du royaume, cela ferait à chacun la rente de quarante écus, dont il munit son héros. Ce principe est exactement celui qui est implicitement sous-jacent au Revenu citoyen, à savoir la part inhérente de rente minimale que peut espérer tout un chacun du fait du patrimoine constitué par les générations antérieures. Il peut aider à survivre, mais dans des conditions seulement très modestes.


Voltaire et le théâtre

Le plus impropable dans la relation qu'eu Voltaire avec le théâtre, c'est qu'il pensait qu'on le retiendrait uniquement pour ses pièces jugés assez médiocres en comparaison à ses autres écrits

Voltaire et la tolérance

Œuvres

Lettres sur les Anglois

Anecdotes

  • En 2000, Frédéric Lenormand publie un roman, La Jeune fille et le philosophe, évoquant l'adoption par Voltaire d'une descendante de la famille Corneille. L'anecdote est tirée du récit qu'en fit Voltaire dans sa correspondance. Hanté par l'ombre de Corneille, il lui sembla extraordinaire de devenir le père adoptif d'une de ses descendantes. C'est pour constituer une dot à cette jeune fille qu'il publia une nouvelle édition des pièces de Corneille, vendue par souscription à tous les princes d'Europe. A noter que la fille de sa pupille fut emprisonnée à Paris sous la Terreur, comme Belle et Bonne, et comme la belle-fille de la belle Emilie, la duchesse du Châtelet, qui fut même guillotinée.
  • L'altercation avec le chevalier de Rohan:
Lors d'une sortie dans un théâtre parisien, Voltaire rencontre le Chevalier de Rohan, un représentant d'une des grandes familles de la noblesse française. Voltaire lui dit alors : "Monsieur, je commence mon nom pendant que vous finissez le vôtre."
Le noble salue poliment Voltaire.
Quelques jours plus tard, Voltaire est invité à déjeuner chez le Chevalier de Rohan. Une fois son fiacre arrêté à l'intérieur de la résidence, les serviteurs bastonnent le jeune Arouet, puis le font embastiller.
  • On qualifia souvent Voltaire de franc-maçon sans tablier, car il s'était tenu à l'écart de cette obédience bien qu'il eût des conceptions voisines. Au soir de sa vie, il accepta pourtant d'entrer dans la loge des Neuf Soeurs (que fréquenta aussi Benjamin Franklin). On le dispensa vu son âge des habituelles épreuves ainsi que du rite du bandeau sur les yeux enlevé, celui-ci semblant déplacé sur un homme qui avait été considéré par beaucoup comme l'un des plus clairvoyants de son époque. Il revêtit à cette unique occasion le tablier de Claude-Adrien Helvétius, qu'il embrassa avec respect.

Voir aussi

Ouvrages sur Voltaire

  • Adrien Jean Quentin Beuchot, Catalogue de la bibliothèque Voltairienne, collection unique restée en manuscrit, comprenant les éditions originales et les principales réimpressions de chacun des ouvrages de Voltaire, avec satires, critiques, parodies, apologies, etc.
  • Charles Porset, Voltaire humaniste, Edimaf
  • Jean Goldzink, Voltaire, Hachette Supérieur.

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