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Utilisateur:François-Etienne/Brouillon/Vierge à l'Enfant de la Kaaba

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Vierge à l'Enfant
Artiste
Date
avant ou entre 608 et 622, voir 630 au plus tard
Type
Mouvement
Localisation
Kaaba, œuvre détruite en 683, La Mecque (Arabie saoudite)

La Vierge à l'Enfant est une peinture religieuse, réalisée par un maître anonyme avant ou entre et 622 ou 630 au plus tard. À cette période, elle est accrochée à un pilier à l'intérieur de la Kaaba, sanctuaire de La Mecque, en Arabie saoudite, qui venait d'être reconstruit suite à un incendie.

La Vierge à l'Enfant est mentionnée par les historiens Muḥammad al-Wāqidi, mort en 822, et Abū al-Walīd al-Azraqī, mort vers 858. En 630, durant la conquête de la Mecque par le prophète de l'islam Mahomet, il l'épargne lorsque ses troupes détruisent (sur son ordre) les statues et images idolâtres. Selon les témoignages rapportés, l'icône a brûlé à l'époque de la Deuxième Fitna, durant le siège de La Mecque de 683, qui détruisit en partie et de nouveau la Kaaba.

Restauration de la Kaaba

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Abū al-Walīd al-Azraqī, dans son Kitab Akhbar Makka (« Histoire de La Mecque »), rapporte qu'en 608, un incendie ravage la Kaaba à cause d'un fidèle imprudent et il est décidé de la reconstruire. La tribu de Quraish, qui dirige La Mecque, fait appel à un dénommé Baqum al-Rumi, architecte copte ou éthiopien de l'empire byzantin. Six colonnes (daʿāʾim) sont érigées à l'intérieur de la pierre noire, et les Quraish agrémentent de fresques les colonnes, le plafond et les murs internes. Parmi les images accrochées aux colonnes, on trouve les icônes religieuses des prophètes de l'islam : al-Azraqī décrit une représentation d'Abraham utilisant des flèches divinatoires, à la manière des devins préislamiques, ainsi qu'une image de Jésus Christ et de sa mère, la vierge Marie.

Purification de la Kaaba

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Un événement célèbre de la conquête de La Mecque, en 630, est la purification de la Kaaba : Mahomet ordonne à ses troupes de détruire toutes les idoles, de retirer les peintures et toute décoration païenne des murs à l'intérieur du sanctuaire. L'historien Ibn ʾIsḥāq (mort en 767-768), qui est le premier grand biographe de Mahomet, rapporte qu'il détruit l'icône d'Abraham, et de son fils Ismaël selon certaines versions, car la peinture le(s) représente(nt) utilisant des flèches divinatoires, alors que la divination est condamnée dans l'islam.

Dans le récit de la reconstruction de la Kaaba par al-Azraqī, ce dernier indique que Mahomet mutile les images, en les effaçant avec un tissu imbibé d'eau du puits de Zamzam, suggérant que les peintures sont à l'eau. Un autre narration fait dire à Mahomet qu'il ne rentrera pas dans la Kaaba tant que toute trace polythéiste restera dans la Kaaba, mais G. R. D. King pense que cela désignait les statues et non les peintures. En tous cas, Mahomet interdit que l'on efface la Vierge à l'Enfant, qui se trouve sur une colonne au milieu de la rangée en face de la porte de la Kaaba. Al-Azraqī ajoute que le chef des musulmans sauve les deux cornes d'un bélier, que la tradition affirmait être celles de l'animal sacrifié par Abraham à la place de son fils, Ismaël dans l'islam ou Isaac dans la Bible.

L'historienne de l'art Emine Fetvaci suggère que ce geste de Mahomet a influencé le sultan ottoman Mehmed II, lorsqu'il prit Constantinople en 1453 et qu'il épargna les mosaïques de la basilique Sainte-Sophie.

Disparition

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Deux intellectuels mecquois, ʿAṭāʾ ibn Abī Rabāḥ (vers 648-733) et ʿAmr ibn Dīnār (mort vers 744), affirment avoir vu l'icône de leurs propres yeux. Al-Azraqī rapporte un dialogue où ʿAṭāʾ ibn Abī Rabāḥ est questionné sur la Vierge à l'Enfant, et qu'il affirme qu'elle fut détruite « par le feu ». Dans le Kitāb al-Maghāzī, Muḥammad al-Wāqidi rapporte une tradition transmise par son maître, le savant syrien al-Walīd ibn Muslim (mort en 810), qui dit que selon le savant damascène Saʿīd ibn ʿAbd al-ʿAzīz, la faute de la destruction doit être attribuée à Ibn az-Zubayr, qui fit le siège de La Mecque en 683, détruisant une partie de la Kaaba.

Description

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Vierge à l'Enfant avec saints et ange, icône byzantine du vie siècle, monastère Sainte-Catherine du Sinaï.

Al-Azraqī rapporte qu'ʿAṭāʾ ibn Abī Rabāḥ décrit la peinture comme « une image (timthāl) de Marie ornée (muzawwaqan) ; et son fils Jésus était sur ses genoux, orné. » Cette iconographie d'un Vierge assise avec l'Enfant Jésus sur ses genoux est alors très répandue dans la chrétienté au VIIe siècle, notamment dans l'empire byzantin. Il existe toujours une icône datant du vie siècle, représentant la Vierge à l'Enfant sur ses genoux et entourée de saints et d'anges, conservée en Égypte, au monastère Sainte-Catherine du Sinaï. Cette représentation était connue jusqu'au royaume d'Aksoum et au Yémen, aussi est-il possible que la peinture de la Kaaba fut de style aksoumite.

Al-Azraqī rapporte un hadith d'une dénommée Asmaʾ bint Shiqr, qui raconte qu'une femme des Ghassanides, tribu arabe chrétienne, fait le pèlerinage vers La Mecque vraisemblablement entre 608 et 630. En voyant l'icône de la Vierge à l'Enfant, elle s'exclame : « Par mon père et par ma mère, tu appartiens aux Arabes. » Il est difficile à dire si la pèlerine anonyme indique par là que la Vierge a des traits arabes, ou si elle est surprise de voir une icône chrétienne au sein de la Kaaba.

Al-Azraqī rapporte que l'icône de la Vierge à l'Enfant est installée après la reconstruction de la Kaaba, suite à l'incendie de 608. La tradition musulmane raconte qu'avant l'apparition de l'ange Gabriel à Mahomet en 610, ses voyages commerciaux l'avaient amenés en Arabie pétrée et en Syrie, où il est possible qu'il ait déjà vu des images chrétiennes.

En 622, Mahomet fuit les persécutions et s'installe à Médine, ce qui est appelé l'Hégire. La création et l'installation de la Vierge à l'Enfant dans la Kaaba ne sont probablement pas postérieures à cet événement, puisqu'il connaît la peinture et sa signification lorsqu'il la revoit après la conquête de La Mecque, en 630.

Cependant, l'année de la conquête est une datation tardive possible : selon la tradition musulmane, en 615, plusieurs compagnons et compagnonnes de Mahomet migrent en Abyssinie, un pays chrétien, afin de fuir les persécutions des Mecquois. En revenant s'installer à Médine, ils décrivirent les peintures religieuses qu'ils purent apercevoir dans le pays. Il est donc aussi possible que Mahomet fut familiarisé avec l'iconographie chrétienne durant la période médinoise.

Références

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Sources primaires

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Sources secondaires

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Articles connexes

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