Théologie orthodoxe

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La théologie orthodoxe est l'ensemble de la doctrine et de la spiritualité de confession chrétienne orthodoxe résultant du symbole de Nicée, des sept premiers conciles et développée dans l'Empire byzantin par les théologiens et philosophes grecs au Moyen Âge comme saint Grégoire Palamas, et par les écrivains et poètes au XIXe siècle en Russie, comme Vladimir Soloviev.

Les théologiens byzantins de langue grecque sont aussi ceux qui diffuseront l'apprentissage du grec en Italie de la Renaissance, notamment à l'occasion du Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome[1].

Théologie et mystique[modifier | modifier le code]

Vie après la mort[modifier | modifier le code]

Péages[modifier | modifier le code]

Selon la théologie orthodoxe, après la mort du corps l'âme reste consciente, vivante, et reste deux jours à errer sur la terre dans les lieux où elle a vécu. Le troisième jour, elle passe par les postes de péage : « Ainsi, pendant les quarante jours qui précèdent l’attribution à l’âme du défunt de ce qui sera son séjour provisoire jusqu’à la Parousie, les démons présentent tout ce qu’elle a pu commettre comme fautes durant sa vie terrestre ; son seul recours est alors le repentir qu’elle a manifesté pour les péchés qui lui sont reprochés, les bonnes œuvres qu’elle a accomplies durant sa vie terrestre et l'intercession de l’Église et des saints. La prière pour les défunts revêt ainsi, dès le moment de leur mort, une grande importance ; elle protège l’âme et la défend contre les entreprises des démons. »[2]

L'existence des péages est cependant contestée par certains orthodoxes[3],[4].

Paradis et Enfer[modifier | modifier le code]

Ensuite, si l'âme parvient à passer les postes de péage elle se retrouve dans le Paradis, « ou le sein d'Abraham, dans ce "lieu de lumière, de rafraîchissement et de repos, où il n’y a ni douleur, ni larmes" mais où l’âme, au contraire, jouit en compagnie des saints d’un bonheur ineffable » ; cependant, la béatitude des âmes « ne sera parfaite qu’au jour du retour du Christ et de la résurrection finale ». Si l'âme ne parvient pas à passer les postes de péage, elle se retrouve en Enfer, « un lieu de souffrance où [les damnés] sont tourmentés par les démons »[2]. Cet Enfer et ce Paradis sont un même endroit, « [i]ls signifient deux situations (façons) différentes, qui proviennent de la même source incréée, et sont perçues par l'homme comme deux expériences différentes ». Ou, plus précisément, ils sont la même expérience, sauf qu’ils sont perçus différemment par l’homme, selon l’état interne de l’homme[Passage contradictoire]. Après le retour de Jésus, les personnes se trouvant en situation d'Enfer et celles ainsi que celles dans la situation de Paradis percevront le Christ dans sa lumière divine incréée : pour l'éternité, ceux dans l'Enfer verront le Christ comme un enfer et ceux dans le Paradis verront le Christ comme un paradis. « Par conséquent, le paradis et l'enfer ne sont pas une récompense ou une punition (condamnation), mais la manière dont nous expérimentons individuellement la vue du Christ, en fonction de l'état de notre cœur. Dieu ne punit pas en substance, bien que, à des fins éducatives, les Écritures mentionnent la punition. […] La condition de l’homme (pur-impur, repentant-impénitent) est le facteur qui détermine l’acceptation de la Lumière comme "paradis" ou "enfer" »[5].

Selon les Orthodoxes, presque n'importe quelle âme condamnée peut sortir de l'Enfer grâce aux prières de l'Église tant que le Christ n'est pas revenu. En effet, « [l]a pensée commune de l'Église ancienne est en effet qu’avant le jugement dernier, les damnés peuvent être sauvés, mais cela, uniquement grâce à la prière des membres de l'Église terrestre ». L'exception est pour ceux qui « ont commis des fautes d'une extrême gravité et sont morts dans l'impénitence finale : meurtriers, apostats, hérétiques, adultères, fornicateurs » qui resteront bloqués en Enfer[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Louis Valcke, Pic de la Mirandole. Un itinéraire philosophique, ch.2 : « La Grèce renaît en Italie », 2005.
  2. a b et c Placide (Deseille), « La mort est vaincue » : Les fins dernières selon les Pères de l'Église, Monastère Saint-Antoine-le-Grand et Monastère de Solan, , 20 p., p. 6-12
  3. (en-US) David Bentley Hart, « Nor Height Nor Depth: On the Toll Houses », sur publicorthodoxy.org, (consulté le ) : « the teaching of the toll houses might very well be regarded as the very epitome of heresy »
  4. (en) « Against the Gnostic Story of the Judging Demons - the "Toll-Houses" », constans_wright.tripod.com (consulté le )
  5. (en) George Metallinos, « Paradise and Hell according to Orthodox tradition », sur Orthodox Outlet for Dogmatic Enquiries (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie complémentaire[modifier | modifier le code]

  • Catéchèse orthodoxe, Dieu est vivant : Catéchisme pour les familles, Le Cerf, 1979 (ISBN 2-204-01392-7)
  • Olivier Clément, L'Église orthodoxe, PUF, « Que sais-je ? », 2002 (ISBN 9782130-530428)
  • Bernard Baudouin, La Religion orthodoxe. Gardienne de la Tradition, De Vecchi, 2002
  • Petite philocalie de la prière du cœur, trad. et prés. Jean Gouillard, Seuil, « Points Sagesses », 1979
  • Récits d'un pèlerin russe, Anonyme, Seuil, « Livre de vie », 1999, ou « Points Sagesses », 2004
  • Jean Meyendorff, Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe, Seuil, « Points Sagesses », 2002
  • Léonide Ouspensky, La Théologie de l'icône dans l'Église orthodoxe, Le Cerf, 2007
  • Archimandrite Sophrony :
    • Sa vie est la mienne, Le Cerf, 1981
    • De Vie et d'Esprit, Le Cerf, 1992
    • La Prière, expérience de l'éternité, Le Cerf, 1998
    • Voir Dieu tel qu'il est, Le Cerf, 2004
  • Vladimir Lossky :
    • Le Sens des icônes, Le Cerf, 2003
    • Essai sur la théologie mystique de l'Église d'Orient, Le Cerf, 2005
    • À l'image et à la ressemblance de Dieu, Le Cerf, 2006
    • Théologie dogmatique (édité par Olivier Clément et Michel Stavrou), Le Cerf, 2012 (ISBN 978-2204093408)
  • Placide Deseille, Spiritualité orthodoxe et philocalie, Albin Michel, « Spiritualités vivantes », 2003
  • Jean-Yves Leloup :
    • Écrits sur l'hésychasme : Une tradition contemplative, Albin Michel, « Spiritualités vivantes », 1999
    • Paroles du Mont Athos, Albin Michel, « Spiritualités vivantes », 2006
  • Alain Durel :
    • La presqu’île interdite. Initiation au mont Athos, Albin Michel, 2010
    • Parce que tu es tiède. Entretien avec un moine du mont Athos, préface du père Placide Deseille, Desclée de Brouwer, 2012