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Bousille et les Justes[modifier | modifier le code]

Bousille et les Justes est la deuxième pièce de théâtre de Gratien Gélinas . Elle a été créée au Théâtre de la Comédie-Canadienne à Montréal le 17 août 1959. Cette dernière a connue un immense succès au Québec. Bousille et les Justes raconte l’histoire d’une famille, qui se retrouve dans un hôtel, pour le procès d’un des membres de la famille. L’histoire se déroule sur deux jours où finalement, l’accusé s’en tire grâce au mensonge de Bousille, forcé contre son gré par la famille de donner un faux témoignage. Sa foi de bon chrétien sera si bouleversée qu’il se pendra à la fin de la pièce. Gratien Gélinas aborde donc dans cette pièce, les thèmes de la religion, de la famille et de l’honnêteté.

Genèse de la pièce[modifier | modifier le code]

Gratien Gélinas s'est exprimé sur la création de Bousille et les Justes dans le programme de théâtre de la représentation au Théâtre du Trident. Il a eu une idée en 1948, pendant qu’il terminait l’écriture de Tit-Coq et qu’il mangeait dans un restaurant dans le temps des fêtes hivernales. C’est la présence d’une famille campagnarde triste, à une autre table, qui lui aurait inspiré quelques notes. Il les aurait ressortis neuf ans plus tard pour l’écriture d’une pièce. Il a inventé un conflit. Il a ensuite pensé au personnage de Bousille, comme témoin. Il a pris un an pour écrire la pièce dans son entier[1].

Pour élaborer son personnage de Bousille, Gratien Gélinas se serait inspiré d’un habitant de Saint-Tite. Pour l’écriture du procès, Gratien Gélinas se serait inspiré de celui de ses propres parents qui aurait eu lieu dans les années 20[2].

Intrigue en quatre actes[modifier | modifier le code]

Premier acte[modifier | modifier le code]

La famille Grenon arrive à la chambre 312 de l'Hôtel Corona, pour le procès d'Aimé Grenon, accusé du meurtre de Bruno Maltais. La mère d'Aimée est inquiète pour le sort de son fils. Elle se rend compte qu’elle a oublié son chapelet chez elle à Saint-Tite. Bousille, un ami de la famille, se propose d'aller chercher le chapelet. Il en profitera pour voir son chien Fido. Pour consoler la mère, le temps de son absence, il propose la compagnie de son frère, le frère Nolasque. L'avocat du procès arrive à l'Hôtel pour rencontrer la famille. On apprend que Bousille est le seul témoin pour le procès. Ils discutent entre eux et on apprend que le meurtre s'est produit le jour des noces d'Aimée et de sa femme Colette. L'avocat demande à voir Colette dans la soirée, pour connaître un autre pont de vue sur l’histoire. Ils quittent tous pour le procès sauf Nolasque, Noëlla et la mère.

Deuxième acte[modifier | modifier le code]

Le soir venu, Bousille est de retour, blessé, mordu par un chien qu’il est allé voir dans une animalerie. Pendant qu’on le panse, Bousille discute avec Noëlla de Bruno, la victime, de leur relation avec Aimé ainsi que de la générosité de Bousille. Bousille enchaîne la discussion sur ses problèmes d'alcool. Il confie sa crainte de se tromper dans son témoignage le lendemain. Il partage qu’il préfère mourir que de mentir. Le téléphone sonne. Henri et Phil sont de retour à l'hôtel. Ils ramènent de l'alcool. Noëlla part chercher Colette. Bousille raconte sa crainte de mentir à Phil et lui rappelle les malheurs qui ont sévis dans le passé, les gens qui ont voulu mentir après un serment sur l'Évangile. L'Avocat revient à l'Hôtel. Ils sont de plus en plus confiants de gagner le procès. Bousille quitte l'hôtel. Ils essayent tant bien que mal de rassurer la mère. Colette arrive à l'hôtel. L'avocat lui pose des questions. Elle lui confie qu'elle ne veut plus jamais revoir Aimé. L'avocat continue de lui poser des questions. Une fois Bousille de retour, il enchaîne avec le seul qui a vu la mort de Bruno. Contre toute attente, il dévoile des vérités qui mettent en danger l'innocence d'Aimé. Le meurtre pourrait être interprété comme un meurtre prémédité selon son témoignage. Cette dernière vérité pourrait condamner Aimé. L'avocat quitte l'hôtel. Henri, le frère d’Aimé a Bousille à l'œil.

Troisième acte[modifier | modifier le code]

Le lendemain matin. Malgré l'avertissement de Noëlla, Henri veut convaincre Bousille de ne pas avouer la vérité au procès car si la vérité est avouée, Aimé va se retrouver sous les barreaux pour un an. Phil, l’ami d’Henri, est de retour avec Bousille à l'hôtel. Henri et Phil tentent de convaincre Bousille de détourner la vérité. Ils veulent le prendre par les sentiments et le faire sentir mal de vouloir condamner Aimé pour sa bonne conscience chrétienne. Ils tentent de l'acheter en lui rappelant les bons souvenirs avec Aimé. Bousille reste convaincu que la vérité est la seule et unique façon de témoigner au procès. Il ne veut pas déplaire la confiance de Dieu en faisant un faux serment. Henri devient violent avec lui. Il lui menace de lui casser le genou. Bousille finit par se convaincre lui-même que Dieu sait qu'il ne veut pas mentir. Donc s'il doit mentir au procès le lendemain, c'est qu'il en sera forcé. Ils quittent l'hôtel pour le procès et le témoignage de Bousille.

Quatrième acte[modifier | modifier le code]

Le soir du témoignage, le frère Nolasque, Noëlla et la mère attendent le résultat du procès. La mère est malade d'inquiétude. Phil rentre à l'hôtel et annonce l'acquittement d'Aimé à la famille. On apprend en même temps que Bousille a témoigné le matin même. La famille devient festive. Aimé est enfin acquitté. Ils boivent de la bière et célèbrent le tout. Au moment de s'asseoir à genoux pour remercier la Sainte Anne, ils reçoivent un coup de téléphone de Saint-Tite. Aurore répond. On apprend que Bousille s'est pendu dans le garage et on raconte qu'il est arrivé saoul au village. Les policiers attendent la famille pour commencer l'enquête. Henri se sent subitement coupable et subit le regard de Phil, qui sait la pression que ce dernier lui a fait subir.

Importance de la pièce[modifier | modifier le code]

Bousille et les Justes est une pièce importante. Elle fait partie du répertoire théâtrale québécois classique. Elle fait partie des premières pièces de ce répertoire qui ont connus plusieurs représentations à travers les années. Selon Jean-Louis Tremblay de la revue Jeu, plusieurs facteurs ont participé sur la postérité de l’œuvre. La pièce était déjà attendu à cause du talent et de la popularité de l’auteur Gratien Gélinas, qui était déjà bien connu du grand public. Pour cette pièce, il utilise des thèmes universels qui traversent le temps et l’espace. Ainsi, il rejoint un plus grand public. La pièce peut donc se jouer facilement, peu importe où on se trouve sur la province du Québec. La pièce est aujourd’hui d’un intérêt historique mais aussi sociologique. Les valeurs de l’honnêteté et du respect demeurent toujours d’actualité[3].

Le succès de la pièce repose aussi sur le mélange d’un côté savant et d’un autre populaire. Il s’agit d’une ne pièce qui s’inspire du peuple. Comme le raconte Denis Saint-Jacques, elle discute de nombreux tabous de l’époque Duplessis dans laquelle le public québécois vivait encore. Ce côté scandaleux aurait aussi contribué à la popularité de l’œuvre, alimentant la curiosité[4].

Au niveau du nombre de représentations, Bousille et les Justes devance Tit-Coq avec 567 représentations de 1959 à 1976. Ce record confirme le talent de son auteur, enchaînant succès après succès[4].

Représentations[modifier | modifier le code]

La représentation originale de 1959[modifier | modifier le code]

Distribution originale de 1959[modifier | modifier le code]

Réception critique de 1959[modifier | modifier le code]

La critique a bien accueilli Bousille et les Justes en 1959. Certaines d'entres elles reprochent à la pièce sa volonté de vouloir dénoncer des facettes sombre de la religion et de la famille[5]. Ces critiques affectent beaucoup l’auteur à l’époque. Pour Bousille et les Justes, Gélinas y apportera des modifications. Toutefois, elles n’affecteront pas l’œuvre. Parmi celles les plus difficiles pour l’auteur, on lui reprochait la vulgarité des scènes comiques autour de la toilette dans les premiers actes et la mort de Bousille sur scène au dernier acte. Les religieux s’indignaient de voir la moralité religieuse maltraitée devant les yeux du grands public[4]. Malgré tout, elle s'en tire assez bien, surpassant même le succès de la dernière pièce de Gratien Gélinas, Tit-Coq[5].

1975-1976 dans la tournée du Théâtre Populaire du Québec[modifier | modifier le code]

Seize ans séparent cette tournée de la représentation originale. Gratien Gélinas est de retour pour la mise en scène en 1975 pour présenter de nouveau Bousille et les Justes, à travers le Québec. Il ne reprend par le rôle de Bousille cette fois. Robert Rivard incarnera le rôle de Bousille. La particularité de cette tournée est de présenter cette pièce partout dans la Province, là où dans certaines régions, il était rare de voir passer les troupes de théâtre[6].

La tournée se termine le 4 décembre 1976 au Cégep de l’Outaouais[7].

11 avril au 19 mai 1990 au Théâtre Port-Royal de la Place des Arts[modifier | modifier le code]

La Compagnie Jean-Duceppe choisit André Brassard comme metteur en scène pour cette représentation. Ce dernier choisit un Bousille et les Justes, priorisant l'humour et le drame de la pièce. Le personnage de Bousille, joué par André Montmorency, était davantage présenté comme un martyr et l'idiot du village[5].

17 septembre au 12 octobre 1991 au Grand Théâtre de Québec[modifier | modifier le code]

Le Théâtre du Trident présente, avec une mise en scène de Lou Fortier, un Bousille et les Justes pour leur 21e saison. Ce théâtre était déjà préparé aux textes de Gratien Gélinas car on y faisait encore, trois ans auparavant, une représentation des Fridolinades (une série de spectacle/revue de l’année théâtrale écrit et produit par Gratien Gélinas à l’époque). Le rôle de Bousille revient cette fois-ci à Jacques Leblanc[1].Selon Jean-Louis Tremblay, la mise en scène reprenait le langage de l’époque mais sans tomber dans la caricature. Lou Fortier a misé sur un jeu plus direct et émotionnel. La direction était davantage concentrée sur le côté dramatique et tragique de la pièce, délaissant le côté comique[3].

6 au 23 novembre 1996 à la salle Denise-Pelletier[modifier | modifier le code]

Cette représentation regroupe le metteur en scène Fernand Rainville, un dramaturge renommé dans la mise en scène imprégné du contexte nord-américain, et le comédien Denis Bouchard dans le rôle de Bousille. Denis Bouchard joué autrefois dans les Fridolinades et est devenu très proche de Gratien Gélinas[8]. La troupe cumule 99 représentations et présente cette dernière à la Maison de la culture de Gatineau, où elle est présentée du 30 janvier au 1er février[9]. Pour la distribution de la pièce, on pouvait y voir Janine Sutto dans le rôle de la mère[10].

9 novembre au 4 décembre 1999 au Théâtre du Rideau vert[modifier | modifier le code]

Cette représentation met l'accent sur le comédien Benoit Brière. Selon Marie-Christine Blais, le comédien prenait plus de place que son personnage. Micheline Lanctôt, la metteure en scène a modifié le texte de la pièce pour cette représentation[11]. Ces modifications ont fait scandale et ont même fait l'objet d'une poursuite pour avoir changé la pièce, sans autorisation des détenteurs de droits d'auteur[12]. L'essence même de la pièce aurait été changé, présentant un Bousille comique et enchaînant les gags, délaissant un peu le côté sérieux des thèmes de la religion, de la famille et de la justice[13].

Représentations à l’international[modifier | modifier le code]

La pièce connaît aussi plusieurs représentations théâtrales à travers le monde. Elle est jouée en Tchécoslovaquie, en langue tchèque au théâtre de Chem en 1972, ainsi qu’en Pologne, en langue polonaise, au Théâtre de Lodz, en 1980[1]. Elle est aussi jouée en Allemagne et en Finlande dans les années 60[4].

Éditions[modifier | modifier le code]

Bousille et les Justes connaît plusieurs éditions avec deux maisons d'édition, soit Fides[14] et VLB éditeurs, collection Typo[15].

Traductions[modifier | modifier le code]

L'oeuvre de Gratien Gélinas connaît à ce jour, deux traductions, soit en anglais et en roumain[16].

  • Bousille and the Just (1961), traduit par Kenneth Johnson
  • Bousille si cei drepti (2003), traduit par Zeno Fodor.

Diffusion télévisuelle[modifier | modifier le code]

Le dimanche 29 avril 1962 avait lieu sur les ondes de Radio-Canada, une présentation filmée de la pièce Bousille et les Justes. Il s’agit d’une initiative de Radio-Canada, d’aller chercher la Comédie Canadienne de Montréal pour diffuser les succès canadiens français à l’échelle du pays pour ceux qui n’ont pas la chance de se déplacer. La distribution était constituée de la troupe originale de 1959. On pouvait donc voir Gratien Gélinas dans le rôle de Bousille. Selon Maurice Huot, les prises de vues étaient très bien réalisées. Il y avait autant des plans proches des acteurs pour capter les émotions que des prises de l’ensemble de la scène. Il situait cette diffusion télévisuelle entre le cinéma et le théâtre[17].

La pièce prend aussi une diffusion à l’internationale. Elle a été télédiffusée en Angleterre sur la British Broadcasting Corporation (BBC) en 1965[4].


  1. a b et c Bousille et les justes, de Gratien Gélinas, mise en scène Lou Fortier, Québec, Théâtre du trident, , 8 p. (lire en ligne)
  2. Danielle Shelton, « La littérature au théâtre : Société Arts et Culture d’Oka : Gratien Gélinas, Bousille et les Justes », Entrevous, no 8,‎ , p. 58 (ISSN 2371-1590, lire en ligne)
  3. a et b Jean-Louis Tremblay, « Bousille et les Justes », Jeu : Revue de théâtre,‎ , p. 155-158 (ISSN 1923-2578, lire en ligne)
  4. a b c d et e Lemire, Maurice., Dorion, Gilles. et Boivin, Aurélien., Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec tome 3 (1940-1959), Fides, ©1978- (ISBN 2762111900, 9782762111903 et 0775506753, OCLC 4168114, lire en ligne), p. 139-140
  5. a b et c Jean-Marc Larrue, « « Bousille et les justes » », Jeu : Revue de théâtre, no 56,‎ , p. 152-154 (ISSN 1923-2578, lire en ligne)
  6. « «Bousille et les Justes» pour le public maskoutain », Le Nouveau Clairon,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  7. Auteur inconnu, « Bousille et les Justes au CEGEP, le 4 décembre », Le Droit, no 206,‎ (lire en ligne)
  8. « Bousille et les Jjustes », Communiqué de la Salle Denise-Pelletier,‎ (lire en ligne)
  9. Caroline Barrière, « Intolérance, malhonnêteté et justice », Le Droit,‎ , A14 (lire en ligne)
  10. Martine Lagaçé, « Toute vérité est bonne à dire », Le Droit,‎ , A8 (lire en ligne)
  11. Marie-Christine Blais, « Benoît Brière et les justes au Rideau Vert », La Presse,‎ , p. C9 (lire en ligne)
  12. Stéphane Baillargeon, « Le Rideau Vert poursuivi pour avoir modifié Bousille et les justes », Le Devoir,‎ , A1 (lire en ligne)
  13. Solange Lévesque, « Bousille... bousillé », Le Devoir,‎ , B8 (lire en ligne)
  14. Gélinas, Gratien,, Bousille et les Justes : théâtre (ISBN 9782762142402 et 2762142407, OCLC 1048459826, lire en ligne)
  15. Gélinas, Gratien, 1909-1999., Bousille et les justes : théâtre, Typo, (ISBN 2892951801 et 9782892951806, OCLC 48988500, lire en ligne)
  16. « Bousille et les justes », sur cead.qc.ca (consulté le )
  17. Maurice Huot, « Bousille et les Justes », Le Bien Public,‎ , p. 8 (lire en ligne)