Suriyothai

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Suriyothai
Description de cette image, également commentée ci-après
Statue à la mémoire de la reine Suriyothai construite en 1991.
Titre original สุริโยไท
Réalisation Chatrichalerm Yukol
Scénario Chatrichalerm Yukol
Sunait Chutintaranond
Acteurs principaux
Sociétés de production American Zoetrope
Prommitr International Production
Pays de production Drapeau de la Thaïlande Thaïlande
Genre Action, aventure, biopic, drame, historique, guerre
Durée 185 minutes
Sortie 2001

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Suriyothai (สุริโยไท) est un film historique thaïlandais réalisé par Chatrichalerm Yukol[1], sorti en 2001[2].

Synopsis[modifier | modifier le code]

Au début du XVIe siècle, en Thaïlande, la légendaire princesse Suryothai est un témoin direct des principaux événements de la vie du royaume d'Ayutthaya : en 1529, mort du roi Ramathibodi II l'année de la grande comète ; en 1533, mort du roi Borommaratcha IV de la première épidémie de variole importée par des Portugais arrivés depuis peu au Siam (en 1511) ; guerres entre petits royaumes, entre cités-états ; intrigues de palais...

La reine Suriyothai est amoureuse de son ami d'enfance le seigneur Piren(thorathep) mais, par devoir pour sa famille et son père et par fidélité à la famille royale, elle se marie au jeune prince Thienraja.

En 1547, mort du roi Chairacha empoisonné par sa nouvelle femme la reine Sudachan : le prince Thienraja, accusé d'être l'auteur du crime, devient bonze-novice pour sauver sa vie ; le fils de Chairacha et de la reine défunte Jiraprapa, l'enfant Yodfa devient roi.

Mais très vite, en 1548, la reine Sudachan empoisonne et tue l'enfant roi et elle place sur le trône son amant le seigneur Worawongsa (un descendant des U-Tong) ; Suriyothai demande alors à son ami Piren d'intervenir pour placer sur le trône l'héritier légitime, son mari Thienraja : Piren et ses soldats tuent les usurpateurs du trône, la reine Sudacha et son amant Worawongsa, et le prince Thienraja devient le nouveau roi d'Ayutthata et s'appelle désormais Mahachakrapat.

En 1549, l'armée birmane du roi Tabinshwehti franchit la passe des Trois Pagodes et attaque le royaume d'Ayutthaya. La reine Suriyothai se joint à la bataille pour défendre son époux et sauver le royaume...

Guerre entre le roi de Pégou Tabinshwehti (dynastie Taungû) et le roi d'Ayutthaya Mahachakrapat aidé par la légendaire reine Suriyothai en 1548-1549.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[8][modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

Le tournage de Suriyothai a duré deux ans.

Commentaires[modifier | modifier le code]

La réalisation de Suriyothai dura 7 ans[11]. Ce film aux personnages complexes, aux décors somptueux et à très gros budget (le plus gros budget de l'histoire du cinéma thaïlandais[12] : 400 millions de bahts[13]), suggéré et très fortement soutenu par la reine Sirikit Kitiyakara, est le plus grand succès commercial local en salle de tous les temps[14],[15], battant toutes les superproductions américaines sorties au même moment[16]. En plus d'un financement d'une large part du budget du film, la reine autorisa l'accès aux palais et sites historiques royaux pour le tournage du film (une première) et elle réquisitionna une armée de trois mille soldats-figurants et 160 éléphants pour les scènes de batailles[17].

C'est aussi la première fois que le cinéma thaïlandais transgresse le tabou qui interdit de représenter au cinéma la vie d'un souverain réel.

Controverse[modifier | modifier le code]

Le professeur d'histoire de l'art thaïlandais Piriya Krairiksh de l'université Thammasat[18], président de la Siam Society « semble mettre en doute, à la lecture des chroniques, l'existence même d'une quelconque reine Suriyothai en suggérant qu'il s'agit encore d'une production du XIXe siècle destinée à fabriquer de l'histoire ancienne, à générer du patriotisme et à fonder l'idée du sacrifice de l'individu à l'État. »[19].

Anchalee Chaiworaporn[20], journaliste spécialisée dans le cinéma thaïlandais, explique dans un article la nostalgie du nouveau cinéma thaïlandais à la suite de la crise financière de 1997 en Asie du Sud-Est, en particulier avec un retour de ferveur nationaliste vive dans les films historiques Bang Rajan et Suriyothai[21].

Piriya Krairiksh affirme que le chedi de Suriyothai ne peut pas contenir les cendres de la légendaire Reine car il ne daterait pas du règne du roi Maha Chakraphat (1548-1569) mais du règne du roi Borommakot (1733-1758) soit de deux siècles plus tard.

Postérité[modifier | modifier le code]

La légende de Suriyothai est encore de nos jours le super-champion du box-office des films thaïlandais ayant obtenu le plus grand succès en Thaïlande, très loin devant les autres superproductions thaïlandaises : les films historiques Naresuan, films aussi réalisés par Chatrichalerm Yukol, ainsi que Bang Rajan de Tanit Jitnukul ; le film d'action l'Honneur du dragon de Prachya Pinkaew ; et les films racontant la légendaire histoire du fantôme Mae Nak : Nank Nak de Nonzee Nimibutr et Pee Mak de Banjong Pisanthanakun. On peut aussi ajouter à ces films les plus populaires de Thaïlande des films comme la comédie musicale Mon Rak Lookthung (Un amour magique à la campagne), avec Mitr Chaibancha et Petchara Chaowarat, qui a battu tous les records d'entrés en 1970 au cours d'une exploitation longue de six mois dans les salles de cinéma et dont la bande originale reste à ce jour l'une des plus vendues en Thaïlande[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Les amateurs d'histoire peuvent aussi voir "The King Maker" (2005), film qui se déroule aussi en Thaïlande au milieu du XVIe siècle, précisément en 1547, à la même époque que le film Suriyotai.

  1. (en) « FILM IN REVIEW; "The legend of Suriyothai" », sur nytimes.com, The New York Times,
  2. Hubert Niogret, « Dernière renaissance du cinéma thaïlandais : Suriyothai », Positif, no 503,‎ , p. 66 (ISSN 0048-4911)
  3. (en) Chutintaranond, Sunait, « The Image of the Burmese Enemy in Thai Perceptions and Historical Writings », sur siamese-heritage.org, Journal of the Siam Society. Siam Heritage Trust. JSS Vol. 80.1.1, (consulté le )
  4. « LES GENS DU MONDE », sur lemonde.fr, Le Monde,
  5. (en) « Oscar hopes for Thai movie », sur bbc.co.uk,
  6. « Coppola sur la croisette », sur lesinrocks.com, Les inrockuptibles, 15 mars 2002 (mis à jour le 15 mars 2021)
  7. (th) Sahamongkol film, « สุริโยไท (The Legend of Suriyothai) » (texte et musique du film karaoké vo st thai 5 min 56 s), sur sahamongkolfilm.com,‎
  8. « La légende de Suriyothai », sur telerama.fr, Télérama
  9. (fr + th) Wanee Pooput et Michèle Conjeaud (préf. Gilles Delouche), Pratique du thaï - Volume 2, L'Asiathèque - maison des langues du monde, , 352 p. (ISBN 978-2-36057-012-6), Conversation 11 - Aller au cinéma page 253
  10. Michel Jacq-Hergoualc'h, Le Siam, Société d'édition Les Belles Lettres, coll. « Guide Belles Lettres des civilisations », , 256 p. (ISBN 978-2-251-41023-4), Répères biographiques, Chakkraphat (1548-1569) page 224
  11. Festival international du film de Busan, « Suriyothai », sur www.biff.kr,
  12. (en) Collectif, Thailand at Random, Didier Millet, , 160 p. (ISBN 978-981-4385-26-8, lire en ligne), Top 10 local film blockbusters of all-time page 9
  13. Arnaud Dubus, « Je vous écris de Thaïlande. Le cinéma siamois est nationaliste », sur letemps.ch, Le Temps,
  14. (fr + en) Bastian Meiresonne (sous la direction de), Thai Cinema : Le cinéma thaïlandais, Asiexpo Edition, , 256 p. (ISBN 978-2-9528018-0-5), Foyer, Nostalgie et Mémoire : le remède à la crise identitaire dans le Nouveau Cinéma Thaï par Anchalee Chaiworaporn page 127 à 158 (pages 138 et 144) / Home, Nostalgia and Memory : The Remedy of Crisis in New Thai Cinema (pages 154 et 158)
  15. (en) Anchalee Chaiworaporn, « Home, Nostalgia and Memory : The Remedy of Identity Crisi in New Thai Cinema (page 118 et 122 note 5) », sur academia.edu,
  16. (en) « Thailand's Suriyothai beats Titanic », sur bbc.co.uk,
  17. (en) David Chute, « It's just a Thai royal custom », sur latimes.com,
  18. (en) Sebastien Berger, « The Thai icon, the curse, the king and I », sur telegraph.co.uk, The Telegraph,
  19. François Lagirarde, « Dedications to Her Royal Highness Princess Galyani Vadhana Krom Luang Naradhiwas Rajanagarindra on her 80th birth day » (Compte-rendu), Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient (BEFEO), nos 90-91,‎ , p. 543 et 544 (lire en ligne [PDF])
  20. (en) « Anchalee Chaiworaporn », sur thaicinema.org
  21. (en) Anchalee Chaiworaporn, « Nostalgia in Post Crisis Thai Cinema », sur thaicinema.org,
  22. (fr + en) Collectif, Thai Cinema : Le cinéma thaïlandais, Asiaexpo Edition, , 255 p. (ISBN 978-2-9528018-0-5), Fin d'un Mitr (par Bastian Meiresonne) pages 25 à 34 (page 26)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]