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Martinus Willem Beijerinck
Description de l'image Martinus Willem Beijerinck 1.jpg.

Nationalité Néerlandais
Domaines microbiologie, botanique
Renommé pour ses travaux sur le cycle de l'azote, la chimiotrophie, les bactéries sulfato-réductrices, la culture bactérienne et considéré comme l'un des pères de la virologie
Distinctions Médaille Leeuwenhoek (1905)

Martinus Willem Beijerinck ( - ) est un botaniste et microbiologiste néerlandais.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et études[modifier | modifier le code]

Martinus Willem Beijerinck nait le à Amsterdam. C'est le quatrième et dernier enfant de Derk Beijerinck (1805-1879) et de Jeannette Henriette van Slogteren (1811-1875)[1]. Son père, employé des Hollandsche IJzeren Spoorweg-Maatschappij (chemins de fer hollandais) à Haarlem[1][2], dont les faibles revenus l'empêchent d'envoyer Martinus à l'école, se charge lui même de l'éducation du jeune garçon en lui apprenant l'anglais, le français, un peu d'allemand et des notions de bases en sciences, en particulier l'astronomie et la physique[1].

Il entre finalement en 1864 à la Hoogere Burgerschool (établissement d'enseignement secondaire) de Haarlem[1][3]. Fortement influencé par son enseignant, Frederik Willem van Eeden, il y développe un goût prononcé pour la botanique[1][4].

Grâce à l'aide de son frère et de son oncle, Beijerinck intègre l'École Polytechnique de Delft (Polytechnische Hogeschool Delft) où il étudie la chimie[1]. Il y rencontre le jeune Jacobus Henricus van 't Hoff (1852-1911), futur prix Nobel de chimie, avec qui il se lie d'amitié[1][2]. Il obtient finalement le diplôme d'ingénieur chimiste en 1872[5].

La même année, il rejoint l'Université de Leyde afin d'étudier la biologie[1]. En 1873, il est embauché pour enseigner, parallèlement à ses études, à l'École d'agriculture en Warffum dans la province de Groningue, mais un enseignement de piètre qualité ne lui permet pas de renouveler cette expérience qui n'aura duré qu'un an[1]. En 1875, c'est à la Hoogere Burgerschool de Warffum qu'il enseigne à temps partiel[1].

En 1876, il obtient un nouveau poste d'enseignant de botanique à la Haute École d'Agriculture de Wageningen, avec cette fois plus de succès[1]. En 1877, après avoir publié son premier article scientifique sur les galles, il obtient son doctorat en sciences[1]. Sa thèse, dédiée à son père[1] et intitulée « Bijdrage tot de morphologie der plantegallen » (Contribution à la morphologie des galles)[2], explique, entre autres, son échec quant à l'identification de l'insecte responsable de la galle sur les racines des plantes de la famille des pois (Fabaceae)[6]. Ce n'est que plus tard qu'il montrera que ces nodosités sont en fait, malgré leur ressemblance avec les galles, les traces d'une relation symbiotique avec des bactéries fixatrices d'azote[6].

Début de carrière[modifier | modifier le code]

Après l'obtention de son diplôme, Beijerinck demeura à Wageningen où il continue d'enseigner, tout en poursuivant ses recherches sur la galle[1] et sur l'hybridation de céréales, en particulier du genre Triticum et Hordeum[6]. En 1883, l'une de ses publications est acceptée par l'Académie Royale des Sciences d'Amsterdam, et en mai 1884, il est élu membre de cette même Académie[1][2].

Au cours de cette période, Beijerinck entretient des contacts réguliers avec de nombreux universitaires influents aux Pays-Bas, comme le botaniste Hugo de Vries (1848-1935), l'astronome Jean Abraham Chrétien Oudemans (1827-1906), l'ophtalmologue et opticien Franciscus Cornelis Donders (1818-1889) ou encore le physiologiste et microbiologiste allemand Theodor Wilhelm Engelmann (1843-1909)[1].

Nederlandsche Gist- en Spiritusfabriek[modifier | modifier le code]

En 1885, Beijerinck est invité à travailler à la Nederlandsche Gist- en Spiritusfabriek (Fabrique Néerlandaise de Levure et d'Alcool) à Delft sur l'invitation de son directeur et fondateur, Jacques van Marken (1845–1906)[1]. Ce dernier est convaincu que les procédés de production de levures peuvent être améliorées par la recherche scientifique[11] et n'hésite pas à offrir à Beijerinck son propre laboratoire et un équipement de très bonne qualité pour mener ses recherches[1][2]. Juste avant l'ouverture de son nouveau laboratoire, il visita plusieurs chercheurs européens réputés, dont le fondateur de la mycologie, Anton de Bary (1831-1888), à Strasbourg, et Emil Christian Hansen (1842-1909), spécialiste des levures à Copenhague[1].

Durant les dix années qu'il passe dans ce laboratoire, Beijerinck travaille sur de nombreuses problématiques, liées ou non aux procédés de fabrication, comme le montrent les 30 publications qu'il effectue entre 1885 et 1895, et c'est probablement ces travaux qui poussèrent Beijerinck à s'impliquer dans la microbiologie[11].

Certains de ses écrits révèlent cependant des doutes quant à son utilité pour l'entreprise, d'autant plus qu'il a du mal à s'entendre avec ses collègues. Ce n'est que grâce au fort soutient du directeur Van Marken que Beijerinck abandonne à plusieurs reprises l'idée de démissionner[1].

Retour à l'École Polytechnique de Delft[modifier | modifier le code]

En 1895, le gouvernement néerlandais, conscient des importants travaux de Beijerinck, lui créé un poste spécial à l'École Polytechnique de Delft. L'École ne possédant pas, à l'époque, d'un département de biologie, il rejoint le département de chimie. Pour Beijerinck, c'est une consécration : un retour triomphant dans l'école où il a été formé[1]. Deux ans plus tard, un laboratoire est inauguré pour la poursuite de ses travaux et ceux de ses étudiants[2].

C'est dans ce laboratoire qu'en 1898, Beijerinck annonce la découverte d'un « contagium vivum fluidum » responsable de la mosaïque de tabac, une maladie du règne végétal[2], inaugurant dans la même publication l'usage du mot « virus »[publi-virus]. D'autres importantes découvertes suivront, faites par Beijerinck lui-même ou ses étudiants[1], ébauchant ce qui devra être l'École de microbiologie de Delft.

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Personnalité[modifier | modifier le code]

Caractère[modifier | modifier le code]

Beijerinck dans son laboratoire (1921)

Martinus Willem Beijerinck était un chercheur solitaire, n'entretenant que très peu de rapports avec ses contemporains, pur archétype du scientifique travaillant et vivant dans l'isolement de son laboratoire[2].

Il était exigeant et difficile[1][11], tyrannisant les membres de son équipe avec une sonnette électrique dont le bouton pressoir reposait sur son bureau[11]. Bien qu'admiré pour son enthousiasme scientifique et son travail[1][11], sa franchise ne le rendait pas toujours bienvenu chez ses pairs : un projet de visite du laboratoire de Robert Koch, à Berlin, par exemple, fut annulé à cause de sa réputation[1]. Beijerinck était également un professeur impopulaire qui n'hésitait pas à agresser verbalement ses étudiants et les réprimander sévèrement lorsqu'ils commettaient des erreurs[1]. Leur attitude le décevait, fait en partie responsable de sa dépression, et il ne semblait pas comprendre les aspirations de ces étudiants « normaux », alors que pour lui, rien n'était plus intéressant que la science[1].

Il vivait retiré, depuis la mort de son père en 1879, avec ses deux sœurs, Henriette et Johanna, n'ayant de véritable contact extérieur qu'avec son ami Jacobus Van 't Hoff et sa femme[1]. Il refusa par choix de se marier – Beijerinck pensait que le mariage interagirait avec ses travaux scientifiques[1][11] – et n'eut en fait que peu ou prou d'amies[1]. Il n'avait aucun loisir, ni aucun goût pour les activités sociales, allant jusqu'à passer le réveillon de la Saint-Sylvestre 1900 dans son laboratoire à étudier Azotobacter[11].

Le journal de sa sœur, Henriëtte, le décrit comme plutôt timide et retiré, mais très actif malgré une mauvaise santé et une dépression chronique[6].

Amitié avec Van 't Hoff[modifier | modifier le code]

Jacobus Henricus van 't Hoff (1852-1911)

Le chimiste et physicien néerlandais Jacobus Henricus van 't Hoff était le plus proche, sinon le seul, ami de Beijerinck. Ils se rencontrèrent à l'École Polytechnique de Delft où tous les deux étaient étudiants[1][2] et y partagèrent même une chambre, ce qui leur permit de continuer ensemble leurs expériences[6]. Cette amitié rapprocha les deux familles : lorsque Henriëtte, une des deux sœurs de Beijerinck, entreprit des études d'art à Amsterdam, elle logea chez les Van 't Hoff[6].

Van 't Hoff offrait un réel et continuel soutient à son ami chroniquement déprimé, comme l'atteste le journal d'Henriëtte[6]. Beijerinck n'hésitait d'ailleurs pas à prendre conseil auprès de son ami dès qu'une opportunité se présentait à lui[1].

Travaux[modifier | modifier le code]

Honneurs et récompenses[modifier | modifier le code]

En 1905, Beijerinck reçoit la Médaille Leeuwenhoek[7], prix distinguant un scientifique ayant réalisé la plus importante contribution à la microbiologie durant la décennie précédente.

Le , il est élu comme membre étranger de la Royal Society de Londres[8]. C'est également un membre correspondant à partir du 6 décembre 1924, puis un membre honoraire élu le 13 février 1929 de l'Académie des sciences russe[9].

Héritage[modifier | modifier le code]

Prix Virologie M.W. Beijerinck[modifier | modifier le code]

Décerné depuis 1966 par l'Académie royale des arts et des sciences néerlandaise (KNAW) en l'honneur de Beijerinck, le Prix Virologie M.W. Beijerinck distingue tous les trois ans un chercheur de haut niveau dans le vaste domaine de la virologie. Une médaille en or à l'effigie de Beijerinck récompense les lauréats, et, depuis 2000, le prix est doté de 34 000 euros.

Notes et références[modifier | modifier le code]

[1] : (en) K.T. Chung et D.H. Ferris (1996) Martinus Willem Beijerinck (1851-1931): pioneer of general microbiology [PDF]. AMS News 62: 539-543.

[2] : (en) « Martinus Willem Beijerinck » sur la Bibliothèque digitale de l'Académie royale des arts et des sciences néerlandaise.

[3] : (en) « Martinus Willem Beijerinck » sur le site internet de l'Institut pour l'Histoire Néerlandaise.

[4] : (en) W. Frijhoff, J. Bank, M. Spies, M. van Buuren, L. Richards et J. Rudge (2004), Dutch Culture in a European Perspective: 1900, the age of bourgeois culture, Uitgeverij Van Gorcum, (ISBN 9023239652), p. 258.

[5] : (en) James Johnson (1998) Martinus Willem Beijerinck sur le site internet de l'American Phytopathology Society.

[6] : (en) A.I. Laskin, J.W. Bennett, G.M. Gadd (2003), Advances in Applied Microbiology, Academic Press, (ISBN 0120026546), p. 358.

[7] : (en)Site internet de l'Académie royale des arts et des sciences néerlandaise.

[8] : (en)Site internet de la Royal Society.

[9] : (en) Site internet de l'Académie des sciences de Russie.

[10] : (en)Site internet de l'Académie royale des arts et des sciences néerlandaise.

[11] : (en) J.W.M. la Rivière (1997) The Delft School of Microbiology in historical perspective. Antonie van Leeuwenhoek 71: 3–13