Utilisateur:Amblardus/Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Mary (ou, en latin, Marius) est un saint de la Haute-Auvergne, qu'il convient de ne pas confondre avec d'autres saints du même nom. Sa vie est en réalité fort peu connue. Le texte le plus ancien, la Vita sancti Marii[1], daté du XIIe ou du XIIIe siècle, le prétend à la fois contemporain de saint Pierre et de saint Austremoine. Or le premier est évidemment du Ier siècle, tandis que le second a évangélisé l'Auvergne à la fin du IIIe siècle ou au début du IVe siècle.

En fait, dès le XVIIe siècle, les Bollandistes, en publiant cette Vita sancti Marii dans leurs Acta Sanctorum[2], ont mis en doute l'une et l'autre époque. Selon eux, Mary aurait vécu en réalité à la fin du VIe ou au début du VIIe siècle[3].

Statue de saint Mary
Église de Ferrières-Saint-Mary

Étymologie[modifier | modifier le code]

En latin, il est appelé Marius.

Parcours[modifier | modifier le code]

Austremoine[modifier | modifier le code]

D’après Grégoire de Tours c’est vers l’an 251 qu’Austremoine fuyant Rome et la persécution de l’empereur Dèce arriva dans la cité des Arvernes.

Il est probable qu'Austremoine, accompagné du diacre Mamet, soit arrivé dans une caravane d’ouvriers potiers qui avaient coutume de se rendre périodiquement du grand centre de céramique d’Arezzo à ses succursales de Lezoux et de la Graufesenque (près de Millau). Ils ont sans doute emprunté la voie Aurélienne ou la voie Domitienne. Des signatures d’Austremoine et Mamet ont été retrouvées sur les poteries qu’ils réalisaient à Lezoux.

La légende affirme que saint Mary accompagnait Austremoine et Mamet[4], mais la chronologie rend le fait impossible.

Mary[modifier | modifier le code]

Datation[modifier | modifier le code]

En effet, la vie de Mary est connue par un manuscrit du XIIe ou XIIIe siècle, actuellement conservé à la Bibliothèque Universitaire de Clermont-Ferrand (ms. n° 732). Ce texte, la Vita sancti Marii[1], a été publié (en latin) au XVIIe siècle par les Bollandistes dans leur collection des Acta Sanctorum (2e volume concernant les saint de juin, à la date du 8 juin).

Les Bollandistes eux-mêmes, savants jésuites, réfutaient les indications chronologiques données par le manuscrit. Mary ne pouvait pas avoir été un "confesseur" envoyé par saint Pierre évangéliser l'Auvergne au côté d'Austremoine. Ils estiment qu'en réalité, Mary est du VIe ou du VIIe siècle pour deux raisons principales : 1/ lorsqu'il baptise, il donne des noms germaniques aux convertis, ce qui n'a pas de sens avant les invasions et la période franque ; 2/ l’Auvergnat Grégoire de Tours, qui pourtant cite tous les grands saints d'Auvergne, n'évoque pas Mary ; celui-ci était donc au mieux contemporain, plus probablement postérieur à Grégoire.

Le texte précise par ailleurs que Mary n'était ni prêtre, ni diacre.

Faits probables de sa vie[modifier | modifier le code]

La Haute-Auvergne, à son époque, était christianisée, mais les campagnes échappaient à l’évangélisation. Saint Martin de Tours témoigne que même en 360 elle était encore largement païenne et le Concile de Tours en 567 confirme encore sa faible évangélisation.

Des éléments provenant de la légende, il est possible d'inférer que Mary vécut en ermite dans la Vallée du Mont-Journal, dans une sorte de grotte. Son exemple et son action entraînèrent de nombreuses conversions.

Mary mourut sans doute un 8 juin, puisque l'Eglise célèbre sa fête depuis toujours à cette date. La légende dit aussi qu'on construisit deux églises en son honneur, l'une à Saint-Mary-le-Cros où se trouvait la grotte, l'autre à Saint-Mary-le-Plain, d'où l'évêque (Austremoine, selon la légende) aurait eu la vision de l'âme de Mary emportée aux cieux.

La chapelle de Saint-Mary-le-Cros fut ensuite transformée en église et devint l’un des plus anciens sanctuaires d’Auvergne. Sous les Mérovingiens les reliques du saint furent mises dans une chasse creusée dans le tronc d’un chêne et suspendue par quatre chaînes à la voûte au-dessus de l'autel. Elle portait l’inscription « Hic jacet corpus Marii Confessoris ».

La translation de ses reliques[modifier | modifier le code]

Église de Saint-Mary-le-Cros

La deuxième partie de la Vita sancti Marii évoque les miracles survenues relativement récemment, après la translation des reliques à Mauriac, effectuée par une certaine Ermengarde, au temps de l'évêque Etienne. Mais aux XIe et XIIe siècles ont vécu cinq évêques clermontois de ce nom : la datation est délicate.

Le savant Marcellin Boudet pense à une Ermengarde de Nonette au milieu du XIe siècle[5] (plutôt qu'à une Ermengarde d’Apchon vers 1050, comme on le lit parfois[6]). Elle décida, dit le texte, que les reliques seraient mieux honorées ailleurs et décida de les transférer à Mauriac, où les moines du monastère Saint-Pierre sauraient en prendre soin.

Lors du transport, les reliques empruntèrent apparemment l’ancienne voie romaine reliant Clermont à Cahors par Dienne. Le plus fameux sommet des monts du Cantal porte le nom de « Puy Mary » en souvenir de ce passage. La légende raconte que de nombreux miracles se produisirent tout au long du trajet.

Les reliques sont maintenant dans la basilique Notre-Dame-des-Miracles, également à Mauriac, à l’intérieure du « Cercueil de saint Mary » réalisé au XVIe siècle et formant autel. Les autres reliques du saint sont une statue et un bras reliquaire en cuivre argenté du XVe, classé monument historique depuis 1898.

Le culte[modifier | modifier le code]

Plusieurs souvenirs du saint ermite sont encore présents dans le pays de Massiac. Sur la commune de Ferrières-Saint-Mary, près du « Pré de l’ermitage » se dresse le rocher de basalte qui abrita le saint. En contrebas, dans la vallée de l’Alagnon, on trouve la « fontaine du saint » à laquelle on attribuait des vertus miraculeuses. Sur les flancs du mont Journal un bloc de basalte taillé en forme de siège est appelé la « Chaire de saint Mary ». Dans chaque accoudoir il y a l’empreinte des cinq doigts de la main du saint. On s’y assoit pour demander la guérison des maux de reins.

La légende prétend aussi que saint Austremoine (en réalité, l'évêque de Clermont vivant à l'époque de saint Mary) voulut venir une dernière fois rendre visite à Mary au seuil de sa mort. Passant par ce qui deviendra plus tard Saint-Mary-le-Plain, il aperçut l’âme du saint s’élevant au ciel dans une auréole de lumière. Pour arriver jusqu’à la dépouille de « Mary le confesseur », il dut franchir les gorges de l’Arcueil. À Fons, le village surplombant cet endroit, se trouve la Fons Stremonii, la « Fontaine de Stremonius », c'est-à-dire d’Austremoine. Sans doute construite sous les Mérovingiens, elle est faite de gros blocs de basalte et comporte une niche dans laquelle se trouvait une statue du saint[7].

Sources[modifier | modifier le code]

  • Manuscrit 732 de la Bibliothèque Universitaire de Clermont-Ferrand.
  • Publication de ce manuscrit au XVIIe siècle dans les Acta Sanctorum des Bollandistes, à la date du 8 juin. L'édition est précédée d'une introduction rédigée par le jésuite Daniel van Papenbroeck et réfutant la chronologie proposée par la légende.
  • Deux ouvrages s'inspirent du manuscrit au XVIIe siècle, sans remettre la chronologie de la légende en question :
    • Géraud Vigier (en religion Père Dominique de Jésus, carme déchaux), L'Histoire parénétique de trois Saints protecteurs de la Haute-Auvergne : saint Flour, saint Marius (saint Mary), saint Géraud, 1635.
    • Dom Jacques Branche, prieur de Pébrac, Vie des Saints et Saintes d'Auvergne, 1652.
  • Pierre Moulier, Croyances, légendes et traditions populaires dans le Cantal, éditions de la Flandonnière, 2015, ISBN : 978-2-918098-29-4 : un chapitre est consacré à saint Mary.

Utilisation du patronyme[modifier | modifier le code]

Toponymie[modifier | modifier le code]

Plusieurs villages français portent le nom de saint Mary :

De plus, la commune d'Albaret-Sainte-Marie (Lozère), tire son nom de Mary, et non de la Vierge Marie. Au fil des ans, le nom s'est cependant transformé au profit de cette dernière[réf. nécessaire].

Institutions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (la) Manuscrit n° 732, Bibliothèque Universitaire de Clermont-Ferrand, xiie ou xiiie siècle, pages 99 à 153 du manuscrit
  2. « Acta Sanctorum », sur Wikipedia (consulté le )
  3. (la) Daniel van Papenbroeck, introduction à la Vita sancti Marii - tome 2 des Acta Sanctorum de juin, Anvers, Bollandistes, (lire en ligne), Traduction d'un extrait du § 7de cette introduction : "Saint Marius, qui a été envoyé par quelque évêque d’Auvergne au VIe ou au VIIe siècle pour extirper les restes du paganisme dans les montagnes de Haute-Auvergne, est dit avoir été envoyé par saint Austremoine parce qu’on ne pouvait trouver personne de plus illustre au nom de qui cette mission ait pu être confiée." En résumé, qui dit évêque de Clermont dit successeur de saint Austremoine, d'où ce transfert de nom...
  4. (la) Anonyme, Vita sancti Marii, Bibliothèque de l'Université de Clermont, xiie ou xiiie siècle, page 102 du manuscrit, Traduction du § 3 (extrait) : "Il [=Saint Pierre] avait consacré évêque le premier d’entre eux, nommé Austremoine  ; il lui avait attribué pour compagnons Nectère le prêtre et le diacre Mammet , ainsi que Marius, efficace et fidèle ministre de la parole de Dieu. C’est pourquoi, quoiqu’il ne fût pas encore mu par l’élévation de quelque office sacerdotal, le ministre de la prédication divine se montra cependant déjà digne du choix apostolique par l’Esprit Saint."
  5. (la) Marcellin Boudet (éditeur savant), Cartulaire du Prieuré de Saint-Flour, Monaco, (lire en ligne), Il précise en note, à propos d'Ermengarde de Nonette, épouse d'Amblard (vers 990/1000) : « Géraud Vigier, carme d’Aurillac, en religion Dominique de Jésus, fait d’Ermengarde une “comtesse d’Apchon”. Il n’y eut jamais de comtesse d’Apchon au moyen âge, mais il y eut des comtoresses (Hist. parénétique des trois saints de Haute-Auvergne, Paris, 1636, chap. XI). — L’auteur de la notice Apchon (Dictionnaire du Cantal, t. I, p. 177) lui donne pour mari “Bertrand Ier, comptour d’Apchon”, vivant au milieu du XIe siècle. — Le dernier agiographe de la province, l’abbé Mosnier, reproduit G. Vigier (Les Saints d’Auvergne, t. I, p. 600). Ém. Delalo (Notice sur Mauriac, dans le Dictionnaire du Cantal, t. IV, p. 224), propose Ermengarde d’Arles, femme de Robert Ier, comte d’Auvergne ; mais il n’a pas d’autres motifs que les présomptions tirées du nobilissima et de l’ingens multitudo militum, lesquels s’appliquent aussi bien à Amblard de Nonette que l’auteur a ignoré comme comtour. »
  6. Géraud Vigier = P. Dominique de Jésus, Histoire Parénétique des trois saints protecteurs du Haut Auvergne, , Jusqu'à M. Boudet, tous les auteurs postérieurs avaient suivi son hypothèse hasardeuse : "Cela me confirme en l’opinion que cette Ermingarde est celle de Roche-d’Agoux, d’autant que, de son temps, vivait Étienne, 5e évêque de Clermont, auquel elle donna de grands biens pour son église. Voyez le docte Savaron en ses Origines. C’est pourquoi cette église a été bâtie et dédiée environ l’an 1050."
  7. Jean Rieuf, Massiac et son canton, Editions Gerbert (Aurillac),1971

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

{{Portail christianisme}} Catégorie:Saint catholique et orthodoxe