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Mais où sont passés les Indo-Européens ?[modifier | modifier le code]

Version 1[modifier | modifier le code]

Des critiques plus tranchées sont publiées dans La Nouvelle Revue d'Histoire par le linguiste Jean Haudry, qui rappelle que « l'arbre généalogique est une image ancienne qu'aucun comparatiste actuel, indo-européaniste ou autre, ne considère comme celle de l'évolution d'une langue commune aux langues qui en sont issues par dialectialisation ». Alors que Jean-Paul Demoule avance que le modèle linguistique « arborescent centrifuge » n'est scientifiquement pas validé, Haudry répond qu'il n'existe pour les linguistes qu'un modèle centrifuge, « qui n'est autre que le modèle universel de l'évolution linguistique ». Enfin, contrairement à ce qu'affirme l'ouvrage de Jean-Paul Demoule concernant la reconstruction de la langue indo-européenne, Haudry affirme qu'il existe bien « un consensus sur son principe et sur ses modalités, là où les données permettent de reconstruire »[1]. Dans un autre article de la même revue, l'historien Yann Le Bohec affirme que Jean-Paul Demoule est « isolé et son discours n'a, pour plusieurs raisons, guère convaincu », que « les spécialistes de la protohistoire et de l'Antiquité auraient tout intérêt à ne pas se mêler d'un domaine qu'ils ne connaissent pas, l'histoire contemporaine » et qu'il faut laisser aux philologues le soin de débattre entre eux de leur discipline[2].

  1. Jean Haudry et Pauline Lecomte, « Les Indo-Européens. Débats et controverses. », Nouvelle Revue d'Histoire,‎
  2. Yann Le Bohec, « Sur l'existence des Indo Européens », Nouvelle Revue d'Histoire, no 11,‎

Version 2[modifier | modifier le code]

Des critiques plus vives sont publiées par La Nouvelle Revue d'Histoire, une revue proche de la Nouvelle Droite. Un premier article est publié en janvier 2015 sous la plume de Philippe Parroy, intitulé « À fuir d'urgence », dans lequel celui-ci note que si les débats entre archéologues et linguistes sur la question d'un peuple indo-européen sont tout à fait légitimes, il l'est moins « de caricaturer les positions des tenants de l'existence d'une communauté "indo-européenne" originelle ». Il fustige « l'amalgame ridicule établi [par Jean-Paul Demoule] avec les nazis, le racisme et tous les péchés originaux que l'on imagine, la dénonciation des ouvrages d'un Jean Haudry et l'assimilation de tous les chercheurs engagés sur ce terrain à une fantomatique « internationale raciste » »[1]. Dans le même sens, l'introduction d'un article publié par la même revue de Jean Haudry sur les Indo-Européens précise que Jean-Paul Demoule, dans son ouvrage, « n'hésite pas à voir dans l'intérêt porté à cette question la permanence d'une idéologie raciste »[2]. Dans un entretien publié également par la Nouvelle Revue d'Histoire[3], Jean Haudry, interrogé à propos du chapitre intitulé « Le retour de l'extrême droite aryenne et païenne (de 1945 à nos jours) » évoqué par Jean-Paul Demoule dans son ouvrage[4], fait valoir qu'aux termes mêmes de Jean-Paul Demoule, Antoine Meillet est « socialiste », Émile Benveniste, « juif et communiste » et Georges Dumézil, « proche de l'Action française »[5],[6]. Dans un droit de réponse publié par La Nouvelle Revue d'Histoire, Jean-Paul Demoule répond que l'expression « internationale raciste », qui n'est pas de lui mais de Michael Billig[7], ne figure pas dans son livre et qu'il « distingue au contraire soigneusement l'utilisation faite de la question indo-européenne par le nazisme et [les] extrêmes droites (lesquels n'occupent qu'à peine un dixième de l'ouvrage) et l'examen minutieux de l'état de l'art dans les différentes sciences impliquées aujourd'hui — examen qui [lui] permet de conclure par la négative, dans l'état actuel de nos connaissances, quant à l'existence démontrée d'un peuple originel »[8]. Jean Haudry revient également sur les questions linguistiques soulevées par le livre de Jean-Paul Demoule. Celui-ci y affirme notamment que « si nul ne songe à remettre en cause les ressemblances effectives entre les langues dites indo-européennes, le modèle arborescent-centrifuge sous ses formes actuelles ne peut être considéré comme validé, de par ses nombreuses contradictions. Les détournements, passés ou présents, de ce modèle, incitent en outre à la plus grande rigueur » (p. 598). Jean Haudry précise pour sa part, que « l'arbre généalogique est une image ancienne qu'aucun comparatiste actuel, indo-européaniste ou autre, ne considère comme celle de l'évolution d'une langue commune aux langues qui en sont issues par dialectialisation ». Il avance également que contrairement à ce qu'affirme l'ouvrage de Jean-Paul Demoule concernant la reconstruction de la langue indo-européenne, qu'il existe bien « un consensus sur son principe et sur ses modalités, là où les données permettent de reconstruire »[9]. Interrogé sur la question de l'existence d'un peuple indo-européen que Jean-Paul Demoule désigne comme un « mythe fondateur », Haudry maintient que « l'existence d'une langue implique celle d'un peuple, et qu'un peuple occupe normalement une terre, ou fréquente une zone une zone plus ou moins vaste ».

Dans un autre article de la même revue, l'historien Yann Le Bohec affirme que Jean-Paul Demoule est « isolé et son discours n'a, pour plusieurs raisons, guère convaincu », que « les spécialistes de la protohistoire et de l'Antiquité auraient tout intérêt à ne pas se mêler d'un domaine qu'ils ne connaissent pas, l'histoire contemporaine » et « qu'il faut laisser aux philologues le soin de débattre entre eux sur leur discipline »[10].

Article Indo-Européens[modifier | modifier le code]

Critiques[modifier | modifier le code]

Critiques linguistiques[modifier | modifier le code]

Nikolaï Troubetskoï dans les années 1930 ou le linguiste italien Vittore Pisani dans les années 1960-70 ont remis en cause l'existence d'un indo-européen commun et d'une communauté linguistique[11]. Troubetskoï écrit ainsi en 1939 : « L'hypothèse d'un indo-européen primitif n'est pas totalement impossible. Mais elle n'est nullement nécessaire, et on peut très bien s'en passer »[12]. Il avance que les correspondances entre les langues indo-européennes s'expliqueraient par emprunt mutuel.

Plus récemment (2013), sans contester le modèle indo-européen comme modèle d'origine linguistique et de relations entre langues, le linguiste James Clackson se dit très réservé sur les hypothèses proposées concernant le foyer originel des Indo-Européens : « à partir des seules données linguistiques, sans tenir compte de la preuve de l'archéologie ou de textes anciens, il est impossible de tirer des conclusions définitives sur le homeland des locuteurs du proto-indo-européen, ou même sur l'âge de la famille des langues »[13]. Ces vues ont été discutées par d'autres linguistes[14].

Critique du concept d'Indo-Européen[modifier | modifier le code]

L'archéologue Jean-Paul Demoule a, à plusieurs reprises, contesté le concept d'Indo-Européen. Il publie en 1980 un premier article intitulé « Les Indo-Européens ont-ils existé ? »[15], puis en 1998 un autre article intitulé « Les Indo-Européens, un mythe sur mesure »[16], En 2014, dans son essai Mais où sont passés les Indo-Européens ?, il présente les deux principales thèses contemporaines, l'hypothèse anatolienne et l'hypothèse kourgane, en souligne ce qu'il estime être les faiblesses, notamment au plan archéologique, pour conclure que les hypothèses relatives à l'existence d'un tel foyer unique reposent sur des postulats non démontrés[17],[18].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Philippe Parroy, « A éviter d'urgence », La Nouvelle Revue d'Histoire,‎
  2. Jean Haudry, « Les Indos Européens ont bien existé », Nouvelle Revue d'Histoire,‎
  3. Jean Haudry et Pauline Lecomte, « Les Indo-Européens. Débats et controverses. », Nouvelle Revue d'Histoire,‎
  4. Demoule 2014, p. 273-302
  5. Demoule 2014, p. 482
  6. Commentant le même passage ans sa recension, Gérard Fussman note à propos d'Émile Benveniste que l'affirmation de Jean-Paul Demoule est « exacte et inexacte », Benveniste n'ayant {{citation|jamais fait paraître ses opinions religions ou politiques dans ses enseignements ou ses écrits. Il ajoute que Jean-Paul Demoule note justement (p. 480) qu'il y avait à l'époque de ces trois scientifiques « une parfaite séparation entre les opinions politiques et l’activité scientifique – séparation qui ne sera plus de mise après la guerre, lorsqu’il sera devenu évident que les idées pouvaient tuer ».
  7. Michael Billig, L'internationale raciste. De la psychologie à la « science » des races, Maspero,
  8. Jean-Paul Demoule, « Droit de réponse », Nouvelle Revue d'Histoire,‎
  9. Jean Haudry et Pauline Lecomte, « Les Indo-Européens. Débats et controverses. », Nouvelle Revue d'Histoire,‎
  10. Yann Le Bohec, « Sur l'existence des Indo Européens », Nouvelle Revue d'Histoire, no 11,‎
  11. L'arrivée des Indo-Européens en Europe, Jacques Freu, Bulletin de l'Association Guillaume Budé, Année 1989, Volume 1, Numéro 1, pp. 3-41
  12. (de) N.S. Troubetskoï, Gedanken über das indogermanenproblem, Acta linguista 1, 1939, p.81-89
  13. (en) ‘The Origins of the Indic Languages: the Indo-European model’, James Clackson, in Angela Marcantonio and Girish Nath Jha (eds.) Perspectives on the origin of Indian civilization, New Delhi, 259-287., 2013
  14. Asya Pereltsvaig et Martin W. Lewis, The Indo-European Controversy. Facts and Fallacies in Historical Linguistics, Cambridge University Press, 2015, p. 37 et suiv
  15. Jean-Paul Demoule, Les Indo-Européens ont-ils existé ?, L'Histoire, 28 novembre 1980
  16. Jean-Paul Demoule, "Les Indo-Européens, un mythe sur mesure", La Recherche, Avril 1998
  17. (en) Gérard Fussman, « Mais où sont passés les Indo-Européens? Le mythe d’origine de l’Occident », Journal of Indo European Studies, vol. 43, nos 3-4,‎
  18. Jean-Loïc Le Quellec, « Mais où sont passés les Indo-Européens ? - Le mythe d’origine de l’Occident », Science et pseudo-sciences,‎ (lire en ligne)