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Utilisateur:Djozgrave/Brouillon

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Claude Henri Schmitt (nom d’artiste CHS), né le 17 avril 1935 à Hargarten-aux-Mines (57), mort le 27 juin 2021 à Mazirot (88) est un artiste peintre français. Il est l’auteur d’une œuvre figurative et abstraite qui se déploie à l’écart des courants artistiques et se distingue par son originalité, sa force et son intensité. Il utilise des techniques diverses parmi lesquelles l’impression monotypique tient une place importante.

Claude Henri Schmitt dans son atelier en 2005

Biographie[modifier | modifier le code]

Les premières années[modifier | modifier le code]

Claude Henri Schmitt naît en 1935 dans un village mosellan de la région de St Avold tout près de la frontière allemande. Il est le fils cadet de Mathilde Schmitt (née Klein) et de Joseph Schmitt, employé de la SNCF. Sa langue maternelle est le francique mosellan, un dialecte allemand communément appelé « le platt ».

En 1940, fuyant l’occupation allemande, la famille Schmitt s’exile durant six mois à Poitiers. De retour en Moselle, Claude passe quatre ans à l’école allemande. Un de ses bulletins mentionne qu’il est « bon élève, excellent dessinateur » („guter Schüler, trefflicher Zeichner“).

Après la Libération, il suit un apprentissage accéléré de la langue française et entre en 1947 au Lycée Fabert à Metz où il reçoit sept années de formation qui changeront le cours de sa vie. C’est à cette époque qu’il découvre les grands peintres et commence à se passionner pour l’art.

Les années de jeunesse[modifier | modifier le code]

Après le bac, Claude entame des études d’allemand à l’Université de Nancy qu’il finance comme instituteur remplaçant tout en démarrant une activité d’artiste peintre.

En 1956, il fait un premier périple en Scandinavie qui lui fait l’effet d’un choc esthétique et émotionnel. Rappelé en France pour effectuer son service militaire, il est aussitôt envoyé en Algérie où il passe 27 mois en pleine Guerre d’indépendance algérienne. De cette expérience, il ne dira presque rien mais tout laisse à penser qu’elle l’ébranle profondément.

En 1959, il retourne au Danemark où il épouse l’artiste danoise Maria Raagaard. Quelques mois plus tard, le couple se sépare et Claude revient en France.

A partir de 1960, il reprend ses études à l’Université de Nancy, exerce comme instituteur dans plusieurs communes de Moselle et renoue avec la pratique quotidienne de la peinture. Il obtient le CAPES d’allemand en 1966, puis exerce trois ans comme professeur à St Avold.

Les années de maturité[modifier | modifier le code]

En 1969, Claude remet le cap sur la Suède pour rejoindre Ylva Andersson, une étudiante suédoise rencontrée deux années plus tôt dans une auberge de jeunesse du Bohuslän. Il obtient un poste de lecteur de français à l’Université de Stockholm et se marie avec la femme de sa vie, avec qui il aura trois enfants : Helga, qui enseignera l'allemand, Karin[1], qui deviendra marionnettiste, et Ivar, qui sera musicien. Le couple s’installe alors pour cinq ans dans la capitale suédoise. Claude expose pour la première fois sous le nom de CHS dans une galerie de Stockholm.

En 1974, le couple retourne en France et s’établit trois ans plus tard dans les Vosges à Mirecourt[2] où Claude est nommé professeur de collège, et où il se fera plusieurs amis parmi les luthiers[3]. C’est dans cet endroit tranquille et retiré que CHS donne finalement toute la mesure de sa créativité et réalise l’essentiel de son œuvre. Il y fait également la connaissance de l’architecte Nicolas Normier, l'architecte de la Tour de la Liberté à Saint-Dié, avec lequel il réalise plusieurs projets, notamment deux fresques pour une école et un hôpital.

En juin 2021, il décède des suites d’une longue maladie[4].

L'oeuvre de Claude Henri Schmitt[modifier | modifier le code]

L'oeuvre de CHS se déploie sur 60 années et traverse toute la seconde moitié du XXème siècle et le début du XXIème.

Années 60 à 80 : les années figuratives[modifier | modifier le code]

Les débuts de Claude Henri Schmitt sont marqués par une pratique régulière du dessin et de l'huile sur bois ou sur toile figurative. Les sujets d'une grande sobriété, tirés du quotidien ou des souvenirs d'enfance, se matérialisent en des toiles aux couleurs soutenues, structurées par les formes et les volumes, plus que par une perspective précise. Cet aspect évoque une peinture d'avant la perspective, presque naïve, où personnages et sujets ont tendance à flotter dans le tableau. En cela, CHS est également fidèle à ses maîtres comme Cézanne – « qui a réinventé la nature », selon CHS – ou Matisse et Braque, qui ont, selon lui, « fait exploser la forme. » Les couleurs vives, parfois électriques, donnent aux formes à tendance géométrique une force déjà abstraite, qui n'est pas sans rappeler Fernand Léger ou Malévitch. Les toiles sont de tailles diverses mais CHS se mesure souvent à des grands formats, où les motifs et les personnages prennent presque leur taille réelle. Les sujets tirés de la campagne sont nombreux – dans ce que CHS lui-même, parlant des années 80, nommait sa « période agricole » – les outils, arbres, clochers, paysans prenant ici valeur de symboles, par leur présence détachée dans la toile et sur les grands aplats de couleur. Les personnages souvent sans visage sont stylisés, comme saisis dans leur évocation plus que dans leur réalité. Les visages réduits à de simples lignes, les contours nets, les couleurs hardies, voire expressionnistes, donnent à ces figures à la fois une présence solide, et une dimension impersonnelle. De la vision du peintre émane souvent une force intrigante qui tient à la construction épurée et assumée.

Années 80 et 90 : la transition[modifier | modifier le code]

Dans les années 80 et 90, Les tendances précédentes se développent et annoncent d'autres voies. La peinture de CHS est toujours en évolution, et l'on ne peut la rapporter à une recette ou une trouvaille qu'elle ferait fructifier. Les personnages et les motifs figuratifs restent présents, comme une manière de refléter le monde et d'en construire une représentation par le jeu des lignes, des volumes et des couleurs. L'influence cubiste est toujours palpable, mais un certain travail de la matière à l'intérieur des formes se fait jour, qui évoque plutôt Paul Klee, Poliakoff ou Nicolas de Staël. Les toiles, souvent de format moyen à grand (F40 à F80), sont à présent travaillées dans davantage d'épaisseur de peinture, pigments, acrylique ou encres, au pinceau, à la spatule ou avec un outil en bois taillé par le peintre. La matière se fait jour, riche et organique, parfois veinée, contrastée, tellurique. Parallèlement, les formes s'affranchissent de la référence directe au réel, et semblent devenir plus sculpturales, à l'image des sculptures quasiment abstraites que CHS tentera toujours de concevoir, en marge de sa peinture, sans y parvenir. L'usage de l'acrylique s'affirme à côté de celui des pigments. L'abstraction arrive naturellement dans ces quelques toiles des années 90 où les formes jouent, à équilibre avec la matière, sur un blanc insituable dont elles se détachent. Cette sensation d'une sorte d'objet abstrait, mental par sa forme, émotif par sa couleur et sa matière, caractérise cette période très créative de l'oeuvre de CHS, en plein bouillonnement, en pleine gestation, en continuel questionnement.

Des années 90 aux années 2010 : les années abstraites[modifier | modifier le code]

Kvädet om Atle, 2008, 100x81cm

Le tournant majeur des années 90 survient avec la pratique de l'impression monotypique, à l'aide de formes détourées sur des pochoirs de bois ou de carton. Cette pratique s'impose peu à peu dans le travail du peintre, et deviendra sa technique principale jusqu'à ses dernières toiles (2017), quatre ans avant sa mort. Les formes construites ou dégagées au ciseau à bois dans des plaques de contreplaqué sont enduites de peinture souvent acrylique, puis la toile est appliquée et pressée sur le motif. Cette « impression », au cours de laquelle la main n'intervient plus directement sur la toile, est souvent répétée, et plusieurs pochoirs et couleurs peuvent être combinés. En travaillant ainsi, CHS choisit naturellement de produire des séries, pour explorer les possibilités que le hasard des formes et des couleurs fera surgir, jusqu'à un besoin de renouvellement et de variation. Ces séries sont alors identifiées par des noms arbitrairement choisis dans le répertoire culturel cher à CHS : les différentes mythologies : grecque, orientale, scandinave.

Le travail du monotype se décline en jaillissements créatifs qui rythment la production de CHS pendant vingt ans. A la recherche d'un équilibre, les toiles varient en taille, en rencontres de formes et de couleur, à la limite parfois de la saturation. Si l'attrait pour les coulures rappelle le travail de Max Ernst, le peintre s'approche aussi d'un expressionnisme abstrait qui évoque Pollock, de l'abstraction lyrique, ou parfois d'une monochromie à la Rothko. Les formes nouvelles viennent créer d'autres dynamiques, et d'autres séries, ainsi que les nouvelles rencontres de couleur. Au cours de cette période intense et très féconde, le blanc de la toile réapparaît parfois, comme une respiration, avant de nouvelles tensions de couleurs, de nouvelles saturations, qui en font une peinture cosmique, organique, tellurique, propice à la rêverie. L'art développé par CHS dans cette période extrêmement productive, ne ressemblant directement à aucun autre, révèle toute sa maturité.

Aquarelles, dessins[modifier | modifier le code]

En parallèle de sa production de tableaux, impressionnante, CHS réalise des milliers de dessins et d'aquarelles tout au long de sa vie. Utilisant les échantillons de tapisserie des catalogues comme support, CHS peint des aquarelles où se réfugie sa pratique figurative : scènes du quotidien, figures familiales, personnages ayant peuplé son enfance, sujets entrevus dans la presse... Le relief parfois excessif de ces papiers spéciaux, le défi que représentent les irrégularités ou les motifs envahissants, lui permettent d'expérimenter, comme dans les expériences monotypiques, les sursauts hasardeux de la matière et de la couleur, mais cette fois-ci au sein même de la représentation du réel. Les dessins et les aquarelles, au trait vif et parfois ironique, apparaissent aussi comme une grammaire du peintre, un entraînement, une pratique régulière, presque artisanale, répétitive à plaisir, comme des variations musicales, où le hasard de la matière est utilisé, avec virtuosité et une certaine facétie, au service de la représentation.

Citations[modifier | modifier le code]

CHS a toujours porté un regard lucide sur les maîtres qui ont pu l'inspirer, en même temps qu'un regard curieux et amusé sur les hasards de la création, toujours renouvelés. Il parlait volontiers de sa peinture, sans toutefois substituer un quelconque discours savant à la simple perception personnelle des toiles et aux réactions spontanées qu'elles inspirent.

"Encore aujourd'hui, les trois sources de mes choix artistiques remontent à mon enfance. D'abord, les nuages : couché dans l'herbe, je les regardais et j'y voyais la barbe de Platon, la chevauchée des Walkyries, la Jérusalem céleste. Ensuite, les fuites d'huile des voitures sur le bitume : les flaques irisées après la pluie avec leur couleur rouille, leur bleu azur reflétant le ciel, leurs jaunes incroyables me ravissaient tant par leurs formes bizarres que par leurs teintes chatoyantes. Enfin, j'ai été fasciné par un kaléidoscope qu'on m'avait acheté dans une foire."

"Ingres qui frise le pompier et dont je fais pourtant mon miel, Cézanne qui a réinventé la nature comme Van Gogh et Gauguin, mais d'une manière plus structurée, Braque et Matisse « qui ont fait exploser la forme », Soulages qui, comme Robbe-Grillet, affirme qu'il y a une loi intérieure de l'oeuvre, une logique propre dont on doit suivre le mouvement, Rothko également, pour qui « les gens doivent rentrer dans la peinture »"

"Je suis comme un escargot qui avance, je touche avec une antenne, je doute, je recule, je cherche ma voie et j'avance à nouveau."

"Ce qui fait tenir un tableau, c'est son potentiel de rêverie..."

Liens[modifier | modifier le code]

Site officiel de Claude Henri Schmitt : https://www.claudehenrischmitt.org

Références[modifier | modifier le code]

  1. (de) Please configure the constant editor Here: category [SEO DYNAMIC TAG- META, « Karin Schmitt: Freischaffende PuppenspielerinAbsolventin der Hochschule... », sur Ensemble, (consulté le )
  2. « 12 images de l’atelier de Claude Henri Schmitt – Un Dimanche en Lorraine / Chouette c'est le Week-End » (consulté le )
  3. « le site de JCC », sur www.nyckelharpa-condi.com (consulté le )
  4. « Vosges. La mort d’un peintre », sur www.estrepublicain.fr (consulté le )